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EAN : 9782952491556
Parole (01/10/2006)
4.28/5   144 notes
Résumé :
En 1852, Violette Ailhaud est en âge de se marier quand son village des Basses-Alpes est brutalement privé de tous ses hommes par la répression qui suit le soulèvement républicain de décembre 1851. Deux ans passent dans un isolement total. Entre femmes, serment est fait que si un homme vient, il sera leur mari commun, afin que la vie continue dans le ventre de chacune.
« Ça vient du fond de la vallée. Bien avant que ça passe le gué de la rivière, que l’ombre... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (46) Voir plus Ajouter une critique
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Cet hiver par une soirée maussade et sombre, un peu lasse et fatiguée, je me suis affalée sur le canapé !
Dépitée, je me suis dit un petit film te ferait du bien : un petit tour de zapping, rien , un second, et là je tombe sur un film dont je n'ai jamais entendu parler, le semeur de Marine Francen , un seul mot superbe !

A mon grand étonnement, en regardant attentivement le générique de fin pour connaître la région où ce film a été tourné (les paysages sont magnifiques), je lis : inspiré de L'homme semence de Violette Ailhaud (1835-1925)…

Le lendemain deuxième surprise, en tapant sur Babelio , je découvre de belles critiques où je me rends compte que cette histoire n'est pas une fiction, ni le résultat d'une imagination fertile mais le témoignage de faits réels vécus par l'auteur, âgée alors de 16ans, au 19ème siècle dans un village isolé des Basses-Alpes pendant la période trouble et répressive qui a suivi le coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte en 1851!

Dès lors, je n'ai eu qu'une envie : me procurer ce récit, L'homme semence de Violette Ailhaud.
Je l'ai attendu comme un enfant espère et il est arrivé avec sa jolie couverture écrue agrémentée par la simple illustration d'un spermatozoïde… violet et vagabond . Superbe  !

J'ai patienté encore quelques jours pour savourer ce récit, accueillir vos mots Violette. Et le moment propice est arrivé, et là encore, un seul mot superbe !

Alors Violette, ma chère et vive Violette, quelle belle et riche idée avez vu eu de léguer votre témoignage à l'une de vos descendantes.
Vous avez semé des mots et ils ont donné un magnifique fruit: une ode à la vie, un hymne à l'amour, un chant de résistance mais aussi d'espérance.

« L'amour est un bouquet de violettes.
L'amour est plus doux que ces fleurettes.
Quand le bonheur en passant vous fait signe et s'arrête.
Il faut lui prendre la main
sans attendre à demain.
L'amour est un bouquet de violettes. »
Le bonheur vous a fait signe et vous l'avez cueilli…
Merci Violette

Une lecture magnifique, émouvante, instructive, poétique.
Un hommage à la vie, à l'amour, aux belles- lettres, à l'écriture...
Un récit lumineux, gorgé de vitalité, d'intelligence et de beauté.
Un livre à offrir à toutes les jeunes filles en fleur.
A lire, relire et partager.

