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Critique de kielosa


L'Arabie Saoudite est un pays que je ne comprendrai probablement jamais.

Ainsi, le mois dernier, la Commission des droits de l'Homme de l'ONU à Genève a nommé un dénommé Faisal Bin Hassan Trad â sa tête ! Que l'on puisse sérieusement envisager la nomination d'un représentant du pays qui a incontestablement le pire record du globe en la matière est tout simplement scandaleux. Selon 'United 'Nations Watch', une organisation non-gouvernementale qui se donne pour mission "d'assurer que l'ONU respecte sa propre Charte et les Droits de l'Homme" a critiqué sévèrement cette nomination en rappelant que ce pays a, rien que cette année, décapité plus de personnes que l'horrible Daesh en a tué. Et ce à un moment où déjà il y avait des protestations un peu partout dans le monde contre les 1000 coups de fouet et 10 ans de prison que ce régime médiéval avait réservés au jeune blogueur, Raif Badawi, officiellement et hypocritement pour avoir insulté l'islam. Son épouse et 3 mômes ont été chassés du pays parce que Raif avait osé créer une organisation 'Libérez les saoudiens libéraux'.

Ce qui frappe le plus dans ce pays c'est le contraste entre l'affichage d'une richesse fabuleuse et les pratiques barbares. À cause justement de ses richesses pétrolières les politiciens un peu partout ferment gentiment les yeux sur ces excès. À commencer par les États-Unis 'of course'. Trump le Grand aurait mieux fait de lire l'ouvrage de Saïd K. Aburish sur la maison Saud, avant d'aller à Riyad pour y tenir des propos similaires au fiston Bush, ami notoire et intéressé de la clique qui y est au pouvoir.

Récemment une majorité à la chambre des députés de mon pays a voté une résolution contre la fourniture d'armes à L'Arabie Saoudite, qui de toute façon dispose de plus d'avions sophistiqués qu'il n'a de pilotes qualifiés et qui ne pense qu'à les employer contre ses voisins au Yémen.

Quant aux respects des droits de la femme c'est tout bêtement un chapitre que les dirigeants n'ont pas encore ouvert, bien que la plupart aient obtenu des diplômes aux universités les plus prestigieuses américaines et anglaises (le financement d'une nouvelle aile ou bibliothèque par la famille a assurément facilité les résultats satisfaisants de leurs rejetons). Quoi qu'il en soit, les faucons et chameaux utilisés par ces gentlemen saoudiens pour la chasse sont mieux traités que les femmes, qui doivent, elles, scrupuleusement respecter toutes sortes de règles absurdes de conduite, si elles veulent éviter d'être lapidées ou pire. Et pour veiller sur le bon ordre il y a une police spéciale et des juges très accommodants.
Un livre révélateur est celui de Steve Coll titré simplement : 'The Bin Ladens'. Deux témoignages méritent lecture : celui de Najwa bin Laden (née Ghanhem en Syrie en 1959), la première épouse d'Osama, qui ensemble avec son fils Omar, a écrit 'Growing Up Bin Laden' (ou Devenir Bin Laden) et celui de Carmen Bin Ladin, une belle-soeur d'Osama, 'Le voile déchiré'.

Rania Al-Baz est un parfait exemple du traitement réservé par certains saoudiens à leur épouse. Rania, la toute première speakerinne â la télé etait une belle et populaire jeune femme, mere de 3 enfants , jusqu'à ce que son mari, Fallatta, lui applique sa méthode esthétique, en avril 2004 : cogner sa tête contre le sol en marbre. Raison de la colère de l'époux, avoir répondu au téléphone sans son accord. Bilan en chiffres de son intervention : 4 jours de coma, 13 fractures au visage, 12 opérations chirurgicales. Comme une photo dit plus que mille mots, je vous invite à jeter un coup d'oeil sur sa photo 'avant et après sur Wikipedia. Il est intéressant de comparer les punitions du blogueur avec ceux du sieur Fallatta : 300 coups de fouet (contre 1000) er 6 mois de prison (contre 10 ans). Et comme cet énergumène était si aimable d'accepter le divorce, réduction de moitié de la peine de prison. Quelle belle justice au royaume wahhabite, la doctrine officielle qui préconise le retour à la forme d'islam du prophète, soit celle du 7ième siècle.

Que ce n'est pas resté un fait divers parmi tant d'autres tient au courage de Rania Al-Baz, qui a réagi et a obtenu, qu'en 2013, une loi est entrée en vigueur qui interdit des abus domestiques de ce goût. Encore faut-il que les femmes réussissent à porter plainte et qu'elles tombent sur un juge un peu bienveillant à leur égard. Un peu beaucoup de si, à mon avis.

Catherine Spencer, qui a réussi à rendre cohérent et facile à lire le récit de Rania Al-Baz, mérite toute notre appréciation.
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