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EAN : 9782823601992
336 pages
Editions de l'Olivier (20/08/2015)
3.37/5   234 notes
Résumé :
Rose Mathissen est la fille d’un officier français et d’une aristocrate danoise. Née à l’aube du XXe siècle, il lui faudra un long détour pour retrouver le manoir familial et découvrir qui elle est vraiment.
Seule à Paris, à 17 ans, Rose est projetée dans un monde qui est aussi bien celui de Zola que de Dickens avant de basculer dans la modernité : l’affaire Dreyfus, la guerre de 14, les années folles, les voitures Panhard-Levassort, la naissance du féminisme... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (69) Voir plus Ajouter une critique
3,37

sur 234 notes
Rose, fillette négligée d'une aristocrate Danoise nymphomane, Kristina, éblouissante de beauté, à la chevelure flamboyante et d'un officier français, gauche et sans charme, obsédé par Spinoza , débarque seule à Paris, à l'âge de dix- sept ans, décidée coûte que coûte à rester dans cette ville.....

Immédiatement livrée à la pauvreté et à l'exploitation, courageuse, elle s'adapte, retombe....elle devient femme de ménage dans un "café"pour lesbiennes. Elle fume de l'opium à en perdre les dents et les cheveux, est sauvée un temps par la passion qui la lie à Louise qui lui trouve un emploi d'habilleuse à l'opéra comique, puis par l'amour qu'elle découvre auprès d'un nourrisson abandonné....
Multiples visages de mére, de fille, d'amante.En compagnie de Rose, nous traversons la politique, les époques, la société, l'affaire Dreyfus, les Années folles, la grande guerre, la vie d'artiste, les bonheurs fugaces, la solitude, la misére, les bas- fonds, les rêves scintillants, les ruptures amoureuses......
Une existence virevoltante, un récit original, un peu baroque, aux rebondissements feuilletonesques, et cœurs " changeants ".
L'auteur décrit une héroïne et ses aventures contradictoires et mystérieuses dans les années 1900- 1930, bohème et bourgeoisie mêléés.
L'écriture, légère, ciselée, gracieuse, attachante, mêle habilement l'épaisseur du roman historique à l'aisance d'un feuilleton que l'on dirait tout droit sorti des contes scandinaves couplés aux romans réalistes français...
Une œuvre d'apprentissage féministe envoûtante diablement moderne où les époques et les identités successives de Rose alimentent une narration subtilement enchevêtrée.
Entre intime murmuré à l'oreille et souffle de l'histoire, entre vaudeville et mélodrame : voilà une existence " incroyable" pour une femme " singulière".
Agnès Desarthe porte un regard insolent et narquois sur la société française du début du siècle. On ne s'ennuie pas une seconde, tandis que l'auteur convoque avec fantaisie, poésie, volupté et gravité délicieuse "les miséres de Zola",Apollinaire et Dickens, Paris et le Danemark...
Un bien bel ouvrage !
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Rose, l'héroïne, est née au Danemark . Sa mère Kristina est danoise et carrément déjantée. Son père René est un militaire français passionné de Spinoza.
Le père vit en Afrique avec Rose jusqu'au jour où il lui déclare qu'elle est assez grande pour se débrouiller.
C'est ainsi qu'elle débarque à Paris, au début du vingtième siècle avec comme bagage culturel, ses lectures d'Alexandre Dumas et la connaissance de plusieurs langues.
Elle est tout à fait désarmée et va vivre une vie faite de hasards et surtout de pauvreté.
Personnellement, je n'ai pas accroché aux personnages ni au style du roman.
Je reconnais les qualités d'imagination mais cela manque de vibrations humaines.
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Romanesque.
C'est sans doute le mot qui convient le mieux pour qualifier "Ce coeur changeant", roman d'Agnès Desarthe dont le titre a été habilement emprunté à quelques vers d'Apollinaire.
Voilà ce que nous offre ce roman moderne qui lorgne sans vergogne sur la littérature du 19ème siècle, sur ses romans feuilletons et ses personnages au destin malmené : du romanesque, du rocambolesque, du vaudevillesque, du cauchemardesque...(oui, oui, d'accord, j'arrête les rimes en "esque", ça devient grotesque)

