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EAN : 9782330125660
224 pages
Actes Sud (04/09/2019)
4.42/5   267 notes
Résumé :
Ahmet Altan est romancier, essayiste et journaliste, il était aussi rédacteur en chef du quotidien «Taraf» jusqu’au 15 juillet 2016. À cette date, la Turquie s’enflamme, des milliers de personnes descendent dans la rue à Istanbul et à Ankara suite à une tentative de putsch. Le lendemain commence une vague d’arrestations parmi les fonctionnaires, les enseignants, l’armée et les journalistes. Ahmet Altan fait partie de ceux-là, il sera condamné à perpétuité, accusé d’... >Voir plus
Que lire après Je ne reverrai plus le monde : Textes de prisonVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (59) Voir plus Ajouter une critique
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L'écrivain et journaliste turc Ahmet Altan a été emprisonné lors de la vague d'arrestations consécutives à la tentative de putsch de 2016 en Turquie. Ses caractéristiques : il est célèbre et, favorable à l'opposition, s'est exprimé dans le passé contre le gouvernement en place. Aujourd'hui âgé de soixante-neuf ans, condamné à perpétuité sans motif connu ni procès digne de ce nom, il a écrit ce livre du fond de sa cellule.


Voici une lecture qui laisse abasourdi et sans voix, horrifié de cette flagrante et révoltante atteinte aux droits de l'homme, mais tout autant étonné de la force de cet auteur, de taille à résister à l'anéantissement et, toujours, à faire entendre une voix que tout contribue à faire taire. Digne et douloureux, ce texte est un véritable pied-de-nez à l'oppression, la démonstration du pouvoir des mots, capables de traverser les murailles et de donner son vrai sens à la liberté.


Etonnamment légère et facile à lire, l'écriture est magnifique : éclairée, cultivée, profonde et élégante, elle impressionne par la sagesse et la qualité de ses réflexions, elle émeut par son humour et sa poésie, et elle vous plonge dans un profond respect tant pour l'auteur que pour son oeuvre. Ce témoignage d'une injustice et d'une expérience d'enfermement que le lecteur ressentira presque physiquement, est aussi un essai philosophique et un formidable hommage à la littérature, à la force des rêves et à l'indomptabilité de l'esprit. Tant qu'il y aura des livres, la pensée et les émotions seront toujours libres de voyager. Au-delà du coup de coeur.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Il est des pays où dire ce qu'on pense n'est pas la meilleure idée qu'on puisse avoir pour couler des jours « mal » heureux. La Turquie fait partie de ces nombreux endroits où la parole est en liberté conditionnelle, où le mot est sous surveillance, le verbe épié, disséqué, condamné.
Ahmet Altan, écrivain et journaliste Turc a été emprisonné et condamné à perpétuité quelques jours après la tentative de putsch contre Erdogan en 2016. La raison invoquée ? Avoir critiqué le gouvernement dans une émission de télé la veille et ainsi, selon Erdogan, avoir appelé à la révolte. En gros pour le pouvoir, il fait partie des instigateurs du coup d'état manqué.
Je ne reverrai plus le monde, ce sont des textes écrits en prison qui ont été sortis feuille après feuille par ses avocats.
Alors que je m'attendais à une charge sur la politique Turque, le nationalisme, la religion ou la liberté d'expression, alors que j'espérais, pour l'auteur, voir que les conditions d'emprisonnement avaient changées depuis Midnight Express (du fabuleux Alan Parker sur un scénario du non moins génial Oliver Stone), alors que… je sais qu'il ne faut jamais faire l'histoire avant d'avoir ouvert un livre, j'ai été surpris. Surpris par le ton du bouquin qui prend toutes mes attentes à contre pied de la plus belle manière qui soit.
« J'écris ces lignes depuis ma cellule. Mais je ne suis pas en prison. Je suis écrivain. Vous pouvez m'emprisonner mais vous ne pouvez pas me garder ici. Comme tous les écrivains, je suis magicien. Je peux traverser vos murs sans mal. »
Tout est dit, Ahmet Altan a choisi de nous dire le chemin qu'il a pris pour vivre sa détention arbitraire. Comment résister et ne pas se montrer abattu aux yeux de « l'ennemi », ne jamais lui donner l'espoir de son renoncement. Un moment de rêve, de méditation, un instant de poésie, furtif, fugitif et voila l'auteur de l'autre coté du mur.
Rien d'extraordinaire dans ces instantanés, rien de révolutionnaire dans ces petits textes et ces tranches de vie mais pourtant, assemblés les uns avec les autres, tous ensembles, quel grand livre.

