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Mona de Pracontal (Traducteur)
EAN : 9782070776108
504 pages
Gallimard (25/09/2008)
4.4/5   711 notes
Résumé :
Lagos, début des années soixante. L'avenir paraît sourire aux sœurs jumelles : la ravissante Olanna est amoureuse d'Odenigbo, intellectuel engagé et idéaliste ; quant à Kainene, sarcastique et secrète, elle noue une liaison avec Richard, journaliste britannique fasciné par la culture locale.

Le tout sous le regard intrigué d'Ugwu, treize ans, qui a quitté son village dans la brousse et qui découvre la vie en devenant le boy d'Odenigbo. Quelques année... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (95) Voir plus Ajouter une critique
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L'autre moitié du soleil, c'est le soleil de l'est, celui qui annonce l'aube d'une nouvelle vie au sein d'une nouvelle patrie, c'est le drapeau du Biafra.

Ce roman se déroule dans les années 60 dans la région est du Nigéria peuplée aux deux tiers par les Igbos majoritairement chrétiens. On y suit en particulier les jumelles Olanna et Kainene qui se sont éloignées l'une de l'autre. Chacune de son côté vit un quotidien banal, avec son lot de petits bonheurs et de déceptions, mais qui les rend profondément attachantes. le monde de Kainene est encré dans la réalité, elle travaille dans l'entreprise de son père et n'entretient pas beaucoup d'illusions sur la vie. Olanna est une intellectuelle et avec son amant Odenigbo, leurs ami(e)s et relations, ils parlent politique et refont le monde.

Or, depuis l'indépendance en 1960 les tensions entre les Igbos et les autres principales ethnies du pays, les Haoussa-Foulani (nord) et les Yorouba (sud-ouest) à majorité musulmane ne cessent de monter. Cet état de fait va entraîner un bouleversement majeur dans la vie des deux soeurs igbos car après moult bouleversements politiques, un coup d'État militaire installe Yakubu Gawon au pouvoir et pousse la région du Nigéria oriental à faire sécession.
Ainsi le 30 mai 1967, son gouverneur militaire Odumegwu Ojukwu, proclame la "République indépendante du Biafra".

Malheureusement pour le Biafra, c'est la région du Nigéria la plus riche en ressources agricoles, minières et avant tout pétrolières puisqu'il recèle les deux tiers des réserves de pétrole du pays. Cette sécession ne sera donc pas tolérée et Gowon lance les hostilités pour récupérer son territoire : blocus alimentaire, offensives armées et bombardements aériens vont devenir le quotidien de nos personnages. Ils vont subir de plein fouet les conséquences de cette guerre soutenue par la Grande-Bretagne et l'Union Soviétique et leur vie vire alors du banal au tragique.

Ce roman est pour moi une réelle prouesse car Chimamanda Ngozie Adichie nous "attrape" avec des personnages qui n'aspirent qu'à une vie simple et tranquille comme nous tous et qui vont être confrontés à ce qu'il y a de pire en ce monde, la guerre.
On les aime Olanna, Kainene, Ugwu, Richard, Odenigbo, Madu et tous les autres, on a envie de savoir ce qui va leur arriver, on a peur pour eux, on pleure avec eux, on est heureux avec eux. Ainsi, tout le génie de l'auteure se révèle, car sans qu'on s'en aperçoive, on lit une page d'Histoire, celle de la Guerre du Biafra (1967-1970).

Une guerre qui n'a pas concerné grand monde. Nous regardions au journal télévisé ces enfants au ventre gonflé, ces os saillants et, au mieux, on versait une larme. On se dépêchait de "finir notre assiette" avant de sortir de table et on oubliait bien vite. Et pourtant cette guerre a fait plus d'un million de mort et rayé le Biafra de la carte. Ainsi, pour la citer, "le monde s'est tu pendant que nous mourrions", or, Chimamanda Ngozie Adichie ne serait pas là si ses parents Igbos n'avaient pas survécus et nous serions privés de cet excellent roman et de sa brillante auteure.

