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« Laisse-moi entrer », premier roman du suédois John Ajvide Lindqvist, est une étrange rencontre entre deux jeunes adolescents, Oskar et Eli, l'un humain et l'autre vampire. D'abord, j'ai été attirée par l'aspect fantastique indissociable du thème. Ensuite, par la couverture présentant une petite fille, couchée en chien de fusil et le titre, leitmotiv bien connu des vampires.
Il s'agit donc bien d'une histoire de vampire mais dépouillée du romantisme habituel et plantée dans les années 1980 dans une banlieue suédoise, Blackeberg. Sans passé, cette ville monotone construite à partir de rien, loge une population laborieuse où traînent alcooliques et jeunes désoeuvrés.
L'auteur présente un type particulier de vampire. Eli porte en lui la malédiction de son statut de vampire “Je… me nourris de sang. Mais je ne suis pas… ça.” Lindqvist intègre divers éléments du mythe (besoin impérieux de sang humain, régénération, transformation, vie nocturne, crainte du soleil) tout en éliminant les stéréotypes car Eli est un vampire adolescent. Eli symbolise l'opposition : plus un enfant, pas encore un adulte, pas un garçon, ni une fille, non-mort et non-vivant …
Eli nécessite un compagnon, un ange gardien humain. Car celui-ci lui donne accès à la nourriture sans générer de nouveaux vampires et l'aide à déménager régulièrement pour ne pas attirer l'attention. A aucun moment, la condition de vampire n'apparaît valorisante : aucune gloire mais énormément de solitude, de tristesse et une violence indispensable à la survie. D'ailleurs, Eli dit à Oskar que tous les vampires finissent par se suicider. La mort d'un des personnages, qui se retrouve dans cette situation, est un des grands moments du livre.
Eli ne fait pas partie des habitants de Blackeberg. Elle emménage de nuit avec son "père" Hâkan : un professeur de suédois sans travail à cause de ses penchants pédophiles. Et l'on devine pourquoi il devient le compagnon d'Eli, vampire au corps d'enfant. Un autre grand moment glauque, c'est quand après sa « mort » il « renait » en mort-vivant pourrissant.
Le personnage d'Oskar, petit garçon craintif, trop gros, est attachant. Intelligent, il aime échafauder des mondes et des personnages imaginaires. Souffre-douleur de sa classe, il vit avec une mère absente séparée du père alcoolique. Sensible, rêveur, différent, il peine à trouver un ami, une oreille attentive à son mal être après la séparation de ses parents. Oskar s'évade en se donnant une forme de pouvoir, en abimant des arbres, en accumulant des coupures de presse sur des meurtres, en s'imaginant être un tueur en série.
Eli et Oskar vont unir leurs solitudes et tenter de se réconforter l'un l'autre. La description de cette amitié se fait sur une critique sociale acide, une analyse dérangeante et une ambiance malsaine où le vampire semble être la représentation du mal profond des habitants. Lindqvist dénonce une société égoïste, incapable de soulager ses démunis. Il aborde des thèmes difficiles comme l'immigration, l'isolement des personnes âgées, l'alcoolisme, la drogue mais aussi la pédophilie avec un style simple. L'auteur donne de la prépondérance aux personnages secondaires, les laissés-pour-compte d'une société connue pourtant comme exemplaire dans le monde entier. On ressent l'isolement, le manque d'attention, la violence, les désirs malsains.
Ainsi Tommy, plus âgé qu'Oskar, orphelin de père, qui entraîne Oskar dans le monde des adultes avec les drogues douces et des revues pornographiques. Staffan, son nouveau beau-père, est un policier, expert en armes à feu, dont l'esprit borné sur l'ordre et l'autorité, symbolise le carcan obsolète social et moral. Ensuite, viennent Lacke et Virginia, couple traînant une existence vide et ingrate, rêvant stérilement d'un avenir : quitter la banlieue, se marier, acheter une maison, imprégnés de la vanité de l'effort, certains que la réalité va ruiner leurs espoirs. Et aussi, Gösta, pauvre hère, entouré de ses chats, de leurs excréments et abandonné dans sa saleté.
La société aliène et isole, elle épuise les âmes, les espérances, les rêves. le cadre social est figé, le cadre familial rompu, les relations d'amitié relachées. Et, comme le découvre Oskar, le pouvoir devient un remède à cette indifférence généralisée.
Ce livre, entre thriller fantastique et chronique sociale, m'a réellement surprise…
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J'ai fait une jolie découverte avec Laisse-moi entrer. Enfin, joli n'est peut-être pas l'épithète le plus adéquat puisque ce roman est dans la veine fantastique vampirique. Pourtant le récit écrit par le Suédois John Ajvide Lindquist m'a plus tenue par son histoire d'amitié hors norme et par les champs de solitude humaine des grandes villes. Ici, Stockholm et ses banlieues, mais l'on peut transposer le récit dans maints autres endroits.