Il m'est tout de suite venu un texte, une chanson après cette lecture, une des plus belles (lui qui n'a fait que des plus belles) de Daniel Balavoine à mon avis :

https://www.youtube.com/watch?v=DpY1kQiKHmA

Sous la torture
Derrière les murs
Les yeux remplis d'effroi
L'homme aux voeux purs
Souffre et endure
Les coups sourds de la loi
Noyés par les bulles rouges
Ses mots muets
S'élèvent et s'écrasent sur la paroi
L'écrivain plie mais ne rompt pas
Ressent une étrange douleur dans les doigts
Délire en balbutiant qui vivra vaincra

Dans la cellule du poète
Quand le geôlier vient près de lui
Quand plus personne ne s'inquiète
L'homme que l'on croyait endormi
Frappe avec sa tête

A court d'idées
Ils t'ont coupé
Et ta langue et les doigts
Pour t'empêcher
De t'exprimer
Mais ils ne savent pas
Qu'on ne se bat pas
Contre les hommes
Qui peuvent tout surtout pour ce qu'ils croient
Et l'homme infirme retrouve sa voix
Défie le monde en descendant de sa croix
Et sort la liberté de l'anonymat

Dans la cellule du poète
Quand le geôlier vient près de lui
Quand plus personne ne s'inquiète
L'homme que l'on croyait endormi
Frappe avec sa tête
Frappe avec ta tête...
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Emprisonné pour des raisons fallacieuses, l'écrivain turc Ahmet Altan s'efforce d'échapper mentalement à son immonde cage. Il efface la saleté, la promiscuité, la touffeur de sa cellule en rêvant de la neige glacée sur son visage, des auteurs qui l'ont profondément marqué, des femmes, qu'ils aiment et qui ont souvent nourri son oeuvre, de Dieu et des croyants — lui l'agnostique. Et lorsque le pire se produit, quand l'espoir n'est plus permis face à une condamnation inique, Altan décide de se battre. Avec le seul moyen à sa disposition, celui qu'il a utilisé pour bâtir son oeuvre : la force de son esprit.
Un très beau témoignage, ironique, poétique, psychologique, politique, d'un homme aussi intelligent que cultivé et inspiré.
À lire pour son souffle et son humanité.
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Voilà bien un livre poignant !
Le régime de Recep Erdogan, en réponse à la tentative de putsch, a procédé à de très nombreuses arrestations. Elles visaient des professeurs, des juges, des intellectuels soupçonnés d'hostilité au régime.
L'écrivain turc Ahmet Altan s'attend à subir le même sort, sa valise est prête et lorsqu'à 5 h 43 on sonne à la porte, il sait que c'est la police. Il est arrêté pour un motif qui paraît absurde : avoir fait passer la veille un message subliminal à la télévision…

Au travers de dix-neuf courts chapitres, il nous conte son arrestation, ses interrogatoires, la vie en prison, sa cellule, ses voisins de chambrée, son jugement, mais par dessus tout sa force de caractère et sa résilience : lorsqu'on le conduit en prison, un officier lui offre une cigarette et il répond « ne fumer que lorsqu'il est tendu », par là il affirme ne pas vouloir se conformer à l'attitude qu'on attendrait d'un prisonnier, ou encore lorsqu'il profère ces mots «Me jeter en prison était dans vos cordes ; mais aucune de vos cordes ne sera jamais assez puissante pour m'y retenir. Je suis écrivain », le pouvoir de l'écriture et des mots est fort, l'imagination, le rêve lui permet de s'évader, il s'imagine visiter les flores de Norvège, les îles de Thaïlande et tant d'autres lieux.

Il nous fait part de son amour des livres depuis sa petite enfance, sa vénération pour Tolstoï.
C'est le récit d'un homme volontaire refusant l'idée d'être enfermé à perpétuité.
Il aborde de nombreuses thématiques :le temps, un concept sans signification en prison, la religion, il est incroyant et est incarcéré avec deux détenus qui ne le sont pas, il nous décrit avec humour le simulacre de son procès, nous montre ce qu'est un régime totalitaire et l'absence de démocratie.

Tout cela nous est présenté par des phrases courtes et percutantes.

