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EAN : 9782913886650
Harpo & (14/01/2009)
4.14/5   11 notes
Résumé :
Il y a poésie quand auteur et lecteur ont ensemble besoin l'un de l'autre et quand, la lecture finie, ils se séparent sans se quitter. Le poème sans héros (1940-1965) est l'œuvre majeure d'Anna Akhmatova. Mise en scène d'un siècle chaotique : la Russie du XXe siècle. La culture dans l'orage de l'Histoire. Il ne s'achève que nous n'ayons lié poésie et vie.
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
PFFFFF !…
(Pendant un long moment, j'ai pensé que je n'allais écrire que ce pfffff !… tellement cela résume bien ce que je pense et ce que j'ai à dire de cet écrit.)
Oui, c'est vrai Anna Akhmatova a vécu une période horrible : la guerre, le communisme de Staline et sa répression de plomb, les morts, les déportations, les tortures, les proches — dont son fils — qu'on voit tomber emportés par la folie d'une époque…

C'est vrai tout ça. C'est vrai aussi que la férule communiste, la répression d'État, le contrôle politique et la censure étant à leur maximum, il était à peu près impossible d'écrire quoi que ce soit signifiant moindrement une opposition au régime et à sa politique. Tout cela est vrai et bien connu, et on ne peut que le déplorer pour tous ceux qui ont connu cela et qui le connaissent encore dans toutes les bonnes petites dictatures de par le monde, Corée du Nord, Biélorussie, Kazakhstan et bien d'autres encore…

Mais passé ce constat, reste quand même le pfffff !… car quand un écrit vous semble pénible à lire, quasi impossible à comprendre sans une exégèse adaptée dans bon nombre de ses (éventuelles) significations, d'un intérêt somme toute limité, d'une beauté littéraire et poétique discutable et d'un potentiel politique proche du néant, il peut y avoir quelques questions à se poser.

En soi, écrire de la poésie pour dénoncer la guerre ou la tyrannie m'a toujours semblé absurde et vain. C'est un peu comme si d'un air décidé et revendicatif je prenais la décision courageuse de tisser de la dentelle pour signifier de manière claire, convaincante et faisant poids ma dissidence à un conflit.

Mais qu'est-ce qu'ils en auraient à foutre de ma dentelle ! Comme ils me la renverraient à la gueule ma dentelle, avec, en prime, un petit éclat de mortier à l'intérieur et une bastos pour le même prix, histoire de la rendre plus consistante.

Je devrais peut-être essayer avec Daesh, on ne sait jamais ? « Tenez les terroristes égorgeurs et coupeurs de têtes, je vais vous écrire un p'tit poème pour vous stipuler que je ne suis pas d'accord avec votre barbarie. Je la condamne vigoureusement et ce poème en atteste ! »

Ou pour notre brave petit Netanyahou : « Bon écoutez Tsahal, voici un sonnet pour vous afin que vous preniez conscience que les bombes au phosphore, ça fait pas de la besogne jolie, jolie sur les Palestiniens. »

« Tenez les tortionnaires du monde entier, voilà encore un beau quatrain rien que pour vous car, sans langue de bois aucune, je vous trouve méchants, méchants. Ouhou ! Sales bêtes ! Vade retro ! »

Franchement, de vous à moi, c'est débile, non ? Je comprends pleinement la démarche d'un Tynianov dans le Lieutenant Kijé, d'un Boulgakov dans le Maître Et Marguerite, d'un Soljenitsyne dans L'Archipel du Goulag ou d'un Zamiatine dans Nous autres.

Mais, très sincèrement, malgré tout le respect que je vous porte, très chère Anna Akhmatova, écrire ce Poème Sans Héros, un texte aussi clair que du jus de boudin auprès duquel les messages codés de Radio Londres feraient presque office de limpidité, un texte d'une poésie que malgré tous mes efforts, je n'ai pas réussi à débusquer, là, je reste coite, un brin songeuse et au degré zéro de l'émotion, moi qui aime pourtant tellement l'émotion contenue dans ces quelques grammes de phrases, dans ces portions de mots, de sons, de chansons qu'on appelle ordinairement poésie.

Alors, oui, c'est vrai, à de rares et brefs instants, il m'est arrivé de trouver une triade de vers plaisants, mais si déconnectés du reste, tombant tellement comme un cheveu sur la soupe qu'ils ne suffirent absolument pas à étancher ma soif.