Commençons par les présentations: d'un côté Oskar, douze ans, solitaire et renfermé, qui vit seul avec sa mère et se trouve en butte aux brimades de ses "camarades" de classe et à un sentiment de honte constant; de l'autre Eli, étrange fille silencieuse, peu avenante au premier abord et vêtue d'un fin pull rose alors que l'hiver scandinave s'est installé implacablement sur le pays. Tout sépare ces deux êtres. Mais par la grâce d'un Rubik's cube, il y a parfois moyen de s'entendre...

L'auteur développe les relations entre ces deux esseulés. Il dépeint également les portraits d'autres personnages plus ou moins attachants, adultes ceux-là. Et certains franchement révulsants. Lindquist signe un roman vampiro-social, si je puis dire. Et c'est ce que j'ai apprécié dans ce livre. le ton est empreint de mélancolie et de solitude. La part horrifique tend à passer au second plan. J'ai trouvé cette approche intéressante en ouvrant une voie différente à une histoire qui n'est pas une énième histoire de vampires. J'ai aimé sa façon de dépeindre les sentiments et émotions de ses personnages. Ça m'a noué la gorge à certains passages.

Bonne pioche chez Milady donc. J'espère que l'auteur a d'autres bonnes surprises dans sa manche.
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Roman oscillant entre l'horreur, le fantastique et le thriller psychologique, « Laisse-moi entrer » est un ouvrage à l'ambiance glauque, malsaine, dérangeante, violente, touchante et insolite. Certaines choses m'ont plu, tandis que d'autres m'ont semblé sans intérêt. de ce fait, je ressors assez partagée ! Cela dit, j'ai appris qu'il existait une adaptation cinématographique. Je serais curieuse de la visionner, car certaines choses doivent être intéressantes à voir sur écran et j'ai entendu du bien du film !

Ce qui fait la force de ce livre, c'est clairement la relation entre le jeune Oskar et Eli, la mystérieuse voisine. Bien qu'elle mette du temps à se mettre en place, elle est progressive et donne réellement la sensation de se tisser sous les yeux du lecteur. Il faut savoir que tout ne commence pas dans la joie et l'insouciance ! En effet, les deux protagonistes commencent par se jauger, s'observer et se méfier. Or, les choses vont évoluer vers quelque chose tanguant entre l'attirance, la fascination, la complicité, la peur, le dégoût, le rejet, l'amour et l'amitié. C'est réellement un lien très particulier, unique et indéfinissable ! Au fil des chapitres, j'attendais toujours avec impatience les passages avec le tandem, car j'appréciais le fait de les voir se rapprocher. J'étais également impatiente de découvrir la nature d'Eli car, bien que l'on sache qu'elle est une sorte de vampire, on comprend rapidement que c'est bien plus que ça… C'est un réel plaisir de progresser dans l'intrigue pour en savoir plus… En outre, on se demande également pourquoi elle habite avec Hakan, une autre créature comme elle, mais aux moeurs répugnantes ! Ce dernier est aussi agaçant qu'horrifiant. En effet, j'ai trouvé ses actes abjects, notamment avec les jeunes adolescents qui semblent lui procurer du plaisir ! Il y a d'ailleurs plusieurs passages pédophiles enfantine dont je n'ai pas forcément compris l'intérêt, si ce n'est dégoûter le lecteur… de façon générale, je me suis souvent demandé à quoi servait ce personnage qui faisait foi d'antagoniste, mais dont les interventions étaient souvent troubles ! Les passages le mettant en scène m'ennuyaient le plus souvent, au point que j'étais soulagée lorsque la narration passait à quelqu'un d'autre !

