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EAN : 9782710707769
282 pages
Sand (04/03/2010)
3.33/5   3 notes
Résumé :

Dans la grande partie de poker menteur de ce XXe siècle, les témoignages de première main sur l'Irak sont rares, comme rares sont les documents réputés fiables. Ce récit émane de l'avocat de Saddam Hussein à qui le Président irakien déchu s'est confié. Les deux hommes y dénoncent les manipulations et les distorsions des faits. Au lecteur de faire le tri dans ces informations contradictoires. Mais les secrets que révèle Saddam sont autant de vérités provi... >Voir plus
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Lors d’une de mes rencontres avec le président, je lui ai posé la question de savoir comment il réagissait aux erreurs de ses fils et des proches. « Un jour, m’a-t-il dit, un officier s’est plaint à moi que Oudaï et un de ses oncles l’auraient agressé à coup de bâton. J’ai convoqué ces derniers sur le champ et demandé à l’officier de les frapper avec le même bâton. Devant son refus, je l’ai menacé d’une sanction et de sa dégradation. Il les frappa enfin, sans conviction. Je pris moi-même le bâton et frappai durement Oudaï.

« Un autre jour, a-t-il ajouté, Koussaï a fauté. J’ai ordonné à mes gardes personnels de les mettre aux arrêts dans une cellule. »

« Oudaï ayant tué un des gardes, le regretté Kamel Hanna, j’ai ordonné qu’il soit arrêté et jugé. Mais je constatai que le ministre de la Justice éprouvait un certain embarras devant moi. J’ai alors décidé à son encontre la peine de mort. Mais sa mère envoya, à mon insu, un émissaire auprès du roi Husseïn, que Dieu ait l’âme de ce grand homme. Le roi accourut immédiatement à bord de son avion. Je croyais qu’il était venu dans le cadre de concertations ordinaires entre les frères arabes. Mais quelle ne fut ma surprise : il me demande de pardonner à Oudaï, allant jusqu’à jurer de ne plus jamais venir en Irak si je ne donnais pas suite à sa requête. Conformément aux traditions arabes, je me suis trouvé contraint de gracier Oudaï, sous réserve du pardon de la famille de la victime.

« Un autre jour, j’appris que mon frère Watbane, alors ministre de l’Intérieur, avait eu une attitude inconvenante et irresponsable à Bagdad. Son chauffeur s’étant arrêté à un feu rouge, Watbane descendit de voiture et, dans un geste d’humeur, tira sur le feu de signalisation occasionnant sa destruction, sous le regard des passants. Je lui demandai des explications. Il me répondit qu’il avait perdu le contrôle de lui-même, pendant un instant d’énervement et s’en est excusé. Je lui dis : « Oui mais je regrette, il n’y a pas de place dans notre direction pour les fous et les irascibles. Considère-toi, dès cet instant, comme démissionnaire. Et c’est ainsi qu’il fut limogé du ministère de l’Intérieur.

« J’ai toujours appliqué la loi de façon égalitaire. (pp. 195-196)
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« Je ne voulais pas parler de mon rôle dans ces batailles. Mais ce sont là des vérités qu’il faut évoquer pour que les détracteurs sachent où était Saddam pendant ces batailles. En temps de paix, j’étais avec le peuple ; en temps de guerre, j’étais avec nos combattants.

« Les combattants arabes ainsi que les fedayins ont livré des combats féroces contre les blindés ennemis, surtout lors de la bataille du ‘’Tunnel de la police’’. J’étais parmi eux, essayent d’empêcher les blindés et les chars ennemis d’avancer en direction de Bagdad. J’en détruisis plusieurs. J’ai demandé à nos valeureux combattants de couvrir les volontaires arabes, puis me suis rendu au quartier Al-Mansour. J’ai pris part au combat que livraient mes frères irakiens et arabes contre les chars ennemis. J’ai pu, avec l’aide de Dieu, en endommager quelques-uns, ce qui a poussé l’ennemi à fuir la bataille sur l’avenue 14 Ramadan. Je me déplaçais d’un bastion à l’autre. J’étais au milieu des combattants pour leur remonter le moral.
(...)
« Au plus fort de la guerre, après l’invasion de 2003, et avant l’annonce de l’occupation, une de mes filles me demanda l’autorisation de quitter la famille pour une destination hors de l’Irak, au motif que je pourrais mieux me consacrer à la résistance. J’ai refusé. Elle est revenue à la charge, lorsque les bombardements s’intensifièrent et que l’ennemi se mit à nous pourchasser de maison en maison. J’ai dit non. Vous jouissez du pouvoir ai-je ajouté, depuis trente ans, et vous profitez de ses privilèges. Il vous incombe, aujourd’hui, de vous brûler, à l’instar du peuple, au feu qui dévore votre pays. Et j’ai mis définitivement fin à la question.

