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EAN : 9782749904276
235 pages
Michel Lafon (21/04/2006)
3.64/5   56 notes
Résumé :
Ce livre n'est pas l'histoire d'un vengeance, mais le récit mesuré d'une vie de femme saoudienne. Elle ne dénonce ni les travers de l'islam, ni les traditions de son pays, mais les conditions de nombreuses femmes dans nos sociétés. Ce témoignage courageux montre que l'espoir est possible.
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L'Arabie Saoudite est un pays que je ne comprendrai probablement jamais.

Ainsi, le mois dernier, la Commission des droits de l'Homme de l'ONU à Genève a nommé un dénommé Faisal Bin Hassan Trad â sa tête ! Que l'on puisse sérieusement envisager la nomination d'un représentant du pays qui a incontestablement le pire record du globe en la matière est tout simplement scandaleux. Selon 'United 'Nations Watch', une organisation non-gouvernementale qui se donne pour mission "d'assurer que l'ONU respecte sa propre Charte et les Droits de l'Homme" a critiqué sévèrement cette nomination en rappelant que ce pays a, rien que cette année, décapité plus de personnes que l'horrible Daesh en a tué. Et ce à un moment où déjà il y avait des protestations un peu partout dans le monde contre les 1000 coups de fouet et 10 ans de prison que ce régime médiéval avait réservés au jeune blogueur, Raif Badawi, officiellement et hypocritement pour avoir insulté l'islam. Son épouse et 3 mômes ont été chassés du pays parce que Raif avait osé créer une organisation 'Libérez les saoudiens libéraux'.

Ce qui frappe le plus dans ce pays c'est le contraste entre l'affichage d'une richesse fabuleuse et les pratiques barbares. À cause justement de ses richesses pétrolières les politiciens un peu partout ferment gentiment les yeux sur ces excès. À commencer par les États-Unis 'of course'. Trump le Grand aurait mieux fait de lire l'ouvrage de Saïd K. Aburish sur la maison Saud, avant d'aller à Riyad pour y tenir des propos similaires au fiston Bush, ami notoire et intéressé de la clique qui y est au pouvoir.

Récemment une majorité à la chambre des députés de mon pays a voté une résolution contre la fourniture d'armes à L'Arabie Saoudite, qui de toute façon dispose de plus d'avions sophistiqués qu'il n'a de pilotes qualifiés et qui ne pense qu'à les employer contre ses voisins au Yémen.

Quant aux respects des droits de la femme c'est tout bêtement un chapitre que les dirigeants n'ont pas encore ouvert, bien que la plupart aient obtenu des diplômes aux universités les plus prestigieuses américaines et anglaises (le financement d'une nouvelle aile ou bibliothèque par la famille a assurément facilité les résultats satisfaisants de leurs rejetons). Quoi qu'il en soit, les faucons et chameaux utilisés par ces gentlemen saoudiens pour la chasse sont mieux traités que les femmes, qui doivent, elles, scrupuleusement respecter toutes sortes de règles absurdes de conduite, si elles veulent éviter d'être lapidées ou pire. Et pour veiller sur le bon ordre il y a une police spéciale et des juges très accommodants.
Un livre révélateur est celui de Steve Coll titré simplement : 'The Bin Ladens'. Deux témoignages méritent lecture : celui de Najwa bin Laden (née Ghanhem en Syrie en 1959), la première épouse d'Osama, qui ensemble avec son fils Omar, a écrit 'Growing Up Bin Laden' (ou Devenir Bin Laden) et celui de Carmen Bin Ladin, une belle-soeur d'Osama, 'Le voile déchiré'.

Rania Al-Baz est un parfait exemple du traitement réservé par certains saoudiens à leur épouse. Rania, la toute première speakerinne â la télé etait une belle et populaire jeune femme, mere de 3 enfants , jusqu'à ce que son mari, Fallatta, lui applique sa méthode esthétique, en avril 2004 : cogner sa tête contre le sol en marbre. Raison de la colère de l'époux, avoir répondu au téléphone sans son accord. Bilan en chiffres de son intervention : 4 jours de coma, 13 fractures au visage, 12 opérations chirurgicales. Comme une photo dit plus que mille mots, je vous invite à jeter un coup d'oeil sur sa photo 'avant et après sur Wikipedia. Il est intéressant de comparer les punitions du blogueur avec ceux du sieur Fallatta : 300 coups de fouet (contre 1000) er 6 mois de prison (contre 10 ans). Et comme cet énergumène était si aimable d'accepter le divorce, réduction de moitié de la peine de prison. Quelle belle justice au royaume wahhabite, la doctrine officielle qui préconise le retour à la forme d'islam du prophète, soit celle du 7ième siècle.

