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EAN : 9782812602634
112 pages
Editions du Rouergue (02/11/2011)
3.97/5   57 notes
Résumé :
Aux portes de l’automne, un homme entreprend un lent voyage vers sa mère.
Elle a 84 ans, vit depuis quarante ans au huitième étage d’une cité de Grenoble dont elle va devoir partir. La barre est sur le point d’être détruite, mais elle ne se résout pas à abandonner ses souvenirs et ses fantômes, dans cet appartement où elle a élevé ses quatorze enfants. Lui doit parcourir mille kilomètres, depuis la Bretagne où il s’est installé pour la retrouver. Ces mille ki... >Voir plus
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« Aller vers toi, c'est aller vers la mort, tout nous conduit à cela, une porte va se fermer, une douleur va naître, qui s'appelle absence ou manque. »
Avant que la porte ne se ferme définitivement, Ahmed kalouaz rend hommage à sa mère avec ce livre qui raconte le pèlerinage d'un fils à la rencontre de sa mère de 84 ans. Il va la rejoindre par la route mais aussi par les mots, en l'évoquant au cours des 1000 kilomètres effectués sur la vieille mobylette bleue de son père de la Bretagne où il vit à Grenoble où elle va être déracinée encore une fois puisque la barre d'immeubles où elle a vécu, élevé ses enfants, va être rasée.

Ahmed kalouaz procède par touches discrètes, légères, en douceur tentant de raccorder les tesselles de la mosaique qu'il recompose tout au long de son cheminement vers sa mère. Les peines, la violence n'auront pas épargnée cette mère de quatorze enfants qui s'est oubliée elle-même. Il les laissent affleurer mais jamais la rancoeur ou la haine ne viennent l'envahir, qui lui feraient perdre les contours des souvenirs précieux qui resurgissent au fur et à mesure de son pèlerinage.

« Insouciante et heureuse, l'as-tu été seulement un jour, toi qui as connu tous les chaos, buté sur tant d'ornières ? Pour oublier peut-être, tu t'es acharnée à faire de tes enfants, les plus beaux de la terre.

Elle ne pourra pas lire ce que son fils écrit mais qu'importe il reste les souvenirs du chatoiement des tissus dont elle a toujours aimé faire des vêtements pour la famille, pour les offrir, les odeurs des plats épicés comme la panse de brebis farcie, les gâteaux au miel qui les régalaient.

« Soudain, dans cette campagne ligérienne, j'ai envie de goûter à la panse de brebis farcie, ce trésor que tu cachais loin de nos yeux et de nos mains de chapardeurs gourmands. Désir de plonger mes doigts dans la jarre de terre où dormaient dans le miel les gâteaux à la semoule. Lorsque nous en soulevions le couvercle, l'arôme de la cannelle s'engouffrait dans nos narines. Combien de fois avons-nous retrouvé dans cette jarre la joie de vivre et l'insouciance ? Tu m'as toujours tenu par ces parfums, ces sensations sous le palais, car tu savais que cela valait autant que dix mots d'amour, une bordée de baisers. »

Aller ainsi vers elle, c'est aussi aller vers la vie, la vie qu'elle a donné et que l'enfant devenu amoureux des mots perpétue.
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Un livre que j'ai acquis avec une amie, il y a plus de trois années, alors que je m'apprêtais à repartir en Corse, à Ajaccio, pour être au quotidien auprès de mon compagnon gravement malade...pour des mois, dont un hiver dans les montagnes.

Ce livre choisi pour le sujet, et pour la photographie noir et blanc, émouvante, représentant une mère riant aux éclats, portant son petit garçon dans les bras; ce dernier s'accrochant à son cou... avec beaucoup d'amour...[cliché de Claudine Doury]

A chaque fois que j'ai tenté de débuter ce récit durant mon exil corse, celui-ci me prenait à la gorge et m'interrompais... Je dis "exil" car il ne s'agissait pas de vacances mais d'un accompagnement ultime ...

Je reprends ce livre aujourd'hui, et ne comprends que trop bien pourquoi je ne parvenais pas à avancer cette lecture, et combien la tristesse me prenait !

