AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,13

sur 1867 notes
Comme il s'agit du tout premier roman que je lis de cet auteur, j'ai fait la connaissance de la fine équipe d'enquêteurs de ce fameux Département V, devant se dépatouiller avec un dossier corsé. Carl, policier cynique, un brin chafouin, à la vie bien remplie, tiraillé entre sa compagne, Mona, psychologue, et son ex-femme ; Rose, tout en charme mais au furieux dédoublement de personnalité et Assad, le mystérieux, qui se complaît à cacher sa vie. Quel trio mes aïeux ! Avec de telles personnalités, on peut comprendre que ces trois-là soient relégués aux affaires non élucidées.

L'auteur va profiter d'une enquête pour exhumer une vieille affaire de l'histoire danoise : la stérilisation des femmes sur l'île de Sprogø. Des années 20 aux années 60, ce petit îlot fut la destination des jeunes filles qui dérogeaient à la règle de la bonne moralité. On cataloguait toutes celles qui étaient enceintes sans être mariées (ou toutes celles qui faisaient commerce de leur corps) d'attardées mentales et on les stérilisait contre leur gré, bien entendu, dans ce lieu éloigné. Inutile de dire que, le plus souvent, ce lieu devenait leur dernière demeure.

Dans le roman, l'équipe de Carl est chargée d'ouvrir à nouveau un vieux dossier, celui de Rita Nielsen, disparue en 1987. de fil en aiguille, elle va mener au témoignage, plus récent, de Nete, et mener à un certain centre de stérilisation tenu par Curt Wad, dangereux extrémiste appartenant au mouvement "Lutte secrète" dont le fondateur, René Linier, prônait la race pure...

Je le disais au début de ce billet, il s'agit de mon tout premier Adler-Olsen. Mais nul doute que je vais lire les autres. J'aime beaucoup cette façon d'imbriquer plusieurs histoires afin de faire référence à L Histoire avec un grand H tout en faisant réfléchir le lecteur. Je n'avais jamais entendu parler de l'île de Sprogø et cela m'a permis de me renseigner et d'en apprendre un peu sur le passé du Danemark, même s'il ne s'agit pas de la partie la plus brillante.

Lien : http://www.lydiabonnaventure..
Commenter  J’apprécie          1012
C'est avec beaucoup de plaisir que j'ai retrouvé la fine équipe du département V, avec notre commissaire Carl Morck, dont la vie familiale est toujours aussi agitée, Rose qui met la main sur un dossier « cold case » et le suit de manière opiniâtre, et Assad sur lequel on apprend un peu plus de choses, tous trois persécutés par un virus terrible qui leur fait squatter les toilettes et renifler.

J'aime bien la façon dont l'auteur mène deux récits parallèles, entremêlant des faits remontant à 1987, quand Nette tente de régler ses comptes en nous racontant son histoire, et l'enquête de Carl Morck de nos jours qui cherche à faire un lien entre des disparitions de l'époque et l'agression d'une tenancière de bordel de nos jours.

Jussi Adler-Olsen à travers une enquête menée tambour battant, un suspense qui va crescendo, nous parle d'un problème qui m'intéresse énormément, l'eugénisme, et tout ce que l'on peut faire au nom d'une race que des médecins appellent supérieure. Cet horrible Dr Curt Wad est une émanation de Mengele, et stérilise toutes les femmes qu'il juge indigne d'enfanter. Avortements provoqués, viols, enfermement après avoir subi des soi-disant tests d'intelligence sur cette île de Sprogø, où ces femmes sont enfermées, sous camisole chimique quand elles se révoltent.

de même, il nous montre la manière dont ce médecin a pu constituer son réseau, avec d'autres confrères aussi dénaturés que lui, pour arriver à construire un parti politique et accéder au pouvoir. La façon dont il fait chanter les gens qui pensent différemment, les achetant ou s'en débarrassant, par la violence. Il se sent tellement au dessus des autres, avec sa suprématie planche qu'il n'hésite pas à tenir des propos racistes, xénophobes, sans vergogne.

Comme le souligne l'auteur dans sa note, « les stérilisations étaient pratiquées en application des lois pour la pureté de la race et l'eugénisme promulguées dans les années 1920 et 1930 dans un certains nombres de pays occidentaux dotés d'un gouvernement social-démocrate et marqués par le protestantisme » et sur l'île de Sprogø de 1923 à 1961, donc jusqu'à une période tout de même assez récente.