Je ne pense pas qu'il soit besoin d'en dire beaucoup plus, vous aurez compris mon point de vue, qui est qu'un écrit de type témoignage aurait probablement eu beaucoup plus de portée (Anne Frank ou Primo Levi ont fait ça admirablement), mais un point de vue qui, je le répète une énième fois, n'est que mon point de vue, c'est-à-dire, bien peu de chose, mais un peu de chose assez éloigné de tout ce que j'avais pu lire au préalable sur cette poétique incomparable.

P. S. : Ce n'est pas tout à fait un hasard si je rédige cette critique aujourd'hui, 8 mai 2015, soixante-dixième anniversaire d'un armistice majeur qui a mis fin à un certain nombre de barbaries, lesquelles barbaries avaient eu le temps de moissonner beaucoup trop de poètes anonymes, pas des héros, juste des hommes, qui n'avaient rien demandé et qui sont morts pour rien, juste parce que quelques-uns, en haut lieu, en avait décidé ainsi.
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C'est un mot qui a triomphé de la mort, un nom, celui que Anna Andreïevna Gorenko a choisi: Akhmatova,
animatrice du cabaret assiégé par l'histoire, où Hamlet danse avec Tamara sur une Chaconne de Bach, sous le regard du Greco,
et où il n'y a que des poivrots et des putains;
et des femmes qui attendent inlassablement devant les murs d'une seule porte,
et des hommes qui passent dans la mémoire du châle qui couvre de ses dentelles la sensualité de cette tartare.
Au pays ou frissonnait le bagnard d'Omsk,
elle a tout compris et fait une croix sur
les illusions de la subtilité
et la séduction de l‘artifice, ainsi,
le mot qui n'est pas à moi soudain se montre,
il donne aux poèmes ensoleillés la formidable et terrible force de la parole prophétique du poète,
des mots qui ne pouvaient pas être dits,
les mots que je n'aurai pas dit
qui prendra soin de les faire sonner?
au risque de les égarer dans les mémoires qu'il faut détruire;
des mots sans fin, ceux qui tuent la mort.
Elle n'est pas morte, Anna aux yeux gris, amie des lecteurs inconnus.

Nous boirons jusqu'à l'ivresse une amère douleur en écoutant Dimitri Chostakovitch,
quelque part au milieu des assaillis.



Tous les vers - enfin, beaucoup - m'accompagnent; ici, sont présents des vers de:
Poème sans héros, À Tsarskoïe Sielo, Nous sommes tous des poivrots et des putes, The evening sky is gold and vast. Les élégies du Nord, Par le chemin de toute la terre, Les secrets du métier, J'ai l'imagination docile, le lecteur, le dernier poème


Je lis Anna Akhmatova en anglais Complete Poetry (Zephyr Press, tr. Judith Hemschemeyer )
et en français Requiem… (Poésie Gallimard, Tr. Jean-Louis Backés)

© Mermed
Lien : http://holophernes.over-blog..
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Celui qui n'a que peu de temps à vivre,
Qui ne demande à Dieu rien que la mort
Et qu'on oubliera pour toujours,
Fait les cent pas — il est plus de minuit —
Sous la fenêtre ; un réverbère impitoyable
Jette sur lui de pâles lueurs.
Voici venir — il l'attendait — rentrant chez elle,
Prenant dans l'autre sens le " Chemin de Damas ",
La belle masquée… Elle n'est pas seule !
Son compagnon n'a " ni nom, ni visage "…
Leurs adieux sont sans équivoque.

Première partie, Chapitre quatrième.
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Enfant, déjà j'avais peur des masques.
Il me semblait toujours (et j'ignore pourquoi)
Que je ne sais quelle ombre indésirable
« Sans visage et sans nom », au milieu d'eux
S'était glissée...
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Est-ce un masque, un crâne, un visage ?
Cette méchanceté de la souffrance
Seul Goya aurait su la peindre.
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J'ai oublié vos homélies,
Puissants rhéteurs et faux prophètes,
Mais vous, vous ne m'oubliez pas.
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La conscience.
A-t-elle un sens ? Existe-t-elle ?

Deuxième partie, strophe 7.
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