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3,85

sur 205 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ayant moi-même fait l'acquisition de cet ouvrage pour la médiathèque pour laquelle je travaille, car sa quatrième de couv' m'avait intriguée, je tenais à vérifier ce qu'il en était réellement quant au contenu, savoir à quel types de lecteurs je pourrai le conseiller et surtout assouvir ma curiosité en constatant si l'écriture était belle, bien que je savais d'avance que le contenu serait, quant à lui, extrêmement dur !

La perte d'un être cher est toujours un événement bouleversant, pour ne pas dire traumatisant alors imaginez-vous celle d'un père, qui se produit en pleine période de pandémie (celle que nous traversons et subissons actuellement et ce, depuis près de deux ans) , alors que les aéroports sont paralysés, que l'interdiction de voyager à l'étranger est de rigueur et que cette fameuse personne, que l'on avait pris l'habitude de ne voir plus que par écran interposé vit dans un pays qui n'est plus le vôtre ! Eh bien, c'est ce qui est arrivé à notre auteure, Chimamanda Ngozi Adichie, d'origine nigérienne mais vivant actuellement aux Etats-Unis. Alors que frères et soeurs sont répartis sur trois continents différents, le chagrin est décuplé et les remords aussi ! La culpabilité aussi s'invite parfois et l'auteures nous livre ici un témoignage bouleversant des épreuves qu'elle a dues endurer tout au long de cette période sans toutefois tomber dans le pathos !

Un court essai, extrêmement bien écrit mais ô combien lourd de sens ! A découvrir et à faire découvrir mais tout en sachant dans quoi vous vous embarquez car il est impossible de ressortir indemne d'une telle lecture et pourtant, cette dernière m'a permis de relativiser sur bien des points et elle nous fait prendre conscience combien la vie est précieuse et mérite d'être vécue ! Un brillant hommage à un brillant professeur e'université mais avant tout à un homme, un père !
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« Comment dire adieu à un être cher alors que le monde entier est frappé par une crise sanitaire, que le défunt repose au Nigeria et que ses enfants sont bloqués en Angleterre et aux États-Unis ? le père de Chimamanda Ngozi Adichie vient de mourir. Séparée de ses proches, cette dernière vit un deuil empêché et solitaire. Elle écrit alors sous la forme de courts chapitres, composés comme des soubresauts de chagrin et de rage, où l'amour et l'admiration qu'elle portait à son père explosent à chaque page.”

Cet extrait du quatrième de couverture dit le noyau central de ce très beau texte, où Chimamanda Ngozi Adichie exprime avec la plus grande énergie le chagrin insoutenable de la mort brutale d'un père tant aimé et tant admiré, et le supplément de douleur dû à la pandémie et aux restrictions sanitaires, où même enterrer les êtres aimés devient très, très compliqué ou impossible !

L'auteure parle avec talent, finesse, tendresse infinie de la personnalité extraordinaire d'un père savant, lucide , bienveillant, tolérant dans un Nigéria à l'histoire violente, un père et un époux très aimant envers sa famille, ses six enfants qui vont réussir aux quatre coins du monde , dont notre écrivaine, envers qui il ressent , lui-aussi, une fierté immense !

Chimamanda Adichie , parallèlement à ces notes de chagrin foudroyantes, nous parle aussi de son pays natal , des noirceurs de son histoire, des coutumes et traditions spécifiques, envers lesquelles son père n'était pas toujours en accord. ..

Un petit trésor de pudeur et d'intelligence pour honorer un Père, qui fut un socle d'Amour et de Savoir. Comme une flamme, un exemple, un modèle référent, à jamais ; une ABSENCE impossible à combler… !

Ce précieux récit intime me donnera un autre regard, une autre attention affinée, lorsque je lirai ses textes… ce que je vais faire très vite… « Americanah » étant depuis des lustres dans ma PAL… Je viens de réserver à l'une de mes bibliothèques un autre texte mettant en exergue ces traditions nigérianes et les excès qu'elles entraînent parfois : « L'Hibiscus pourpre ». Cela sera une de mes prochaînes lectures !
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Comment réagiriez-vous si, en plein confinement, alors que vous l'avez vu deux jours auparavant via Zoom, vos appreniez la mort brutale d'un père très aimé ?
C'est ce qui est arrivé à l'autrice nigériane et c'est ce qu'elle décrit dans ce court récit. Sa première réaction – à sa propre surprise – est très physique : sanglots bien sûr, tremblements, mais aussi tout son corps - « je ne savais pas qu'on pleurait avec ses muscles » note-t-elle avec acuité.

