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Hassane Boutaleb (Traducteur)
EAN : 9782841611959
198 pages
Albouraq (01/10/2002)
3.75/5   8 notes
Résumé :
Le livre de l'Unicité divine et de la remise confiante en Dieu est probablement l'un des livres les plus complets et les plus accessibles de la littérature soufie sur ces deux arguments. Il fait partie de l'immense somma de Ghazâlî, le fameux Ihyâ''ulûm al-din. Son importance tient surtout au fait que l'auteur - bien qu'en maintenant la ligne sobre que nous lui connaissons et sur laquelle il a toujours insisté - nous dévoile certaines vérités et certaines lumières s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Il s'agit de décrire comment on s'élève vers Dieu jusqu'à ne plus voir qu'un seul être dans l'existence. Jusqu'à ce que sa propre entité disparaisse car on perd la conscience de soi lorsqu'on s'élève au dernier degré du tawhid, qui est la réalisation, la contemplation et la confirmation de l'Unicité de Dieu.

Pour cela, la vérité qu'"il n'y a de Divinité que Dieu" est une base aussi solide qu'indispensable, le motto de tout cheminement vers le tawhid, le fondement de la confiance en Dieu. Le tawhid est de quatre degrés, le premier est celui des hypocrites qui énoncent la phrase sans y croire. Les trois autres degrés passent de la croyance sincère (degré 2), au dévoilement intuitif de l'Unicité (degré 3) et à sa propre "extinction dans l'Unicité" (degré 4), l'état du contemplatif.

La difficulté est que le cheminement vers le Tawhid ne s'enseigne pas, il naît en vous et vous cheminez seul vers le quatrième degré. Il est inutile de poser des questions, d'interroger autour de vous, on ne peut vous donner la réponse, c'est un dévoilement et c'est à vous de le trouver. En vérité, Ghazali se limite à indiquer à quoi peut ressembler le deuxième degré, quant au troisième, il ne peut en "mentionner qu'une goutte de l'océan". Quoi qu'il en soit, le tawhid explique les présupposés au Tawakkul, qui lui, décrit les convenances à respecter, c'est-à-dire la mise en oeuvre du Tawhid (une sorte de critique de la raison pratique si l'on veut).

Le Tawakkul connaît trois degrés. Au premier degré, on s'en remet à Dieu pour toute chose, mais on a besoin de se rappeler chaque fois le lien qui nous unit à lui. On a l'esprit un peu perturbé par la présence du tawakkul et on n'est pas au top. Au second degré, on agit plus spontanément, mais comme un enfant qui se réfugie sous les jupons de sa mère en pleurant et en quémandant sa protection. C'est pas encore ça. Au troisième degré, l'enfant sait que sa mère le cherche et le surveille même quand elle n'est pas là. Il pense à elle, mais reste maître de lui, il ne se plaint pas, ne crie pas. Idéalement, il vit en Dieu, toutes ses actions sont détachée de puissance et de force, tout se fait naturellement et simplement pour ainsi dire sans y penser. Notons que dans cette métaphore, Dieu est une femme. Ce troisième degré ne serait atteignable que "le temps que dure la pâleur qui apparaît sur le visage du peureux". La seconde partie de l'ouvrage traite des comportements à adopter quand on applique le tawakkul "pur". C'est très inquiétant car toute décision humaine est anéantie ; les êtres humains sont comme des "mendiants" devant le "palais du roi" ; la "créature" doit tout attendre de Dieu, qui le nourrit, qui le vêtit, qui le rend malade ou le guérit. Il est cependant évident que l'être humain doit répondre de lui-même aux besoins essentiels (il ne doit pas attendre que Dieu mâche sa nourriture pour lui). Mais tout de même, ceux qui appliquent le Tawakkul vont, sereinement, dans le désert et attendent que Dieu les nourrisent. Au degré inférieur, ils restent chez eux ou à la mosquée ; et au degré le plus bas, ils vont travailler. On reste néanmoins Tawakkul si on s'en remet à Dieu. Pour le reste, on n'épargne pas plus de quarante jours, on accepte son sort sans se plaindre quoi qu'il arrive et on reconnaît que le monde est très bien fait tel qu'il est. On peut éventuellement s'engager sur la voie des Grands qui se passent de médecins. Pour être sûr d'avoir adopté le tawakkul, on passe l'épreuve de rester une semaine sans manger, se plaindre et désirer manger, et on accepte sereinement de mourir de faim, le cas échéant, car la meilleure nourriture est dans l'autre monde.

