Dans ma liste "Les grands prix littéraires l'année de ma naissance"
Prix Pultizer (à titre posthume)
Un livre magnifique, un livre exigeant. Voilà. le décor est planté. J'ai de nombreuses fois eu l'envie de m'échapper vers des lectures plus faciles, mais je suis allée jusqu'au bout et je ne le regrette pas.
Rufus (l'avatar enfant de l'auteur) a 6 ans et son père meurt tragiquement dans un accident de voiture. Quarante ans plus tard,
James Agee revient sur cet évènement terrible et en fait un récit dense, ciselé, profondément psychologique, mais plein de poésie et d'une force incroyable.
Le livre se découpe en trois parties : avant la mort, la nuit de l'accident, les jours qui suivent cette nuit et l'enterrement du père. Mais il s'agit de la seule linéarité du livre. L'auteur examine certains moments, mais pas tous, à la façon d'un entomologiste qui dissèque un insecte. Certaines de ces scènes sont impressionnantes : l'introspection d'oncle Ralph ou la scène des enfants dans l'escalier qui écoutent les voix des adultes, sans en saisir un seul mot, mais qui distinguent toutes les intonations et en font une histoire.
James Agee/Rufus (c'est un récit autobiographique) sont deux êtres d'une sensibilité extrême et d'une grande intelligence. Sans doute profondément marqué par un évènement dont il ne comprenait pas tout (la conscience de la mort n'est pas affirmée chez un enfant de 6 ans), l'auteur est revenu imprimer ce récit d'adulte pour fixer définitivement sa mémoire d'enfant et lui donner sens et réalité.
Les 100 dernières pages sont sublimes et valent le coup de s'accrocher.
Un auteur, mort bien trop jeune, à redécouvrir.
Un grand écrivain.