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Annick Le Goyat (Traducteur)
EAN : 9782383611059
272 pages
Globe (06/04/2022)
3.22/5   18 notes
Résumé :
Parce que la police l'accusait à tort d'être membre des Tigres tamouls, Danny – Dhananjaya Rajaratnam – a fui le Sri Lanka pour trouver refuge en Australie.
Là-bas, il espère le statut de demandeur d'asile. Mais sa requête est rejetée. Depuis quatre ans, il vit sans papiers, tente de s'insérer en rasant les murs, fait des ménages dans un quartier résidentiel de Sydney.
Un matin, Danny apprend le meurtre d'une de ses employeuses. Lorsqu'il s'aperçoit ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Un coup de poing à l'estomac dont l'impact se diffuse en cercles concentriques, les mêmes que ceux qui ornent cette couverture hypnotique. C'est insidieux, progressif, ça avance au rythme des minutes d'une journée interminable. Il y a un piège, celui de l'injustice et une course dont les dés sont pipés. Il y a la lumière à laquelle certains ont droit et l'ombre, seul refuge des invisibles. Danny fait partie de la deuxième catégorie. Cela fait quatre ans qu'il vit à Sydney dans l'illégalité la plus totale. Il a fui le Sri Lanka pour l'Australie mais sa demande d'asile a été rejetée. Trop peu de preuves que sa vie ait été réellement en danger. Rester sur le territoire le condamne à l'ombre, à la méfiance de tous les instants et à l'exploitation. Danny est débrouillard, futé, travailleur. Un homme de ménage qui donne toute satisfaction aux cadres aisés qui l'emploient - au noir, forcément. Danny s'offre parfois l'illusion d'une vie normale au bras de Sonja, jeune infirmière d'origine asiatique, en situation régulière, elle et qui ignore tout de son statut. Il s'en sort pas mal, Danny. Mais ce matin, une femme est retrouvée morte dans une crique, assassinée. Une femme qu'il connaissait, il a travaillé chez elle quelque temps. Suffisamment pour posséder des informations qui pourraient aider la police. Seulement voilà : s'il contacte la police, il se condamne lui-même.

