C'est ingénieux mais un peu agaçant.
Adorno reprend la dialectique hégélienne mais la renverse dans sa méthode : plutôt que d'aboutir à une philosophie de l'identité il en vient à une philosophie de la non-identité. Ce renversement sera repris par Harbemas dans sa critique de Hegel qui, selon lui, supprime la théorie de la connaissance au profit d'une théorie de l'identité. Ce n'est pas une philosophie française de la différence de type deleuzien (chez Deleuze, la répétition de la différence est non-hégélienne et a-synthétique). Non, c'est pire que cela. Et c'est pire que de reséparer l'objet du sujet et de limiter ainsi la portée de la connaissance comme un critique classique de Hegel pourrait le faire : on reprend bien là la méthode de Hegel pour obtenir ce qui ne peut n'être qu'un absolu, on fait finalement de l'absolu même - qu'on ne suppose pas simplement ne pas atteindre - un non-ontos (plutôt qu'une multiplicité qui serait de toute manière subsumable). En effet c'est ici le positif qui revient au négatif (chez Hegel c'est l'inverse) et, en tant que c'est le négatif qui prend la place de l'absolu hégélien, il n'y a pas identification du positif et du négatif (non-identité finale), il n'y a donc nécessairement que le négatif. Cela ouvrira la théorie critique. Et c'est bien en partant a priori d'un projet politique qu'
Adorno fait tout cela.