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Critique de Ikebukuro


Après Tokyo Vice et sa descente dans les bas-fonds tokyoïtes du côté des journalistes et de la police, Jake Adelstein nous entraîne cette fois-ci au sein de la mafia japonaise et de ses familles à travers les yeux et la vie de Saigo qui gravira tout au long de sa vie les échelons de la hiérarchie mafieuse jusqu'à sa chute au sein de l'organisation et le déclin de cette dernière.

Encore une fois, l'auteur plonge son lecteur au coeur du Japon, de ses zones d'ombre, de ses failles et à travers les arcanes de cette économie souterraine que l'on retrouve à tous les niveaux de la société japonaise. Encore une fois, l'auteur nous dévoile de l'intérieur, les codes, les rites, la complexité de ces familles mafieuses, leur présence au sein des plus grandes entreprises et leur implication dans la politique de la société nippone : "Le Japon possède deux gouvernements. L'un est public et l'autre est celui qui donne les ordres aux institutions publiques : c'est le gouvernement de l'ombre." comme l'explique le réalisateur Takeshi Kitano. Encore une fois, j'ai été tenue en haleine du début à la fin par ce livre qui se lit comme un roman policier.

La force de Jake Adelstein, que ce soit dans Tokyo Vice ou dans ce livre, c'est de savoir rendre ses personnages attachants. Bien sûr on sait que ce sont des tueurs, des trafiquants de drogues d'une violence inouïe, mais l'auteur réussit à les humaniser voire à les rendre sympathiques, certains étant plus proches des "Tontons flingeurs" que du "Parrain". J'ai beaucoup aimé le personnage de Saigo, ses contradictions, son code d'honneur. Saigo qui se désole de voir les yakuzas devenir de simples petites frappes sans foi ni loi, n'hésitant plus à agresser des passants contrairement aux règles instituées au sein de la mafia "Vols, braquages, agressions sexuelles ou toute activité s'écartant de la noble voie sont proscrites". J'ai trouvé cette histoire particulièrement intéressante, à travers la vie de Saigo ce sont les 50 dernières années de la société japonaise et de son évolution que l'on découvre. Comment la volonté politique d'essayer de purger l'économie de l'argent des yakuzas a précipité le déclin de ces derniers. En instaurant les lois de 2009 qui sanctionnent et criminalisent les sociétés impliquées avec les yakuzas, le gouvernement japonais a clairement affirmé sa volonté de mettre un frein à la mainmise des familles mafieuses sur l'économie japonaise. Depuis cette date, tous les contrats commerciaux doivent comporter une mention indiquant que leur société n'a aucun lien avec la mafia, cela se répercute à tous niveaux de la vie quotidienne. Pour la location de voiture, d'un appartement, la réservation d'un hôtel, l'achat d'un téléphone… une case mentionne "je n'appartiens pas au crime organisé". Si vous mentez sur ce point, n'importe quel employé peut appeler la police qui vous arrête pour parjure. Autant dire que la vie peut vite devenir très compliquée… Si cette loi a malgré tout ses limites elle a sans doute été l'une des mesures les plus importantes de ces dernières années pour lutter contre le crime organisé et a précipité la chute des familles mafieuses et le déclin du nombre de ses membres. Saigo en est bien conscient et réalise assez vite qu'il va falloir qu'il se trouve une porte de sortie lui permettant de garder la face et de protéger sa famille quitte à y laisser sa vie… Une très bonne lecture qui permet de découvrir de l'intérieur le monde si particulier et étonnant des yakuzas.

Jake Adelstein étant journaliste, son style est concis, précis, dynamique, direct. le livre se découpe en chapitre assez courts qui viennent rythmer et structurer le récit. L'on retrouve régulièrement des phrases et des noms en japonais mais ces derniers s'intègrent parfaitement dans le récit et donnent un côté immersif au texte.

Je conseille vraiment ce livre à tous ceux qui aiment le Japon et qui souhaitent découvrir un autre aspect de ce pays surprenant et plein de contrastes. Je remercie Babelio et les éditions Marchialy pour m'avoir permis de continuer mon voyage au sein d'une société japonaise méconnue. Et puis comme toujours avec cet éditeur, il faut noter le soin particulier apporté au choix du papier, aux typographies, à la mise en page.

A lire sur le blog :
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