Le récit ne se concentre pas uniquement sur le binôme principal et sur Hakan. Il va également mettre en avant de nombreux personnages secondaires devant faire face à ces changements occultes dans la ville ! Je reconnais que certains chapitres étaient pertinents toutefois, mon intérêt était surtout orienté vers le duo principal ou le quotidien difficile d'Oskar. En effet, le pauvre adolescent subi le pire tous les jours, puisque le gang de Jonny, Mike, Tomas et d'autres « camarades » de l'école le harcèlent ! Or, on n'est pas sur les petites brimades de temps en temps, mais de la lourde humiliation, de la violence gratuite et des actes susceptibles de blesser à vie ou de tuer ! J'étais révoltée face à ces scènes et je ne pouvais que comprendre l'esprit perturbé du jeune héros, incapable de faire face à cette haine montant en puissance ! Livré à lui-même, il n'a pas d'autre choix que de subir… « Laisse-moi entrer » n'est pas qu'un simple roman mettant en scène des vampires : il aborde plusieurs sujets difficiles et sensibles comme le harcèlement, la violence, la pédophilie, la prostitution, le suicide, la résilience, la solitude, la différence, l'immigration, l'alcoolisme, la drogue, etc. La critique sociale est bien présente… de ce fait, les thématiques sont variées et, malheureusement, parfois traitées aux dépens du rythme ! Ainsi, j'ai trouvé qu'il y avait quelques longueurs et reconnais que l'action ou les révélations se faisaient en dents de scie. J'ai d'ailleurs eu du mal à savoir où voulait en venir John Ajvide Lindqvist… En outre, j'ai été étonnée de constater que l'horreur n'était pas celle à laquelle je m'attendais. Certes, il y avait des passages sanglants, ésotériques et morbides dignes d'auteurs du genre comme James Herbert auquel John Ajvide Lindqvist fait un clin d'oeil… Mais l'horreur concernait surtout les thématiques actuelles, celles que l'on peut croiser dans notre monde et dont le côté aussi malsain que réaliste font froid dans le dos…

Enfin, le dénouement m'a étonnée, si bien que je me suis questionné sur l'absence ou non de chapitres manquants… Certes, avec du recul, les choses sont satisfaisantes et ouvertes néanmoins, il me manquait quelque chose. Je suis donc ressortie mitigée par cet ouvrage insolite… Reste à voir ce que vaut l'adaptation !
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Un mélange qui parvient à allier la sobriété à l'émotion.

L'histoire est à la fois poignante et triste mais belle. On sort de l'histoire de vampire traditionnelle pour entrer dans celle d'amitié naissante entre un enfant et un vampire "de son âge" qui évolue pour donner quelque chose de beau. Les deux protagonistes sont des enfants et cela laisse une touche d'innocence, mais c'est ce côté-là qui devient également brutal quand il s'agit d'agressions. Les fans de vampires seront enchantés, les codes déontologiques sont respectés.

Bien entendu, c'est une histoire d'amour avant tout. Mais dans un contexte horrifique. C'est une lutte psychologique entre le Bien et le Mal, aussi puissante que dans l'Exorciste. Ce roman résume bien le dicton: l'amour est aveugle. Mais aveugle jusqu'à quel point?!

Et le point fort de ce roman, c'est que, si vous tombez amoureux d'Eli, comme Oskar, ça risquera fort de remettre en cause votre propre personnalité!

Cette histoire est tout simplement fabuleuse ! Il y a une espèce de poésie qui en ressort, une atmosphère lourde, des passages de tension très intenses. le roman ne baigne pas dans le gore facile et laisse place au jeu des personnages qui sont époustouflants de justesse ! Une très belle fin qui donne tout son sens au roman.

C'est simple, rarement un roman aura pu autant mélanger deux genres à part: amour et épouvante. En bref, Laisse-moi entrer est un petit bijou extrêmement recommandable !
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Quelque part au fin fond de la Suède, dans une banlieue glacée peuplée de chômeurs, d'alcolos et de ménages fauchés, Oskar attend. Il attend le jour où il pourra vivre sans peur, aller à l'école sans se faire tabasser par ses camarades, sans subir le mépris dégouté des professeurs, se débarrasser de la compassion larmoyante de sa mère – « Tu as mis ton bonnet, mon chéri ? » - devenir fort, courageux, un adulte enfin. Mais Oskar n'a que douze ans et, forcément, tout cela prend du temps... Alors il remâche sa rancune et larde les arbres de la cour de son immeuble de coups de couteau de cuisine. Jusqu'au jour où arrive Eli. Eli n'est pas une petite fille comme les autres : elle ne sort jouer que la nuit tombée, se balade en tee-shirt sous la neige, ne parle pas beaucoup, ne mange jamais rien, mais surtout elle est forte, elle n'a peur de rien, ni de personne. Progressivement, une complicité profonde va se nouer entre les deux enfants, tandis que des meurtres sanglants – enfants égorgés et vidés de leur sang, femmes retrouvées avec le cou lacéré… – épouvantent la petite banlieue tranquille.

