L'homme est naturellement un être qui s'intéresse à autre chose qu'à lui-même. Et cela vient de ce qu'il s'intéresse à lui-même pensant. C'est une immense fonction que de penser, immense et tyrannique. Aussi toute discussion est un commencement de guerre, et l'homme se jette lui-même en gage pour un démenti. C'est qu'il reconnaît en face de lui le pensant, le frère de lui-même, celui avec qui il doit s'accorder ; ne le pouvant, il s'irrite. Il se sent législateur universel, et responsable de cet office devant lui-même. C'est pourquoi on s'est battu tant de fois pour des opinions. Jamais on n'a pu forcer l'esprit.
L'importance convient aux sots. Mais on ne naît point sot ; non que je croie que tous les hommes naissent égaux ou semblables ; tout au contraire je crois qu'il y a une perfection de chacun, qui lui est propre, et qui est absolument belle et louable, sans qu'il y ait lieu de décider lequel vaut le mieux, d'un berger parfait ou d'un ingénieur parfait ; ces comparaisons n'ont point de sens.
Les intérêts transigent toujours, les passions ne transigent jamais.
La vraie patrie de tout homme c'est son esprit, son ombrageux esprit qu'il promène comme l'image d'un dieu.
Il n'y a de bonheur possible pour personne sans le soutien du courage.
Les sots sont aisément fanatiques, parce qu'ils ne savent ni expliquer, ni prouver.
L'amour de soi est une très grande chose, si seulement l'on aime comme elle le mérite la partie noble de soi.
Je me suis assuré par une longue expérience que la peur d'être malade est la cause principale des maladies.
Tout homme est parfait autant qu'il développe sa nature ; et tout homme est sot autant qu'il imite.
Nous prenons aisément pour vraie l'image de nous-mêmes, dès que les autres la reconnaissent.