C'est pour moi un livre important.
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C'est toujours très difficile de lire un livre d'un auteur Turc. Que ce soient Ohran Pamuk, Hakan Gunday, Asli Erdogan ou Ahmet Altan, les seuls que j'ai lus jusqu'à présent, on n'en ressort jamais indemne. Tant la réalité qu'ils décrivent est effrayante. J'aime beaucoup ce pays. Je l'ai traversé de la frontière Arménienne aux rives de la mer Egée, de Antioche à Istanbul, en passant par le grand centre Soufi de Konya, à la découverte de sites incomparables, où toutes les civilisations se sont croisées, et d'une population extrêmement chaleureuse et accueillante. Mais jamais le voyageur, jamais, ne se douterait des effroyables exactions qui se déroulent dans ce pays. Depuis le putch raté de 2016, Erdogan est devenu complètement paranoïaque, voire psychopathe. Ces « Textes de prison » remettent les pendules à l'heure. L'auteur y décrit son arrestation, complètement arbitraire, basée sur la délation. Puis son incarcération et la vie en cellule à laquelle il s'efforce de s'habituer. Cette mascarade, cette parodie de justice à laquelle lui et ses compagnons de cellules sont soumis lors du procès est à peine croyable. Idem pour son passage à l'hôpital. On assiste à sa « voix intérieure », pour ne pas sombrer dans la folie. S'émerveillant ici de pouvoir lire Tolstoï, se réjouissant là de recevoir avec parcimonie, quelques nouvelles de ses proches… Les chapitres sont courts, reflets de pensées personnelles ou simples descriptions de situations vécues dans la trivialité de la promiscuité que l'on peut imaginer.
Il faut lire ce livre, déjà par respect pour son auteur, puis pour se dire que nous avons la chance de vivre dans un pays où, pour le moment, on jouit d'une liberté incomparable. Même s'il faut toujours être à l'affût.
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critiques presse (3)
Actualitte
18 septembre 2019
L’écrivain et journaliste turc Ahmet Altan, victime des purges de 2016 qui ont suivi le putsch manqué en Turquie, explique depuis sa geôle comment les mots peuvent aider malgré tout à sauter par-dessus les murs. Un texte magnifique, empreint de douleur mais aussi d’humour et de tendresse.
Lire la critique sur le site : Actualitte
LaCroix
13 septembre 2019
En explorant sa condition de prisonnier, l’écrivain et journaliste turc, arrêté après le putsch manqué de juillet 2016, accède au sens profond de la liberté humaine.
Lire la critique sur le site : LaCroix
LeMonde
10 septembre 2019
Le journaliste et écrivain turc, sous les barreaux depuis septembre 2016, sait nous faire éprouver physiquement la détention sans raison ni justice qu’il subit tous les jours.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (226) Voir plus Ajouter une citation
J'ai soixante-huit ans.
Et si je ne crois pas en Dieu, l'idée de Dieu me fascine.
Nous vivons sur une planète où les vivants mangent les vivants. Les hommes ne se contentent pas de tuer d'autres créatures, ils s'assassinent aussi entre eux, constamment. Les montagnes crachent le feu, la terre s'ouvre, engloutit hommes et bêtes, les eaux se déchaînent, détruisent tout sur leur passage, des éclairs tombent du ciel.
Ici semble résider l'un des paradoxes les plus curieux du genre humain, capable de concevoir que la terre, ce lieux affreux, puisse être l'oeuvre d'une puissance "parfaitement bonne", et d'ainsi démontrer que les hommes sont dotés malgré la barbarie constitutive de leur existence, d'une imagination exagérément optimiste.
Ils croient qu'une "force" a créé tout cela, mais au lieu de s'en plaindre et de la détester, ils l'adulent, pleins de gratitude et de reconnaissance.
Aussi suis-je fasciné depuis ma jeunesse, par cette religion qui fait voir aux hommes une "bonté" à l'oeuvre derrière le spectacle des horreurs terrestres qu'ils constatent chaque jour.
Dieu, sublime métaphore.
Comme tant d'autres écrivains, j'aime à roder autour de cette métaphore prodigieuse. L'effort infini, le hasardeux désespoir dont font preuve les hommes lorsque, cherchant à "bonifier" leur nature, inquiète de sa propre barbarie, effrayée de sa propre malignité, ils imaginent ce "foyer de bonté" situé hors d'eux mêmes, voilà quelle pathétique recherche me semble résumer l'aventure humaine.
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Suite Ahmet Altan ..
Que du beau monde qui se cristallise sur l'affaire Ahmet Altan écrivain chantre de la liberté enfermé dans la big geôle d'Erdogan. Après l'Humanité avant-hier c'est au tour du copain comme cochon Libération ce vendredi soir sous la plume de Eva Luna Tholance, fortement inspirée de Amnesty International sous la plume éclairée de Marie Struthers, de titrer " Droits de l'homme, Ahmet Altan, la prison malgré la décision de fin de l'incarcération"