J'en entends déjà râler : Encore des vampires ? Vous en avez pas la claque, vous, des buveurs de sang ? Sauf que John Ajvide Lindqvist traite le sujet comme nul autre. Loin des habituelles séries B sanguinolentes, l'auteur s'attache à raconter une histoire d'amour touchante et étrange entre deux êtres différents et complémentaires : un enfant qui souhaiterait être un monstre et un monstre qui souhaiterait être un enfant. L'enfance, sa cruauté et son absence de repères moraux sont au centre du récit : Oskar accepte facilement la « monstruosité » d'Eli, car elle lui semble peu de choses face aux souffrances qu'il affronte des mains de ses semblables.

Un récit fort, violent, dur – certains sujets abordés sont assez traumatisants : meurtres, mais également pédophilie, prostitution enfantine, viol, etc… – mais mâtiné également d'une certaine tendresse qui permet de rendre toute cette noirceur supportable. A conseiller aux fanas de vampires, mais également à tous les amateurs de bonnes histoires fantastiques. J'en profite également pour recommander l'excellente adaptation ciné de Tomas Alfredson (le réalisateur de l'adaptation récente de « La Taupe » de le Carré), « Morse ». le cinéaste a retranscris à merveille l'ambiance tout en nuances de gris du roman, alternant explosions de violence et interludes de douceur : une réussite !
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Voilà livre terminé et j'ai ADORE!! Avant de me décider à entamer la lecture j'ai tout de même hésité car j'avais vu le film américain il y a quelques années. Je craignais connaissant déjà l'histoire de m'ennuyer. Et bien! pas du tout!

Le film américain ne colle pas tant que ça au roman, il s'en approche mais manque de consistance. Les américains ont voulu adoucir les angles ce qui est un pu dommage.

Du coup j'ai voulu faire un comparatif avec le film suédois. Il s'approche plus du bouquin. On y retrouve beaucoup de références. Mais il est encore trop lisse par rapport au livre.

Car celui-ci est d'une noirceur extrême. Certaines scènes sont beaucoup dérangeantes et d'autres écoeurantes. Tous les personnages ont une vie sordide. L'ambiance est malsaine. En toux cas l'écriture est de qualité, les descriptions réalistes et l'amitié entre les deux personnages principaux est hors normes.
Une fois la lecture terminée, la question est: "Quel livre je vais pouvoir livre après celui là?" Car quand on lit un livre de cette qualité il est difficile de choisir un niveau plus bas.
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" - Oskar... Cela provenait de la fenêtre. Il ouvrit les yeux et regarda dans cette direction. Il vit les contours d'un petit visage de l'autre côté de la vitre. Il écarta ses couvertures mais avant qu'il ait eu le temps de sortir de son lit, Eli murmura : - Attends. Reste dans ton lit. Est-ce que je peux entrer ? Oskar chuchota : - Oui. - Dis que je peux entrer. - Tu peux entrer. " Oskar a 12 ans, il vit seul avec sa mère au coeur d'une banlieue glacée de Stockholm. Il est martyrisé par trois adolescents de son collège. Eli emménagé un soir dans l'appartement voisin. Un homme l'accompagnait. Elle sort le soir, semble ne craindre ni le froid ni la neige et exhale une odeur douceâtre et indéfinissable. Une magnifique et sanglante histoire d'amour et d'amitié entre deux êtres désespérément seuls et différents.