C'est le quatrième livre de Jussi Adler-Olsen que je lis, étant tombée sous le charme de son premier roman, j'adore cette équipe improbable et haute en couleurs, et j'apprécie ces enquêtes qui, l'air de rien, aborde toujours un phénomène de société. Ce quatrième opus m'a plu tout autant que les précédents. Au bout d'une cinquantaine de pages, j'ai dévoré, pratiquement en apnée, j'attends le suivant…

Note : 8,8/10
Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
Commenter  J’apprécie          700
On sait depuis les trois premiers livres de Jussi Adler-Olsen que Rose, l'assistante de Carl Morck est un peu dérangée : le sort d'un petit chat, trouvé presque mort d'inanition, et euthanasié par les services de police l'émeuvent, parmi tous les cold cases, les meurtres et les horreurs qui viennent de fleurir dans le département V.
Sa propriétaire ne pouvait pas le laisser sans le confier à sa voisine, déduit-t-elle, il s'agit donc d'une disparition, il y a 23 ans. L'ile de Sprogo apparaît dans les radars, deux disparitions d'anciennes surveillantes seraient intervenues le même jour.
Histoire vraie, dont l'auteur remémore le souvenir : de 1923 à 1961, les femmes déclarées débiles ou ayant été enceintes sans être mariées étaient internées sur l'ile de Srogo et ne pouvaient la quitter qu'après avoir accepté de se faire stériliser. Pire, les stérilisations forcées et les hystérectomies étaient pratiquées sans le consentement des intéressées, suivant les idées « eugénistes » , en application des lois pour la pureté raciale adoptées ensuite par l'Allemagne nazie.
Il s'agit bien d'un bagne, avec violences, travail forcé, jeux pervers, mélange de vraies attardées mentales et de pauvres victimes, de pouvoir et de ruse avec l'impossibilité de s'en sortir. L'une de ces victimes, Nete, nouvelle Justine, passe de malheur en malheur, de viol en viol, d'espoir déchu en angoisse pure, atterrit à Sprogo, rebondit pourtant, puis….
Cette enquête, partant d'une histoire vraie, et pas tellement oubliée par tous, car , en 2010, des partis d'extrême droite continuent le combat, prêchant qu'il n'y a pas de sens à laisser vivre des individus incapables d'élever un enfant : criminels, handicapés, déficients mentaux, prostituées, et… immigrés( !!!)
Ce thriller politique, sûrement le meilleur des 4 que je viens de lire de Jussi Adler-Olsen, Dossier 64, dénonciation d'une pratique qui a bien eu lieu et dont seul le Danemark, à l'inverse de la Suède, de la Norvège ou de l'Allemagne, n'a pas offert réparations ni présenté d'excuses aux victimes, nous tient en laisse, nous enferme dans cette ile perdue du Nord du Danemark, pour nous livrer un excellentissime récit, varié, avec rebondissements entre les années 1987 et 2010, entre plusieurs protagonistes, Rose déjà citée, et Assad, qui semble impliqué personnellement dans cette horrible épisode . Car racisme il y a, bien entendu, le caractère et les pensées du néo-fasciste est exposé tel qu'il pense, brut de coffrage.
Avec humour ( je crois) l'auteur nous fait participer à une vengeance dont on aime qu'elle ait lieu, un peu de justice sur la terre. Et un rebondissement qui nous réjouit, lui aussi.
Humour que l'auteur dose avec science : « une des collègues de Carl lui adresse un sourire « qui aurait été censuré dans un film des années cinquante », sa femme veut le plumer « ce n'était tout de même pas sa faute si elle avait décidé d'organiser son mariage avec un homme avant d'avoir divorcé du précédent ».
Commenter  J’apprécie          5952
Mauvaise surprise pour Carl Mørck quand il arrive dans le bureaux du département V en ce matin de novembre 2010. Børke Bak, flic à la retraite et ennemi personnel du commissaire, lui demande de retrouver et de punir celui qui, dans la nuit, a aspergé de soude caustique sa soeur Esther, tenancière d'une maison close dans le quartier de Vesterbro, le menaçant de faire resurgir l'histoire très ancienne de la mort de son oncle. Si Mørck est furieux, Rose, sa secrétaire, voit là l'occasion de se pencher sur une vieille affaire non résolue, la disparition, dans les années 80, de Rita Nielsen, propriétaire d'une agence d'escort girls. Sous son impulsion, le commissaire et son assistant, l'énigmatique Assad, découvrent une série de disparitions suspectes ayant les mêmes caractéristiques. Leur enquête va les conduire dans le sombre passé du Danemark sur les traces de Nete Hermansen, enfant, puis femme broyée par le système et les idées néfastes de certains.

