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Claire Saint-Germain (Traducteur)
EAN : 9791094936177
288 pages
Les Éditions Bleu & Jaune (10/06/2021)
3.68/5   14 notes
Résumé :
Parfois quelque chose arrive : parfois le sol se dérobe, parfois la chance frappe à la porte.
Un jour ensoleillé d’été, un bloc de glace tombé du ciel tue une femme. Restent son mari, désemparé, et sa fille de huit ans, Saara, qui regarde le monde avec des yeux d’enfant. Il y a aussi une femme qui gagne à la loterie deux fois, un homme qui est frappé par la foudre à plusieurs reprises… Tous cherchent à donner un sens à leur vie et à saisir l’inexplicable.
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Jamais, parfois ou souvent la vie nous joue des tours. Un événement, un accident perturbe notre trajectoire. Un concours de circonstance nous entraîne en des lieux inconnus: hasard heureux ou malheureux, le fait est que rien n'est plus comme avant. Et pourtant la vie continue malgré l'irruption, l'intrusion d'événements exceptionnels, incongrus, inhabituels.

La sagesse populaire véhicule de nombreuses expressions pour traduire les émotions, les sensations inhérentes à ce nouvel état : si le ciel nous tombe sur la tête le sol se dérobe alors sous nos pieds. Alors que faire, quel sens donner à notre existence quand la chance ou le malheur nous a élu ou frappé? Tomber dans les bras de Morphée et dormir d'un sommeil de plomb pour oublier, prendre ses jambes à son cou, fuir pour s'éloigner ou bien peut-être écrire, lire, communiquer ou enfin convoquer nos amies les fées pour ouvrir les vannes de notre imaginaire.

C'est cette dernière alternative que Saara, une fillette de huit ans qui a perdu sa maman , héroïne de Choses qui tombent du ciel de Selja Ahava a choisi pour continuer d' avancer aux côtés de son père et des attentions de sa tante Annu.

Une construction narrative étonnante qui en quatre volets expose la vision de protagonistes appartenant au même microcosme familial tous à la recherche d'une explication. Pourquoi les choses arrivent-elles ? Et qui chacun à leur tour essaie de résoudre la quadrature du cercle.

Selja Ahava nous conduit habilement dans cet univers merveilleux oscillant entre surréalisme, absurde et réalisme du quotidien. Un texte qui utilise le registre du corps, de l'intime et de la métamorphose pour mieux nous toucher comme dans le recueil de nouvelles de Thorarinn Eldjarn, Des perles et du pain. Un texte aussi où l'auteur s'amuse à jeter des références littéraires (Les contes des frères Grimm, Alice au pays des Merveilles de Lewis Carroll et Crasse-Tignasse de Heinrich Hoffmann) comme autant de petits cailloux semés sur son passage pour nous promener dans le dédale de son univers.

Un apprentissage de la vie par le biais du surnaturel où le terreau fertile du monde invisible nourrit les apparences du réel.
Un récit initiatique qui nous parle de la douleur, du chagrin, de la perte d'un être cher.
Un conte cruel, poétique et réaliste, qui amène à la résilience, l'acceptation afin de regarder vers l'avenir.

A chacun de trouver sa clé, Selja Ahava, elle, nous offre une réponse « Le monde continue. Rien ne s'éclaire, mais le temps guérit et l'être humain oublie. »

Choses qui tombent du ciel, un séjour au pays de l'enfance, au pays des merveilles et des monstres.

A lire après avoir guetté une pluie d'étoiles, bien au chaud, en gardant un oeil attendri sur le sapin !


Premier livre de Selja Ahava publié en France, traduit du finnois par Claire Saint-Germain, Choses qui tombent du ciel a été nominé pour le prix littéraire Finlandia et le Torch-Bearer Prize, il a reçu le Prix de littérature de l'Union européenne en 2016.
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"Choses qui tombent du ciel" est construit de façon originale, car il mêle habilement quatre nouvelles successives et pourtant reliées les unes aux autres.

Reliées par la récurrence de certains protagonistes qui, tour à tour, sont héros ou personnages secondaires. Mais reliées aussi par un fil ténu et invisible, que l'on pourrait personnifier comme étant la chance, le hasard, la coïncidence, le destin, la fatalité, voire la malédiction... Et de façon sous-jacente, affleure alors l'interrogation quasi existentielle de savoir pourquoi les évènements s'agencent ainsi, aboutissant à des coups du sort ou à des coups des chance.