Mon avis :

Tout à commencer en lisant un article du magazine Mad Movies. Et oui, je suis une adepte de ce genre ! Vous ne vous en doutiez pas ? Mais si. le chroniqueur y faisait l'éloge d'un film de vampires d'un nouveau genre : MORSE de Tomas Alfredson ( réalisateur suédois).
Tomas Alfredson nous offre un film inédit, tourné à la façon d'un conte initiatique où tout cliché sur le vampirisme est balayé. Dans un décor glacial, la chaleur des sentiments qui unissent les deux enfants est troublante et fantastique. Bref, j'ai adoré ce film.
Donc c'est tout naturellement que j'ai souhaité me procurer le roman qui en était à l'origine : Laisse-moi entrer du suédois John Ajvide Lindqvist.
Ayant aimé le film, je ne pouvais pas être déçue par le livre. La seule appréhension était d'avoir un sentiment de répétition. Mais non, car tant de choses qui apparaissent dans le roman ne sont pas dans le film. Dans le livre nous apprenons l'histoire de Eli, pourquoi et quand est-il ou elle devenu cette chose, sa relation ambigu avec l'homme âgé qui l'accompagne et qui pourvoit à sa nourriture. Car à la différence du film qui est surtout basé sur le point de vue d' Oskar, le roman nous permet d'avoir un regard sur les différents personnages. Lindqvist traite le sujet plus en profondeur que dans Morse car malheureusement la réalisation d'un film ( le visuel ) a ses limites.
J'ai aimé ce jeu des oppositions : féminin/masculin, beau/pourri, bien/mal, innocence /monstruosité. Les camarades d'école d'Oskar sont des enfants qui incarnent l'innocence mais sont cruels avec lui alors qu' Eli qui incarne le mal, le pourri comprend et respecte Oskar.
Bien entendu, malgré le côté poétique de l'histoire, il ne faut pas oublier qu'avant tout ce roman et ce film se rangent dans la catégorie “Epouvante/horreur, et ont leur lot d' hémoglobine. En quantité très raisonnable, rassurez-vous.

Si vous êtes amateur du genre, n'hésitez pas à vous laisser conter l'histoire d'Eli et Oskar, et si vous êtes novice, n'ayez pas de crainte, ici les vampires ne sont pas des monstres.

Oskar aime Eli, Eli aime le sang...

Lien : http://ecritureetpoesie.cana..
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Je ne suis généralement pas fanatique des histoires de vampires... et je n'aurais sans doute même pas essayé de lire celle-ci si j'avais jeté un oeil sur le 4e de couverture avant de lire le premier chapitre. J'aurais eu tort, cette lecture m'a transporté ! L'auteur installe sa thématique, doucement, par petites touches et sans aucun manichéisme : cela commence comme un thriller, mais là où on attend un tueur en série faisant irruption dans la vie d'un adolescent harcelé par ses camarades arrive une fillette-vampire, oscillant entre sa nature d'enfant et sa nature de monstre, entre l'amitié et le meurtre. Les personnages secondaires sont tout aussi convaincants : l'adolescent en révolte contre le nouvel ami de sa mère, le professeur de sport, les alcooliques... Une véritable épaisseur psychologique au service d'un suspense bien mené (à moins que ce ne soit le contraire ?), à lire sans modération.
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Dès le début du roman, John Ajvide Lindqvist plonge le lecteur dans une ambiance très sombre, limite glauque en nous narrant les aventures d'un petit garçon qui vit dans un quartier qui ne semble pas très bien fréquenté. Il est question de maltraitance, de violence, de drogue, de meurtre. Les personnages sont des alcooliques, des pervers, des meurtriers, des voyous. Et la plupart du temps, l'action se déroule de nuit.

En plus du décor mis en place par l'auteur, c'est aussi son style qui contribue fortement à développer cette atmosphère particulière. John Ajvide Lindqvist maîtrise parfaitement ses descriptions, ni trop longues, ni trop courtes, mais suffisamment détaillées pour qu'on puisse se représenter les lieux et les personnages. le style est précis, très agréable à lire, avec des phrases courtes, dépourvus d'effets stylistiques, parallèlement à la sobriété des lieux du roman.

Malheureusement, bien que tous ces éléments contribuent fortement à l'atmosphère générale de l'ouvrage, 600 pages, c'est un peu long. Il arrive un moment où on se demande où l'auteur veut en venir. Il y a beaucoup de personnages secondaires sur lesquels le lecteur apprend beaucoup de choses, sans que ce lui soit forcément très utile. On a aussi envie de secouer Oskar car il est un peu lent à réaliser la véritable nature d'Eli.
Les débuts sont un peu laborieux et puis finalement, le dernier quart révèle tous les éléments qui manquaient à notre compréhension.