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Il y a quarante ans, la guerre du Biafra…
Le 30 mai 1967, le Biafra déclare son indépendance. Cette sécession du Nigeria entraîne une guerre de trois ans, marquée par la famine des populations civiles.
C'est ce conflit et le drame humanitaire qui l'accompagne que nous raconte Chimamanda Ngozi Adichie, dans un « Autant en emporte le vent » nigerian.
Ugwu, à 13 ans, a quitté la brousse et sa famille pour servir comme boy chez Odenigbo, universitaire engagé avec enthousiasme pour le Biafra, à Nsukka au sud-est du Nigéria.
Le personnage d'Ugwu, omniprésent tout au long du roman, et ses relations avec sa famille, illustre parfaitement les contrastes d'un pays où cohabitent une bourgeoisie aisée et cultivée et la brousse ancestrale qui garde ses traditions et ses superstitions.
La belle Olanna et la forte Kainene, filles jumelles choyées d'un magnat nigerian assez répugnant, assistent à la naissance du Biafra, Olanna aux cotés d'Odenigbo, et Kainene aux cotés de Richard, un journaliste Britannique tombé amoureux de Kainene et du Biafra.
Ils seront tous emportés dans un conflit meurtrier et verront leur destin bouleversé.
Le conflit du Biafra avec un million de morts et fait partie d'un des tous premiers conflits très médiatisés et soutenus par la France. Les télévisions du monde montrèrent alors les enfants squelettiques au ventre énorme à cause de la malnutrition et il n'était alors pas question de ne pas finir son assiette sans « penser aux petits biafrais qui mouraient de faim ».
Triste souvenir, et pourtant… ce roman est porté tout du long par un immense espoir et une certitude, celle que le Biafra va gagner et que la moitié du soleil arborée par son drapeau s'imposera au monde.
Après l'Hibiscus pourpre, encore un très beau roman captivant d'une grande auteure africaine.
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Exceptionnel !
Magistral roman qui retrace une période douloureuse de l'histoire du Nigéria (l'auteure est nigériane) : la guerre du Biafra et le massacre des populations y vivant en organisant un blocus terrestre et maritime générant la famine et la mort des habitants.

Le début met en place les personnages, élite bourgeoise multiethnique et intellectuelle du Nigéria récemment indépendant.
J'ai compris qu'il me fallait passer par l'étape "Wikipédia est mon ami" afin de situer les villes citées. Et de fil en aiguille me remémorer la guerre du Biafra. Enfin "remémorer" me paraît bien présomptueux. Pour moi le Biafra, c'est la création des "French Doctors" et la famine. Je n'en savais pas plus. Donc passage par Wikipédia afin de profiter pleinement de ce roman. Soit dit en passant j'ai ainsi découvert que la définition initiale de "marasme" est celle d'une maladie : la dénutrition infantile particulièrement grave - pour éviter de dire mortelle. J'utilise souvent ce terme mais dans une autre acception. Je sens que ça va être plus compliqué désormais de l'utiliser de façon nonchalante....

Ce roman est à couper le souffle, impossible de le lâcher (en dépit de son épaisseur). On sent que l'auteure, si elle n'a pas connu cette période, est concernée par ce qu'a subi sa famille à l'époque (ses deux grands-pères n'ont pas survécu à cette guerre), par ce qu'ont subi les Igbos en général dont elle fait partie.
Un roman époustouflant. Magnifique et dur.
Un livre marquant que je ne vais pas oublier. Comme je n'oublierai pas les deux héroïnes principales....
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Une relecture bienvenue.
En effet, je n'avais pas aimé, il y a dix ans, passer à côté de cet ouvrage : par affection pour l'auteure et par intérêt pour le sujet.
C. N. Adichie revient sur la guerre du Biafra (Nigéria), à travers le parcours de deux soeurs (chacune en couple) et de leurs interactions, dans un contexte socio-politique qui oscille entre espoirs et craintes.

Le récit foisonnant de détails alterne les deux périodes exigeant une certaine concentration dans la lecture. Ainsi, l'auteure confronte les points de vue sur cette tragédie quel que soit le genre, la catégorie socio-professionnelle ou la génération. Elle dresse également un parallèle entre la vie d'avant des protagonistes et l'impact de cette guerre dans leur quotidien et leurs rapports aux autres.

