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EAN : 9782917504123
47 pages
Editions La Barque (01/06/2014)
4.14/5   22 notes
Résumé :
Conrad Aiken (1889-1973), avant tout poète, mais aussi romancier…, nous livre ici l’une de ses nouvelles les plus bouleversantes. Nous pénétrons dans un royaume de neige perçu et éprouvé par le jeune Paul Hasleman, âgé de 12 ans. Peu à peu happé par la magie de son monde, Paul éprouve les plus grandes difficultés à répondre aux nécessités du quotidien, aux questions qu’on lui pose à la maison avec ses parents, à l’école avec la maîtresse d’école, puis avec le médeci... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Un titre que je ne suis pas prête d'oublier puisque cela faisait longtemps que je cherchais ce livre. Et maintenant que je l'ai lu je ne l'oublierai pas car rarement texte ne m'aura laissée autant dubitative. Paul, 12 ans, vit physiquement entre la maison de ses parents et l'école, alors que moralement son monde c'est la neige qu'il a créé et qui devient son personnage fascinant. Autisme ? Refuge ? Conrad Aiken lisait Freud et Freud le lisait. Qu'en a-t-il pensé ? Alors que l'auteur avait onze ans, son père, chirurgien, tua sa mère et se suicida juste après.
« Avec lui, Paul dit : mieux vaut la neige, sa beauté, la perfection aléatoire de sa chute, qui de sa chute, ajoute au blanc l'épaisseur - qui au silence ajoute du silence. »
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Conrad Aiken (1889-1973) est un auteur américain. Il reçoit le prix Pulitzer de poésie pour ses Pensées Choisies. J'ai entendu des éloges de ce « grand » livre par un libraire Bruxellois lors d'une émission télévisée il y a de cela quelques temps.
La poésie du titre ne m'a plus quittée, je devais trouver rapidement ce livre qui dans la plupart des librairies était en rupture de stock. Une véritable « chasse au trésor » s'est mise en place pour dénicher un rare exemplaire dans une librairie du nord de Paris. Ce trésor est en fait un petit conte de quelques pages, mais quelles pages !
Le titre m'a évoqué la paix, le bonheur intérieur absolu. Ce garçon de 12 ans a trouvé cette paix en lui, au point de s'y réfugier, de s'y enfermer même. La vie extérieure n'a que peu d'importance alors, si ce n'est celle de parasiter ce bien-être intime.
Mais comment survivre dans la société si l'on est renfermé sur soi-même ?Parle t-on alors de déséquilibre ? d'autisme ?
Ce conte m'a bouleversée, a soulevé de nombreuses questions en moi.
Un petit bijou.
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Conrad Aiken déploie dans Neige silencieuse, Neige secrète, des pages blanches car mieux vaut le blanc « mieux vaut la neige » P47, Paul exprime par ses mots l'univers qui sera le sien , la neige, sa beauté, la perfection de sa chute...
La si envoûtante nouvelle de Conrad Aiken est la découverte par un enfant d'un autre réel, celui de la neige , qu'il va au fil des jours découvrir dans toute sa complexité offrant à son imagination une source inépuisable de bonheur et de réconfort, « étouffé sous un tourbillon de plumes »p 35.
Le lecteur est peu à peu happé comme Paul par cette neige silencieuse, au point que cet univers devient le plus vrai, le plus désirable des réels « il disait la paix »p37 .
Les parents de Paul et le Docteur venu les éclairer, semblent bien ternes et bien pauvres devant cet enfant rêveur et le cri de Paul , « Va t'en je te déteste «  sont comme les mots expiatoires de Conrad Aiken, quand il assiste à 11 ans impuissant à la mort de ses parents devenus fous.
Le texte de Conrad Aiken est d'une poésie à fleur de peau, une prose poétique qui aurait enthousiasmé Max Jacob, en a envie d'écouter encore et encore comme une chanson enfantine les mots qui réparent son âme blessée « le parquet devint un radeau balloté par des vagues de neige.la neige riait » p35.