Un immense coup de coeur
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Plus personne pour planter la petite graine !
Avec beaucoup plus de poésie, l'auteure affirme dans la préface de ce court récit qu' « A tant faucher les hommes, c'est la semence qui a manqué ».
Epais comme un marque-page au régime, cette curiosité littéraire mérite une escale.
En 1852, dans un village reculé des Basses-Alpes, les femmes se retrouvent seules pour assurer le travail des champs et continuer à vivre. Tous les hommes ont été déportés suite au coup d'état de Louis Napoléon Bonaparte en 1852 qui avait considéré que cette seconde république qui lui interdisait de briguer un nouveau mandat nécessitait un toilettage empirique. Poutine avant Poutine. Pour assurer la survie du village, perpétuer l'espèce et assouvir certains instincts, les femmes trouvant le temps long, décident que le premier bougre en état de marche qui s'aventurera dans les parages devra être partagé dans un pot commun. Je pourrai appeler cela le « cobouturage ». Un appel au mâle à la main verte qui débarque un jour, comme Clint Eastwood dans ses westerns, sans l'aide de Tinder mais disponible et serviable. Il s'entiche de la narratrice, Violette, mais le bonhomme a le sens du sacrifice et accepte d'ensemencer aux quatre vents avant de reprendre la route, repu. Violette est amoureuse mais elle accepte de faire passer l'intérêt général du village avant ses sentiments. Les sens du service public.
A la différence de mon résumé aux teintes grivoises, le récit est au contraire d'une infinie délicatesse. En mode survie, ces femmes tombent tous les artifices, se retroussent les blouses et s'unissent sans masquer leur désir d'amour et d'enfant. Que ce soit la nostalgie des maris et fiancés disparus, l'interminable attente, la résignation puis le pacte de fraternité, tous ces passages semblent avoir été écrits dans un état de grâce ou chaque phrase se murmure comme la caresse d'une plume. Chaque paragraphe mériterait citation. L'auteure utilise des mots perdus dans les champs de l'ancien temps comme lampége, grémoulons, coucoun, poudregeais ou se mirailler qui révulsent mon correcteur d'orthographe mais qui régalent ma gourmandise de lecteur. Il y a les mots mais aussi les images, comme celle de cette femme qui transforme sans rien dire sa robe de mariée en épouvantail, proclamation que les hommes du village ne reviendront pas. Inoubliable.
Que dire de cette couverture qui se limite au dessin d'un spermatozoïde isolé qui semble indiquer le chemin de cette lecture ? Qu'elle dit tout sans rien révéler, tout comme son titre. Une réussite.
Présenté comme un récit autobiographique, la légende et surtout l'éditeur ont raconté que le manuscrit avait été écrit en 1919 par une certaine Violette Ailhaud qui aurait exigé que le texte ne soit publié que par une de ses descendantes des dizaines d'années plus tard. L'histoire est trop belle pour être vraie, mais certains mensonges méritent l'acquittement quand ils participent à la postérité d'une telle histoire qui inspira le théâtre, le cinéma et la bande dessinée.
C'est le bouche à oreille qui fit le succès de ce conte qui donne la parole à d'autres parties de nos anatomies. Une lecture à s'offrir sans souffrir.
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Présenté comme un récit autobiographique ce court, très court, trop court texte d'une quarantaine de pages m'a plutôt donné l'impression d'un conte, d'une légende arrachée aux plaintes du temps ou du Mistral, allez savoir, d'une fleur délicate déterminée à traverser l'asphalte de l'Histoire.

Le village de Saule Mort dans les Basses-Alpes aura payé un lourd tribut aux révoltes contre le coup d'état de Louis Napoléon Bonaparte du deux décembre 1851. C'est un village meurtri, privé d'hommes que nous découvrons à travers le regard de la jeune narratrice de 16 ans au moment des évènements. Tous ont en effet été tués ou déportés. Ce village de femmes fait le choix de vivre en autarcie, tendu vers l'espoir, le rêve, l'attente fébrile qu'un homme vienne à elles.

L'écriture poétique et sensuelle de l'auteure m'a fait passer un moment suspendu hors du temps. Ce village est comme un mirage au creux des montagnes, une oasis si proche et si lointaine. J'ai parfois pensé à ces histoires de fantômes condamnés à hanter un lieu pour l'éternité. Pourtant c'est bien de la vie dont parle ce livre, de la vie, de la fécondité, de l'amour, du désir. le bonheur trouve toujours un chemin… Superbe texte, j'ai adoré !

En bonus : la postface de Jean-Marie Guillon donne quelques informations complémentaires sur le soulèvement républicain de décembre 1851, pas assez et juste assez pour me donner une furieuse envie d'en savoir plus. Je ne savais pas, ne me souvenais pas qu'il avait été si important et si fédérateur dans certaines régions.