On la suit dans son cheminement non pas « en deuil » - elle récuse le terme – mais en chagrin : oui.
Et comme il était dans leur village natal au Nigeria, et l'autrice aux Etats-Unis, avec une impossibilité de se rendre sur place pour cause de pandémie, les obsèques sont repoussées de mois en mois. de toute façon la narratrice n'en veut pas : elle refuse ses images où l'on voit des voisins défiler dans la maison familiale pour présenter leurs condoléances - sa manière à elle de mettre le deuil à distance.

Elle se remémore aussi des souvenirs avec son père – et c'est à la fois un plaisir de l'évoquer et une souffrance de savoir qu'on ne pourra plus les partager avec lui. Elle se confronte à cette Absence avec un grand A, contre laquelle l'esprit se révolte : « Rien ne m'a préparée à ma rage rugissante et malheureuse » énonce-t-elle dès le départ.
Et un peu plus loin d'autres mots rejoignent son vocabulaire comme quotidien, comme celui de « Jamais » : « Jamais est entré dans ma vie », dit-elle, « pour y rester. (..) Pour le restant de mes jours, je vivrai en tendant les mains vers des choses qui ne sont plus là."

Evoquant la figure de son père dans un très bel hommage littéraire, James Nwoye Adichie, on découvre un intellectuel passionnant – et on apprend quelques mots de la langue igbo. Il reste le souvenir principal d'une « chance folle d'avoir été heureux » dans une cellule familiale « intacte et sécurisante » et on se dit qu'elle a trouvé les mots exacts pour découvrir une enfance qu'on aimerait tous avoir eue. Sa vocation d'écrivain provient certainement de là.

Oui, la douleur de la perte est totale, et c'est un paradoxe de comprendre a posteriori que le bonheur passé « devient une faiblesse parce qu'il vous laisse sans défense devant le chagrin. »

L'auteure nigériane de « Americanah » sait vraiment trouver les mots pour évoquer cette expérience certainement universelle – le deuil faisant partie intégrante de nos vies – et c'est toujours réconfortant de trouver quelqu'un qui met des mots justes sur une douleur partagée.

Sa dernière phrase concède un dernier regret : « J'écris sur mon père au passé et je n'arrive pas à croire que j'écris sur mon père au passé ».
Tout est dit en une simple phrase – et c'est toute la force de l'écriture.
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J'ai eu beaucoup de mal à entrer dans ce chagrin et ce deuil. Trop loin de moi, d'une autre culture. Et finalement, tristement banal. Je me sens trop éloigné de cette famille du Nigeria dispersée entre l'Afrique, l'Europe et les USA. Et puis je ne peux m'empêcher de penser à ce que j'entends sur ce pays, la violence, les enlèvements, la misère. Alors, la mort d'un professeur d'université, une famille riche… Et puis, peu à peu, l'auteure parvient à me transmettre son chagrin. Plus on avance dans la lecture, plus elle nous parle des origines Igbo de sa famille, des rituels à faire lors d'un deuil, de ses souvenirs, la guerre du Biafra…Le récit de l'enlèvement de son père me touche beaucoup. Et puis, ce livre est certainement une manière d'accepter le deuil et participe à ses différentes étapes. Un court récit pour comprendre, écrit dans une très belle langue.
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« « Jamais » est entré dans ma vie pour y rester. « Jamais » semble si injustement punitif. Pour le restant de mes jours, je vivrai en tendant les mains vers des choses qui ne sont plus là. » (p. 66) Chimamanda Ngozi Adichie, que je lis pour la première fois avec Notes sur le chagrin, emprunte la forme du journal pour rendre compte de l'expérience de la douleur, celle de perdre un parent. Bien qu'il soit parsemé d'insights quant à ce que nous pouvons ressentir lorsqu'un deuil nous frappe, il s'agit davantage à mon avis d'un récit personnel, un hommage rendu à un père adoré et admiré, pour ne pas dire idéalisé. J'ai pu m'identifier à certaines de ses réflexions, comparer mon expérience à la sienne, mais je reste somme toute un peu déçue dans mes attentes, le titre m'ayant fait anticiper une perspective plus approfondie sur le sujet. Cela reste un document qui fait oeuvre utile, pour toute personne qui appréhende cette expérience et qui ne sait à quoi s'attendre.
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Le père de l'autrice est décédé en juin 2020, lors du confinement et les frontières aériennes sont fermées: comment vivre ce double deuil, celui d'un être adoré mort subitement et celui de ne pouvoir venir le voir une dernière fois?
Le récit, lourd d'émotion brute, se déploie entre le présent de la pandémie qui vient de commencer, ses visio du dimanche toute la famille réunie, et les souvenirs d'un père parfois vieux jeu mais terriblement attachant qui a donné à Chimamanda cette force et cette croyance en elle-même.
Ce court récit me semble surtout l'occasion pour l'autrice d'exorciser la douleur que cette perte lui a causé, par l'écriture et le partage. En le lisant, j'ai bien sûr repensé aux personnes de mon entourage qui ont elles aussi subi une perte similaire pendant le confinement, loin de l'être aimé, et qui ont dû gérer un deuil quasi-impossible dans l'immédiat.
C'est un bel hommage intimiste au père, nécessaire.
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J'avais découvert la délicatesse exquise de cette auteure dans son excellent Americanah. Que j'avais d'ailleurs lu pendant la pandémie, bien conseillée par des amis lecteurs.
Ces mêmes amis m'ont remis dans les mains ce court opus.
Sans cela, je ne l'aurais pas ouvert tout de suite. le traumatisme du confinement est encore trop à vif. Et la question du deuil d'un parent proche fait peur si on ne l'a pas vécu, ou peut raviver des souvenirs douloureux dans le cas contraire. Et je pense qu'il reste souvent aussi ce reste de peur viscérale et ancestrale d'attirer la mort si on l'évoque.

