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Jean-Louis Backès (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070337224
384 pages
Gallimard (25/01/2007)
4.29/5   170 notes
Résumé :
Anna Akhmatova publie son premier recueil en 1912 et s’impose très tôt comme une virtuose de la petite forme lyrique. Classée comme « acméiste » ou « intimiste », elle est plus authentiquement quelqu’un qui cultive un style simple, rigoureux, d’un classicisme qui l’apparente à Pouchkine, même si chez elle toute idée d’imitation est exclue. Après la révolution d’Octobre, elle refuse d’émigrer, quoique suspecte aux autorités nouvelles qui vont, peu à peu, l’interdire ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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Dans une langue cristalline, Anna Akhmatova nous parle de la Mort aveugle omniprésente dans une société où les dirigeants ont perdu leur humanité.
Cette plume magnifique et limpide transperce le lecteur comme le ferait la glace. de ces mots simples s'échappent la détresse et la douleur qui étreignent tant qu'elles étouffent, mais aussi l'effondrement et l'incompréhension de vivre dans un système absurde qui fauche les êtres aimés dans le seul but d'étendre les ténèbres, sous le regard impassible des étoiles... Et malgré tout, la Néva, comme le sang, continue de couler....

Finalement, l'amour de ces innocents emprisonnés, torturés ou morts et le courage face à l'adversité et la volonté de résistance : c'est ce qu'il reste d'humain dans ce monde étrange.

Magnifique et bouleversant recueil dont les vers décrivent le régime totalitaire des années 1930 , années les plus "dures" du communisme russe.
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Ce recueil bilingue de la grande poétesse russe Anna Akhmatova est exceptionnel. Anna Akhmatova était pour moi une inconnue avant que le bookcrossing du festival raccord(s) me donne à lire Requiem. La traductrice Sophie Benech qui est également l'auteure des gravures contenues dans ce livre nous éclaire sur son oeuvre littéraire, ses voyages en Europe où elle se lie notamment d'amitié avec Modigliani. Un succès littéraire et une vie personnelle comblée que le régime répréssif de la fin des années 1930 va mener au dénuement et à la solitude.
C'est à cette période que naît Requiem (vers 1937-1938) en toute clandestinité dans son propre pays. Anna Akhmatova y fait entendre sa douleur de mère pour son fils, Lev plusieurs fois arrêté :
"Voilà. le mot, pierre, est tombé
Sur mon sein encore vivant."
mais aussi la souffrance de toutes les autres victimes, la peur mais aussi l'espoir de tout un peuple.

Ces mots sobres sont d'autant plus vrais et poignants qu'ils re(vivent) de l'incandescence de la mémoire malgré le silence et la terreur : les mots écrits par Anna Akhmatova sont appris par coeur par leurs lecteurs avant qu'il ne soient brûlés. Et nous reviennent par ce recueil publié dans son intégralité en hommage au courage et au talent de cette grande poétesse.

Je remercie Liblfy et le bookcrossing festival raccord(s).
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Requiem: un recueil de poèmes russes absolument extraordinaires.
Ecrit par Anna Akhmatova vers 1930 en URSS à l'époque où les intellectuels étaient soit tués, déportés, emprisonnés.
Ces poèmes ne sont arrivés jusqu'à nous, non parce qu'elle les a écrit sur papier , elle ne le pouvait pas, mais parce que des amis sûrs les ont mémorisés.
Bouleversant. Une voix pour un peuple qui n'a pas la parole.
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Chef-d'oeuvre?
Monument?
Classique contemporain?
Sans doute un peu de tout cela.
Et en même temps ces qualificatifs sont impropres
Car avant tout la poésie d'Anna Akhmatova parle directement au coeur, avec sobriété, avec grandeur,avec simplicité, avec vérité.
Et pourtant, l'auteure n'a presque jamais pu écrire et surtout publier comme elle l'aurait souhaité. Elle a vécu les pires heures de la terreur bolchévique puis stalinienne.
Elle a été interdite de publication, son fils, Lev Goumilev, a été arrêté et a passé dix-huit ans dans les camps.
Certains de ses poèmes ont été mis par écrit des dizaines d'années après leur composition. Auparavant, ils étaient conservés dans sa mémoire et dans celle de quelques amis sûrs.
Ces conditions étaient aussi peu propices que possible à l'élaboration progressive et organique d'une oeuvre. Beaucoup de ses recueils projetés ne virent jamais le jour et leur composition varia en fonction des circonstances ou des autorisations.
Alors chef-d'oeuvre oui, mais aux parties disparates.
Monument dont les pierres sont disjointes et dont plusieurs manquent.
Mais un classique certainement, par l'unité de ton, et dans la forme, qui vise à la limpidité, dans l'érudition qui intègre ses vers aux courants de la littérature russe et mondiale. Les références et les épigrammes sont nombreuses et invitent à aller voir plus loin: Mandelstam, Blok, Annenski, Lozinski, Tsvetaieva, et les autres.
Sa poésie est debout, droite, indépendante.
Malgré les ruses avec l'imbécillité criminelle, elle dit clairement et à voix haute ce qu'elle a à dire.
Et elle parle pour toutes celles et tous ceux qui ont été brisés, engloutis, mais sans emphase. Pas de militantisme, mais une réponse aux visites de la Muse.
Anna est restée en Russie, quand tant d'autres ont émigré. Elle a voulu partager le destin du peuple russe, et de sa ville Léningrad, Saint-Pétersbourg ou comme on voudra appeler la ville de Pierre le Grand.
Alors chaque vers est évocateur, depuis les émois amoureux de la jeunesse, jusqu'aux derniers poèmes peuplés de fantômes.
Et l'on ne peut qu'admirer et remercier Jean-Louis Backès, le traducteur, de nous avoir offert la possibilité de cette rencontre rare et par ses notes et son introduction de nous en avoir livré quelques clés.
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Hymne à Saint Petersbourg, à la Russie, à l'Amour.
Anna Akhmatova nous parle de son impossibilité de vivre son individualité, d'écrire, d'aimer, sous le joug communiste de Lénine et Staline. Elle nous parle aussi de la guerre, des bombes sur Léningrad, des morts laissés en chemin, de ses amours impossibles…
Une poésie politique et dénonciatrice mais qui sait aussi invoquer la nature comme consolatrice des violences humaines.
A découvrir.
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Citations et extraits (99) Voir plus Ajouter une citation
Demande aux femmes de mon temps,
Bagnardes, " cent-cinq ", prisonnières,
Et nous te raconterons tout :
Que la peur nous abrutissait,
Que nous élevions des enfants,
Pour la prison, la torture et la mort.