Tout au long de ma lecture, j'ai indéniablement retrouvé certaines héroïnes que je chérissais tant lors de mes lectures passionnées des Rougon-Macquart de Zola. Gervaise, pour les bas-fonds parisiens, son destin déplorable, sa naïveté et sa gentillesse agaçantes. Nana, pour le luxe des appartements haussmanniens, pour la volupté, son insouciance, sa liberté provocante. Lisa, pour sa vaillance à toute épreuve, sa tranquillité...
Rose, l'héroïne, est tout cela à la fois et les personnages qu'elle côtoie, les membres de sa famille et ses amis n'ont rien à lui envier. Entre personnages fantasques, égoïstes, soumis ou encore dévoués corps et âme, ce roman est loin d'être ennuyeux !
D'autant plus qu'on y évoque certains personnages historiques comme Nadar, Dreyfus, Degas...

Tout cela en un seul roman d' à peine plus de 300 pages, c'est incroyable, me direz-vous !
C'est peut-être ce que l'on pourrait reprocher à ce roman. de n'effleurer, de ne toucher que du bout des doigts, de suggérer plutôt que de décrire, d'insinuer plutôt que d'expliquer.
Mais c'est aussi peut être tout ce qui fait la subtilité de ce roman mais surtout sa légèreté.
Ce ton frivole et audacieux pour évoquer les drames, l'histoire tragique de cette héroïne du début du 20ème siècle ne manque pas de faire sourire le lecteur et donne à ce roman un caractère piquant et attrayant.

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"Le haut, le bas, murmure Rose en suivant d'un doigt le mouvement naturel des cheveux de sa fille qui s'enroulent hypnotiquement. Comment savoir? A droite,à gauche? Où aller? Car tout n'est qu' un cercle. Et toujours celle qui m'abandonne me sauve, ma mère d'abord,puis Zélada, et Louise enfin." (p 336)
Quelques mots et tout est dit. le destin, le parcours de vie de Rose est tracé. Née au Danemark d'une femme aussi belle que nymphomane, Kristina, d'un père militaire de carrière René de Maisonneuve,grand adepte de Spinoza, Rose choyée par sa nounou Zélada, découvre très vite le monde.Elle revient à Paris toute jeune, sûre que sa connaissance des langues, son admiration pour Alexandre Dumas lui permettront de vivre ou du moins de survivre. de rencontres en rencontres, elle descend progressivement les échelons de la société et est sauvée in-extremis par Louise, avec elle Rose découvre la vie amoureuse , la ronde des artistes, le monde des années d'avant la grande guerre. Elle ne se pose pas de questions, elle se laisse porter par Louise et l'adoration qu'elle lui voue.
Roman romanesque qui traverse le début du 20ème siècle secoué par l'affaire Dreyfus, la guerre , le monde de la nuit, la féminité ,les moeurs qui se libèrent, les choix de vie qui s'affirment . Agnès Desarthe à travers la vie de Rose nous offre un texte à clef , un roman où choix et déterminisme politique ont leur mot à dire ! Ne vous fiez pas aux apparences, cette l'écriture légère, ces dialogues qui fusent et qui pétillent cachent, derrière une histoire de vie, des tiroirs à ouvrir pour découvrir la vie .
Un régal à lire voir même à relire .
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Les multiples vies d’une Rose candide, dans le grand lac d’un monde changeant, au tournant du XXème siècle.

Dans une famille danoise ravagée par une tragédie intime, entre un futur beau-père déjà transformé en fantôme ivre et une future belle-mère enfermée dans un corps devenu montagne de chair, René de Maisonneuve, militaire sans défense féru de Spinoza, vient en 1887 rencontrer la belle Kristina, qui se donnera sans séduire, ou sans être séduite, au milieu du lac du manoir de famille.

«René tentait de ne pas trop la regarder, mais sa peau au grain si serré qu’elle semblait avoir la texture d’un abricot captait habilement la lumière et créait un pôle de clarté dans la pièce, une sombre salle à manger toute en panneaux de bois sculptés et en voix tonitruantes des frères, deux basses profondes qui s’efforçaient de masquer le silence alcoolisé de leur père (yeux bleus, injectés de sang sous un voile nacré), l’appétit effroyable de leur mère (à peine le temps de respirer entre deux bouchées, les joues encore pleines, que déjà la fourchette s’abat dans l’assiette et harponne à tout-va), la virginité bientôt mise aux enchères de leur sœur (apparente candeur d’enfant, infinie, magnifique, mariée à une pudeur de fillette, inexistante).»