C'est toujours un plaisir de retrouver le bougon Carl Mørck, empêtré dans une vie privée compliquée, et assisté dans son travail par deux assistants hauts en couleurs. Jussi Adler Olsen a su créer des personnages originaux et attachants qu'on aime retrouver au fil de leurs enquêtes. Cold case oblige, ils vont remonter le temps jusqu'aux années 50 dans le passé de Nete Hermansen, qu'aujourd'hui on qualifierait de ''cas social'' et de son persécuteur, le docteur Curd Wad, gynécologue à la retraite, fondateur de Renie Linie, un parti politique extrémiste en passe d'accéder au parlement en cette année 2010.
Si tous les livres de ce génie du polar sont fantastiques, tant au niveau des intrigues que de la qualité d'écriture, celui-ci est un cran au-dessus, peut-être en raison du sujet abordé, à savoir l'eugénisme. Après la deuxième guerre mondiale et la chute d'Hitler, certains danois ont continué à s'inspirer de ses idées sur la race pure. Ainsi, les femmes jugées indignes de procréer ont été avortées et stérilisées de force. Cette ''lutte secrète'' visant éliminer les familles nombreuses des classes populaires ou encore les mères célibataires s'accompagne aussi d'un racisme à peine dissimulé.
Avec Nete, le lecteur est plongé dans la vie d'une femme déchue qui s'est relevée pour tomber à nouveau et ne plus penser qu'à la vengeance. C'est avec un sentiment d'injustice et une profonde empathie que l'on suit son triste parcours.
Encore une fois, Adler Olsen frappe fort avec l'histoire de cette ''bonne fille'' qui n'a pas eu de chance. Et si le noir domine son roman, il sait aussi ménager au lecteur des plages de détente où l'on s'amuse des mésaventures de Carl avec son ex-femme ou avec sa nouvelle petite amie et de ses tentatives infructueuses pour agir en chef avec sa fine équipe. Un très bon opus, voire le meilleur de la série.
Commenter  J’apprécie          554
4° aventure du trio d'enquêteur Mock / Assad / Rose, 10 millions d'exemplaires vendus dans le monde pour cette série traduite dans 4 pays, et un mystérieux dossier 64 qui se profile. Ça c'est pour les chiffres.

Passons aux lettres, parce que les romans de Jussi Adler-Olsen sont tellement plus que ces chiffres, lui qui a gagné ses lettres de noblesse grâce à cette série en cours. Son nom est à écrire en lettres capitales dans le panthéon des auteurs nordiques.

Si vous recherchez de l'adrénaline à chaque mot, passez votre chemin. L'univers de l'auteur est fait d'ambiance, avec des personnages à la psychologie fouillée et une plume vraiment étonnante. Mais rassurez-vous, c'est un vrai polar qui sait instiller la tension.

Adler-Olsen est un auteur étonnant avec ses livres qui sont d'une profondeur assez incroyable.

Premier grand point fort de ses romans : les personnages. Les essayer c'est les adopter. Entre un inspecteur un peu bourru et ses assistants, le syrien Assad qui est sûrement l'un des personnages les plus atypiques de la littérature de genre et Rose à la personnalité changeante, c'est un véritable feu d'artifice. Les autres personnages introduits dans ce nouveau roman sont eux aussi d'une incroyable densité.

L'autre point fort, c'est cette alternance dans la narration, entre chapitres très travaillés pour décrire l'évolution de l'intrigue et chapitres où les dialogues entre les trois compères sont un florilège de bons mots, de drôlerie, avec ce ton un peu décalé du meilleur effet.

Ce quatrième opus ne déroge pas à la règle et la montée en puissance de Adler-Olsen continue à se faire sentir. Oui je trouve cet épisode encore meilleur que les autres, plus émouvant, plus décalé, plus profond, plus hypnotisant. Il peut se lire individuellement, mais connaître les personnages est un véritable plus.