Une des protagonistes reste ébahie de l'enchaînement des évènements qui lui permettront d'échapper à un accident.
✒"Rien ne lui était arrivé, mais elle a passé des années à s'interroger:
Pourquoi j'étais justement là ?
Pourquoi je n'étais pas tout à fait là-bas ?
Si le bus n'avait pas été en retard, je ne serais pas allée à ce magasin.
Si j'avais choisi une autre caisse, je serais allée plus vite.
Pourquoi le bus était-il en retard ?
Pourquoi suis-je où je suis à chaque instant ?
Pourquoi ne m'est-il rien arrivé, mais presque ?
Et elle m'a raconté qu'elle restait bloquée."🖋

Par sa forme, ce roman pourrait paraître naïf, féerique, voire lunaire. Il est avant tout et sans conteste d'essence poétique et doit beaucoup à sa première nouvelle "La fillette enterrée dans le mur". Ce récit conté, à hauteur d'enfant, par une petite Saara, qui nous fait rentrer dans son monde enfantin, innocent et pourtant parfois très grave, m'a totalement happée par l'émotion pure que cette petite fille dégage. Elle partage ses réflexions que j'ai accueillies amusée, mais toujours parfaitement consciente que, sous l'apparent constat candide, dort une sage vérité.

✒ "Les adultes croient que l'enfant sur la banquette arrière compte le nombre de camions croisés ou les lettres sur les panneaux routiers, ou joue avec ses doigts comme s'ils étaient des princesses, mais en vrai l'enfant peut être en train de réfléchir au contour d'un adulte ou de penser au temps. Moi, je pense beaucoup au temps. Dans mon cerveau j'ai des petites cellules grises, comme Hercule Poirot. Avec elles, je pense au fait que le temps avance et guérit les blessures." 🖊(P.14)

Et ce que l'on comprend de la douleur que vit cette petite fille est d'autant plus saisissant qu'elle l'exprime toujours avec cette grâce enfantine détachée.

✏"Au cinéma on montre les souvenirs en noir et blanc.
On laisse la personne morte au bord de la route, la voiture s'éloigne et à travers le pare-brise arrière on voit la personne qui rapetisse et finit par disparaître entièrement. C'est comme ça qu'on meurt dans les films.
Mais ça ne ressemble pas à ça, en vrai. le temps ne fait pas rapetisser ma mère et les couleurs ne s'effacent pas."🖊

le style de l'auteure sert parfaitement le ton narratif de l'enfant, que Selja Ahava a émaillé de références à l'univers féerique (mais aussi cruel) de contes comme Alice au pays des merveilles de Lewis Carroll, les Contes des frères Grimm et Crasse-Tignasse de Heinrich Hoffmann.


N'ayant eu aucun retour sur ce roman avant de débuter ma lecture, je n'en connaissais pas la structure : quelle déception lorsque j'ai réalisé que cette petite héroïne me quittait là, me "laissant en plan" avec la frustration de ne pouvoir poursuivre cette balade douce-amère, et passant le relais aux narrateurs suivants...

Les nouvelles qui suivent furent pour moi d'un intérêt décroissant, avec une lecture rendue parfois ardue (voire pénible) tant l'auteur décolle de la réalité pour nous entraîner dans un monde un peu flou, qui doit se vouloir onirique mais ne parvient qu'à être confus (en particulier pour la 3ème nouvelle).
Je reste au final un peu mitigée quant à cette lecture,
• trop charmée par la 1ère nouvelle pour ne pas opérer une comparaison qui nuit aux suivantes,
• et peu convaincue par le propos de l'auteure dont je suppose qu'elle souhaitait souligner l'impénétrable étrangeté de l'agencement des évènements qui ponctuent nos vies, tous tentés que nous sommes de leur donner un sens et d'expliquer l'inexplicable.
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"Choses qui tombent du ciel" est un recueil de 4 nouvelles liées les unes aux autres, les narrateurs étant tous de la même famille et prenant la parole à tour de rôle. C'est une lecture tout en tendresse et en mélancolie, très touchante, dans laquelle les personnages ont à faire face à des événements inattendus, tragiques ou heureux, mais tellement déstabilisants, qu'ils cherchent une manière de les expliquer.

