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Mona de Pracontal (Traducteur)
EAN : 9782073013538
96 pages
Gallimard (04/05/2023)
3.62/5   71 notes
Résumé :


Foi qui se questionne, désir déçu, homosexualité qui ne peut se dire, âpretés de l’exil…

Dans ces deux nouvelles, l’auteure d’Americanah tisse magistralement les trajectoires de personnages pour lesquels 'la terre des origines' est lointaine et que secouent d’intimes déchirements.

"Le jour où un avion s’écrasa au Nigeria, le même jour où la première dame nigériane mourut, on frappa fort à la porte d’Ukamaka à Princeton... >Voir plus
Que lire après Le tremblementVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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On peut avoir plusieurs temps dans un poème. le dernier quatrain n'est pas forcément celui que l'on préfère. La fin n'éclaire par forcément un roman. Mais une nouvelle est toute tendue vers sa chute. Toute sa saveur s'y révèle. On pourrait ajouter qu'une chute est rétroactive dans la mesure où elle colore toute la nouvelle d'une façon tragique, cynique ou joyeuse. Avec ces deux nouvelles vous ne serez pas déçus.

« Parce qu'ils avaient le ventre plein, les américains avaient le temps d'avoir peur que leurs enfants aient une maladie rare sur laquelle ils venaient de lire un article. » Chimamanda Ngozi Adichie part de ce qu'elle connait, l'immigration nigérienne aux Etats-Unis. Pour parfaire son processus de création littéraire, comme d'autres auteurs contemporains, en France David Lopez, elle est passée par des études universitaires de création littéraire, comme si non seulement être écrivain pouvait s'apprendre, relever d'une technique, d'exercices, mais en plus on pouvait y exceller au sortir d'une telle « masterclass » (d'ailleurs qu'en pensez-vous ?), ce qui semble de plus en plus répandu (voir le succès de Colum McCann « Lettres à un jeune auteur » récemment paru ou le master de l'écrivain Vincent Message à Paris).

« N'est-ce donc rien, pour vous, que d'être la fête de quelqu'un ? » Roland Barthes. S'illusionner. Se désillusionner. Un regard un peu appuyé, un rapprochement désinvolte, le sentiment qu'on nous observe, l'impression que ça y est on intéresse l'autre, on lui plaît….
C'est tout l'attrait de la première nouvelle « lundi de la semaine dernière », tout ce petit monde intérieur incroyablement addictif et réconfortant que l'on se créé, tout ce courage que l'on cherche en nous pour donner un coup de pouce au destin, dans l'intuition ou l'illusion d'avoir tapé dans l'oeil de quelqu'un…

Les moments de gênes sont particulièrement bien déroulés, ces moments qu'on veut vite oublier dans nos quotidiens mais qui sous la plume de l'écrivaine nigérienne nous sont rapportés dans tous leurs méandres, ces instants qui durent une plombe tant on est mal à l'aise…

Certes les personnages portent avec eux l'immigration, le contraste entre les afro-américains et les nigériens, le melting pot des grandes villes américaines pleines de cultures entrechoquées, mais ce sont aussi des histoires de séduction, de désir, d'homosexualité encore trop corsetée, d'incapacité à tourner la page d'un amour toxique.

Un style résolument visuel, en partie peut-être à cause de l'invasion culturelle américaine qui, avec tout son cinéma et sa télévision a fini par créer en chacun de nous un imaginaire très dense qu'il est aisé de convoquer lors de sa lecture.

Qu'en pensez-vous ?
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La première fois que j'ai lu Chimananda Ngozi Adichie, c'était Americanah et j'ai eu un véritable coup de foudre (en tapant le titre de ce roman + le nom de mon blog chroniques d'une chocoladdict dans un moteur de recherche vous devriez tomber sur ma chronique).

Si on me demandait de citer mes 10 livres préférées de tous les temps, il y aurait Americanah dedans !

Et puis j'ai lu L'hibiscus pourpre et L'autre moitié du soleil et cette auteure est rentrée dans mon "panthéon personnel".

Folio a sorti dans sa collection à 2 € "le tremblement".

Il s'agit de 2 nouvelles de Ngozi Adichie. Je lis très rarement des nouvelles car je reste sur ma faim.

J'ai envie de m installer sur le canapé du salon dans lequel vivent les personnages et c'est comme si on me laissait regarder par l'entrebaillement de la porte puis qu'on me la referme au nez.

