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Philippe Blanchon (Traducteur)
EAN : 9782916862477
124 pages
La Nerthe (23/09/2013)
4.25/5   4 notes
Résumé :
Malcolm Lowry considérait Aiken comme le plus grand poète vivant et il tenait La venue au jour d'Osiris Jones comme l'un de ses poèmes majeurs. Ce livre est symptomatique de la poésie d'Aiken. Sa spécificité prosodique - celle notamment des Preludes for Memnon - se retrouve agglomérée à sa vision d'un poème pensé comme unité dramatique savamment construite. Un cristal sort de son atelier. Brillant et noir. Voyage lunaire du soleil noir qu'est Osiris venant au jour. ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
« La venue du jour d'Osiris Jones » par Philippe Blanchon (2013, La Nerthe, 124 p.) est pensé comme une unité dramatique plutôt que comme un poème. Il y a des lots de vêtements à vendre, chaque article produisant son propre commentaire. de même, des inscriptions diverses ont décrites « dans un tramway », « sur une balance » ou « sur une pierre tombale ». Tout est ainsi décrit en détail, même M. Jones, on peut supposer que c'est Osiris, quand il s'adresse à un miroir, ou quand il est ausculté avec « les bruits du coeur faibles : difficile à entendre ; / le premier valvulaire ; le second, cliquetis ».
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Le visage
     
Le châle bleu d'abord, un baldaquin bleu,
ciel bleu, plafond bleu, la lumière surprenante
qui va et vient, alors des formes informes
et ensuite la forme des formes l'état des états
l'obscurité avec le visage, le visage avec les yeux,
le visage avec les étoiles, le visage penché, le murmure,
     
douce nourriture, douce douceur, profondeur incalculable
hauteur imprenable mais protectrice
la tour parmi les étoiles, le grand Yggdrasil
et ainsi les sons croissant plus lentement, plus distinctement,
un son autrement clair, le murmure secouant
profondément les accords de l'être et la voix
     
conversation ou chant, avec des notes espacées –
si espacées que la terreur replie ses ailes
entre une syllabe du plus doux des sons
et la suivante – mais si lentement, si lentement,
que la terreur en bas, sur des ailes délicieuses,
flotte – tombe dans l'obscurité – dans le silence –
     
alors en haut elle bat des ailes, quand le mot chante,
elle part au loin, dans le bleu du ciel,
jusqu'au châle étoilé – et ici la voix subite
murmure au coeur, à la gorge,
jusqu'à ce que tout le sang irradie les veines
chuchote le secret, le secret perdu, au loin
     
et c'est un chant d'oiseau, ce sont des branches d'arbres,
le vol de la lumière entre les feuilles du palmier nain,
la vague de vent à travers le champ de pâquerettes,
la voix de l'eau fluctuant dans la nuit
et la marchande ambulante, la vieille Noire, chantant
"ouais, crevettes, ouais, gombos" dans le matin bleu clair –
     
et ensuite le visage renfermé, au loin effacé,
vers le rouge coucher du soleil derrière le phare,
par-delà la bouche de la rivière, par-delà le marais,
loin en mer, ou des étoiles entre deux nuages,
de plus en plus loin, jusqu'à ce qu'il ne vive à nouveau
que dans des choses plus proches – et maintenant
     
la lumière du soleil sur la main et une herbe froide,
la cupule du gland à moitié remplie de pluie, la sauterelle
dépliant les ailes irisées d'ichtyocolle
le colibri au-dessus de la bouche de la fleur
sur un cordon invisible de l'or le plus pur –
des ombres d'aile sur le mur d'une vieille maison –
     
alors avec la vitesse recouvrée, alors avec force,
et alors avec des mots cachés ou à demi perçus,
comme quand l'étrange syllabe avec une brillance soudaine
ouvre des yeux sombres, et toute la page couverte de mots
devient un champ de fleurs, ondulant et parfumé,
le trèfle, la tulipe dans l'herbe profonde et les feuilles –
     
tout éveillé et vibrant dans un vent venu d'un lointain
ailleurs et à demi oublié – de ce ciel,
de ce plafond, de cette lumière surprenante, de ce châle
étoilé d'où est venue la voix des voix;
alors perdu une fois encore et partiellement vu au loin,
entrevu dans l'éclair, entendu dans une perle de tonnerre –
     
diffus et plus diffus, avant que la musique ne parle
sous cent lumières, avec des violons,
de doux cors, des hautbois nostalgiques, où la encore
la terreur s'intercale entre un son et un autre,
flotte – tombe dans l'obscurité – dans le silence –
alors vers le haut battent ses ailes, quand la voix chante –
     
c'est la vie mais c'est aussi la mort,
c'est le chuchotement du toujours perdu
mais toujours su, c'est la première et la dernière
lumière du ciel, la fin et le commencement,
suit la mémoire se déplaçant comme une ombre
et seulement se repose, enfin, quand ça aussi va au repos.
     
*
     
The face
     
The blue shawl first, a canopy of blue,
blue sky, blue ceiling, the bewildering light
that comes and goes, and in it formless forms
and then the form of forms the shape of shapes
the darkness with the face, the face with eyes,
the face with stars, the leaning face, the murmur,
     
sweet food, sweet softness, incalculable depth
unassailable but protective height
the tower among the stars, great Igdrasil,
and so the sounds grown slower, more distinct,
one from another clear, the murmur shaking
deeply the chords of being, and the voice
     
speaking or singing, with notes far apart–
so far apart that terror folds his wings
between one syllabe of sweetest sound
and its successor,– but so slow, so slow,
that terror downward, on delicious wings,
floats,– falls in the darkness,– in the silence,–
     
the upward beats his swings, when the word sings,
is gone away, into the blue of heaven,
up to the shawl of stars–and here the instant voice
murmurs into the heart, into the throat,
till all the blood is radiant in the veins
whispers the secret, the lost secret, far away
     
and it is bird song, it is boughs of trees,
the flight of light among palmetto leaves,
the wave of wind across the field of daisies,
the voice of water fluctuant in the night,
and the street-vendor, the old negress, singing
"yea, prawns, yea, okras" in the bright blue morning–
     
and then the face withdrawn, farther withdrawn,
into the sunset red behind the lighthouse,
beyond the river's mouth, beyond the marsh,
far out at sea, or stars between two clouds,
farther and farther, till it lives again
only in nearer things–and it is now
     
the sunlight on the hand and a cold grass,
the acorn cup half with rain, the locust
unfolding irised wings of isinglass
the hummingbird above the flower's mouth
on an invisible cord of purest gold–
wing shadows on the wall of an old house–
     
and now in speed recaptured, now in strength,
and now in words dissembled, or half seen,
as when strange syllabe with sudden brightness
open dark eyes, and all the page of words
becomes a field of flowers, moving and fragant,
clover and tulip in deep grass and leaves–
     
all stirred and stirring in a wind from somewhere
far off and half remembered–from that sky,
that ceiling, that bewildering light, that shawl
of stars from which the voice of voices came;
then lost once more, and half seen farther on,
glimpsed in the lighting, heard in a pearl of thunder–
     
diffused, and more diffused, till music speaks
under a hundred lights, with violins,
soft borns, nostalgic oboes, where again
the terror comes between one sound and other,
floats,– falls in the darkness,– in the silence,–
then upward beats his wings when the voice sings–
     
and it is life, but is also death,
it is the whisper of the always lost
but always known, it is the first and last
of heaven's light, the end and the beginning,
follows the moving memory like a shadow,
and only rests, at last, when that too comes to rest.
     
     
Traduit par Philippe Blanchon - pp. 66-71
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