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EAN : 9782330133573
464 pages
Actes Sud (11/03/2020)
3.39/5   18 notes
Résumé :
Hot Maroc est l’histoire d’un antihéros, Rahhal, personnage insignifiant, lâche et timoré qui, par le biais des réseaux sociaux, règle ses comptes avec ses “ennemis intimes”, c’est-à-dire toute personne ayant mieux réussi que lui. Son immense aptitude à nuire par clavier interposé est découverte et appréciée à sa juste valeur par les services de sécurité. Et le voilà soudain contraint d’utiliser ses talents de blogueur pour répandre sur la puissante revue électroniq... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Certains livres sont marqués par une certaine vacuité sous le fallacieux prétexte de divertir. Voici un reproche qu'il est impossible à faire à Hot Maroc, le premier roman de Yassin Adnan, poète et journaliste. Un ouvrage d'une densité folle, foisonnant avec sa foultitude de personnages dans une ville de Marrakech loin des clichés touristiques, en pleine mutation, avec un exode rural important et qui symbolise le Maroc tout entier, avec sa jeunesse hyperconnectée et ses traditions contestées mais toujours vivaces. L'écriture de Adnan est virtuose et vertigineuse, superbement rendue par une traduction de haute volée. le personnage central, le dénommé Rahal, est fascinant : lettré et introverti, humilié et revanchard, fourbe et fuyant. Gérant d'un cybercafé, il va trouver sa voie en commentant avec virulence les articles du journal en ligne Hot Maroc, y acquérant une certaine notoriété, puis en continuant son entreprise de démolition en investissant Facebook. Mauvaise foi et Fake News à l'appui, Rahal devient schizophrène à l'image d'une grande partie de la société marocaine. La plume du romancier n'épargne aucun milieu : journalistes, politiciens, membres des services secrets. Chacun des personnages du livre a son équivalent dans le règne animal : de l'écureuil (Rahal) à la lionne en passant par la chamelle, le caméléon ou la vache. Entre satire débridée et radioscopie précise de la société, avec ses inégalités croissantes, Yassin Adnan se délecte et le lecteur est conquis. Mais le livre est aussi victime de sa richesse : plutôt que de s'en tenir aux aventures de son antihéros, l'auteur a tendance à en rajouter, en multipliant les digressions et histoires parallèles. Il y a parfois de quoi se perdre dans cet ouvrage labyrinthique même si l'on perçoit parfaitement la jubilation que Adnan a eu à l'écrire et que l'on partage en partie.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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« Au Maroc, aller plus vite, plus loin dans la démocratisation du pays reviendrait à prendre le risque de tout détruire. » Aymeric Chauprade - Géopolitique d'un Roi (essai sur un Maroc moderne et multipolaire) (Ellipse, 2019)
Je ne sais pas si cette « comédie animale » est brillamment restituée par l'auteur, je sais que cela manque de concision, qu'une vie, aussi riche et dense soit-elle, ne mérite pas plus de deux cents pages, que pour écrire le sécateur est aussi, voire plus, utile que le stylo. le livre narre, probablement parce que l'auteur en a été victime, ce qui se passe partout aujourd'hui : l'anonymat apparent d'Internet permettant le dénigrement, l'insulte gratuite, l'engendrement de rumeurs galopantes. Technique individuelle mais aussi pratiquée par les gouvernements les moins démocratiques qui diffusent par le biais d'officines donnant toutes les apparences d'un « journal » en ligne des informations mensongères pour décrédibiliser un.e opposant.e. Les gouvernements de tous les pays surveillent ce qui se passe sur la toile, savent interpeller celle ou celui qui les dénigre ou les insulte, mais laissent filer celles et ceux qui indirectement servent leurs desseins pas toujours clairs et changeants. le Maroc n'échappe pas à ce phénomène, d'autant plus que par le passé, la répression y fut féroce. Parfois, il vaut mieux éviter de penser, de visualiser dans son aire visuelle ce que l'on a vu de peur d'être interpellé.e, le silence et la prudence restent les deux piliers pour survivre dans certains lieux ; le courage dont firent preuve certain.e.s aboutit à leur disparition ou leur exil définitif.
