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Citations sur Hot Maroc (39)

Don Quichotte était grand, Qamareddine. C’est vrai qu’il était mince, mais il était aussi très grand. Yazid est petit et râblé. Comment l’un peut-il te faire penser à l’autre ? Mais Qamareddine se fichait des hauteurs et largeurs, ce qui l’intéressait, c’était Sancho. Ce surnom lui était venu à l’esprit depuis que Yazid était apparu avec un zouave qui le suivait comme son ombre, et il s’était mis à propager ce sobriquet au cyber, en l’absence de Yazid, bien évidemment. Même si Rabeh, costaud et de taille moyenne, ne ressemblait en rien à Sancho, physiquement du moins. Sûr que personne au cyber n’avait lu Cervantès. Mais Fadwa, Samira et Salim avaient vu la série de dessins animés en version doublée – Don Quijote de la Mancha. Et ils savaient de quoi parlait Qamareddine.
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Voilà comme sont les Marocains. Il suffit de leur indiquer la marche à suivre pour qu’ils t’emboîtent le pas comme une troupe d’aveugles. Du temps où tu faisais le trajet la nuit entre le cyber et le quartier Mouassine, dans les taxis collectifs bondés de Jemaa el-Fna, les conversations se déroulaient toujours de la même façon. Il suffisait qu’un passager lance une phrase, comme ça au hasard, pour que tous les autres entonnent la même ritournelle. Si l’un disait “Les temps sont durs, et ça va de mal en pis”, les autres s’empressaient de dénoncer la dégradation des lieux et des circonstances présentes. Mais s’il disait “Beau pays que le nôtre, et aimé de Dieu”, les autres rivalisaient pour énumérer les charmes de la nation et dénombrer ses splendeurs.
Dans les taxis, les bavardages n’en finissent jamais. Les gens s’y entassent à six : deux sur le siège avant à côté du chauffeur, et quatre à l’arrière. Et ils trouvent malgré tout l’envie de papoter. Quand un taxi stoppe au feu rouge, il se projette vers l’avant, pour s’avancer un peu et gagner un mètre ou deux, de sorte que le chauffeur ne voit plus le feu. Toutes les voitures en première ligne font la même chose. Et le Seigneur n’ayant pas donné aux Marocains d’yeux dans le dos, ce sont les klaxons des voitures de derrière qui se chargent de les prévenir que le feu est passé au vert.
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Rahhal n’était pas de ces méchants hommes qui se réjouissent du malheur des autres. Aussi continua-t-il au fond de lui à compatir avec Wafiq dans son épreuve, conscient que le harcèlement qu’il endurait dépassait les bornes. Mais en même temps, il n’était pas peu fier d’être l’ami de Mourad et Mokhtar, surtout qu’il savait désormais que ses deux acolytes, la Gerboise et le Rat-taupe, étaient les véritables moteurs du gang en question. Car ni Atiqa la Vache, ni Ahmed la Hyène, ni aucun autre des leaders notoires et des éminents orateurs de la faction ne pouvaient gérer ces milices et les contrôler comme le faisaient les deux compères.
Mais au-delà de la fierté que lui procurait l’amitié des deux augustes camarades ou de sa sympathie pour le poète déchu, ce qui stupéfia Rahhal, ce fut la puissance du tour de magie qui permit à un commentaire anodin de faire vaciller la vie d’un homme et de le détruire entièrement. Il ne pensait pas que ce petit bout d’info que Hassaniya lui avait offert sur un plateau en défendant son voisin de quartier Wafiq Dera’i, et son droit d’écrire les poèmes qu’il voulait comme il voulait, aurait tant de répercussions.
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La relation qu’entretenait Rahhal avec les rêves était un rien étrange. Car pour lui l’univers du rêve ressemblait à celui de la salle du cinéma Marhaba qu’il fréquentait pour y assister seulement à la première séance, celle du film de karaté, avant de revendre son ticket d’entracte à quelque ramollo émotionnel passionné de films indiens et bêtement accro aux triviales histoires à l’eau de rose. Pour Rahhal, l’amour n’était que du blabla. Heureusement ses rêves, tout comme ses choix cinématographiques, restaient confinés au premier genre de films, ceux de karaté. Car Rahhal ne rêvait que lorsqu’il assistait à des règlements de compte, et qu’il pouvait se venger d’un des assaillants et l’envoyer rouler à terre après lui avoir fiché son genou empoisonné dans la mâchoire. Des rêves sérieux, qui honoraient le dormeur et dont il pouvait être fier quand il était réveillé. Et en dehors des corps à corps, des coups de pied, des coups de poing et des coups de genou pervers, les rêves – au sens pacifique du terme – continuèrent de fuir le sommeil de Rahhal, jusqu’au jour où Hassaniya apparut dans sa vie.
