Section rouge de l'espoir

Il avait toujours dans sa poche de quoi provoquer le court-circuit de démarrage et, au bout de ses doigts, une sacrée expérience de la chose. Tout en trafiquant les fils, il repensait à la première fois…

… On peut penser que c’est le genre de travaux pratiques qu’on n’apprend pas à l’école mais, pour lui, c’était la seule chose essentielle qu’il avait retenue de son bref passage au lycée.
Pas besoin de voler un vélomoteur, ses sœurs et sa mère s’étaient saignées pour lui en payer un dès qu’il en avait manifesté l’envie.

Pierre était né au tout début de la guerre et les souvenirs qu’il avait de son père étaient surtout ceux des autres. À force d’entendre certaines anecdotes (Mais si, Pierre, je suis sûre que tu t’en souviens !), il avait fini par admettre qu’elles faisaient partie de sa vie et de sa mémoire. Il gardait l’idée d’un grand bonhomme moustachu et souriant, coiffé d’un béret immense et un peu ridicule. Mais il y avait sur la cheminée une photo grisâtre qui correspondait à cela. Ça ne voulait donc rien dire du tout !
La seule chose dont Pierre était certain, c’est qu’il n’avait jamais compris pourquoi ni comment ce père chasseur alpin – qu’on disait rompu à tous les exercices de la haute montagne – avait trouvé la mort dans une plaine fangeuse de bord de mer.

Elle avait vécu de Lui, s’était battue pour Lui, avait voulu mourir pour Lui. Dès l’enfance, elle avait eu la passion du fond du cœur. On la disait excessive, mystique, parfois un peu folle, mais elle avait toujours pensé que seule la petitesse faisait considérer ainsi ceux qui savaient aller au bout de leurs convictions. Maintenant, bien que ces convictions ne fussent plus du tout les mêmes, elle pensait toujours de la même façon.

En général, les émotions ne tardaient pas, et elles étaient violentes comme il le souhaitait. Les filles l’aimaient bien, il avait un charme indiscutable et une bonne façon de chercher le plaisir.

On ne fait pas la révolution en s’imaginant que tout le monde sera d’accord.