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Je n'ai pas pu finir ce livre. Je n'ai pas accroché.

Rahhal est persuadé que sa famille est frappée de malchance. Il se lance dans les études dans une université marocaine, pour rendre son père pour une fois fier de quelque chose : la réussite de son fils.
Rahhal étudie et fréquente les mouvements politiques étudiants. Il est question de politique, de conflit entre croyances... le récit es très ancré dans la société marocaine mais je n'arrive pas à accrocher à toutes ces références historiques, culturelles, religieuses... qui sont très présentes. C'est dommage car je trouve intéressant le ton ironique qui sous-tend le propos.
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Livre sous forme de chronique sociale plein d'anecdotes sur la vie marrakchie et de références culturelles qu'il faut connaître pour le savourer pleinement. Un personnage principal marquant, non pas par son caractère particulièrement effacé, mais par son vécu et son évolution qu'on finit par apprécier . Quelques digressions qui finissent par perdre le lecteur d'autant plus que certains personnages sont inintéressants.
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Franchement je voulais lire le livre mais il s'avere que la couverture du livre est vole d'un artiste…..Algerien(on remarque la marque selecto qui a soigneusement ete efface alors que le logo est reconnaissable) bref franchement comment c'est juste honteux et malhonnête et ca en dit long sur la personne!!!
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Citations et extraits (39) Voir plus Ajouter une citation
Voilà comme sont les Marocains. Il suffit de leur indiquer la marche à suivre pour qu’ils t’emboîtent le pas comme une troupe d’aveugles. Du temps où tu faisais le trajet la nuit entre le cyber et le quartier Mouassine, dans les taxis collectifs bondés de Jemaa el-Fna, les conversations se déroulaient toujours de la même façon. Il suffisait qu’un passager lance une phrase, comme ça au hasard, pour que tous les autres entonnent la même ritournelle. Si l’un disait “Les temps sont durs, et ça va de mal en pis”, les autres s’empressaient de dénoncer la dégradation des lieux et des circonstances présentes. Mais s’il disait “Beau pays que le nôtre, et aimé de Dieu”, les autres rivalisaient pour énumérer les charmes de la nation et dénombrer ses splendeurs.
Dans les taxis, les bavardages n’en finissent jamais. Les gens s’y entassent à six : deux sur le siège avant à côté du chauffeur, et quatre à l’arrière. Et ils trouvent malgré tout l’envie de papoter. Quand un taxi stoppe au feu rouge, il se projette vers l’avant, pour s’avancer un peu et gagner un mètre ou deux, de sorte que le chauffeur ne voit plus le feu. Toutes les voitures en première ligne font la même chose. Et le Seigneur n’ayant pas donné aux Marocains d’yeux dans le dos, ce sont les klaxons des voitures de derrière qui se chargent de les prévenir que le feu est passé au vert.
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La relation qu’entretenait Rahhal avec les rêves était un rien étrange. Car pour lui l’univers du rêve ressemblait à celui de la salle du cinéma Marhaba qu’il fréquentait pour y assister seulement à la première séance, celle du film de karaté, avant de revendre son ticket d’entracte à quelque ramollo émotionnel passionné de films indiens et bêtement accro aux triviales histoires à l’eau de rose. Pour Rahhal, l’amour n’était que du blabla. Heureusement ses rêves, tout comme ses choix cinématographiques, restaient confinés au premier genre de films, ceux de karaté. Car Rahhal ne rêvait que lorsqu’il assistait à des règlements de compte, et qu’il pouvait se venger d’un des assaillants et l’envoyer rouler à terre après lui avoir fiché son genou empoisonné dans la mâchoire. Des rêves sérieux, qui honoraient le dormeur et dont il pouvait être fier quand il était réveillé. Et en dehors des corps à corps, des coups de pied, des coups de poing et des coups de genou pervers, les rêves – au sens pacifique du terme – continuèrent de fuir le sommeil de Rahhal, jusqu’au jour où Hassaniya apparut dans sa vie.