600 pages qu'il convient de savourer, une atmosphère un peu rétro mais jamais désuète et des dialogues dynamiques. Une maîtrise narrative impressionnante et une profondeur de l'intrigue éblouissante. L'auteur prend son temps pour asseoir son récit et développer ses personnages, une ambiance tendue mais tellement addictive qu'on voudrait ne pas en sortir.

Un « Cold Case » à la scandinave, où l'auteur égratigne sérieusement la société danoise, si lisse en apparence. Un regard acerbe sur la société et des propos qui peuvent très facilement se transposer dans l'histoire et l'actualité française. Nous aussi nous avons nos casseroles et vivons le retour en force des idées extrémistes.

Intrigue menée de main de maître, personnages mémorables et complexes, ton singulier, moments de pure émotion et un final absolument magnifique (alors que l'on s'imagine avoir tout deviné longtemps avant). Tout simplement admirable si on aime ce genre de lecture !
Lien : http://gruznamur.wordpress.com
Commenter  J’apprécie          522
Quel bonheur de retrouver Carl Mørk et son équipe dans cette nouvelle enquête du département V : un Assad toujours très mystérieux si l'on se pose des questions quant à son origine et son passé, mais jamais à court d'idées pour faire la lumière sur les personnes mal intentionnées, prêt à braver les interdits pour les besoins de son enquête.

Une rose en pleine forme, hyperactive, perspicace qui possède comme son partenaire Assad, des secrets qui excitent la curiosité de Carl et entretiennent le suspens de toute la série, on a alors le bonheur de se dire qu'on finira bien par percer ces secrets.

Le début du roman peut paraître confus : Adler Olsen nous rapportant à la fois une histoire de femme au visage détruit , de famille avec Børke Bak, son ennemi juré, qui exige du policier de retrouver et punir le coupable. Carl Mørk aura également quelques soucis avec l'enquête, qu'il ne mène pas, enquête non résolue pour une affaire au cours de laquelle son collègue et ami Hardy a perdu l'usage de ses membres, et que ses collègues font avancer avec des indices qui l'accusent.

Ces affaires, sa vie privée compliquée, et le dossier qu'il va rouvrir ont vraiment de quoi occuper agréablement le lecteur. N'ayez crainte, la confusion du début disparaît assez rapidement pour laisser place à l'affaire qui préoccupe nos trois complices : cinq personnes ont disparu en 1987. Nous sommes en 2010, l'assassin court toujours.

Nos héros n'hésiteront pas à se mouiller pour démasquer le ou les coupables. On plongera dans l'horreur de la vie des victimes, on côtoiera des tortionnaire extrémistes, de quoi vous glacer le sang.

Encore un roman terminé à trois heures du mat, un roman que l'on a bien des difficultés à refermer.

Arrivé à ce quatrième tome des aventures de Carl Mørk, on parvient à deviner les réactions de nos héros, ça rassure parfois !

Une fin très surprenante et bien pensée ! Je me console de devoir quitter ce roman en me disant qu'il me reste encore cinq tomes.
Lien : http://1001ptitgateau.blogsp..
Commenter  J’apprécie          500
Avis de grippe au Danemark ! Carl et son équipe doivent enquêter sur un dossier qui a tapé dans l'oeil de Rosie, concernant la disparition d'une mère-maquerelle. En parallèle, une patronne de boite d'escort girls, qui est également la soeur d'un policier à la retraite, a été défigurée à l'acide. Son frangin décide de lui venir en aide, en n'hésitant pas pour cela à faire pression sur Carl.
Dans le genre vieilles affaires qui ressurgissent (c'est quand même la spécialité du département V que dirige C. Mock), il y a également du nouveau sur l'affaire qui a couté la vie d'un de ses co-équipiers, sa mobilité à un autre, et des cicatrices et sa confiance en lui à Carl : en démolissant la maison où s'est passé la fusillade à l'origine de tous ces débordements, on a retrouvé un cadavre découpé et proprement rangé dans un sac poubelle puis dans une caisse en bois ; le mort a été tué d'un clou dans la tête, ce qui était la signature du malfaiteur que Mock et son équipe poursuivaient ce jour-là. Enfin, on suit les agissement de Nete, une femme qui semble, après en avoir bavé, avoir trouvé le bonheur entre les bras de son médecin de mari. Sauf que ce mari est mort dans l'accident de voiture qu'elle a provoqué quand a été évoquée en public son passé de fille de mauvaise vie.
Mais bon, la vie a aussi ses bons côtés, et Mona, la psy dont est amoureux Carl, lui propose un diner, accompagné d'une surprise, qui, on peut s'en douter, ne correspondra pas forcément à l'idée première de notre flic désabusé !