On est bien barrés les enfants !.. Je n'ose croire que tous ces gens auront le triomphe facile demain en apprenant la libération de notre frère, l'écrivain Ahmet Altan qui ne semble pas être à l'ordre du jour du Tyran qui multiplie ses méfaits chaque jour davantage. Je m'empresse de dire tout de suite que si Erdogan dans l'article était condamné au nombre de ses citations , il se porterait à l'heure actuelle comme un pape.
On peut y lire que : " La cour pénale turque a cassé mardi l'arrêt de la cour de cassation qui prévoyait de rendre la liberté à l'écrivain et journaliste turc emprisonné depuis le 12 novembre.

Je dois être con et lire à l'envers ! "Depuis 2016, Ahmet Altan est dans le viseur du pouvoir turc .." Et le pouvoir turc, n'est pas dans le viseur d'Ahmet Altan et que cela dépasse largement le cadre de sa petite personne ?
Libé poursuit : " ..Le livre, Je ne reverrai plus le monde (Actes Sud) n'est pas publié en turc, par sécurité." Ah bon, j'y voyais plutôt de la censure. On n'a pas dû lire le même livre !..

"Aujourd'hui, Ahmet Altan est incarcéré en dépit de tout cadre légal .." Non seulement il serait temps de se réveiller mais de faire attention à ce qu'on dit: Ahmet Altan avait été condamné à perpétuité par la cour pénale de justice pour intelligence avec les putschistes de 2016 et avait vu sa peine réduite le 5 juillet 2019 par la cour suprême, le grief de terroriste ne pouvant être retenu contre lui. La dessus, la cour de cassation avait ordonné sa mise en liberté. Ahmet Altan a donc été libéré en Novembre 2019 puis remis en prison sur ordre du procureur général d'Istambul car on lui reproche d'autres faits comme notamment sa connivence particulière avec le cerveau des putschistes Fethullah Gülun en exil aux Etats-Unis. Donc depuis novembre 2019, fatalement la décision de la cour de cassation a été levée, et c'est le dernier jugement de la cour pénale qui prévaut. Et selon toute vraisemblance Ahmet Altan sera rejugé pour de nouveaux faits antérieurs et sa peine actuelle requalifiée.

"Il est impossible de voir dans cette décision autre chose qu'une nouvelle sanction visant à le punir de sa détermination à ne pas se laisser réduire au silence, punition qui vient s'ajouter à la liste scandaleuse des injustices qu'il a déjà subies". Oh ben ça, on avait compris depuis longtemps qu'on veut punir Ahmet Altan de s'opposer à Erdogan. Il suffit de lire les plaidoiries d'Ahmet Altan et son livre même s'il n'est pas traduit en turc pour s'en convaincre. Lors de la révision de son procès en 2019, le juge de la cour pénale lui a dit que s'il s'était tenu pénard comme écrivain et ne s'était pas mêlé à la vague putschiste contre Erdogan, ce que nie farouchement Ahmet Altan, il serait définitivement en liberté, c'est clair, non ? Les accusations sont bien des supputations arbitraires d'une justice aux ordres d'Erdogan et ne valent pas un caramel.