N'empêche qu'hier soir en lisant ces deux nouvelles de ce livre de poche à un prix tellement abordables , j'ai retrouvé la plume de Ngozi Adichie et son talent à dire nos déchirements intérieurs. / Sublime, forcément sublime!!
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Deux courtes nouvelles.
Je les ai lues avant Americanah.
Et maintenant je les relis.
J'ai beaucoup aimé la première nouvelle : Lundi de la semaine dernière, qui m'a laissé une amertume dans la bouche. Trahison pensai-je. C'est une histoire à trois, même à quatre je dirais, car il y a le gosse, le père, la mère absente et elle. Entre nous, il y a une critique féroce du bobo bio américain. Mais là n'est pas la question. C'est surtout un état des lieux du melting pot en Amérique. L'enfant est de « race mixte », la mère est afro américaine, le père est blanc juif et elle est noire du Nigeria. Il ne faut pas prononcer le mot métis.
Que s'est-il passé le « lundi de la semaine dernière » ? La mère, Tracy est apparue dans la cuisine « toute en rondeurs dans ses leggins et son pull moulant ». « Leurs regards se croisèrent » et « Kamara eut envie de maigrir et de se maquiller de nouveau »
Voilà comment on tombe amoureuse. « Ce qui c'était passé à la cuisine cet après-midi là, c'était une éclosion de fol espoir »
Le désir se nourrit de la moindre petite avancée et va crescendo. Jusqu'à la chute (de la nouvelle veuille-je dire). C'est vraiment une belle chute.
La deuxième nouvelle « le tremblement » qui a donné son nom au livre est (à la deuxième lecture) aussi forte. le récit débute le jour où un avion s'écrasa au Nigeria et où la première dame rendit l'âme. On est à Princeton. le voisin, nigérian aussi et pentecôtiste vient frapper à sa porte pour qu'ils puissent prier ensemble. Il lui tient la main longuement et elle ressentit un bref mais intense tremblement. Pourtant, elle ne se sent pas du tout pentecôtiste, Satan n'est pas son cousin. Mais le voisin, qui devient un bon copain et supporte les affres de son chagrin d'amour, garde son mystère.
Là aussi, la chute de la nouvelle est sans appel.
(Entre parenthèses, il y est aussi question de Thomas Sankara…)
Après Americanah, ces deux courtes nouvelles questionnent toujours la place des Africains dans l'autre monde. Chimamanda Ngozi a l'art de nous donner le coup de massue à la fin et là, c'est du grand art.
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Deux nouvelles, tirées du recueil Autour de ton cou, pour la collection Folio 2 euros, dans lesquelles Chimamanda Ngozi Adichie explore l'état d'esprit de personnages exilés, entre espoir, ennui, déchirement et questionnement identitaire. Derrière leurs difficultés à aimer, croire ou se lier d'amitié, c'est toute la précarité émotionnelle engendrée par le déracinement qui est exposée par l'autrice nigériane, résidante américaine.
Une lecture agréable, parfaite pour découvrir la plume intelligente et sensible, non dénuée d'humour, de cette autrice dont on parle beaucoup, à juste titre selon moi.
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Deux petites nouvelles qui se lisent très vite où l'auteure traite du déracinement et de la solitude qui peut en émaner.

Ces deux histoires nous font vivre la séparation due à l'éloignement par deux biais différents mais proches malgré tout.

L'amour y est présent, la tristesse, la solitude et le questionnement également. Et l'espoir.

Ce livre est un message qui nous demande de croire en nous, de garder espoir, qu'il y a forcément un chemin plus clair qui nous attend au-delà du brouillard.

J'ai passé un joli moment parmi ces personnages attachants et vous conseille ce recueil sans hésitation.






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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Elle avait fini par comprendre qu'élever les enfants à l'amé-ricaine, ça signifiait jongler d'une angoisse à l'autre, et que cela venait d'une surabondance de nourriture : parce qu'ils avaient le ventre plein, les Américains avaient le temps d'avoir peur que leurs enfants aient une maladie rare sur laquelle ils venaient de lire un article, et ils pensaient qu'ils étaient en droit de protéger leurs enfants des déceptions, du besoin et de l'échec. Parce qu'ils avaient le ventre plein, les Américains pouvaient s'offrir le luxe de se féliciter d'être de bons parents, comme si s'occuper de son enfant était l'exception et non la regle. Au début ça amusait Kamara de regarder des femmes à la télévision parler de leur amour pour leurs enfants, des sacrifices qu'elles faisaient pour eux. À présent, ça l'agaçait. Maintenant que ses règles revenaient obs tinément mois après mois, elle en voulait à ce femmes manucurées, avec leurs bébés conçus sans effort et leurs formules bien tournées comme « pratiques parentales saines ».
(P. 24)
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Elle avait fini par comprendre qu’élever les enfants à l’américaine, ça signifiait jongler d’une angoisse à l’autre, et que cela venait d’une surabondance de nourriture : parce qu’ils avaient le ventre plein, les Américains avaient le temps d’avoir peur que leurs enfants aient une maladie rare sur laquelle ils venaient de lire un article, et ils pensaient qu’ils étaient en droit de protéger leurs enfants des déceptions, du besoin et de l’échec. Parce qu’ils avaient le ventre plein, les Américains pouvaient s’offrir le luxe de se féliciter d’être de bons parents, comme si s’occuper de son enfant était l’exception et non la règle. Au début ça amusait Kamara de regarder des femmes à la télévision parler de leur amour pour leurs enfants, des sacrifices qu’elles faisaient pour eux. À présent, ça l’agaçait. Maintenant que ses règles revenaient obstinément mois après mois, elle en voulait à ces femmes manucurées, avec leurs bébés conçus sans effort et leurs formules bien tournées, comme « pratiques parentales saines ».

(Lundi de la semaine dernière)
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Dès qu'il sentait que je tirais trop de bonheur de quelque chose qui n'avait rien à voir avec lui, il trouvait le moyen de le rabaisser. Comment peut-on aimer quelqu'un tout en voulant gérer la quantité de bonheur à laquelle cette personne à droit ?
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Dès qu'il sentait que je tirais trop de bonheur de quelque chose qui n'avait rien à voir avec lui, il trouvait le moyen de le rabaisser. Comment peut-on aimer quelqu'un tout en voulant gérer la quantité de bonheur à laquelle cette personne a droit?
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Comment quelqu'un peut-il prétendre t'aimer tout en voulant que tu fasses des choses qui ne lui conviennent qu'à lui ? Udenna était comme ça.
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Videos de Chimamanda Ngozi Adichie (83) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Chimamanda Ngozi Adichie
Présenter les succès des femmes comme des évidences plutôt que des exceptions : voilà le précieux conseil de l'écrivaine Chimamanda Ngozi Adichie pour éduquer un enfant de manière féministe.
#feminisme #education #cultureprime _____________
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