La France devant Attila

Mais l'opinion n'est pas capable d'une vigilance lucide et soutenue. Prompte à s'alarmer, elle est encore plus prompte à s'endormir. Et ses mandants, qui, dans leur louable souci de la représenter fidèlement, pratiquent si bien la maxime : "Je suis leur chef, donc je les suis" ne passent-ils pas aussi, comme elle, par les mêmes alternatives de courtes alarmes et de longues léthargies !
Absorbée par ses occupations quotidiennes, la population française, gouvernants et gouvernés, vit et dort au jour le jour, la tête courbée sur la tâche ou couchée sur l'oreiller. Elle ne lève que trop rarement, vers l'horizon, des yeux grands ouverts. De temps à autre, un titre de journal plus gros, un appel de radio, provoquent un sursaut passager et puis les yeux se baissent de nouveau sur l'ouvrage ou se ferment.

Car c'est bien de Folie qu'il peut s'agir.

Les dirigeantS de ces régimes à mystique totalitaire, personnages doués d'un incroyable potentiel d'énergie, présentent, en effet, des caractéristiques identiques ; ils sont un composé apparemment contradictoire mais singulièrement explosif de raison et de passion.
Une raison extraordinairement lucide d'ailleurs, dans la préparation des plans, la conduite des machinations politiques et des opérations de guerre ; une raison froidement calculatrice, patiente, souple, rusée, libre de tout scrupule et supérieurement apte à mesurer les forces et les faiblesses de l'adversaire. [.....................]
Forme de folie bien connue, d'ailleurs, qui n'atteint que les facultés affectives, passionnelles, tandis que les facultés intellectuelles restent au contraire intactes et même se trouvent comme aiguisées par la passion. Est-il quelqu'un de plus rusé que certains fous ?

Or, pour le Croyant fanatique, il n'est pas d'accommodement possible avec l'Infidèle : la tolérance à l'égard de ce dernier n'est simplement qu'une question provisoire de tactique. Constatation d'ordre historique à laquelle la plus récente actualité vient de donner de cruelles confirmations.

En l'an 451, le patrice Aetius, commandant les forces occidentales coalisées des Romains, des Francs, des Wisigoths, des Burgondes et des Armoricains, arrêtait Attila aux Champs Catalauniques.
Aujourd'hui, c'est-à-dire exactement quinze siècle plus tard, puisse la prévoyance de la France rendre inutiles un nouvel Aetius et de nouveaux Champs Catalauniques, car : où la bombe atomique aurait soufflé " l'herbe ne repousserait plus ".