Une fois n'est pas coutume, je trouve que Jussi Alder-Olsen s'améliore avec le temps, tout en renouvelant les pans de l'histoire du Danemark qu'il dénonce dans ses romans. J'ai trouvé cet opus particulièrement réussi. Les dialogues et les situations entre membres de l'équipe du département 5, souvent loufoques et décalés, apportent un agréable contrepoids à l'histoire particulièrement sordide et touchante de Nete. Dossier 64 aborde un épisode franchement pas reluisant de l'histoire du Danemark, un de ceux que tous les pays tentent de cacher sous leurs tapis... Il s'agit des activités liées l'île de Sprogo, où l'on internait et stérilisait les femmes débiles et de mauvaise vie, ou, plus simplement, celles qui étaient gênantes. Mock, qui se trouve un peu moins en mille morceaux, m'a semblé plus capable d'empathie, et gère de main de maitre, assisté par Assad et Rosie, une histoire particulièrement émouvante et touchante.
Pour tout dire, les enquêtes du département V ne sont pas de la grande littérature, pas même le summum des romans policiers. J'en lis un de temps en temps pour me détendre, parce que je sais que l'histoire tiendra globalement la route, que l'intrigue est honnête, les personnages amusants. J'y trouve de l'humour, un peu de dépaysement, un chouïa de violence mais pas trop, et j'apprends toujours deux ou trois choses sur le Danemark. Dossier 64 m'a pour le coup étonnée, je l'ai trouvé meilleur que ce à quoi je m'attendais, et j'ai même été surprise par le final, ce qui est plutôt rare ! Bref, c'est un bon voire excellent opus , amusant, intéressant, bien mené.
Commenter  J’apprécie          470
Après trois premiers tomes bien prenants, le Danois Jussi Adler-Olsen poursuit sa série du Département V avec Dossier 64. J'y ai retrouvé avec grand plaisir le trio de choc des cold cases de Copenhague : l'inspecteur Carl Mørck, bougon, ironique, souvent dépassé entre son équipe et la smala qui vit sous son toit, son assistant Assad, à la fois attachant et ambigu par les mystères autour de lui, et la benjamine aux multiples personnalités Rose.

Le premier ennemi contre lequel doivent lutter nos héros est la grippe qui frappe la Direction de police en ce mois de novembre 2010. Pas simple de réfléchir avec la tête engluée dans la fièvre et le nez gouttant à qui mieux mieux...

Un vieux dossier de disparition datant de 1987 attire l'oeil de la gothique Rose et force est au reste du trio de s'y mettre (toujours avec un bel entrain du côté d'Assad... beaucoup moins côté Mørck). Cette enquête va les plonger dans un passé pas si ancien et très dérangeant du Danemark. En effet, durant plusieurs décennies (globalement entre 1920 et 1970), l'État mena une politique de type eugéniste en déportant et stérilisant de force des femmes jugées immorales ou qui ne rentraient pas dans les critères de valeurs établies par des médecins indignes. Rabaissées, humiliées, considérées comme mentalement déficientes et déviantes sexuelles risquant de "salir" la société des "bons" Danois en pondant gosses sur gosses en recourant à l'aide sociale, battues et enfin opérées afin de ne plus pouvoir enfanter, ces femmes étaient ensuite rendues à la vie civile, marquées comme des bêtes et généralement dans l'incapacité de s'intégrer socialement.

A ça, s'ajoute les volontés d'accès au parlement danois d'un parti d'extrême-droite aux terrifiants et nauséabonds relents nazis, Rene Linier ("lignes pures"... tout le programme dans le nom...).