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Une histoire : presque pas. : Un texte très court où chaque mot, chaque phrase comptent.
Paul Hasleman a 12 ans. Il vit avec son père et sa mère. Il va à l'école avec ses petits camarades, aime bien sa maîtresse, mademoiselle Buell et les taches de rousseur dans le cou de sa voisine de devant, Deirdre. Un enfant ordinaire donc. Un matin il constate que les sons du quotidien sont étouffés par la neige. Il s'en aperçoit car les pas du facteur, qu'il a l'habitude d'entendre depuis son lit, lui parviennent comme en sourdine. Paul est heureux. Des semaines qu'il l'attendait cette première neige d'hiver. Mais quand il se lève et regarde par la fenêtre c'est la stupeur : Il n'a pas neigé. Pourtant il entend la neige.
Depuis cette étrange découverte, Paul porte au creux de son esprit cette impression délicieuse qu'il possède un grand secret : sa vie intérieure ?
Ce que Paul protège en voulant rester dans ce monde de neige est cette parcelle d'enfance qui nous donne accès au merveilleux et que tous les adultes (parents, instituteur, médecin) cherchent à briser pour le faire rentrer dans le rang. Il n'aura jamais complètement les pieds sur terre, il préfèrera toujours la poésie des nuages, quitte à risquer l'isolement affectif.
Faut-il choisir entre vie réelle et vie intérieure ?
Le petit Paul rêve-t-il ? Perd-il la raison ?
On ne peut passer sous silence un élément biographique effroyable de la vie de Conrad Aiken. Quand il avait 11 ans, son père tua sa mère avant de se suicider.
Tout ceci d'une écriture poétique, ailée.

Ce livre m'a rappelé une phrase de Réjean Ducharme, météorite littéraire canadienne, dont il ne me reste que cette citation recopiée autrefois : »Je regarde à l'intérieur des yeux de Chateaugué et j'ai le gout de prendre, d'étreindre, de conquérir. Si le mot embrasser n'existait pas, je n'aurais même pas envie de l'embrasser. J'ai un mot dans la tête. Il y a une mouche qui me vole et me bourdonne dans la tête : le mot embrasser. On ne peut rien contre un mot…. Si j'obéis au mot embrasser, si j'embrasse Chateaugué, je tombe sous le gang des mouches. »
Ou cette autre citation de JMG le Clézio : » Puisque la conscience n'a rien apporté et que l'amour était une farce, il faut retourner vite vers le temps où l'aventure était possible, où l'on pouvait tuer, aller en Chine, où bien être chaste, pour rien, sans espoir de profit ; mais cela ne se peut plus. »






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Conrad Potter Aiken (1889-1973) est un auteur américain, né en Géorgie, à Savannah. de nombreux poèmes et une bonne demi-douzaine de romans ou de nouvelles, dont peu sont malheureusement traduits en français, mais dont les plus connus sont « Au Dessus de l'Abysse » traduit par Patrick Repusseau (1994, le Mercure de France, 456 p.) et « Un Coeur pour les Dieux du Mexique » traduit par Michel Lebrun (1991, La Table Ronde, 172 p.). On constate de suite les liens qu'impliquent ces deux titres. Il est une des piles du pont qui le relie à Joseph Conrad (1857-1924) et sur lequel Malcolm Lowry (1909-1957) a beaucoup voyagé.
Sa jeunesse se passe à Savannah, petite ville d'une quarantaine de milliers d'habitants où son père était chirurgien de bonne réputation. Mais à 11 ans, la famille se suicide suite à des déboires financiers, et c'est le fils qui découvre les corps de ses parents. Il en parle beaucoup dans « Ushant: an essay », sous titré « Autobiographie narrative ». Il est alors élevé par une grand-tante dans le Massachussetts. Il suit des cours à Harvard, ville qu'il décrit dans « le Grand Cercle » et écrit des poèmes, pour lesquels il reçoit le Prix Pulitzer en 1930.