Mais c'est sans compter le talent de Chimamanda qui crée un véritable bouquet d'émotions, avec beaucoup de pudeur. Qui met en lumière ces moments clés juste avant et juste après la mort d'un proche. Avec ce vertigineux « jamais plus ». Avec ces souvenirs qui se bousculent pour chasser le chagrin. Rarement les grand moments, mais surtout les petits bonheurs, ces détails insignifiants avant le « jamais plus », qui donnent de l'épaisseur et toute sa singularité à celui qui n'est plus. Qui fait que sa routine de vie reviendra visiter les vivants pour le reste de leurs jours.
Je me souviens notamment de Martin Gray dans Au nom de tous les miens, qui évoquait sa femme disparue en s'émerveillant sur la façon dont elle parvenait à éplucher une pomme en faisant un seul morceau comme un ruban, avec la peau.
Ici Chimamanda nous accompagne dans les Sudokus de son papa. C'est tellement intime.
Elle évoque aussi et surtout sa découverte d'un chagrin inimaginable et son rapport aux autres au travers de ce chagrin. Comment le vivre par rapport à sa fille, comment supporter la façon dont les autres imaginent vous en alléger, avec des formulations sincères et se voulant réconfortantes, qui parfois tombent complètement à côté. Et difficile dans ce cas là de rejeter la bienveillance mal placée. Ce serait mal vu. Il est déjà délicat de vivre un deuil, alors en plus se coltiner les indélicatesses…
Là je ne peux m'empêcher de raconter ma vie : il y a plusieurs années, ma maman s'est retrouvée en soins palliatifs. A cette période, une grande amie de la famille qui avait l'habitude de tout organiser et programmer, m'a appelée très gentiment un soir, pour me dire qu'elle avait été chez un fleuriste, se renseigner sur les fleurs qui conviendraient à ma maman pour ses obsèques. Sauf que ma maman étant encore vivante, la question m'a paru si absurde, que j'ai mis un peu de temps à réaliser qu'elle me disait bien ce qu'elle me disait. Ce n'était pas méchant. Juste sa personnalité. Mais c'était...rude. J'ai simplement répondu qu'elle ne voulait pas de fleurs. Et c'était vrai.
Bref, on devrait avoir le droit de dire tout ce qu'on éprouve dans ces moments-là, sans que personne n'ait le droit de nous en tenir rigueur. Pourtant les chagrins sont individuels, subjectifs et ils doivent être respectés sans jugement.
Hélas pour l'auteure, ce deuil et son chagrin sont rallongés par le Covid : pas de possibilité d'organiser rapidement les obsèques, l'éloignement d'avec les proches. Une visioconférence dans ces moments, ce n'est pas suffisant.
Ce morceau de vie, presque de survie, que partage avec nous l'auteure, est beau, triste, délicat, mais jamais larmoyant. Son amour et son profond respect pour son Papa illuminent ces heures sombres.