A partir de ce dilemme moral, l'auteur orchestre un véritable crescendo d'une seule journée qui offre l'occasion d'explorer la réalité de l'existence de ces êtres à la fois invisibles et exploités par ceux qui ont tout intérêt à profiter de l'occasion. Il offre également un panorama de la société multiculturelle de Sidney au sein de laquelle s'organise toute une hiérarchie officieuse en ethnies, origines, couleur de peau et surtout statut. Légal ou clandestin. Adoubé ou rejeté. Exploitant ou exploité. Il met à jour l'extrême solitude qui accompagne la précarité et qui pourtant n'empêche pas Danny de sourire en offrant ses blagues à ses employeurs condescendants. Cette journée dans la vie de Danny le met face à sa conscience influencée par sa situation, la façon dont il est traité, ce qu'il a déjà fui beaucoup plus tôt. Qu'est ce qui est le plus violent se demande-t-on en avançant... le crime ou l'exploitation des faibles ? le mensonge ou le mépris de classe ? Tout est lié dans l'histoire de Danny, enfermé dans un piège dont aucune issue n'est viable. Aravind Adiga enferme le lecteur dans ses filets, le confronte à l'impossible choix, lui fait toucher du doigt la réalité de l'injustice. C'est très fort, d'une densité remarquable. Un instantané du monde tel qu'il est, dur, cruel, discriminatoire, et tel qu'on voudrait tellement qu'il ne soit plus. Un questionnement ébouriffant sur le thème de la morale et de l'humanité. Riche et éclairant.
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Danny (dhananjaya rajaratnam) est un réfugié tamoul de la ville côtière de Batticaloa au Sri Lanka. Arrivé à Sydney, Australie avec un visa étudiant pour l'université, il quitte rapidement l'université et rentre en "clandestinité", c'est à dire qu'il devient un travailleur sans papier.
L'histoire de ce roman, c'est la vie de Danny, homme de ménage -dit Fée du logis- dans une Australie qui a fermé ses portes à l'immigration, et qui partout incite à dénoncer les clandestins (un numéro de téléphone est même dédié à cette mission) . Alors, il faut se cacher (il loge dans la réserve d'un magasin tenu par un grec régularisé Tommo Tsavdaridis), accepter toute sorte de boulots mal payés ( pourvoyés par Tommo qui prend sa commission de 25% ), éviter les contrôles du service de l'immigration les jours de paye (dans les fermes, les propriétaires les appellent ces jours là pour ne pas payer les travailleur sans papier), faire des courbettes aux blancs, se taire face aux provocations de l'extrême droite bref... Essayer de s'intégrer...
Et lorsque Radha Thomas, de la maison no 5 (il numérote ses lieux de travail) est assassinée, Dany soupçonne le locataire de la maison no 6, le "docteur" Prakash, amant de celle-ci et logé gratuitement par elle.
Il s'interroge alors, doit il le dénoncer sans preuve réelle, mais avec quelques indices probants et obtenir ainsi sa nationalité australienne ? C'est tentant, mais immoral ! Et Prakash, qui doit quitter l'Australie, comprend que Danny a des soupçons. Tout au long du roman, s'engage alors un duel entre les deux autour d'un chantage : Prakash pourrait dénoncer le clandestin Danny et Danny pourrait dénoncer l'assassin Prakash... Lequel des deux gagnera ?
Aravind Adiga décrit cet état d'esprit, cette mentalité du chacun pour soi, dans un monde dur et sans pitié. Il décrit le comportement d'immigrés régularisés plus racistes que les blancs, l'hypocrisie du gouvernement australien qui utilise les sans papiers et appelle à les dénoncer, et ne met jamais en danger l'activité de ceux qui les exploitent.
C'est donc un roman militant, assez court, qui se lit facilement, qui explique les difficultés des réfugiés australiens... Il est intéressant à ce titre là, mais je l'ai trouvé la fiction un peu simple (c'est peut-être voulu ainsi) et le propos un peu répétitif. le dénouement auquel on s'attend rapidement est tardif et sans surprise. J'avais beaucoup aimé "le tigre blanc", un précédent roman d'Adiga qui se passait en Inde. "Amnistie" a ses qualités, mais ne m'a pas autant remué que le précédent.
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Danny a fui le Sri Lanka pour s'installer à Sydney... Enfin, s'installer, c'est un bien grand mot car il est sans papiers depuis la fin de validité de son visa d'étudiant.
Il vit dans l'ombre et la crainte d'être renvoyé dans son pays et gagne sa vie en faisant des ménages, tous réglés au noir par des Australiens plutôt aisés.

Il se déplace d'appartement en appartement avec son aspirateur sur le dos et ses produits d'entretien dans son sac et lors de ses temps libres, il fréquente Sonja, une asiatique en situation régulière, qui ignore totalement la situation de Danny.

Ce jour là, une femme est retrouvée morte, une femme que Danny connaît car il s'agit de la propriétaire de l'appartement N°5... Radha. Et il en connaît des choses sur elle. Elle était mariée et avait un amant, le Dr Prakash, propriétaire de l'appartement N°6. Souvent il attendait que leurs ébats soient terminés pour commencer son ménage, et parfois, il partait en promenade avec eux. Il pourrait donner des informations à la police.
Mais il est confronté à un dilemme : "𝑆𝑖 𝑗𝑒 𝑑𝑖𝑠 𝑎̀ 𝑙𝑎 𝑝𝑜𝑙𝑖𝑐𝑒 𝑐𝑒 𝑞𝑢𝑒 𝑗𝑒 𝑠𝑎𝑖𝑠 𝑑𝑢 𝐷𝑟 𝑃𝑟𝑎𝑘𝑎𝑠ℎ, 𝑗𝑒 𝑑𝑖𝑠 𝑐𝑒 𝑞𝑢𝑒 𝑗𝑒 𝑠𝑎𝑖𝑠 𝑠𝑢𝑟 𝑚𝑜𝑖-𝑚𝑒̂𝑚𝑒".

J'ai beaucoup aimé cette lecture, qui m'a vraiment surprise par son côté atypique dans sa construction et sa narration. Sur une journée, on suit les réflexions du personnage principal, en proie à une indécision qui le ronge, et qui met en lumière les inégalités sociales, la mentalité des Australiens, les lois mises en place par le gouvernement pour inciter à la délation des sans papiers, la dualité des statuts riches/pauvres, immigrés légaux/immigrés sans papier.

C'est une lecture grinçante, oppressante, qui nous perd parfois, mais illustre parfaitement le tourment dans lequel un homme peut se trouver dans un pays qui n'est pas le sien, face à la solitude, face au choix à faire entre la moralité et tout perdre ou fermer les yeux pour se protéger.