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Un récit très court qui se déroule près de chez moi, dans les Alpes-de-Haute-Provence sur le plateau de Valensole. Cela se déroule au lendemain du coup d'état de Louis-Napoléon Bonaparte dans laquelle la France a perdu nombre de ses hommes, comme à chaque guerre. La narratrice, qui a un peu plus de seize ans à l'époque vit dorénavant dans un village uniquement habitée par des femmes car tous les hommes sont morts ou portés disparus. C'est alors qu'un beau jour, un homme arrive au village. Un, un seul pour toutes ces jeunes filles. Il s'appelle Jean et les femmes du village ont conclu entre elles un pacte, celui de repeupler le village...

Un livre sur les atrocités de la guerre, même si celles-ci ne sont pas explicitement décrites, elles se font sentir comme un filigrane à travers l'absence d'hommes, mais aussi un livre sur l'Amour car même si, au départ, cela est méticuleusement calculé, au final, c'est bien un récit sur l'amour que nous avons ici. A découvrir !
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Sur le marché nocturne de Gréoux-les-Bains, un joli village et station thermale des Alpes de Hautes-Provence, j'ai été attiré par un stand décoré de jolis livres d'un format un peu plus petit que celui des livres de poche habituels et dotés d'une couverture au graphisme épuré, qui m'ont immédiatement séduit avant même que je n'engage la conversation avec la personne très souriante qui tenait le stand. Il s'agissait des livres des éditions Parole, maison d'édition régionale située à Artignosc-sur-Verdon, à quelques kilomètres de Gréoux. Je suis reparti avec trois livres sous le bras dont celui-ci, qui m'avait été tout particulièrement recommandé par mon interlocutrice.