Cette introduction, d’une magnificence délétère, se conclut sur la naissance de Rose, enfant délaissée par une mère nymphomane d’une beauté lumineuse et d’une froideur de glace, incapable d’aimer sa fille et apaisée seulement par son propre reflet. L’amour de son père, René de Maisonneuve, ne sera pas moins encombrant que le rejet de cette mère, tant cet homme à la logique tortueuse et toujours défaillante, accablé par les tromperies de sa femme, manque de clairvoyance et de sens pratique.

Elevée au Danemark, à Saint-Germain-en-Laye puis en Afrique loin de la société française, de ses règles et de ses classes, Rose est éduquée par Zelada, une nounou plus chérie qu’une mère ou qu’une déesse, qui lui apprend surtout le ménage et les tâches domestiques. En 1909, désireuse de prendre son envol elle débarque à Paris, ignorante des hommes et de la dureté du monde, mais naïvement confiante.

«Le dehors, le dedans, cela importait peu tant que qu’on était en sécurité, qu’on pouvait lire, jouer, entendre de la musique et regarder Zelada faire la poussière et repasser les draps. Aujourd’hui, les choses étaient différentes : Rose cherchait un travail. Elle aimait prononcer cette phrase pour elle-même, «Je cherche un travail», cela lui donnait l’impression d’être à la fois adulte et pauvre, deux états qu’elle n’avait encore jamais connus et qui lui paraissaient particulièrement intéressants.»

Même si on découvre à Paris, en même temps que l’héroïne, qu’elle sait faire des milliers de choses apprises empiriquement, avec sa nounou et au fil des expériences, Rose est abattue par l’exil tel une purge fatale, chutant rapidement vers un fond qui semble sans issue. De l’affaire Dreyfus et l’antisémitisme, des fumeries d’opium, de la tragédie de la première guerre mondiale à la libération des femmes qui osent afficher leur premiers amours, Rose va traverser de multiples vies, du confort de Jane Austen à la misère de Dickens, absorbant comme un buvard crédule et bienveillant les turbulences de l’époque. Et en toile de fond, semblant plus éclatants que ces événements de la grande Histoire, les scènes magnifiques de la nymphomanie et de la solitude tragique de Kristina reviennent en écho premier chapitre, épisodes délétères qui semblent menacer de leur flétrissement les relations d’amour et la maternité hasardeuse de Rose.

«Quand elle était enfant, les catastrophes s’abattaient sur elle sans qu’elle s’y attende et c’était tellement préférable. Elle était noyée, terrassée, anéantie. C’était douloureux, mais tellement moins que l’étau de l’anticipation. En grandissant, elle était devenue, sans le vouloir, une experte de la météorologie maternelle. Elle savait, à l’odeur que dégageait Kristina, à la façon dont l’un de ses yeux s’inclinait parfois vers sa mâchoire, à son sourire – particulièrement lorsqu’il découvrait ses dents -, à l’agitation de ses mains, au son produit par ses expirations, que l’ouragan se levait.»

Le dixième roman (hors livres pour la jeunesse, également très nombreux) d’Agnès Desarthe, paru en août 2015 aux éditions de l’Olivier, fascine par cette superbe lignée de femmes, dérangées et sensuelles, obstinées ou candide comme son héroïne. Il permet grâce à cette folie et cette écriture superbe qui conduit le lecteur en lisière de la fable d’oublier la question accessoire de la crédibilité, et de tomber sous le charme de Rose et de toutes les femmes de «Ce cœur changeant».

