AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9791091998420
266 pages
Les éditions Moires (18/02/2019)
4.25/5   4 notes
Résumé :
Célia est thanasiste. Elle aide les créatures surnaturelles à mourir ou à résoudre leurs tracas quotidiens. De fil en aiguille, elle va découvrir qu’une famille mafieuse est la source de tous leurs maux et va se retrouver confrontée à son tour au puissant Empire Grenat. Féérie pour de vrai est le récit d’une époque, la nôtre. Drôle, insensé, viscéral, il évoque la société française des années 2000 et dépeint par le biais du fantastique les turbulences de plusieurs ... >Voir plus
Que lire après Féérie pour de vraiVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Dès qu'on entre dans le livre de Coralie Akiyama, on ne le quitte plus. Ce roman joue sur la veine fantastique pour nous séduire, mais à y regarder de plus près, il est avant tout un impitoyable réquisitoire contre notre société.

Dans le premier tiers du livre, on ne sait pas trop si l'héroïne est atteinte de troubles psychiatriques, comme ses parents le croient, ou si au contraire elle a accès à un autre monde, peuplé de créatures étranges. En tout cas, elle entend des voix et parle avec des êtres surnaturels en souffrance, qu'elle tente d'aider en bonne thérapeute qu'elle est. Mais est-ce elle qui perd la raison ou ces êtres surnaturels existent-ils vraiment ?

A ce stade déjà cette ambiguïté enchante le lecteur, car les « visions » de l'héroïne peuvent se comprendre comme une métaphore de l'art en général et de la littérature en particulier. le propre de tout artiste n'est-il pas d'avoir accès à un monde différent, issu de son imaginaire ? Un monde que le commun des mortels ne comprend pas toujours. L'albatros de Baudelaire n'est pas loin.

Pourtant, en poursuivant notre lecture, on doit se rendre à l'évidence : les êtres surnaturels qui viennent demander secours à l'héroïne existent bel et bien. Mais alors que dans les romans fantastiques classiques ces êtres sont doués de pouvoir fabuleux et surnaturels, ici ils sont plutôt malades et en souffrance. Un peu comme nous, finalement, victimes de notre société de consommation déshumanisée.

Et c'est là que le roman devient vraiment intéressant, car derrière une histoire drôle et un peu insensée, il nous fait réfléchir sur nous -mêmes et sur le monde cruel dans lequel nous vivons. En effet, petit à petit, on se rend compte que si les êtres surnaturels sont malheureux et déstabilisés, c'est qu'ils sont sous le contrôle d'une famille puissante qui a pris insensiblement mais sûrement possession du monde. Ca ne vous fait penser à rien ? Cette prise du pouvoir par quelques privilégiés surpuissants renvoie manifestement à la mondialisation que nous connaissons et au pouvoir démesuré que quelques milliardaires ont pu prendre à nos dépens. S'arrangeant pour contrôler tous les rouages, ne nous ont-ils pas transformés en robots obéissant à leurs ordres ?

Ces robots, on les découvre dans le livre, car ils sont de plus en plus nombreux à remplacer les humains, avec lesquels on les confond. Il faut donc exiger un certificat pour prouver qu'on est bien humain, ce qui nous fait irrémédiablement penser au pass sanitaire qui vient d'être imposé dans la crise du Covid. Et pourtant ce roman est sorti en février 2019, soit avant que la planète n'apprenne l'existence du virus, ce qui signifie que la romancière a eu là un véritable don de voyance.

A travers les dialogues des personnages, c'est toute la société française que l'on découvre. L'assurance du père, qui a une opinion tranchée sur tout, la soumission de son épouse, qui a renoncé depuis longtemps à lui tenir tête, la disparition de la fille aînée, qui a préféré couper les ponts avec sa famille bourgeoise et ses lieux communs. Enfin il y a Célia, l'héroïne, en marge du monde, la plus humaine et la plus sensible, la plus étrange aussi aux yeux des siens, et qui ne parviendra pas à inverser le cours des choses, car c'est bien connu, le monde appartient à quelques puissants qui dirigent nos destinées à notre insu.

« Féérie pour de vrai » (ce titre un peu énigmatique prend tout son sens une fois qu'on a refermé le livre) se présente donc comme un miroir implacable de notre société contemporaine et c'est finalement notre propre image qu'il nous renvoie, une image inquiétante et troublante. Mais si le thème est sérieux, l'histoire se lit facilement, car le style, ample et classique, nous entraîne dans un tourbillon ininterrompu qui tient le lecteur en haleine jusqu'au bout.



Lien : https://www.facebook.com/jf...
Commenter  J’apprécie          10
Ce roman a 2 facettes étonnantes. Avec l'une , je me suis bien amusée : la caricature faite de cette famille est un délice ! Chaque personnage, dépeint avec beaucoup d'humour, est savoureux !!
J'avoue avoir eu plus de mal avec le monde des créatures surnaturelles : mon côté conventionnel .
Bonne surprise néanmoins.
Commenter  J’apprécie          20

Recit poetique et fascinant ou l'on retient son souffle a chaque page.
Le fantastique et le reel tres bien enchevetres nous permet un encrage dans notre realite au quotidien. le tout avec un zest d'humour savement dose. Bravo pour ce premier chef d'oeuvre !!
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
-Le téléphone se fait vieux, il faudrait le changer, dit-elle soudain.
-Qu’est-ce que tu lui reproches ? Il marche très bien !
-Justement...la sonnerie est trop forte, elle me stresse.
Je préfèrerais une sonnerie plus douce, ils font de belles mélodies maintenant...
-On n’entend plus rien avec leurs nouvelles sonneries ! Et si mon frère ou mes parents appellent, comment on va les entendre ?
De toute façon, avec tous ces problèmes, ce n’est pas une musique douce qui va nous détendre.
Commenter  J’apprécie          20
-Il aurait mieux valu que je sois boulanger. Ou bien plombier.Ou garagiste, tiens, il s’en tire à bon compte celui-là avec ses contrôles techniques ! Non vraiment, ça ne vaut pas le coup de faire des études. Il faut le dire aux enfants, que ça ne sert à rien. Dix ans d’études pour dire à une vieille qu’il faut boire plus d’eau, ça vaut pas le coup ! Toute la journée c’est ça, des urgences qui n’en sont pas!
Commenter  J’apprécie          20
-Rien que ce nom « euro »... C’est pénible à prononcer.
Deux syllabes, c’est trop long.
« Euros » c’est laborieux. Le pire c’est qu’ils ont dû se concerter longtemps, là-bas pour trouver ça !
« Franc » ça sonnait mieux. « Un franc ». C’est plus facile à prononcer. C’est plus joli, c’est plus net.
« Un franc, deux francs, six francs » !
Commenter  J’apprécie          20
Les Ladieux étaient médecins de génération en génération. Être spécialiste était de bon ton, généraliste un manque d’ambition, quant aux autres métiers_dentiste, kiné, psychologue dans l’ordre de déchéance_les exercer eût été une hérésie.
Commenter  J’apprécie          20
-C’est une fille bien, commença Antoinette
-Une fille très bien, renchérit Antoine.
-Elle est d’origine iranienne.
-Mais son grand-père est un grand chirurgien à Paris.
Commenter  J’apprécie          20

autres livres classés : robotsVoir plus


Lecteurs (7) Voir plus



Quiz Voir plus

Ces objets dont le nom est un prénom.

Hachisch en VF.

Marie-Louise
Marie-Madeleine
Marie-Jeanne
Marie-Laure

20 questions
387 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur ce livre

{* *}