Et c'est un véritable coup de coeur. C'est une nouvelle très courte d'à peine 40 pages mais chacune de ces pages contient un trésor. L'histoire se situe dans un village des Alpes de Hautes Provence appelé le Poil, dans la vallée d'Asse. Violette Aihaud nous raconte ce qui s'est passé dans ce village en 1852, alors que les soldats de Napoléon III étaient venus chercher tous les hommes pour les emprisonner ou les déporter à Cayenne ou ailleurs, le village étant suspecté d'avoir pris part aux actes de rébellion qui ont suivi , dans cette région de la Provence, le coup d'état du 2 décembre 1851. Les femmes – au nombre desquelles se trouve la narratrice, qui avait 16 ans en 1851 – se retrouvèrent sans hommes et, pendant deux années, elle attendirent, fantasmèrent, anticipèrent l'arrivée d'un homme qui par sa semence pourrait redonner vie au village et elles se firent un serment. Violette raconte alors comment, un jour, la silhouette d'un homme apparut à ces femmes alors qu'elles faisaient les foins : "Ça vient du fond de la vallée. Bien avant que ça passe le gué de la rivière, que l'ombre tranche, comme un lent clin d'oeil, le brillant de l'eau entre les iscles, nous savons que c'est un homme." La suite est délectable, c'est un pur régal. Cela m'a rappelé le roman du colombien James Cañón, "Dans la ville des veuves intrépides", mais la forme ramassée du récit de Violette Ailhaud le rend encore plus fort à mes yeux. J'ai aussi pensé, par toute la sensualité qui se dégage de ce texte, à Gioconda de Nikos Kokantzis, un livre qui, lui aussi, m'avait enthousiasmé.
Si vous aimez, et plus encore si vous adorez ce livre, sachez qu'il existe aussi chez le même éditeur une version de cette histoire en bande dessinée, qui est vraiment superbe et malicieuse. Je fus vraiment chanceux de passer ce soir là devant le stand des éditions Parole !
Pour plus d'infos : http://www.editions-parole.net
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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
Le premier mai, au bout de plusieurs mois d'attente vaine et étouffante, Rose, la fille du boulanger, a sorti sa robe de novie (mariée). Cette robe n'était rien de plus que sa plus belle robe. Je me souviens qu'elle était bleu foncé et quelle me faisait envie. Elle en a habillé un épouvantail qu'elle a planté au bord du plateau. Je me souviens qu'elle pleurait de rage. Sur le col de la robe elle a noué le modeste collier de fleur d'oranger en cire que la famille avait arraché à sa pauvreté. Nous autres, nous n'avons rien tenté pour l'en empêcher mais nous avons partagé ses larmes jusqu'à nous cuire les yeux et le visage. Rose aurait dû se marier en avril.
Alors, la mère du garçon qui aurait dû épouser Rose est allée chercher les vêtements de mariage de son fils et en a fait un deuxième épouvantail qui a pris la manche du premier.
Depuis, notre village vit sous le regard de ce couple qui n'a jamais été et dont les deux silhouettes immobiles tournent le dos à la vallée. C'est notre signe pour dire qu'ici il y a la vie.
(page 12 et 13)
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Le Saule Mort, le 19 juin 1919. J’ai décidé de raconter ce qui s’est passé après l’hiver de 1852 parce que, pour la seconde fois en moins de 70 ans, notre village vient de perdre tous ses hommes sans exception. Le dernier est mort le jour de l’Armistice, le 11 novembre dernier. Pour nous les femmes, il n’y a pas victoire mais vide et je joins mes larmes à celles de toutes les femmes, allemandes ou françaises, qui errent dans leur maison sans hommes. Je pleure ces mains fauchées faites pour nous caresser et tenir la faux pendant des heures. J’avais 16 ans en 1851, 35 ans en 1870 et 84 aujourd’hui. À chaque fois, la République nous a fauché nos hommes comme on fauche les blés. C’était un travail propre. Mais nos ventres, notre terre à nous les femmes, n’ont plus donné de récoltes. A tant faucher les hommes, c’est la semence qui a manqué.
(Préface)
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J’aime le village dans lequel je suis née, au cœur duquel j’ai vécu presque toute ma vie. De loin, il semble être posé sur la plaine. Lorsqu’on l’approche, on le trouve sur un promontoire, entouré d’entrailles profondes, comme si un géant avait biné autour de lui dans la mer de galets.
Notre village se mérite. Alors qu’on le croit à portée de main, il faut encore plonger dans le ravin et grimper dur vers les maisons serrées comme un bouquet de fleurs.
Notre village est en plein vent. L’été, quand la brume laiteuse gomme tout le relief, il est isolé du monde. On se croirait sur un navire en pleine mer au milieu des vagues du plateau qui ondule sous la chaleur. L’hiver, le monde réapparait avec le ciel bleu. Quand le Mistral a soufflé des jours, les montagnes se rapprochent comme pour se pencher sur notre vie.
Chapitre 3
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Pour nous les femmes, il n’y a pas victoire mais vide et je joins mes larmes à celles de toutes les femmes allemandes ou françaises qui errent dans leur maison sans homme. Je pleure ces bras perdus faits pour nous serrer et renverser les brebis lors de la tonte. Je pleure ces mains fauchées faites pour nous caresser et tenir la faux pendant des heures. J’avais 16 ans en 1851, 35 en 1870 et 84 aujourd’hui. A chaque fois, la République nous a fauché nos hommes comme on fauche les blés. C’était un travail propre. Mais nos ventres, notre terre à nous les femmes, n’ont plus donné de récolte. A tant faucher les hommes, c’est la semence qui a manqué.
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Nous avons tout imaginé, des soirées durant, puis des journées durant. (…) C’était du bonheur pour une part et une plaie pour l’autre. Cette plaie qui s’évertuait à cicatriser, nous grattions la croute sans cesse pour la faire saigner, pour que viennent encore d’autres idées, d’autres pensées, d’autres souvenirs du futur qui allait venir.
Chapitre 2
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Videos de Violette Ailhaud (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Violette Ailhaud
L'Homme Semence .Joué à la librairie Elan Sud (Orange,84), le texte de Violette Ailhaud, édité chez Parole, a été interprété par Emmanuelle Caro au chant et à la harpe, Laure Bruno, monologue, et Paul Bruno régisseur.
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