Avec de tels éléments, on comprend que Rose, en tant que femme, et Assad en tant qu'immigré soient particulièrement portés et investis - professionnellement et émotionnellement - sur cette enquête. Quant à Mørck, ce n'est pas qu'il ne suive pas le mouvement, mais ressort de nouveaux points sur l'affaire du tueur aux clous antérieures à la série et qui a valu au policier de se retrouver en sous-sol au Département V, une cicatrice de blessure par balle à la tête et l'esprit encore torturé de la vision de ses collègues tombant sous l'assaut, l'un mort, l'autre tétraplégique. Plus l'agitation chez lui, plus les difficultés inhérentes aux débuts d'une liaison avec la belle Mona... Ça fait beaucoup pour un seul homme, non?

Jussi Adler-Olsen explique que le système de mise à l'écart et de stérilisations forcées a bel et bien existé et que, jusqu'à ce jour, il n'y a jamais eu de mea culpa ni de reconnaissance de cette part sombre de son XXème siècle par les gouvernements danois qui se sont succédés. N'étant pas très au fait de l'Histoire de ce pays, cette découverte m'a surprise et choquée par la violence physique et idéologique d'une telle planification eugéniste.

De même, les parties concernant l'organisation et les velléités du parti Rene Linier m'ont interpellée quant à l'actuelle montée en puissance en Europe de nombreux partis et mouvances identitaires, certains s'inscrivant ouvertement dans le prolongement de vieux démons du XXème siècle : l'idéologie mussolinienne par exemple en Italie. L'approche des élections européennes agite et met en avant ces hydres inquiétantes pour la démocratie et les valeurs humaines.

Ainsi, en plus d'être un roman passionnant à lire - peut-être même le plus abouti de la série pour l'instant -, Dossier 64 interroge à la fois sur les côtés sombres de nos Histoires (car le Danemark est loin d'être le seul à en avoir, ce serait trop simple) et sur les périls actuels des montées d'extrémismes de divers types (ici politique et idéologique, mais également religieux et sociétaux avec l'homophobie par exemple).
Commenter  J’apprécie          450
Hilarantes, pittoresques et déjantées les aventures de cette équipe du département V danois égrènent la liesse et la folie douce.
Loufoque, loup phoque même.
C'est ce vent de fraîcheur bienvenue, qui change drastiquement des polars scandinaves habituels (plutôt lourds et dépressifs même si souvent excellents) qui fait le charme de ce bouquin et probablement des précédents (pas encore lus).
Car c'est quand même à un trio de policiers bigarrés que nous avons affaire, de Carl Mørck, loser magnifique et désabusé, en passant par Assad son énigmatique assistant cintré et cette folle furieuse schyzo et mal-aimable de Rose qui les seconde ou les triconde (ils sont 3 après tout).
Le talent principal de Jussi Adler Olsen réside dans l'évocation de leur échanges iconoclastes quotidiens dont le rythme est soutenu et truculent. Un petit régal.
Sans compter toute la galerie de personnages secondaires qui illumine le bouquin.

Cela n'empêche pas l'auteur de tirer à boulets rouges sur une société danoise confrontée à ses démons noirs passés et présents. Société prête aux pires atrocités pour conserver une certaine idée de pureté de race.

L'intrigue en elle même n'est pas folle mais suffisamment intense pour accrocher.
Elle est fluide et agréable et surtout fait le lien narratif entre les personnages.

Au final, un bouquin très fréquentable et sympathique : Mâchez danois. 3,5/5
Commenter  J’apprécie          440
Je continue la découverte de cette série avec le 4e.... qui est mon préféré !
Sans doute parce qu'Assad est de plus en plus sombre, parce que Morck s'attache à ses partenaires. Mais surtout pour l'histoire sur l'eugénisme danois. Ces femmes stérilisées sans leur consentement. Ces femmes jugées amorales voire folles parce que trop libres, trop jolies, voire violées (mais c'est la même chose c'est de leur faute non ?). 15 ans violée, coupable évidemment ! et donc avortée et stérilisée au nom de la pureté du sang danois. Glaçant. passionnant !
Mon mari, qui a pris de l'avance (alors qu'il a commencé cette série sur mes conseils et donc après moi) a fini le 8e tome....
Commenter  J’apprécie          415





Lecteurs (5001) Voir plus



Quiz Voir plus

Département V

Quel est le grade de Carl Mørck au département V ?

commissaire
vice-commissaire
capitaine
inspecteur

10 questions
141 lecteurs ont répondu
Thème : Jussi Adler-OlsenCréer un quiz sur ce livre

{* *}