Pinçant nos lèvres bleuies,
Hécubes devenues folles,
Cassandres de Tchoukhloma
Portant des couronnes de honte,
Nous serons un chœur de silence :
" Au-delà de l'enfer, il y a nous. "

POÈME SANS HÉROS, deuxième partie (strophes 24 & 25).
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Jardin d’été



Je veux aller dans ce jardin,
                          dans cette roseraie nonpareille,
Où l’on voit des clôtures la plus belle,

Où les statues gardent mémoire
                          de la jeune fille que j’étais
Et moi, je les revois sous l’eau de la Néva.

Dans ce lieu caché, plein d’odeurs,
                          sous les tilleuls princiers,
Je crois entendre craquer
                          les mâts des vaisseaux.

Comme autrefois, le cygne
                          traverse les siècles,
En extase devant la beauté de son double.

Par centaines de milliers, des pas
Dorment d’un sommeil de mort,
                          pas d’ennemis et d’amis,
Pas d’amis et d’ennemis.

Finira-t-il jamais, le cortège des ombres
Qui va du vase de granit
                          jusqu’à la porte du palais ?

Mes nuits blanches là-bas
                          se parlent, dans un murmure,
De quelqu’un qui savait aimer
                          secrètement, superbement.

Partout on voit briller la perle et le jaspe,
Mais un mystère dérobe
                          la source de la lumière.

                                                    1959, Eté


/ Traduit du russe par Jean-Louis Backès
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DEUX CHANSONS - LA SECONDE

Cette merveille de notre rencontre,
Etait lumière et chanson.
Je ne voulais plus
Aller nulle part.
C'était une amère douceur
Qu'un bonheur au lieu d'un devoir,
Je devais ne pas lui parler,
Et j'ai parlé longtemps.
Que les passions étouffent les amants,
Qu'elles exigent des réponses !
Nous n'étions plus, mon ami, que des âmes
Sur le bord du monde.

1956
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LA PORTE EST ENTROUVERTE

La porte est entrouverte.
Les tilleuls frémissent…
Oubliés sur la table :
Une cravache, un gant.

La lampe fait un cercle de clarté.
Il y a des bruits que j’entends.
Pourquoi es-tu parti?
Je ne comprends pas.

Demain matin la lumière
Sera pleine de joie.
Cette vie est brève.
Sois sage, mon coeur.

Tu es à bout de force,
Tu bats plus sourdement.
Tu sais, je l’ai lu quelque part:
Les âmes sont immortelles.
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Nous ne boirons pas dans le même verre
Ni l’eau ni le vin doux,
Nous ne nous embrasserons pas à l’aube,
Et le soir nous ne regarderons pas à la fenêtre.
Tu respires par le soleil, moi par la lune,
Mais nous vivons par le même amour.

Avec moi j’ai toujours mon fidèle et tendre ami,
Et toi ta joyeuse compagne,
Mais je comprends l’effroi de tes yeux gris,
Car c’est toi l’auteur de mon mal.
Que nos brèves rencontres restent rares.
Notre paix nous est ainsi gardée.

Dans mes vers, seule ta voix chante,
Dans tes vers souffle mon haleine.
Oh, c’est un feu de bois que n’ose
Toucher ni l’oubli ni la peur…
Et si tu savais comme j’aime en cet instant
Tes lèvres sèches couleur de rose !
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Vidéo de Anna Akhmatova
Rencontre autour des poétesses avec Diglee pour Je serai le feu : "une anthologie sensible et subjective, dans laquelle Diglee réunit cinquante poétesses et propose pour chacune d'entre elles, un portrait, une biographie, et une sélection de ses poèmes préférés" qui paraît le 8 octobre aux éditions La ville brûle.  On a parlé de désir, d'écriture, de Joumana Haddad, Audre Lorde, Natalie Clifford Barney, Ingeborg Bachmann, Joyce Mansour, Anna Akhmatova...
Les livres de cette anthologie sont réunis dans une sélection spéciale poétesses sur notre site Librest (https://www.librest.com/livres/selection-thematique-poetesses,1303.html?ctx=81551c627cc90eb2e85d6f7d5f4bcdfb) : https://www.librest.com/livres/selection-thematiq ue-poetesses,1303.html?ctx=81551c627cc90eb2e85d6f7d5f4bcdfb
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