Alors, faut-il le lire ? Oui. Je ne peux que vous recommander également Americanah. de mon côté j'ai L'autre moitié du soleil dans ma pile à lire. Je reviendrai vous en parler…
Et si le thème du deuil vous intéresse, je vous recommande aussi Vivre avec nos morts de Delphine Horvilleur
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L'autrice, installée aux États-Unis, se trouve confrontée au cauchemar de la perte d'un être cher en plein pandémie. Son père est mort au Nigéria et tout doit se jouer sur Zoom.

Dans ces notes, Chimamanda Ngozi Adichie évoque sa douleur mais aussi sa culture, partagée entre féminisme occidental et tradition Igbo, en complète opposition.

Nous découvrons aussi ce père, James Nwoye Adichie, homme de plusieurs temps forts de l'Histoire du Nigéria, intellectuel progressiste et père aimant.

La plume de l'autrice est toujours aussi délicieuse, les anecdotes familiales sont intéressantes et ces 100 pages très intimes permettent de mieux comprendre cette combattante de la cause féminine, partagée entre tradition et modernisme. Rien n'est simple et tous les combats sont portés par une histoire très personnelle.

J'ai beaucoup aimé, mais je sais que je suis peu objective: je ne suis pas du genre groupie girl, mais j'apprécie énormément l'autrice, sa culture, son charisme. Elle est inspirante et puissante, mais dans ces quelques lignes, elle n'est qu'une femme, qu'une fille, comme nous toutes.
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La pandémie de Covid-19 a mis le monde à l'arrêt pendant de nombreux mois et le perturbe encore aujourd'hui. Restrictions, distanciations, confinement... Dès le printemps 2020, il a fallu s'adapter et prendre de nouvelles habitudes de vie.

C'est ainsi que la famille de Chimamanda Ngozi Adichie, éparpillée sur trois continents, organisait tous les dimanches une réunion Zoom. Un rituel permettant d'échanger à distance les dernières nouvelles, de se rassurer ou éventuellement de s'inquiéter.
Le 9 juin 2020, le père de l'écrivaine était un peu fatigué, il lui a dit "ka chi fo" c'est à dire "Bonne nuit" en igbo. le lendemain, "le 10 juin il était parti". Si brutalement, la nouvelle est tombée, à peine croyable.

Etat de choc, déni, colère, chagrin immense, tristesse infinie, Chimamanda Ngozi Adichie, a consigné dans cet émouvant recueil tous ses états d'âme, ses réflexions, ses souvenirs et quelques anecdotes touchantes liées à son enfance au sein d'une famille aimante.
Elle rend un vibrant hommage à son père adoré et le lecteur ressent tout l'amour et l'admiration qu'elle portait à cet homme bon et sage, brillant professeur de statistiques et président adjoint de l'université du Nigéria, et en même temps père de famille modèle.

Ce livre est court mais il est magnifique. le style d'écriture est sobre et fluide, les mots choisis avec sensibilité et pudeur. Ce n'est ni un roman ni un essai, mais juste des "notes" que Chimamanda Ngozi Adichie a couché spontanément sur le papier pour tenter de se libérer du poids qui l'oppressait.

Comment faire son deuil quand on habite à des milliers de kilomètres du défunt, qu'on n'a pas eu le temps de lui dire Adieu, que les avions sont cloués au sol à cause de la pandémie et que les obsèques sont obligés d'être repoussés.

"Je suis la fille de mon père. C'est un acte de résistance et de refus : le chagrin vous dit que c'est fini et votre coeur que ça ne l'est pas ; le chagrin essaie de réduire votre amour au passé et votre coeur dit qu'il est au présent".







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Une lecture émouvante tout en douleur et en ressentiment : Chimamanda Ngozi Adichie tente difficilement de mettre des mots sur ce qu'elle a ressenti lors du décès de son père en pleine pandémie, coincée à des milliers de kilomètres du foyer familial, spectatrice du cortège des condoléances sur zoom et par messages, et prisonnière de ses souvenirs d'une relation désormais figée.

On s'étonne de son refus irrationnel devant un évènement qui la dépasse, et de sa haine incontrôlable envers tous ceux qui, par leurs messages de soutien, renforcent la réalité d'un être perdu ; une haine qui s'étend à la situation internationale, où toute personne est suspendue aux décisions d'un pays d'ouvrir ou non ses frontières.

Un texte fort sur le deuil et les travers dans lesquels il plonge ceux qui le vivent, et quelques anecdotes passagères sur le Nigéria et la culture igbo, si intimement liées au père de l'auteur.
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