Que ce n'est pas resté un fait divers parmi tant d'autres tient au courage de Rania Al-Baz, qui a réagi et a obtenu, qu'en 2013, une loi est entrée en vigueur qui interdit des abus domestiques de ce goût. Encore faut-il que les femmes réussissent à porter plainte et qu'elles tombent sur un juge un peu bienveillant à leur égard. Un peu beaucoup de si, à mon avis.

Catherine Spencer, qui a réussi à rendre cohérent et facile à lire le récit de Rania Al-Baz, mérite toute notre appréciation.
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C'est en 2004, en Arabie saoudite, que Rania Al-Baz s'est retrouvée au seuil de la mort et défigurée après que son deuxième mari l'a eu tabassée dans le cadre "ordinaire" d'une dispute conjugale suivie d'un déchaînement de violence sans commune mesure avec l'objet de la dispute.

En effet, son mari jaloux et se sentant humilié de n'être pas célèbre comme sa femme alors journaliste à la télévision, voudra lui imposer de quitter son travail, et de rester sagement s'occuper du ménage et des enfants à la maison. Quoi de plus banal dans un pays musulman où la femme n'a que très peu de place ? Il la laissera quasi morte devant les portes de l'hôpital avant de s'enfuir lâchement.
Après plusieurs jours de coma, on lui diagnostiquera 13 fractures au visage et un long travail de reconstruction faciale pour tenter de retrouver une vie digne d'être vécue.

Sa position de journaliste connue à la télévision fera que les médias et la société s'intéresseront à ce crime commis dans la sphère intime de la famille. Rania donnera des interviewes qui médiatiseront ce qu'elle a vécu et génèreront dans ce pays, mais aussi à l'international, une prise de conscience de la violence faite aux femmes. Sans que Rania ne l'ait délibérément voulu, elle deviendra un vrai symbole et par là-même le fer de lance du combat des femmes de ce pays pour tenter de disposer de plus de droits.

Le livre débute sur la prémonition de l'événement ressentie par l'intéressée lors d'un cauchemar qui, hélas, quelques temps plus tard, deviendra une sinistre réalité. Elle évoque les circonstances de la dispute qui la mènera à l'hôpital et ce qu'elle a vécu après.

Mais, ce n'est guère détaillé, hormis un aspect déroutant : elle n'a pas de désir de vengeance, et même, elle lui pardonne. de plus, elle ne souhaite pas que son mari soit (trop) puni pour ce crime injuste commis sous l'emprise de la jalousie, et ce dit-elle pour ne pas perturber l'image de son mari vis-à-vis de ses enfants ! Elle ira même plaider sa cause auprès du juge (cela dépasse mon entendement !) pour qu'il ne fasse pas trop de prison et qu'il ne reçoive pas le nombre de coups de fouet prévus par la loi.

Puis, le livre fait un retour sur le passé. On découvre le vécu de Rania, de son enfance à ce fameux ce jour-J, comme s'il était la résultante logique de ce qui lui est arrivé. Ce qu'il est dans les faits. L'évocation d'une enfance et d'une adolescence relativement heureuses, mais passées sous la férule d'un père qui décide pour elle et d'une mère soumise et effacée. Puis, un premier mariage, d'où l'on verra qu'elle ne fera que de passer d'une dépendance à une autre... jusqu'à la répudiation et un divorce, considérés dans la société saoudienne comme de véritables tares. Rania devra vivre avec cette honte, cette marque de la femme répudiée, attachée à ses basques.

Retournée vivre chez ses parents, Rania se retrouve demandée en mariage. Par esprit de contradiction vis-à-vis de son père qui ne voit pas le prétendant d'un bon oeil (puisque Africain et de race noire), Rania croit exprimer sa volonté et son indépendance d'esprit en insistant pour se marier avec ce dernier alors même qu'elle n'en connaît rien. Les choses se feront, finalement, mais très vite elle se rendra compte qu'elle a fait un bien mauvais choix.

