J'ai donc fait une lecture passionnante, captivante, dans laquelle j'ai été entraîné un peu malgré moi parce qu'au final, je n'ai rien trouvé de ce que je cherchais pour mon projet. J'ai par contre été totalement pris par l'histoire dans laquelle je me suis immergé, au point de ne pas me rendre compte du temps que j'y passais. C'est quand même dingue, la force de l'imagination du lecteur, comment elle peut compléter le récit, lui donner un cadre. Pour rappel, je cherche des passages que je pourrais lire, voire jouer sur place. Dans ce roman, il n'y a strictement aucune description, rien que des allusions très très vagues ; et pourtant ça marche très bien, mais concrètement, je ne peux rien faire avec ça. Je publie un extrait tiré de la page 416 : on doit se trouver sur ce qui est aujourd'hui la piazzale Michelangelo. Il y a aussi tout l'enrobage culturel qui m'a un peu forcé à m'intéresser à certaines questions d'histoire de l'art. Et ce n'est pas plus mal. Il y a encore autre chose qui m'a interpellé dans ce livre datant de 1997. La quatrième de couverture disait que ce roman est « d'une actualité tragique. » Je ne sais pas à quoi cela faisait référence à cette époque, mais c'est en tout cas encore plus vrai aujourd'hui : la pandémie, les fanatismes de toutes natures, etc.
Commenter  J’apprécie         00
La troisième année de la république des moines touchait à sa fin.
Aux brumes d'octobre avaient succédé les pluies glacées de novembre. La nuit, quand l'averse ne les gorgeait pas d'eau, les champs vers San Miniato et les collines du midi se couvraient de givre et le gel blanchissait les branches des arbres dénudés. Les greniers à blé se vidaient.
Tresses ambrées, crins d'ébène, boucles rousses aux reflets d'automne, paquets de narrées brunes, petits frisons d'angelots blonds longues mèches aux nuances d'or brûlé... Par la barbe du Christ, tant de cheveux,c'était miraculeux!
Il se détourna vers sa cité. En contrebas, le dôme de Santa Maria del Fiore brillait. Le fleuve s’étirait et, derrière ses tours et ses murailles crénelées, la ville semblait assoupie. Il chercha l’ancien quartier de Dante Alighieri et, au-delà du donjon du palais du podestat, il crut reconnaître la tour ronde où, chaque matin, Emilia Scorpucci rentrait.
Le maître, qui tenait un pinceau, se retourna. Il portrait des lunettes. Une écharpe était nouée autour de son cou. Des mèches de cheveux, plus grises que blondes, sortaient en désordre de dessous son bonnet.
Alain Absire, Président de la SOFIA (Société française des intérêts des auteurs de l'écrit).