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Critique de svecs


Le cynisme ne suffit pas.
Sur le papier, Un monde nouveau d'Anne Akrich n'est pas inintéressant: dresser un portrait au vitriol de la génération Y et de la start up nation.
L'autrice compose un roman choral qui se compose de plusieurs nouvelles (pardon, des micro fictions) mettant en scène différents employés (pardon, collaborateurs) de la société (pardon, start up) #InFutureWeBelieve. le lien narratif est constitué par Pandore, responsable du bien-être au travail (pardon, happiness manager), qui s'entretient fréquemment avec ses collègues (pardon, collaborateurs... décidément) pour évaluer sur degré de bonheur, de 1 à 5 étoiles.
Un monde nouveau s'apparente à un bingo des sujets "société" de la presse branchouille.
La novlangue omniprésente ? check
Tinder ? check
Binge watching compulsif? check
#metoo et le contrat de consentement ? check
Les boot camps de méditation pour se recentrer ? check
Twitter-troll ? check
Le New age dans tous ses états ? check
Ghosting ? check
Une app pourtout résoudre ? check
Il ne manque pas un sujet.
Tout est abordé.
Juste effleuré.
Même les thème sous-jacents de la solitude ultra-connectée et de la quête du bonheur comme un artefact de consommation..
Avec beaucoup de cynisme.
Et rien d'autre.
Même la surprise finale tombe à plat.
Le résultat est un livre dont la vertu première est sa brièveté.
Il se lit vite.
On peut vite passer à autre chose.
Le principe est sans doute d'exposer les travers d'une génération atomisée, cette fameuse génération Y qui allait nous rendre tous obsolètes selon la presse branchouille il y a 5 ans. Cette même presse dresse désormais avec délectation un catalogue sans cesse augmenté des névroses de cette génération Y, non sans s'être déjà trouvé un nouveau jouet: les millenials, qui n'ont même pas eu droit à la période de grâce pour directement rejoindre la catégorie des névrosés irrécupérables, qui sont tellement accrocs aux shots à l'avocat (pardon, avocado) sans gluten qu'ils sont incapables financièrement de quitter cocon parental. On pourra toujours arguer que cette génération Y est un fantasme d'éditorialistes et de marketing, comme les baby boomers ou la bof génération. Mais il est tellement plus gratifiant de pouvoir classer le monde en cliques chacune persuadée de représenter le sommet des compétences culturelles et sociétales, celles qui ont précédés n'ayant jamais rien compris (vieux cons réac') et les suivantes ne comprenant plus rien (p'tits cons immatures). La fameuse génération X, qui allait prendre le pouvoir.
Cette exposition est tellement prévisible que tout le livre est attendu. On espère jusqu'au bout que l'autrice malmène un peu les lieux communs. ce n'est jamais le cas. Tout ce livre semble n'être qu'une plate illustration d'un "fait de société". Un incubateur de névroses. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si la start up #InFutureWeBelieve est elle-même un incubateur de start up. A trop voir ses personnages comme des moyens pour décliner un sujet, Anne Akrich a oublié que les personnages doivent être suffisamment pour qu'on s'intéresse un peu à eux et que ce qui leur arrive déclenche la moindre réaction chez le lecteur.
Son livre est désincarné, porté par des avatars sans substance. Il n'y a pas de regard. Juste une observation superficielle. Une caricature trop lourde.
Une idée de départ qui aurait pu déboucher sur un bon livre. Sans doute est-ce un livre de son époque, qui considère le cynisme comme un point de vue, alors qu'il n'est que le reflet d'une absence d'opinion dissimulée derrière un voile ricanant.
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