Franchement, je m'attendais à mieux au niveau de la relation de cette histoire intime (mais aussi collective puisque relayée au niveau international) et du combat qui a suivi. On a un peu le sentiment qu'elle ne veut pas en dire trop (ses propos sont très mesurés et pas du tout véhéments à l'égard du pays) par peur de possibles représailles (enfin, c'est ainsi que je l'interprète).

De ma position de lectrice, je lisais ses mots avec le regard d'une femme occidentale et ne pouvais m'empêcher de pester face à sa dépendance, à son inertie, à sa soumission, à sa bienveillance à l'égard de son ex-mari. L'épisode du voyage de noces à Paris est tellement incroyable, mais aussi révélateur de ce qui n'a pas manqué de se produire par la suite. Comment peut-on être aussi aveugle ? Ce n'est pas un jugement de valeur, mais cela m'interroge vraiment.

Néanmoins, ce livre est utile, car il permet de se rendre compte combien la femme musulmane en général et la femme saoudienne en particulier est prise dans des contradictions qui la dépassent : un pays riche, civilisé, qui a de nombreuses relations avec l'occident, qui s'enorgueillit d'éduquer son peuple (et notamment les filles) et qui, pourtant, continue vis-à-vis des femmes de fonctionner à rebours de l'évolution. On comprend mieux l'ambivalence des femmes (y compris des femmes françaises) vis-à-vis du port du voile ou du hijab...

L'évocation de son parcours, de sa naissance à son émancipation permet, en effet, de se rendre compte combien la fillette, l'adolescente, la femme mariée intègre, qu'elle le veuille ou pas, les schémas de pensée qui la conditionne tout au long de sa vie.
Et puis, pour celles qui désireraient s'affranchir d'un quotidien trop pesant et sclérosant, on se rend bien compte que c'est quasi impossible tant la pression familiale est forte, tant l'image du couple est dévoyée (l'homme qui domine et la femme docile qui se soumet), tant elle n'a pas le choix de sa contraception et donc subit de nombreuses maternités, tant la législation est inadaptée (les femmes n'ont quasiment aucun droit), tant l'aspect religieux est omniprésent (très croyantes, elles sont guidées par un "modèle" qui tend à leur faire croire que si elles se conforment à ce modèle, elles accèderont à la félicité d'être une bonne musulmane), et tant il est nécessaire de disposer de ressources pour s'émanciper.

Cependant, on peut voir aussi que dès lors que la femme parvient, d'une façon ou d'une autre (certes, ici, c'est une façon extrême de se sortir d'une relation puisqu'elle aurait pu en mourir), à s'affranchir de la tutelle d'un homme, à suivre des études qui l'intéressent, à vivre d'un métier qu'elle a choisie et pour peu qu'elle se soit ouverte à d'autres modes de pensée, il lui est possible d'avancer.

J'ose espérer que depuis la sortie de ce livre (2005), les choses ont un peu changé pour les femmes en Arabie Saoudite. Et je ne doute pas un instant que l'histoire de Rania y aura contribué d'une façon ou d'une autre.

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Niveau B1-B2 : lecture facile et intéressante: récit d'une journaliste.

Rania commence par nous raconter comment la brutale agression de son mari la laisse défigurée. Puis elle revient à son enfance et suit chronologiquement, à travers ses propres décisions et celles des hommes de sa vie, les moments charnières aboutissant à cette tragédie. C’est ainsi que, seulement à la fin du livre, nous pouvons comprendre que l’agression physique, qui la défigure et met en danger sa vie, est un abominable crime misogyne. Son mari, n’arrivant pas à subvenir aux besoins économiques de sa famille doit autoriser sa femme à travailler. Et c’est une double humiliation pour lui car elle atteint la notoriété dont il avait rêvé comme chanteur. Ce crime est l’acte final d’un homme en échec, qui n’arrivant pas à asservir sa femme, lui coupe les ailes en essayant de mettre une croix sur sa carrière professionnelle et ses possibilités de se remarier.