Pour ce qui était de la virginité de Rahhal Laaouina, elle était attestée et indubitable. Car avant de rejoindre les cercles de l’Unem, où il fit la connaissance – platonique, entendons-nous – de la camarade Atiqa, il n’avait jamais osé approcher une fille. Avec Atiqa, il se sentit fléchir en quelque sorte.
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Rahhal n’était pas de ces méchants hommes qui se réjouissent du malheur des autres. Aussi continua-t-il au fond de lui à compatir avec Wafiq dans son épreuve, conscient que le harcèlement qu’il endurait dépassait les bornes. Mais en même temps, il n’était pas peu fier d’être l’ami de Mourad et Mokhtar, surtout qu’il savait désormais que ses deux acolytes, la Gerboise et le Rat-taupe, étaient les véritables moteurs du gang en question. Car ni Atiqa la Vache, ni Ahmed la Hyène, ni aucun autre des leaders notoires et des éminents orateurs de la faction ne pouvaient gérer ces milices et les contrôler comme le faisaient les deux compères.
Mais au-delà de la fierté que lui procurait l’amitié des deux augustes camarades ou de sa sympathie pour le poète déchu, ce qui stupéfia Rahhal, ce fut la puissance du tour de magie qui permit à un commentaire anodin de faire vaciller la vie d’un homme et de le détruire entièrement. Il ne pensait pas que ce petit bout d’info que Hassaniya lui avait offert sur un plateau en défendant son voisin de quartier Wafiq Dera’i, et son droit d’écrire les poèmes qu’il voulait comme il voulait, aurait tant de répercussions.
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Don Quichotte était grand, Qamareddine. C’est vrai qu’il était mince, mais il était aussi très grand. Yazid est petit et râblé. Comment l’un peut-il te faire penser à l’autre ? Mais Qamareddine se fichait des hauteurs et largeurs, ce qui l’intéressait, c’était Sancho. Ce surnom lui était venu à l’esprit depuis que Yazid était apparu avec un zouave qui le suivait comme son ombre, et il s’était mis à propager ce sobriquet au cyber, en l’absence de Yazid, bien évidemment. Même si Rabeh, costaud et de taille moyenne, ne ressemblait en rien à Sancho, physiquement du moins. Sûr que personne au cyber n’avait lu Cervantès. Mais Fadwa, Samira et Salim avaient vu la série de dessins animés en version doublée – Don Quijote de la Mancha. Et ils savaient de quoi parlait Qamareddine.
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Il est vrai que les Marocains s’étaient habitués à l’irruption de querelles intellectuelles à chaque échéance électorale, au temps des idéologies, lorsque les partis s’alignaient encore dans des tranchées idéologiques claires. Mais les choses aujourd’hui avaient beaucoup changé. Le peuple n’avait plus l’énergie nécessaire pour tolérer ces débats abstraits autour des principes des partis et de leurs programmes politiques. Les gens voulaient des élections carnavalesques, avec des spectacles et des défilés, de la danse et des chants, des noces et des banquets, et de petits gains tangibles glanés au fil de la campagne. Plus tard, tous les candidats disparaîtraient pour gérer leurs propres intérêts. Ils feraient tous pareil. Ils rejoindraient les rangs des dignitaires de la capitale, et on ne les verrait plus que sur les écrans de télévision, lors de la retransmission en direct des sessions parlementaires, pour les rares qui s’appliqueraient à y assister. Sinon, on perdrait l’insigne occasion de les voir, jusqu’aux élections suivantes, cinq ans plus tard. Voilà pourquoi les gens ne s’intéressaient pas beaucoup aux résultats. Ce qui comptait, c’était le rituel de la période électorale. Ils aimaient cette ambiance de fête, ils suivaient l’évolution des débats en retenant leur souffle, sans se préoccuper vraiment de leurs lourds enjeux politiques.
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