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Citations sur Anthologie (21)

LA NUIT


La lune, à peine vivante, est dans le ciel
Dans les menus nuages qui ruissellent.
Au palais, la morose sentinelle
Lorgne là-haut l'horloge avec rage.

La femme infidèle rentre à la maison,
Et son visage est pensif et sévère ;
La femme fidèle, que le sommeil enserre,
Brûle d'une angoisse sans raison.

Mais peu m'importe, à moi. Il y a sept jours
J'ai dit adieu au monde dans un soupir.
Mais j'étouffe — me voici de retour,
Revoir les étoiles et toucher la lyre.
          Automne 1918 (Moscou)

p.89

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LE RÊVE


Je savais , j'étais dans ton rêve
Et je n'ai pu m'endormir.
Une lueur bleue et terne
M'indiquait le chemin à suivre.

Tu voyais le parc royal,
Le blanc palais orné d'or,
Le contour des grilles noires,
Les marches de pierre sonores…

Tu allais cherchant ton chemin,
tu pensais :« vite ! que c'est lent !
La trouver avant le matin,
Ne pas m'éveiller avant ! »

Le gardien au portail béant
Te héla : « Où allez-vous ? »
La glace cédait en craquant,
L'eau noire était en-dessous.

« C'est un lac, c'est un lac » pensais-tu,
« Il y a une île plus loin… »
Et soudain une lueur têtue
A surgi sur ton chemin.

Dans le petit jour dur et froid
Tu as gémi en t'éveillant.
Et pour la première fois
Tu as dit mon nom à haute voix.

Mars 1915 (Tsarskoïe Selo).
p.63-65
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LA MORT DU POÈTE


Hier se tut la voix sans pareille,
Il nous quitta, l'interlocuteur des bois.
Se mua-t-il en un épi vermeil,
En cette bruine qu'avait chanté sa voix ?
Toutes les fleurs qui fleurissent sur cette
Terre, au-devant de ce mort s'avancèrent.
Et le silence règne sur la planète
Que nous nommons du nom modeste : Terre.

1960.
(Pour B. Pasternak)

p.149
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C'est très clair, c'est évident,
Chacun le comprend sans peine —
Tu ne m'aimes pas du tout,
Tu ne m'aimeras jamais.
Pourquoi donc tendrais-je toute
Vers un être indifférent,
Pourquoi ferais-je des prières
Chaque soir pour ton salut ?
Pourquoi ai-je abandonné
Mon ami et notre enfant,
Et la ville que tant j'aime,
Et mon cher pays natal
Pour errer, mendiante noire,
Dans une capitale froide ?
— Avec quelle joie je pense
Que je te verrai bientôt !
                  Été 1917.

p.81
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À l'instant où meurt un homme,
Ses portraits se métamorphosent.
Les yeux regardent autrement, les lèvres
Sourient d'un autre sourire.
Je l'ai remarqué au retour
De l'enterrement d'un poète.
Et depuis, je l'ai vérifié souvent,
Et mon intuition est confirmée.

1940.

p.117
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LE COURAGE


Nous savons ce qui est ici en balance,
Ce qui s'accomplit à présent.
L'horloge nous sonne l'heure de la vaillance,
Il nous faudra être vaillants.
Il ne faut pas craindre la mort sous les balles,
Tant pis si notre maison brûle,
Nous te garderons, notre langue natale,
Notre grande parole russe.
Nous te sauvegarderons libre, sans tache,
Pour nos petits-fils, sauvée de l'esclavage,
Pour toujours !

Le 23 février 1942

p.125
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