J’ai peur que la lecture de ce livre pousse certains à condamner l’islam en bloc comme le responsable de ce cette violence conjugale. Rania elle-même, invité de Thierry Ardisson, se compare avec Marie Trintignant morte en 2003 par 19 coups, dont 4 au visage, de son compagnon français Bertrand Cantat. Elle refuse de condamner l’islam, comme nous refuserions de condamner le christianisme. La différence est que la France est un pays ou l’égalité des sexes est majeure qu’en Arabie Saoudite, le seul pays au monde dont les femmes ne sont pas autorisées à conduire. Les peines : 6 mois de prison et 100 coups de fouet pour le mari de Rania, face à 8 ans d’emprisonnement pour Cantat.

L’interview de Rania, qui a dû se cacher dans un camion pour sortir d’Arabie, m’a semblé trop bienveillante à l’égard de son pays. Cependant, son engagement en faveur d’une révision des lois pour mieux protéger les femmes est la seule action possible.
Toute société, qu’elle soit religieuse ou laïque, doit mettre les gens qui y habitent d’accord sur les règles de vie commune. En tant que société nous évoluons en abandonnant et condamnant les pratiques qui nous donnent honte par des nouvelles qui nous font rêver d’un monde meilleur. Ce sont des femmes comme Rania, qui ont obéi les règles et néanmoins souffert des injustices, qui sont les mieux placées pour faire évoluer leur société.

Lien : https://www.youtube.com/watc..
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Un témoignage bouleversant de Rania Al-Baz, jeune présentatrice vedette de la télé en Arabie Saoudite,qui décrit les faits marquants de sa vie en commencant par celui qui l'a malheureusement fait connaitre au monde entier : l'acte de violence de son mari qui l'a battu jusqu'à la défigurer.
A travers ce récit de vie d'une femme musulmane en Arabie Saoudite, on découvre les conditions de vie de celles-ci, qui quel que soit leur statut social, subissent la domination masculine pendant toutes les étapes de leur vie.
Malgré tout le courage et l'intelligence dont l'auteure fait preuve, ce livre me laisse un goût amer car j'ai du mal à entrevoir une possibilté de changement en faveur de la condition féminine dans ce pays où, comme dans tant d'autres, le poids des traditions et le sentiment de culpabilité des femmes est lourd.
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Jeune et jolie présentatrice Rania al Baz était une vedette de la télévision saoudienne, Son mari maladivement jaloux la bat et ce maudit 4 avril 2004 il la frappe plus fort que d'habitude, lui fracasse le visage et la laisse pour morte devant un hôpital avant de ce volatiliser.

Ce livre est très captivant, il m'a beaucoup appris sur la condition de la femme en Arabie Saoudite

Ce qui m'a le plus plu dans ce récit c'est que Rania al Baz ne dénonce ni les traditions de son pays ni les travers de l'Islam; Dans ce témoignage courageux on trouve de l'espoir, de la force et de la rébellion.

J'ai beaucoup apprécié ma lecture et je la recommande à toute personne ayant un faible pour les histoires sur le Moyen Orient et l'univers Musulman.

Je fini sur cette belle phrase : « Celui qui aime Dieu connait les frontières de l'interdit. Il n'a besoin de personne pour les lui fixer ».
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
J'en suis là de mes interrogations lorsque je découvre que bien d'autres personnes s'étonnent de cette situation. Je n'avais pas réalisé qu'elle était totalement atypique en Arabie saoudite. Une femme seule avec un enfant, mais qui peut elle être? Une malade mentale? Une dépravée rejetée par son mari et sa famille? A coup sûr, en tout cas, une femme peu fréquentable, au passé douteux. Rapidement, je vois bien que je suis suspecte aux yeux de mes voisins, qu'ils me mettent à l'index. Ils savent pourtant qui je suis, la plupart m'ont connue gamine.
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il m'interdit de voir qui que ce soit en dehors de mes heures de travail, et bientôt je ne peux même plus téléphoner à mes amies devant lui. j'essaye encore d'être patiente et compréhensive afin de sauver notre couple, mais la situation devient insoutenable, la jalousie obsessionnelle de Rachid tournant à la folie. il me fait peur.
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- Je ne vais pas te frapper, je vais t'égorger...
Tout bascule alors autour de moi. Je suis arrachée du sol, projetée à terre, mon visage se fracasse sur le marbre blanc du salon. Une formidable douleur me foudroie, ma tête explose, je hurle, je ne vois plus clair, j'ai du sang plein les yeux.
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Évitez l'excès, car il est inlassablement la source de conflits.
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pourtant ce que j'ai subi m'a marquée à vie, physiquement et moralement.
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