J'étais moi-même dans une période où je devais me préparer à la mort imminente de mon compagnon... et dans ce récit, l'auteur doit rejoindre sa maman, âgée de 84 ans, qui doit quitter le HLM où elle vit depuis 40 ans, qui doit être démoli...

Cette maman-courage est arrivée en France dans les années 60 , venant d'Algérie. Il est bien sûr question d'exil, de déracinement, mais aussi du grand âge de cette maman qui s'éloigne sur les rives de la vieillesse...

Le récit est présenté comme un "road-movie" d'un fils d'émigrés qui, de Bretagne prend l'antique mobylette de son père décédé, et part rejoindre sa maman, à l'Est de la France.
Au fil de ce voyage au ralenti, il se rappelle son enfance, la vie de ses parents émigrés...

"Tu entres dans la nuit en vieillissant. (...)
Tu viens d'ailleurs, on vous l'a souvent reproché. D'une terre en feu, d'une terre sèche. Tu viens de l'amour absent, de la soumission. A la différence, nous n'avons rien vécu de tout cela. Ne savons pas l'exil, lorsqu'un pays
vous manque, une ruelle, un chemin, le parfum des figues gorgées de soleil, l'odeur des palmiers le long des routes, ou la senteur de l'orange à peine cueillie sur l'arbre" (p. 33)

Il exprime, décrit magnifiquement l'amour qu'il éprouve pour cette femme, sa mère, qui par ses origines a subi beaucoup de vexations et de contraintes réservées aux femmes du Maghreb...
Il manque les mots pour dire ses émotions, entre le fils et la mère, même si l'attachement est authentique et intense.

Un texte pudique, mais pétri d'amour, de poésie et de reconnaissance...
Un très beau texte...qui provoque ma curiosité et mon envie de lire son texte précédent, consacré à son père...
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Seras-tu là ? Voilà le titre qu'aurait pu donner Ahmed Kalouaz a ce très beau texte. Car c'est bien la question que se pose le fils, Ahmed, lorsque, de Bretagne où il est installé, il voyage sur sa vieille mobylette jusqu'à Grenoble et ses environs pour retrouver sa mère. Au fil du voyage, de rencontre en rencontre se dessine un subtil portrait de la mère algérienne, dans toute sa splendeur, ses misères et ses contradictions. Mère courage, mère mystère, dure et aimante à la fois, illettrée et curieuse. de son pays natal à la France des années 1950, la vie ne l'a pas épargnée.

Ce texte retrace tout cela. Un soliloque, parole libre, sans retenue, sans fausse pudeur, au plus juste, au plus près du coeur pour dire celle qui a enfanté, pour dire les interrogations, les incompréhensions parfois. Et puis au-delà d'Ahmed et de sa mère, on entend la voix de cette génération d'immigrés qui a fait la France et s'est battue avec courage et pugnacité pour y vivre. Il faut une sacrée dose d'amour pour écrire de la sorte, pour être aussi vrai et aussi juste. Un amour les yeux grand ouverts. Un magnifique hommage, émouvant et bouleversant.
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Un homme, la soixantaine, entreprend un pèlerinage original: un retour aux sources de son enfance.

Chevauchant la vieille mobylette bleue de son père il trace une ligne entre le Nord Finistère, où il réside, et les montagnes de l'Isère où vit sa maman.

Laissant derrière lui les lueurs sécurisantes du phare de l'île Vierge il roule vers la lumière de l'étoile aux cheveux noirs. Cette étoile a aujourd'hui 84 ans et est confrontée aux soucis d'un nouveau déménagement: l'immeuble qui renferme quarante années de sa vie de mère, d'épouse, de femme va être démoli et rasé.

Ce lent voyage est nécessaire pour se recueillir, rassembler ses souvenirs , dire sa mère avant de la retrouver. Alors ce voyageur patient prend son temps, multiplie les haltes pour lui ou sa monture d'une autre époque, au risque d'arriver trop tard au rendez-vous.

"Te perdre, c'est le risque que je prends à vouloir suivre la marche lente des collines."