On peut se demander, puisque Dieu est le seul "agent", qu'il décide de tout (jusqu'à votre guérison), comment il se fait qu'il soit du ressort de l'individu de cheminer vers le plus haut degré du tawhid. La fin de la première partie décrit une conception originale de l'intellect : Dieu a créé la possibilité dont l'être humain est le réceptacle. Sa raison, par la science, lui fait juger de la nécessité d'une action et libère en conséquence la volonté qui agit. On en déduit - ce n'est pas dit explicitement - que c'est la science qui guide vers le tawhid. Une nuance cependant, la "science", c'est celle des théologiens. Comme Dieu opère toutes les actions, c'est votre intellect qui est responsable de votre cheminement vers le tawhid. On pourrait aussi en déduire que Dieu a aussi choisi ceux qui sont capables de progresser au niveau 3 et ceux qui en sont incapables. L'être humain, qui agit forcément sous les effets d'une raison variable est "contraint au libre-arbitre". le libre-arbitre n'étant que le temps de la réflexion que le réflexe ignore. Et comme tous les humains ne sont pas capables de comprendre, il faut des modes d'explication simples du tawhid pour ceux qui, de toute façon, ne sont pas capables de progresser et n'atteindront jamais le troisième niveau. On pourrait se demander pourquoi Dieu n'a pas prévu le cas, et pourquoi il est nécessaire d'écrire des livres puisque "tout est écrit". On pourrait surtout se sentir vexé.e parce que Ghazali ne s'exprime presque que par des métaphores. Bref, passons.

D'ailleurs, à de nombreux endroits, il se garde de tout dévoiler, soit parce que c'est "trop compliqué" ou "trop long à décrire" ou que c'est un secret, un mystère. On se doute que Ghazali a atteint les plus haut degré du tawhid et du tawakkul puisqu'il en parle, mais il reste tout de même très abscons et préfère l'image à l'expression directe de la science, si bien que l'on en doute un peu. Quoi qu'il en soit, il suit le topos d'une pensée scindée entre "intelligence" et "imagination" ou "volonté" ou "intuition". D'où le problème d'expliquer (par la science) un phénomène (le tawhid) qui ne s'obtient que par l'intuition dans la volonté du coeur. Et c'est pourquoi il est inutile d'interroger et de poser des questions, il faut cheminer seul avec le motto "il n'y a de divinité que Dieu". Au bout du chemin, la vérité.

Enfin, voilà comment on est théologien soufi orthodoxe et mystique vers l'an 1000. Averroès a eu raison, à mon sens, de souligner que l'expression de Ghazali laisse à désirer : toutes ces métaphores, ça cache quelque chose.

Je mets deux étoiles malgré la pensée terriblement destructrice (ne pas interroger, ne pas chercher à savoir, se contenter d'un monde tel qu'il est et se soumettre à l'ordre harmonieux du monde (on retrouve le meilleur des mondes possibles de Leibniz), tout attendre de Dieu et ne rien faire, ne rien entreprendre, vivre dans l'effacement de soi, dans l'attente d'un monde meilleur puisque tout ce qui est ôté dans celui-ci y est rendu, etc. on se doute que le livre n'est pas écrit pour l'élite sociale mais plutôt pour faire taire la masse... sic...) car la pensée sur l'intellection est originale et que ce mode de pensée est tout de même intéressant à découvrir. Il ne faut pas décourager les future.s lecteurs et lectrices.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
On rapporte que Moïse - que la Grâce et la Paix divines se répandent sur lui - demanda : "Seigneur, d'où découlent les maux et les remèdes ?" "De Moi", - répondit le Très-Haut- "Que font donc les médecins ?" - demanda Moïse - et le Très-Haut répondit : "Ils perçoivent leurs honoraires et réconfortent Mes fidèles jusqu'à ce que parvienne Ma guérison ou Mon décret".
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"Oh Dieu donne-moi la force de supporter mes épreuves". L'Envoyé de Dieu le reprit alors : "Tu as demandé à Dieu l'épreuve, demande-Lui plutôt de t'accorder une bonne santé".
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Celui qui se fera extraire du sang tous les mardi 17 du mois préviendra ainsi les maladies qui pourraient le toucher durant l'année.
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J'aimerais tomber malade et ne pas recevoir de visites. Je ne déteste les maladies qu'à cause des visiteurs.
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Vidéo de Abû-Hâmid Al-Ghazali
Présentation du livre par Thomas Sibille de la Librairie al-Bayyinah "Lettre au disciple" de Imam Al-Ghazali aux Editions Albouraq.
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