je pris dans le tiroir de la table de nuit le petit sachet de poudre blanche laissé discrètement par Anne et m'enfilai un bon gramme de coke dans chaque narine afin de m'inventer un ersatz de bonheur.C'était déjà beaucoup dans mon cas, et chaque petit plaisir me permettait de renoncer un peu plus à Dieu
Le fonctionnaire commencait à fonctionner.
(-On a essayé de me tuer...
-hein? qui?)
-Oh mille excuses je n'ai pas pensé à leur demander. J'y retourne, je contrôle leur identité et je vous rappelle?
Tandis qu’il discutait d’un point juridique avec un procureur ou assimilé, je me levai et regardai les photos accrochées au mur. Gilles appartenait, à cette catégorie d’humains ravis d’exhiber leur vécu aux yeux de tous. Rangés par ordre chronologique, de son premier club de sport à la cérémonie de sa nomination au grade de commissaire, les clichés offraient le parcours de l’homme idéal. Bien évidemment, une photo avec moi plus quelques autres bidasses, barbouillés de noir et de kaki, prêts pour une quelconque mission de choc. Je ne me souvenais pas exactement quand, cette photo avait été prise, sûrement à une époque où je croyais encore en Dieu, il suffisait de voir mon sourire arrogant. Blond très clair, un mètre quatre-vingts pour quatre-vingts kilos de muscles, la coupe réglementaire des commandos, j’étais la caricature même du soldat d’élite.