La traversée du pays est balisée par les souvenirs, les images qui lui reviennent par bribes: une mère courage aux nuits écourtées par les pleurs de l'un ou l'autre des quatorze enfants, une mère chagrin et inconsolable lorsque la mort emporte trois de ses enfants, une mère vindicative pour dénoncer "la retraite famélique" de son mari, une mère nostalgique de la vie en Algérie, sa patrie, une mère besogneuse devant sa machine à coudre, prévoyante et nourricière lorsqu'elle remplit les placards de victuailles ou prépare la panse de brebis farcie et les gâteaux à la semoule.

"Boîtes de sucre entassées, paquets de thé, dont personne ne viendra à bout. ton congélateur empli jusqu'à la gueule. du beurre pour une colonie, du sel pour la mer Morte, de l'huile pour les beignets, les sardines, les boulettes de viande."

Son fils la cherche dans les paysages traversés, il assemble et met bout à bout ces morceaux de vie pour réaliser un portrait patchwork de sa mère.

« Je connais si peu de toi finalement. La cuisine, les tâches ménagères. Mais quoi d'autre ? L'essentiel et le doux, le bon et le tendre ?

Sa mère n'a fréquenté l'école que pour y faire le ménage, et les missives de son fils écrivain restent sans réponses. "Moi qui passe mon temps à remplir des pages, je ne peux t'en destiner aucune ligne, aucune salve de mots que tu liras seule, en tête à tête avec moi, et non par l'intermédiaire d'un tiers ".

Ils se connaissent peu, ne se comprennent pas toujours et ne partagent pas la même culture. Mais l'amour qui les unit se moque des mots et des paroles, il est intérieur et se révèle dans chaque mouvement de leur vie, dans chaque page de leur histoire.

"Tu me diras, je t'attendais, je t'attends toujours, écoute-moi un peu, c'est peut-être une des dernières fois".

Après avoir écrit Avec tes mains en hommage à son père, L'étoile aux cheveux noirs complète l'histoire familiale de l'auteur. C'est très émouvant de découvrir, à son tour, le portrait de la mère, femme digne qui donne une image respectueuse, d'elle et des siens, des deux côtés de la Méditerranée.

Un récit pudique empreint de tendresse et d'affection; le tour de France d'un fils à la recherche de sa famille à travers le prisme maternel.