Aussi, les positions sont revisitées au fil de l'histoire comme Odenigbo, fiancé D'Olanna qui voyait en l'indépendance du Biafra, la meilleure façon de protéger les siens avant d'être nuancé dans son premier cercle puis contredit par les faits de guerre ; les deux soeurs naguère brouillées qui se rapprocheront ; ou encore, Ugwu "boy" d'Odenigbo qui sous les bombardements, s'interroge sur les méthodes de la croix rouge …

Puisque "le monde s'est tu pendant qu'ils mouraient" Chimamanda Ngozi Adichie fait resonner, avec force et précision, la voix de ceux qui ont subi cette guerre aujourd'hui oubliée.
Instructif et bouleversant.



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II - le récit que nous fait la romancière africaine court de l'indépendance du Nigéria, en 1960, aux mois qui suivent la fin du conflit, en 1970. Tout commence de façon assez banale, par l'arrivée d'un jeune paysan, Ugwu, à qui sa tante a procuré une place de domestique chez Odenigbo, un brillant universitaire, grand amateur de livres et de discussions. Socialiste, et même un peu plus, anti-colonialiste enragé, Odenigbo attend beaucoup de cette indépendance nationale toute neuve. Igbo par la naissance, il ne doute pas de pouvoir, un jour ou l'autre, tenir dans la réussite de son pays le rôle qui lui est dû.

Dans sa maison de Nsukka, la ville où il enseigne, Odenigbo reçoit une micro-société qu'Ugwu, âgé de treize ans au début du roman, prend peu à peu l'habitude d'observer en ses moments de loisirs. Il y a Olanna, bien sûr, celle dont Odenigbo est amoureux et qui deviendra la "madame" d'Ugwu ; Okéoma, le poète, secrètement amoureux de la jeune femme ; Melle Adebayo qui, elle, est secrètement amoureuse d'Odenigbo ; le docteur Patel, d'origine indienne ; l'arrogant docteur Ezéka ... et bientôt, Richard Churchill, seul Blanc du roman, qui épousera Kainene, la jumelle d'Olanna et se déclarera lui-même "Biafrais."

Autour d'eux, tout un grouillement de personnages : la mère d'Ugwu, à qui l'odeur du dentifrice utilisé par Odenigbo donne la nausée, Anulika, sa soeur, qui sera violée par cinq envahisseurs haoussas, Nnesinachi, la jeune fille dont rêve Ugwu et qui se mettra en ménage avec un Haoussa, mais aussi le père et la mère d'Olanna et de Kainene, deux exemples-types de Noirs vivant à l'occidentale et qui, dès les premières défaites de l'armée biafraise, s'enfuient à Londres, et enfin toutes ces figures, terrorisées, indifférentes, désespérées, frappées par la folie ou cherchant à survivre au prix de la vie du voisin, qu'Olanna croisera dans son repli vers le village natal d'Odenigbo.

Difficile de les oublier. Difficile d'oublier la façon dont Ngozi Adichie nous remet en mémoire la terrible famine qui s'abattit sur le Biafra et qui, avec les combats et les pogroms, fit entre un à deux millions de morts. Difficile de ne pas "voir" ces enfants qui, avec leurs os saillants, leurs ventres bombés comme des melons, et leurs grands yeux creux, nous évoquent les camps de concentration créés par les Britanniques lors de la guerre des Boers et remis au goût du jour par les Nazis avec le succès que l'on sait. Difficile ...

Difficile aussi de ne pas établir le lien entre la disparition de Kainene, Kainene la Cynique, Kainene la Forte, la "moitié" d'Olanna, et cette moitié du soleil qui s'est éteinte le jour où le Biafra est mort.