Son oeuvre est importante par les liens qu'il suggère. Pour ce qui est de Joseph Conrad, né Teodor Józef Konrad Korzeniowski, on voit de suite le rapport entre « Heart of Darkness » traduit en « Au coeur des ténèbres » et « Au dessus de l'Abysse » traduit de façon bizarre de « Blue Voyage ». Il est vrai qu'il y a également dans ce livre une certaine ressemblance avec « Au Dessous du Volcan » de Malcolm Lowry. Dans les deux cas, il s'agit d'un voyage de deux personnes liées affectivement, mais qui est en fait un voyage sans espoir. C'est aussi le thème du voyage qui se retrouve dans « Un Coeur pour les Dieux du Mexique ». Voyage aussi, mais dans le temps avec « le Grand Cercle »
Conrad qui embarque très jeune comme mousse sur un voilier.
Un court texte « Neige silencieuse, neige secrète » (2014, La Barque, 48 p.) permet de pénétrer dans un royaume de neige tel que le jeune Paul Hasleman, âgé de 12 ans, le perçoit et le ressent. Fasciné par la magie de son monde, il compte les pas du facteur avant qu'il n'arrive à leur maison. Il a de grandes difficultés à faire face au quotidien, aux questions que lui posent ses parents, sa maitresse, Mademoiselle Bull, qui pourtant leur parle du Pôle Nord et du Pôle magnétique. Même à son médecin, il ne peut définir ce « quelque chose qui l'inquiète ». Il cherche avant tout à préserver le secret de la neige. Et pourtant il y a cette Deirdre « qui avait une drôle de petite constellation de taches de rousseur sur la nuque, exactement comme la Grande Ourse ».
Les poèmes viennent enfin d'être traduits et édités : « La venue du jour d'Osiris Jones » et « Senlin : Une biographie » « Senlin : Une biographie » traduit par Philippe Blanchon (2014, La Nerthe, 92 p.). Ils permettent de comprendre l'influence de celui que Malcolm Lowry tenait comme le plus grand poète vivant. Quoique réputé être un poète difficile et obscur, il sera l'ami de T.S. Eliot dont il devint l'éditeur, ainsi que pour Emily Dickinson. Il sera également le tuteur légal de Malcolm Lowry, en même temps que père spirituel. Enfin, on rappelle que « Senlin : Une biographie » a été édité par Virginia Woolf.

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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
« Avec lui, Paul dit : mieux vaut la neige, sa beauté, la perfection aléatoire de sa chute, qui de sa chute, ajoute au blanc l’épaisseur - qui au silence ajoute du silence. »
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Folie ? Est-ce folie de se demander s'il est juste de vouloir arracher Paul à son monde de neige ? Non, et Conrad Aiken lui-même semble y inviter tendrement, semble désirer de loin en loin que l'on puisse entendre l'histoire d'une histoire qui revient, comme dans ce texte, à la graine enfouie d'un conte, en ceci que c'est aussi d'une parcelle d'enfance préservée que s'entend encore l'attirance de Paul, et la nôtre, pour son monde de neige. Et c'est là le merveilleux, que ce texte n'enferme rien, pas même la folie.
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Pourquoi au juste avait-il fallu que cela arrivât, ou pourquoi avait-il fallu que cela arrivât juste à ce moment-là, il n'aurait pu vraiment le dire, bien sûr ; ni peut-être n'aurait-il même pas pensé à le demander. La chose était avant tout un secret, quelque chose à dissimuler précieusement à Père et Mère ; et c'est à ce fait même qu'elle devait une énorme part de sa nature délicieuse.
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Paul âgé de 12 ans, ne voit pas seulement la neige, il la sent; et la neige s'éprouve aussi,
existe aussi, en lui-même.
Mieux vaut la neige.
P44
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