Eli est un monstre. Elle tue des gens pour se nourrir. Mais parallèlement, c'est un enfant en souffrance, terriblement seule, avec pour seule compagnie un détraqué sexuel. Au fur et à mesure du roman, on en découvre un peu plus sur la jeune fille, sur son passé, sur ses douleurs, bien qu'elle multiplie les cadavres. Les sentiments que suscitent ce personnages sont très contradictoires. Ce qu'elle fait est horrible, inhumain, pourtant, on ne peut s'empêcher d'éprouver de la compassion pour elle.

C'est un peu le même genre de ressenti pour Oskar, mais dans l'autre sens. le petit garçon est persécuté à l'école, assez violemment, et vit dans une famille qui bien qu'aimante, ne semble pas toujours à l'écoute de ses problèmes. C'est un enfant très attachant, qui suscite beaucoup d 'empathie, pourtant, il a des passe-temps plutôt surprenants et est sans doute un tueur en série en puissance.
John Ajvide Lindqvist parvient à rendre attachants des personnages plutôt horribles et à susciter de la pitié de la part du lecteur pour ses enfants en souffrance.

Finalement, le sujet central de ce livre est la relation qui va se développer entre les deux enfants. Eli sait qu'elle ne peut pas avoir d'ami, Oskar sent bien que sa nouvelle amie n'est pas comme les autres, mais pourtant, un lien indescriptible va se développer entre eux. Au milieu de la violence, de la souffrance, de la solitude, ces deux enfants vont se trouver et le lecteur est spectateur de ce lien. Parallèlement à Oskar, on ressent de la curiosité, du dégoût, de la haine, puis de l'amour pour Eli. On comprend ce qui va amener le petit garçon a se rapprocher de cette créature au détriment de sa famille et c'est la grande force de roman véritablement passionnant.
Lien : http://biblio-steph.over-blo..
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Il est de ces romans où le personnage principal n'est pas un personnage, mais quelque chose. Dans le cas de « Laisse-moi entrer », il s'agit à mon sens d'un sentiment : la solitude. La solitude ainsi que toutes ses causes et conséquences, aussi variées qu'il y aura de personnage à traiter et de lecteur à vivre l'histoire.

« Comment procède-t-on, en fait ? Pour que quelqu'un vous apprécie ? »

Chez les adultes, causes et conséquences se mêlent aux épreuves de la vie teintés du caractère personnel, dans un sens ou dans l'autre, la solitude brille. Que ce soit le poids sur les épaules des mères célibataires qui essayent tant bien que mal de comprendre ce qui se passe dans la tête de leur enfant et de vivre ; la désillusion de l'alcoolique quant à la fiabilité de ses amis et vis-à-vis de sa propre situation ; la violence du beau-père qui tente de se contrôler à travers l'exercice de ses fonctions et sa foi ou la perte d'esprit du pédophile qui commet des horreurs au nom de l'amour. Tous ces traits de caractère sont bien développés et apportent une épaisseur bienvenue au récit.

Une épaisseur, un background par-dessus lequel brille l'essence même du récit : la solitude de l'enfance. Oui, ce sont les épreuves de l'enfance qui font l'or de ce roman. Deux d'entre eux tiennent les premiers rôles : Oskar et Eli. le premier, harcelé et violenté à l'école qui trouve refuge dans un imaginaire fantasmé à partir des coupures de presse relatant les faits d'armes de tueurs en séries. La/le deuxième a 200 fois 12 ans, ni enfant, ni adulte, ni garçon, ni fille, ni vivant, ni mort : seul(e) par définition. Et bien sûr, n'oublions pas les enfants-seconds-rôles dont les ''motivations'' sont aussi détaillées.

Toutes ces solitudes chantent, se complètent et forment un morceau d'une beauté déchirante. Je ne vois pas comme il est possible de rester indifférent en passant au travers de ces histoires. Horreur, soulagement, tristesse, colère, exaspération, émotion, voilà quelques exemples qui m'ont teinté en voyant tout ce petit monde essayer de se débattre face à cette solitude mortifère... pour mieux la renforcer ! La violence qu'ils affrontent est multiple et présente à tellement de niveaux que celle ''naturelle'' du vampire en devient presque acceptable. C'est un joli tour de force de l'auteur que de présenter une histoire de vampire en rendant sa créature presque annexe tout en la laissant dans la lumière des projecteurs.

« Je... me nourris de sang. Mais je ne suis pas... ça. »

Nous sommes en effet ici sur quelque chose de connu et pourtant radicalement différent. Nous sommes là sur un excellent livre.
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