« Les propositions pleuvaient, m’incitant à quitter l’Irak. Je répondais : Comment quitter et laisser le peuple irakien affronter son destin irrévocable ? Ceux-là ne connaissaient pas Saddam Husseïn et ils ne savent pas que l’Irakien d’honneur, à défaut d’une existence digne, préfère se sacrifier en martyr. Ce sont les traîtres et les collaborateurs qui fuient et cherchent refuge chez l’étranger. » (pp. 104 & 120)
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Le président m’interrogea sur les conditions de vie du peuple irakien et sur l’unité nationale. Il me demanda si l’occupation avait rompu cette unité et semé la discorde au sein du pays. Je lui ai répondu que l’Amérique déployait tous ses efforts en ce sens mais qu’elle avait échoué jusqu’à présent. Nous en avons longuement parlé, après quoi Saddam me confia qu’outre les Américains, plusieurs parties voulaient la destruction de l’Irak et la rupture de son unité, lentement établie à travers l’histoire.

« Je suis persuadé que ces forces vont perpétrer des opérations d’assassinat et des attaques à l’explosif. Je suis persuadé qu’elles s’arrangeront pour monter les différentes communautés irakiennes les unes contre les autres pour parvenir à une guerre civile et confessionnelle. Mais je connais le peuple irakien. Je suis convaincu que ces tentatives sont vouées à l’échec et qu’elles vont se retourner contre les occupants, leurs agents et leurs valets. C’est pourquoi, mon fils, je te charge de transmettre ces commandements au peuple héroïque irakien :

* Chaque citoyen doit préserver la sécurité de la Patrie, les valeurs supérieures et les considérations sincères et honnêtes.

* Les indécis doivent se rappeler leur allégeance et leur engagement à l’égard de Dieu et de la Patrie.

* Les théologiens musulmans et les hommes de religion en Irak doivent se mettre en contact et communiquer entre eux afin d’assumer leur devoir et unifier les rangs.

* Le leadership ne doit être attribué que sur la base de la détermination, l’audace, le courage et la fermeté dans les positions.

* Il est du devoir de chaque Irakien de se mettre en contact avec les organisations populaires et gouvernementales internationales.

* Ne vous affligez pas alors que vous êtes les plus grands. Soyez solidaires, cherchez refuge auprès de Dieu et ne vous dispersez point. » (pp. 75-76)
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« Avant la guerre entre l’Irak et l’Iran, l’ingérence iranienne dans les affaires irakiennes était arrivée à un tel degré qu’il devenait impossible de se taire. Sa visée expansionniste était évidente. Au temps du chah, il était devenu le principal soutien financier des rebelles dans la région du Nord. Cette ingérence en était arrivée au point que les groupes rebelles n’avaient qu’à se servir sur le territoire iranien de ses appareils, ses armes et ses munitions. Nous avons conclu l’accord d’Alger et nous avons fait des concessions pénibles en vue de préserver l’unité du peuple irakien. Parmi les clauses les plus évidentes de cet accord, la non-ingérence dans les affaires internes des deux pays.

« Quand Khomeïni s’est réfugié en en Irak, il a vécu parmi les Irakiens, entouré de respect. Nous avons fermé les yeux sur beaucoup de ses tentatives d’ingérence dans nos affaires internes. Mais lorsqu’il s’est mis à utiliser notre territoire pour promouvoir sa révolution et réaliser ses objectifs, nous lui avons demandé soit de respecter la souveraineté du pays soit de quitter l’Irak. Cela lui a fortement déplu, il s’est mis à adresser des déclarations contre l’Irak, il en est même arrivé à considérer ce pays comme partie intégrante du territoire iranien. Et ce bien avant que les occidentaux le portent au pouvoir. Il s’est mis à menacer les États du Golfe, qu’il considérait comme des provinces iraniennes.