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Aravind Adiga, qui vit désormais en Australie, a choisi pour Amnistie un très bon sujet que, hélas, il traite de manière globalement décousue et redondante. le livre s'attache pendant une dizaine d'heures aux pas de Danny, arrivé du Sri Lanka avec un visa d'étudiant et depuis quelques années en situation irrégulière, exerçant un emploi d'homme de ménage à Sydney. Ce Tamoul sans-papiers est confronté à un dilemme : dénoncer ou non à la police un individu qu'il suspecte du meurtre d'une ancienne cliente et risquer ainsi d'être expulsé du pays. L'auteur documente parfaitement l'existence précaire de Danny, décrit son environnement social et revient sur son histoire personnelle. Mais l'ensemble, touffu, devient très vite redondant voire confus, comme s'il était directement connecté aux pensées volatiles de son héros, perdu dans son indécision entre son devoir de citoyen (qu'il n'est pas en Australie) et le désir de rester dans un pays qu'il a appris à comprendre, sinon à aimer. Dommage que le récit soit aussi haché car l'on y retrouve malgré tout ce que l'on aime chez l'auteur indien du Tigre blanc et La sélection, à savoir son talent d'observateur social hors pair et son alacrité dans l'ironie parfois sardonique. Aravind Adiga, dans ses précédents romans, n'était pas tendre pour son Inde natale et il ne l'est pas non plus pour sa patrie d'adoption, entièrement vue par les yeux de migrants asiatiques, devenus des invisibles pour la majorité de la population blanche.
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Un livre offert que je n'aurais pas choisi en librairie ou en bibliothèque.
Histoire intéressante cependant. On y lit un plaidoyer pour l'immigration en général et en particulier celle en Australie où nombre de nationalités sont présentes, illégales ou non. Indiens, Sri lankais Tamouls, Arabes, Chinois, Malaisiens, Pakistanais, etc, se côtoient, se fréquentent ou s'ignorent, et à l'occasion se dénoncent. le narrateur, originaire du Sri Lanka, clandestin depuis 4 ans à Sydney, a déjà l'expérience de l'émigration après une année passée à Dubaï. Ici, il est « homme de ménage » et transporte son aspirateur sur son dos. Sa clientèle est blanche, le paye en cash, dont il doit en reverser 30% à son logeur : un lit dans la réserve de son magasin d'alimentation ! C'est la description in situ des conditions de vie et de travail des immigrés sans papiers, donc sans protection sociale, sans véritable identité ni vie sociale, transparents aux yeux des natifs et des nationalisés, et malgré cela, sans véritable désir de retour dans le pays d'origine.
C'est le fil rouge du polar. Un polar à double entrée : le meurtre d'une ancienne employeuse dont la police et les médias lui ont fourni tous les indices de l'assassin qu'il connait, versus son statut de clandestin. Commence alors en lui un combat kafkaïen. Dénoncer le mal mais se retrouver sous le contrôle de la loi, ou bien se taire mais être en contradiction avec sa conscience du bien. Car il affirme que les Australiens sont riches : « la raison n'est pas l'or ni les moutons, une chose incorruptible, la LOI ».
Durant 265 pages, il promènera ainsi le lecteur dans les méandres de son expérience de vie et ceux de sa raison, avant d'avouer sa dénonciation. La LOI a déjà fourbi sa procédure d'expulsion…
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critiques presse (2)
Telerama
07 mai 2022
Ce roman noir situé à Sydney nous plonge dans l’envers du décor du rêve australien. Celui d’un sans-papiers indien hésitant à aider la police à mettre la main sur un meurtrier, de peur d’être expulsé. Un suspense étouffant et une plume bien affûtée.
Lire la critique sur le site : Telerama
LeMonde
22 avril 2022
Plongée glaçante dans l’univers d’un émigré clandestin tamoul, Amnistie est aussi un conte moral sur la cécité des riches.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Danny eut l'impression de recevoir un coup de poing dans l'estomac. Je dois avoir l'air ridicule. Il sentit tout le poids comique de ses mèches teintes en or. On aurait pu croire qu'il trimbalait une araignée chasseuse sur son crâne à travers Sydney. Rentre tout de suite, lui intima sa honte, retourne dans l'arrière-boutique à Glebe et attends.
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Le Tigre blanc | Bande-annonce officielle VF | Netflix France
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