"L'Autre Moitié du Soleil", un roman qui coule comme le Fleuve de la Nostalgie et du Regret - la nostalgie, le regret de ce qui aurait pu, de ce qui aurait dû être, et qui ne fut jamais. Un roman à la mémoire de Ceux Qui Ne Sont Plus. Un roman pour nous rappeler le Biafra et ce qu'il représenta pour tout un peuple. A lire, c'est sûr. ;o)
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Citations et extraits (83) Voir plus Ajouter une citation
Richard eut l'impression que son corps s'apprêtait à faire quelque chose, à frissonner, à s'effondrer.
" Tu es au courant de ce qui se passe là-bas, alors ?
-- Bien sûr. J'espère seulement que ça ne va pas gagner Lagos. On ne peut vraiment pas prédire ce genre de choses." Susan vida son verre d'un trait. Il remarqua son teint livide, les minuscules gouttes de transpiration au-dessus de sa lèvre. "Il y a des tas et des tas d'Ibos ici -- enfin, ils sont partout, en fait, hein ? On ne peut pas dire qu'ils ne l'aient pas cherché, quand on y pense, avec leur esprit de clan, leur arrogance et leur mainmise sur les marchés. Très juif, en fait. Et quand tu penses qu'ils sont relativement peu civilisés ; on ne peut pas les comparer aux Yoroubas, par exemple, qui ont des contacts avec des Européens sur la côte depuis des années. Je me souviens que quand je suis arrivée ici, quelqu'un m'a dit de faire attention à ne pas engager un boy ibo parce qu'en un rien de temps, il serait propriétaire de ma maison et du terrain sur lequel elle est construite. Encore un petit whisky ?"
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La famine était une arme de guerre nigériane. La famine a brisé le Biafra, a rendu le Biafra célèbre, a permis au Biafra de tenir si longtemps. La famine a attiré l'attention des gens dans le monde et suscité des protestations et des manifestations à Londres, à Moscou et en Tchécoslovaquie. La famine a poussé la Zambie, la Tanzanie, la Côte d'Ivoire et le Gabon à reconnaître le Biafra, la famine a introduit l'Afrique dans la campagne américaine de Nixon et fait dire à tous les parents du monde qu'il fallait finir son assiette.
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La seule véritable identité authentique pour l'Africain, c'est la tribu. Je suis nigerian parce que l'homme blanc a crée le Nigeria et m'a donné cette identité. Je suis noir parce que l'homme blanc a construit la notion de noir pour la rendre la plus différente possible de son blanc à lui. Mais j'étais ibo avant l'arrivée de l'homme blanc.
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Il faut impérativement se souvenir que le premier massacre d'Ibos, certes d'une ampleur bien moindre que celui qui s'est produit dernièrement, a eu lieu en 1945. Ce carnage avait été précipité par le gouvernement colonial britannique lorsqu'il avait déclaré les Ibos responsables de la grève nationale, interdit les journaux ibos et, plus généralement, attisé l'hostilité envers les Ibos. L'idée que les tueries récentes seraient le produit d'une haine "séculaire" et donc trompeuse. Les tribus du Nord et les tribus du Sud sont en contact depuis longtemps; leurs échanges remontent au moins au IXe siècle, comme l'attestent certaines des magnifiques perles découvertes sur le site historique d'Igbo- Ukwu. Il est sûr que ces groupes ont dû également se faire la guerre et se livrer à des rafles d'esclaves, mais ils ne se massacraient pas de cette façon. S'il s'agit de haine, cette haine est très récente. Elle a été causée, tout simplement, par la politique officieuse du "diviser pour régner" du pouvoir colonial britannique. Cette politique instrumentalisait les différences entre tribus et s'assurait que l'unité ne puisse pas se former, facilitant ainsi l'administration d'un pays si vaste. (P.201)
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Les armes et les conseils que la Grande-Bretagne donnait au Nigéria déterminaient la position des autres pays. Le Biafra appartenait à la "sphère d'intérêt de la Grande-Bretagne". Au Canada, le Premier ministre lança ironiquement : "Où est le Biafra ?" L'Union Soviétique envoyait des techniciens et des avions au Nigéria, ravie de cette occasion d'influencer l'Afrique sans offenser l'Amérique ni la Grande-Bretagne. Et l'Afrique du Sud et la Rhodésie, fortes de leurs politiques de suprématie blanche, jubilaient de cette preuve supplémentaire que les gouvernements dirigés par des Noirs sont voués à l'échec.
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Voici un livre qu'on ouvre et qu'on ne lâche plus. Une histoire d'amour à la fois tendre, drôle et féroce.
Americanah, de Chimamanda Ngozi Adichie est publié en poche chez Folio
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