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Critique de Iansougourmer


Ce livre rassemble ici deux nouvelles publiée à titre posthume en 1927 de Ryunosuke Akutagawa. Ces deux nouvelles sont poignantes et m'ont beaucoup touché, elles racontent la progressive plongée de l'auteur dans la folie. Ces deux textes sont d'autant plus glaçantes qu'elles nous font plonger dans l'intimité d'un Akutagawa conscient de sa maladie mais qui ne peut rien faire pour lutter contre cette maladie qui peu à peu prend le dessus sur lui, gangrénant son esprit et minant ses forces.

La première nouvelle, Engrenages, est sans doute la plus belle des deux du point de vue stylistique, le style d'Akutagawa se fait sobre sans renier une certaine élégance classique, ce qui n'empêche pas l'auteur d'insérer des passages très poétiques. En outre l'auteur parvient à créer un sentiment de trouble et de malaise croissant chez le lecteur qui ressent une compassion douloureuse car teintée de tristesse pour le personnage qui semble démuni face à l'évolution de son état de santé. Cela est encore renforcé par le fait qu'Akutagawa s'est largement inspiré de sa propre existence pour développer son récit. En ce sens, Engrenages est sans doute la nouvelle qui par la beauté de son écriture et la présence de sentiments exacerbés est la plus édifiante des deux récits sur le processus qui a mené Akutagawa à sa folie et son suicide par l'inexorable contamination de son esprit par la folie. le lecteur ne peut qu'être touché devant ce spectacle si tragique de la perte par un homme de ce qui fait son humanité :sa faculté de raisonner.

La deuxième nouvelle, intitulée la vie d'un idiot est également très touchante car elle semble la plus explicite que l'auteur ait écrit concernant son cheminement vers la folie, cause de son suicide.Par le choix de transposer l'esprit des haïkus dans une version romanesque rend les passages intenses, par leur concision, l'auteur a voulu, comme il le dévoile au début décrire explicitement sa vie, qu'il nomme par dérision la vie d'un idiot. Si l'auteur a choisi de prendre une forme de distance, privilégiant le il au jeu, ce choix ne peut empêcher le lecteur de découvrir dans ce récit sans détours et à la sombre clarté l'épuisement d'un homme traqué par la propre défaillance de son esprit et qui arrive au bout de ses ressources physiques et mentales et que ne guette que la mort, envisagée finalement comme ultime délivrance.

Akatagawa livre ici son propre portrait, description du malheur d'une vie avec un courage teinté d'un désespoir certain qui ne pourra qu'émouvoir chaque lecteur de par la sincérité de cette démarche et le style véritablement superbe de l'auteur. Un magnifique et cruel récit de la vie de l'homme qui restera un des plus grands écrivains japonais.
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