« Comme tout le monde le sait, nous avons essayé d’éviter l’affrontement par tous les moyens. Mais dès son arrivée à Téhéran, ses forces ont été placées sur la frontière irakienne. Il s’est mis à parler publiquement de l’exportation de la révolution et de l’Irak comme première étape de ce processus. En 1980, l’artillerie lourde et les chars ont commencé les provocations, à bombarder nos villes et nos villages frontaliers. Nous avons demandé aux Iraniens, à travers des dizaines de notes diplomatiques, d’arrêter leurs provocations. Mais ils ont échoué : ils ont été combattus par les chiites irakiens d’abord, par les sunnites ensuite. Plusieurs dirigeants musulmans et africains, comme Ahmed Sékou Touré en Guinée, tentèrent de mettre un terme à la guerre, en vain. En conséquence, nous l’avons combattu et ses plans ont échoué grâce à nos victoires successives. Fao, notre ville frontière du Chott Al-Arab fut la première perdue, et la première libérée par la force. Nous avons proclamé notre victoire sur Khomeïni. Il a dû boire le calice jusqu’à la lie en signant l’ordre de cessez-le-feu à Al-Qadissiya(1) le 8 août 1988.

(1) Tout un symbole : la bataille d’Al-Qadissiya en 636, marque la fin de la domination des Perses, vaincus par les musulmans arabes. (pp. 76-77)
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Le président espérait que les dirigeants des pays frères s’empresseraient de venir défendre le « rempart de l’Est » de la Nation arabe. Tous éprouvaient de la compassion envers l’Irak et son président Saddam.

« J’avais espéré qu’il tombe en martyr sur le champ de bataille ou qu’il se suicide, pour devenir martyr. Ce qui arrive au président Saddam équivaut à un déshonneur pour nous tous », me confia un président arabe qui l’estimait beaucoup.

Il louait le rôle des avocats mais se montrait réservé quant à la présence du président aux audiences. « Il aurait été emmené de force s’il avait refusé », lui dis-je. Il prit alors la mesure de la situation et promit de faire le maximum pour l’Irak et son président.

Un autre dirigeant, me parla ainsi : « Mon frère Khalil, le président Saddam était la protection des Arabes, et nous allons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour établir le droit. » Il admirait la solidité du président ainsi que son courage pendant le procès. Ce président, qui m’a reçu deux fois, a fait le maximum d’efforts pour l’Irak.

« Dieu a donné aux Arabes une montagne de feu qui les préserve du mal des Perses », me dit encore un autre. « Cette montagne de feu, c’est Saddam. Mais les Arabes l’ont perdue. Je veux seulement que Abou Oudaï (le président) patiente et patiente encore. Nous n’avons pas d’intérêts en Irak, mais Abou Oudaï était le garant de la sécurité de cette nation. Ce dirigeant a fait tout ce qu’il a pu. Seulement, l’obstination américaine a fait avorter toutes les tentatives d’apaisement. »

Après l’assassinat de Saddam, je rencontrerai même un chef d’État que sa mort et celle de l’État irakien affectèrent au point qu’il en pleura à plusieurs reprises.

Par la suite, j’ai rencontré un certain nombre de représentants de chefs d’États arabes que leur agenda avait retenus. Deux chefs d’États, cependant, ne prirent ni la peine de me rencontrer ni de mandater un représentant. Peut-être puis-je trouver des excuses pour l’un des deux, car son pays se trouve sur l’autre rive. Mais le second n’a aucune excuse. S’il était soumis à des pressions particulièrement fortes, il aurait pu – comme les autres chefs d’État – nous recevoir en secret, loin des médias.

Le président dit : « Je n’en veux pas aux présidents arabes. Je ne veux pas les gêner. Mais en même temps je ne leur cherche pas d’excuses. Laissez ma vie loin d’eux, je l’ai mise entre les mains de Dieu. Ma vie m’importe peu moins que le jugement de l’histoire, qui me rendra justice. » (pp. 150-151)
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