Pour ce qui était de la virginité de Rahhal Laaouina, elle était attestée et indubitable. Car avant de rejoindre les cercles de l’Unem, où il fit la connaissance – platonique, entendons-nous – de la camarade Atiqa, il n’avait jamais osé approcher une fille. Avec Atiqa, il se sentit fléchir en quelque sorte.
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Il est vrai que les Marocains s’étaient habitués à l’irruption de querelles intellectuelles à chaque échéance électorale, au temps des idéologies, lorsque les partis s’alignaient encore dans des tranchées idéologiques claires. Mais les choses aujourd’hui avaient beaucoup changé. Le peuple n’avait plus l’énergie nécessaire pour tolérer ces débats abstraits autour des principes des partis et de leurs programmes politiques. Les gens voulaient des élections carnavalesques, avec des spectacles et des défilés, de la danse et des chants, des noces et des banquets, et de petits gains tangibles glanés au fil de la campagne. Plus tard, tous les candidats disparaîtraient pour gérer leurs propres intérêts. Ils feraient tous pareil. Ils rejoindraient les rangs des dignitaires de la capitale, et on ne les verrait plus que sur les écrans de télévision, lors de la retransmission en direct des sessions parlementaires, pour les rares qui s’appliqueraient à y assister. Sinon, on perdrait l’insigne occasion de les voir, jusqu’aux élections suivantes, cinq ans plus tard. Voilà pourquoi les gens ne s’intéressaient pas beaucoup aux résultats. Ce qui comptait, c’était le rituel de la période électorale. Ils aimaient cette ambiance de fête, ils suivaient l’évolution des débats en retenant leur souffle, sans se préoccuper vraiment de leurs lourds enjeux politiques.
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L’esclave n’est pas un frère pour l’homme libre et pieux
Même s’il est né en habits d’homme libre.
N’achète pas d’esclave sans un bâton pour lui,
Tout esclave est impur et source d’ennuis.
 
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Un homme valeureux n’a pas de meilleur juge que lui-même, Et il lui faut pour l’éclairer des compagnons vertueux.
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Ce n’est que dans les moments difficiles que nous découvrons le pouvoir de nos dirigeants. Certains leaders du parti de la Pieuvre, chouchous de la classe progressiste moderniste, qui se moquaient en secret du cheikh enturbanné qui assistait avec eux aux réunions du secrétariat général du parti et qui s’en allait aussitôt après la séance de travail, sans les accompagner dans les restaurants somptueux où ils finissaient leurs soirées militantes, ceux-là reconnurent finalement la clairvoyance de leur dirigeant Moha Sanhaji. En effet, avoir inclus une autorité religieuse de la valeur du fqih malikite Abou Ayyoub Mansouri au secrétariat général du parti s’avérait être une démarche judicieuse dont on ne mesurait la portée qu’aujourd’hui.
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J’écartai les jambes pour que l’aimé puisse se glisser en moi. Je ressentis une légère douleur. Une douleur délicieuse. Je les ouvris plus grand. Je voulais qu’il s’enfonce encore. Plus profondément. J’aurais voulu qu’Imad me pénètre tout entier, et pouvoir le remettre au monde. Qu’il soit mon enfant. Que je sois tout pour lui. Qu’à table, il ne regarde que moi. Ah Imad ! Ah mon tout-petit ! Il haletait sur moi qui fondais sous lui. Jamais je n’avais connu un bonheur pareil.
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Le fait est que je me déshabillai et ne gardai qu’une combinaison transparente qui laissait voir ma culotte. C’était tout ce que je portais dessous. Mes seins étaient trop menus pour être bridés dans un soutien-gorge. Imad m’épiait-il en secret ? J’étais penchée sur la vaisselle quand je sentis des bras m’enlacer par-derrière. Je me retournai et le vis. Imad. Le désir crispait son visage. Je n’en crus pas mes yeux. Impossible ! Le beau chevalier de mes rêves. Je rêvais éveillée. Il m’attira vers lui, et se mit à embrasser mon cou en haletant. Son souffle était brûlant. Quant à moi, je fondis. Complètement.
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