Retrouvez cette note de lecture, et toutes celles de Charybde 2 et 7 sur leur blog ici :
https://charybde2.wordpress.com/2015/08/31/note-de-lecture-ce-coeur-changeant-agnes-desarthe/
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critiques presse (3)
Culturebox
03 novembre 2015
Agnès Desarthe réussit brillamment une incursion dans le roman "historique". Elle y fait de sa très belle écriture le récit haut en couleurs de la vie d'une femme née à l'aube du XXe siècle.
Lire la critique sur le site : Culturebox
LaLibreBelgique
28 septembre 2015
Par son écriture classieuse, son imagination généreuse, sa célébration des pouvoirs de la fiction, Agnès Desarthe est un auteur à part. La preuve par "Ce cœur changeant".
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Telerama
26 août 2015
L'épaisseur du récit historique, l'aisance du feuilleton et une gracieuse insolence.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (52) Voir plus Ajouter une citation
Les mots ne signifiaient rien. Ils remontaient à la surface de son cerveau comme des bulles, pour éclater sur sa langue. Ils n'avaient aucun sens. Brisés en syllabes sans liens. Des sons abîmés, répétés machinalement, rendus pâteux par le silence et l'absence de pratique vocale. Des sons imaginés, comme le geste qu'effectuerait un membre amputé. Nostalgie de la chose vraie. La bouche de Rose avait perdu sa faculté d'articulation. Elle n'était plus qu'un engin à mâchonner et à déglutir. Les résidus de chandoo lui collaient au palais, remplaçaient l'eau, la nourriture, la parole. Il n'y avait plus que ces petites boules élastiques qu'elle promenait sous ses dents friables. Des dents qui n'en étaient plus vraiment. Tout comme son ventre, changé en caverne, en âtre brûlant jour et nuit.
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"Rose plissait les yeux, concentrée, l'aiguille s'enfonçait .et pic! Brigand, escroc, malfrat, ivrogne, assassin......feuilletant mentalement des milliers de pages.....consultant le catalogue de "vices "qu'offrait la " littérature"......délateur, traître, souteneur, meurtrier, vagabond.Rien, rien ne collait.....un mot seul contenait tant de dangers.....inutile de lui adjoindre un qualificatif, l'homme était le prédateur, elle était la proie....."
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La nuit venue, quand Rose dormait et qu'elle-même ne pouvait fermer l'oeil, Louise se redressait, dos contre l'oreiller, afin de mieux regarder sa trouvaille. Sa gorge se serrait alors, son larynx remontait comme pour pleurer. Elle n'aurait su dire ce qui la traversait, la certitude de son amour et de l'adoration qu'elle recevait en retour, le sentiment de ne pas être à la hauteur, de n'avoir pas la force. Parfois, mais elle se serait pendue plutôt que de se l'avouer, Louise se demandait si ce n'était pas cela, cette crispation du coeur, cette inquiétude sans objet, à la fois légère et infiniment sombre, qui occupait l'esprit des mères au chevet de leurs enfants.
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Elle se souvint alors du dioula, de l'anglais, ces langues qu'elle avait apprises sans le faire exprès en se contentant de les laisser pénétrer dans son oreille. Les mots clandestins, les mots étrangers passaient et repassaient dans la conversation et, à force, on les reconnaissait, ils n' étaient plus étrangers et plus si clandestins, parfois ils apparaissaient légèrement modifiés à la faveur d'une conjugaison, d'un pluriel, mais ne pas les identifier auraient été comme ignorer son voisin sous prétexte que la veille il paradait col ouvert, alors qu'il vous saluait ce jour, le cou orné d'un papillon. (p 69)
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La patronne, haute de taille, un torchon passé sur l'épaule, essuyait les verres, les levant un à un à la lumière pour s'assurer que le chiffon ne laissait pas de traces. Rose avait tant de fois admiré Zelada lorsqu'elle exécutait ce geste, quasiment aussi noble que celui de l'astronome tendant sa lunette vers les étoiles.
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Videos de Agnès Desarthe (62) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Agnès Desarthe
Par l'autrice & Louise Hakim
Rue du Château des Rentiers, 13e arrondissement de Paris : c'est là que se trouve une tour impersonnelle et peuplée d'habitants tout sauf riches. Là vivaient les grands-parents de la narratrice, Juifs originaires d'Europe centrale, et leur phalanstère, point de départ d'une réflexion superbement libre sur la beauté de ceux qu'on nomme les « vieux » et sur le fait de vieillir soi-même. Ce récit, en forme de déambulation toute personnelle, est à l'image de son autrice : aussi drôle, lumineux que surprenant.
À lire – Agnès Desarthe, le Château des Rentiers, L'Olivier, 2023.
Lumière : Patrick Clitus Son : William Lopez Direction technique : Guillaume Parra Captation : Claire Jarlan
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