Comment continuer à vivre quand le malheur nous touche? Comment rester soi-même quand l'exceptionnel entre dans notre vie?Comment expliquer l'inexplicable? 

J'ai beaucoup aimé ce texte, qui se veut simple, parfois naïf, souvent poétique et imagé, mais qui cache une jolie réflexion sur la manière dont les événements s'agencent, sur la fatalité, sur comment faire face à ces bouleversements. C'est une sorte de conte dans lequel les personnages ont tous à faire un deuil : le deuil d'un être cher, le deuil de ce qu'on était, le deuil de ce qu'on espérait... C'est une lecture très belle, très douce, à mi-chemin entre la philosophie et la féérie, qui permet au lecteur de prendre le recul nécessaire à la réflexion.Un très beau moment de lecture!

Je suis sous le charme du texte mais également de l'objet.Le livre est beau, le papier est de qualité et l'identité graphique de la couverture est très travaillée. C'est vraiment un bel ouvrage.

Les éditions Bleu et jaune mettent en valeur les littératures contemporaines européennes, ici la littérature finlandaise. Les parcours de l'autrice et de la traductrice sont précisés en fin de lecture, ce qui n'est pas habituel, et j'ai aimé avoir accès à ces précisions, si importantes dans un travail d'édition.Les valeurs écologiques qui les animent sont également mises en avant dans leur livre : participer à la plantation d'arbres pour chaque livre vendu et contribuer au reboisement des forêts. 
C'est donc une très belle découverte : un beau texte, un bel objet et une maison d'édition avec des valeurs humaines fortes! Bravo!
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Comme dans un conte, il y a une petite fille qui adore les secrets et les gâteaux. Une Maison en sciure, toujours en travaux et toute de traviole. Un Manoir aux portes dérobées au bout d'une allée boisée. Une tante qui a gagné deux fois la cagnotte au loto. Un père, une mère, et même une belle-mère.

Mais le conte vire au cauchemar lorsque la mère meurt la tête écrasée par un morceau de glace tombé du ciel. Comment continuer l'histoire après une mort pareille, si soudaine, absurde et injuste ? “J'ai bien vu comme mon père lorgne de temps en temps vers le ciel. Comme s'il vérifiait un truc.”

Mais ce n'est pas comme avec Alice au pays des merveilles ou Hercule Poirot : pas de coupable, pas de meurtre, pas de gâteau pour grandir, pas de convocation des personnages dans la bibliothèque pour l'explication finale. Juste le monde qui continue, le temps qui passe, et les trucs qui n'en finissent plus de nous tomber dessus.

La glace, la foudre, la chance : c'est fou cette chute continue depuis l'immensément vide. “Des choses arrivent. Les unes sur les autres, au mauvais moment, en des temps différents, aux mauvais endroits.”

C'est un livre sur ce qui nous précède et ce qui nous surplombe, mais aussi sur ce qui nous fait avancer, malgré un ciel sans réponse et des murs qui s'effritent.
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Ce bijou de fantaisie et de gravité a surgi dans mon été.
C'est l'histoire d'une famille un peu bohème touchée par des coups du sort. Glace, foudre, chance, folie : que faire de ces événements qui percutent leur vie ?
Un texte décalé, dont la douceur n'est jamais mièvre parce qu'accompagnée de drames et d'une grande lucidité.

J'ai souri, souvent, de tendresse pour cette enfant, d'admiration pour sa tante, de patience pour son père. J'ai été déroutée par le changement de point de vue avant de saluer la trouvaille et l'inventivité de l'autrice. J'ai vibré comme cela arrive parfois avec les bonbons qui piquent, lorsque l'acidulé l'emporte sur le sucré.

Un roman comme une parenthèse, plein de grâce et de solennité, proche du conte philosophique en ce qu'il évolue entre féerie et sens caché.
Le genre de texte qui viendrait à bout de tous les coups de blues. Tellement recommandé !
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Mon père ne parle pas de ma mère, parce qu'il n'arrive pas à dire "se penchait". Il n'arrive pas à parler d'elle au passé. Quelquefois il commence une phrase en disant le nom de ma mère, mais la laisse inachevée.
Ma mère reste inachevée. (P.37)
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