Eva Luna Tholande de Libé ajoute, selon Amnesty International :" Les effets de la dernière vague d'érosion de la liberté de la presse sont claires, le journalisme indépendant est au bord du gouffre en Turquie." Mais qu'est-ce qu'elle nous chante, le journalisme indépendant en Turquie n'existe plus, il est en prison ; et si c'est si clair que ça, il faut dire clairement qu'à chaque fois qu'Erdogan subit un putsch , il en profite pour restreindre les libertés dont celles de la presse turque. Alors dans le sommeil du tyran, celui-ci fait des cauchemars de putsch ou des rêves de putsch ?
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Les combles de notre esprit grouillent d'un tas d'êtres que nous ignorons, inconnus, invisibles, ce sont eux qui viennent la nuit mettre sens dessus dessous tout ce que nous avons réussi à mettre en ordre dans la journée.
Ils se promènent tranquillement en nous, tellement à leur aise qu'on ne sait plus très bien si c'est nous, ou bien eux, le propriétaire des lieux.
De la baraque, en tous cas, nous ne sommes pas tout à fait maîtres, les rêves en sont la preuve.
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Ahmet Altan, Libé ..
J'ai remarqué une chose, ces plumitifs de l'Humanité et de Libé, les seuls il faut le dire à montrer le bout de leur nez autour de l'affaire qui nous occupe, n'en ont rien à faire de l'écrivain Ahmet Alcan. Ils signalent juste son état et point barre ! Au passage, ils ne citent guère plus Erdogan ! Dans cette hypothèse, quand il sera libéré, il sera interdit de sortie du territoire turc selon toute vraisemblance (comme son frère Mehmet l'est) bye bye Ahmet Altan, il ne deviendra plus digne d'intérêt et ira rejoindre la cohorte des masses populaires en souffrance sur lesquelles on ferme les yeux. Pourquoi s'intéresser dans ce cas à Ahmet Altan, parce que sa famille est communiste et que lui c'est un laïc, un "engagé" dans les causes internationales ? Sous le prisme de la propagande qu'on voit déjà ici poindre et qu'on verra demain poindre ailleurs car on s'attellera à d'autres chevaux plus fringants, plus intéressants, ces quelques clignements de cils d'un jour, 'l'homme du jour" titrait avant-hier l'Humanité paraissent à vrai dire bien dérisoires et déconnectées de toute réalité. Ils sont à la ramasse : de leur "cellule" à la cellule d'Ahmet Altan.

Moi au contraire, j'aime bien lire Ahmet Altan, j'aime bien quand il nous parle des écrivains Tolstoï, Malraux .. en des termes bien à lui, l'artiste qu'il est sait les magnifier. J'aime bien aussi quand il nous parle de son père qui est mort mais toujours avec lui : "Mais ce soir je boirai du champagne avec mon père à Paris" .. J'aime bien quand il nous parle de sa famille toujours avec lui, mais malheureusement absente physiquement car il est en prison à Silivri, la plus grande prison "d'Europe" comme j'ai lu pour les détenus de droit commun, la fierté d'Erdogan. Alors dans ces conditions, ça prend une tout autre tonalité. C'est bien triste à dire ou paradoxal, mais on a le le sentiment que l'écrivain Ahmet Altan est meilleur que jamais, le miel de son coeur, le miel de sa conscience ; rien que son talent d'écrivain dégagé de toutes les scories et les habitudes existentielles. "Je ne reverrai plus le monde", quand Ahmet Altan sortira de prison -mais on ne sait pas quand ?- de tous ses livres, celui-là en particulier aura la saveur originelle du combat d'une vie pour la liberté, son credo : il faut sans doute des oeuvres comme celle-là pour remettre à flot la conscience de l'homme bien lointaine.
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13 avril 2020
En rapport direct avec l'épidémie du coronavirus, le parlement turc planche sur une loi d'amnistie en faveur de dizaines de milliers de prisonniers turcs (soit 1/3 des détenus) dont sont exclus les prisonniers politiques.

"C'est une honte, s'indigne Omar Faruk Gernerlioglu député du HDP (parti pro-kurde). Les personnes âgées et les malades devraient bénéficier des mêmes possibilités de libération sans que l'on discrimine en fonction de leurs opinions politiques ! Pas de liberté pour les terroristes, entend-on . Mais sur quels critères ces gens peuvent être appelés terroristes alors qu'ils n'ont jamais tenu d'armes, ni même appelé à la violence ? Cette amnistie va simplement faire de la place pour mettre plus d'opposants en prison ! "
"Une discrimination "scandaleuse" pour Gülseren Yöleri avocate et Présidente de l'association des droits de l'homme. Elle redoute aussi "la libération de détenus condamnés pour des violences physiques ou sexuelles contre des femmes ou des enfants, ce qui risque d e renforcer encore davantage l'impunité dont jouissent ces criminels dans le pays ."

Mehmet Altan, s'inquiète pour son frère Ahmet qu'il n'a pas vu depuis 2 mois à cause du confinement. Ce dernier a dit à son avocat que si le coronavirus entre à Silivri, ce sera un feu de forêt.
Ouest-France, 13 avril 2020.

Si l'on s'inquiète de la propagation du virus dans les prisons turques où la promiscuité est horrible, je ne sache pas que ce coronavirus discrimine les prisonniers selon qu'ils soient politiques ou de droit commun. Ce fumier d'Erdogan fait donc de la surenchère sur le dos des prisonniers politiques. Selon lui crier sa liberté est plus coupable que de commettre un crime.
Dieu te jugera vermine
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