AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de fanfanouche24


Flânerie... buissonnière qui m'a emmené vers ce récit autobiographique d'une jeune saoudienne; les thèmes m'intéressaient, ainsi que l'illustration de la couverture des plus réussies, et explicites qui ont capté mon regard !

Interpellée comme chaque femme peut l'être en voyant ses congénères bafouées, asservies aux quatre coins du monde...

Toujours tétanisée, effarée, révoltée par la masse d'interdictions, de contraintes incessantes... faites aux femmes comme aux jeunes filles à travers le monde, et plus particulièrement dans les pays arabes !... Un récit vivant, alerte, regorgeant d'anecdotes sur les usages, les règles de tout bon musulman...en Syrie comme en Arabie -saoudite...

On accompagne le parcours d'une petite fille adorée par un père bienveillant...qui lui offre une bicyclette qui l'enchante, ...mais elle ne peut l'utiliser qu'à Damas chez ses grand-parents, jusqu'au jour où son grand-père lui enlève brusquement en lui interdisant désormais d'en faire, devenant trop grande..pour que cela reste décent !!

Son père, attristé , se plie à l'autorité de son propre père... c'est la fin de l'enfance et de l'insouciance pour Rana...Elle ne comprend pas pourquoi les libertés se réduisent au fur et à mesure qu'elle grandit !

Combien de femmes bafouées, exploitées à travers le monde... et l'Arabie saoudite semble un territoire des plus effrayants pour ses travailleurs émigrés comme pour sa population féminine.

Les premières échappées de notre narratrice ne se feront pas comme elle l'espérait au début, par son mariage (qui sera un échec violent), mais par un 1er travail dans un hôpital, avec le soutien paternel, puis
par les fenêtres ouvertes sur le monde offertes par Internet [Se retrouvant recluse et enfermée chez ses parents; sa meilleure amie , bannie par sa famille...]

Nara parvient à rompre son isolement grâce aux réseaux sociaux... où une "révolution" surviendra lorsqu'elle découvrira un groupe "Atheist", qui va chambouler toute son existence ainsi que sa structure mentale formatée par son environnement social et géographique...Elle se mettra à dévorer des livres qui sont interdits en Arabie saoudite, dont "L'Origine des espèces" de Darwin...

"On dirait presque qu'il (son père) devinait déjà à cette époque que je ferais un jour le grand bond vers une nouvelle existence-car même si je suis satisfaite de mon travail à l'hôpital, même s'il m'arrive d'apprécier certains moments de ma vie, je ne me défais pas de ce sentiment accablant d'être en cage, une sensation qui m'accompagne jour après jour, moi et beaucoup d'autres jeunes femmes et filles saoudiennes. Chaque fois que je passe le niqab, le matin, je sais que je vis dans un pays où les femmes et les hommes ne sont pas traités de la même manière. (p. 115)"

Dans ces persécutions permanentes et infantilisation imposées aux jeunes femmes, il reste une petite lumière constante pour Rana: l'amour et le soutien de son père, qui est toutefois ligoté par la pression de son milieu, son pays ainsi que de sa religion... !

Sinon les difficultés , les interdictions ne cessent jamais: Difficulté d'aller à l'université, difficulté pour exercer une profession, impossibilité de s'exprimer... Une mise sous tutelle masculine, et cela pour la vie entière !


Une lecture coup de poing... Chapeau bas à Rana Ahmad pour sa détermination et son immense courage: partir, s'exiler loin de son pays où les femmes n'ont pas droit de cité !!... Apprendre une nouvelle langue, s'adapter à d'autres valeurs, d'autres usages, recommencer ailleurs, loin de sa famille et de ce père qui lui manque tant...

Le début du récit débute par un appel poignant de Nara à son père, qu'elle n'a pas vu depuis deux longues années, ayant fui son pays...et ne voulant pas mettre ses parents en danger, vis à vis du régime saoudien !

Un récit aussi terrifiant que courageusement passionnant... Souhaitons à Rana Ahmad toute la réussite possible dans sa nouvelle patrie; qu'elle soit récompensée pour sa volonté , son talent et ce premier ouvrage rempli de promesses... et pour finir un lien pour rappeler que la barbarie commence là où on maltraite les femmes....

J'ai eu subitement envie d'écouter le texte d'Aragon, interprété par Jean Ferrat : "La Femme est l'avenir de l'homme "...

https://www.youtube.com/watch?v=VuLWhwzmgZo

Commenter  J’apprécie          440



Ont apprécié cette critique (37)voir plus




{* *}