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L'auteur raconte son long voyage de Bretagne jusque chez sa mère qui vit à Grenoble, et se trouve contrainte de déménager à cause de la démolition de son immeuble. A chaque lieu, à chaque rue que l'auteur connaît, se superposent une anecdote de son enfance et de l'histoire de sa mère, ainsi que ses souvenirs les plus marquants. Se dessinent alors progressivement une description du caractère du narrateur ainsi qu'une ébauche de sa vie.
Nous avons apprécié la lecture de ce roman pour son évocation du passé et du temps qui rattrape sa mère. L'auteur nous parle notamment de ses incertitudes, de ses inquiétudes, et s'interroge : « Seras-tu encore vive et souriante ? ». Nous avons aussi aimé partager avec l'auteur se souvenirs, son histoire et l'histoire des siens. Il nous y fait rentrer de manière à ce qu'on soit à sa place, qu'on ressente ce qu'il ressent, qu'on voit ce qu'il voit, tout cela grâce à des renseignements précis et des descriptions spatiales et temporelles minutieuses. Enfin, l'auteur évoque bien l'arrière-plan historique et culturel de son histoire. Il met par exemple en scène le racisme pendant la guerre d'Algérie, quand les réfugiés arrivaient en France : « L'homme m'a toisé d'un air peu aimable en répondant : « De toute façon, vous aller bientôt repartir au bled à coups de pied. »
Toutefois, la lecture de ce livre s'est révélée parfois difficile. Les lieux sont nombreux et on se perd facilement. Il en est de même pour la compréhension du temps car il y a de nombreux flash-back et la différence entre le présent et le passé n'est pas toujours indiquée. Ce n'est qu'après avoir lu une ou deux lignes qu'on comprend que ce qui est écrit est un souvenir, et on doit souvent procéder à une deuxième lecture pour bien comprendre le contexte.
Une Etoile aux cheveux noirs est donc un livre particulièrement intéressant, à divers points de vue. Il nous permet de revivre certains passages de notre Histoire, et nous fait partager les émotions, parfois heureuses, parfois malheureuses de l'auteur, dont on épouse l'inquiétude : « Je vais reprendre ma route matinale, humer l'air du pays. Seras-tu encore vive et souriante dans quelques jours ? Aujourd'hui j'appréhende un peu les coups de fil venant de chez toi ou me donnant des nouvelles de toi. A ton âge, si on m'appelle, ce sera de toute façon pour quelque chose d'important, ou une petite opération. Mais à quatre-vingt-quatre ans, il n'y a plus de petites opérations. Si on t'endormait et qu'après, s'installait un grande vide ? »
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
C’est lui (le frère cadet de sa maman) qui t’avait rapporté un jour, alors qu’il n’avait que huit ou neuf ans, un morceau de miroir brisé récupéré sur un talus, un bord de route, ou dans la cour d’une propriété de colon. Tu l’avais reçu comme un trésor, pour t’amuser et t’admirer sur ce minuscule bout de verre poli, dans son reflet, t’autoriser à des jeux de petite fille, toi qui n’y avais plus droit depuis le décès de ta mère. Pendant quelques instants, tu retrouvais l’enfance, faisais semblant de te passer les yeux au khôl, dessiner ta bouche et tes pommettes en les caressant d’huile d’argan, tresser tes cheveux après les avoir badigeonnés de rhassoul. Un bref instant où, grâce à cet éclat de miroir, tu pouvais encore te laisser aller aux jeux, aux émotions de ton âge. Tu faisais mine, avec les poupées de ta cousine, de protéger ta couvée, la rassembler autour de toi. Gestes tendres, et prémonitoires, pour toi qui as donné vie à quatorze enfants.
C’était un miroir brisé.
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Tu n'aimes plus ce pays je crois. Est-ce l'idée de la mort qui approche ? Dans ta tête s'est établie une frontière que je refuse pourtant d'admettre, même si, comme en tapisserie, tu tisses des regrets, tu caches des colères trop longtemps contenues. Tu me parles souvent des invectives, du racisme que nous avons subi. Ma mémoire a fait le tri. Toi tu penses aux couvre-feux des années soixante, aux humiliations qui ont été infligées à ton mari, à ce temps qu'il a passé auprès de toi, étranger partout, traité comme un moins que rien, avant de finir sur une dernière vexation, un outrage à la hauteur du manque de considération dont il a souffert toute sa vie. Une vie de labeur, pour une retraite aux allures d'insulte.
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Tu as fait longtemps partie de cette communauté de femmes affublées de leur tablier blanc et qui ont enduré les lessives, debout devant les bassins d’eau froide, pour rincer encore et encore, subir cette litanie du linge, renoncer à votre beauté, à peine le temps de passer une main humide sur vos cheveux, un doigt mouillé sous vos yeux. Au labeur, comme si vous aviez été élevées pour remplir votre temps de tâches ingrates, toujours à la recherche d’une occupation, d’un coup de balai machinal, d’un coup de chiffon sur la poussière imaginaire.
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Depuis ces premiers frimas, frêles souvenirs, le soleil a passé sa langue chaude dans ton cou, pris quelques secrets au passage, un parfum d’enfance, emporté ton coeur vers l’automne. Tu as vieilli et ton visage est un miroir pour moi. Fleur fragile, précieuse, tu es devenue au fil du temps ce souvenir fatigué qui savait jadis calmer une angoisse, une faim inassouvie. la nuit venue nous appelions pour trois gouttes de lait, affamés ou perclus de peur, chacun à sa manière. Peur de l’abandon, de la place prise par un autre plus jeune que nous. Le soleil s’est posé tant de fois sur ton épaule, ainsi la vie va, la nôtre après la tienne.
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La vieillesse est un dépouillement,une dépossession,l'hiver de la vie emporte les dernières illusions,les pommiers en fleurs,les amandiers de ton enfance.
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