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Critique de thedoc


thedoc
30 décembre 2022
La narratrice, Sophie, revient dans sa région natale, la Bretagne, pour enterrer son père. Elle retrouve dans le petit village du Finistère Nord, sa mère et sa soeur Isa, puis quelques jours plus tard, son frère Eric les rejoint. Ces retrouvailles autour de la dépouille du père sont l'occasion de remonter les souvenirs d'une enfance marquée par un père honni car autoritaire et tyrannique. Un père qui, les trente dernières années de sa vie, s'est vu progressivement diminué par la maladie sans pour autant se départir de sa violence.

En quelques chapitres qui rassemblent le récit sur sept jours, "Le crieur de nuit" déroule le fil d'une existence marquée par la tyrannie d'un père. Celle des enfants d'abord - la fratrie de Sophie, Isa et Eric - et celle d'une femme, la mère. Comme très souvent dans ces moments- là, les préparatifs de l'enterrement d'un parent sont l'occasion de se remémorer la vie passée avec ce dernier, de revenir sur ces moments d'enfance, heureux ou malheureux. Pour Sophie et son frère et sa soeur, il s'agit plutôt d'une évocation très douloureuse où toutes les anecdotes sont marquées du sceau de la violence, certes pas physique mais bien réelle. Qu'il s'agisse du quotidien ou des vacances d'été, tout reste entaché de fureur, de brimades, de vexations, d'humiliation et de peur. L'entrée dans la vie adulte de Sophie ne sera pas simple, traumatisée par ce père qui vomissait une haine incompréhensible à l'égard de ses enfants. Pour quelle raison ? La question reste posée.
Au coeur de ce récit intime, Nelly Alard évoque également sa région natale, la Bretagne, inextricablement liée à son enfance. Celle du Nord, des "ploucs" comme disait son père où se rassemblent les membres affectueux côté maternel, et celle du Sud, la ville de Lorient, où sa grand-mère paternelle, distante, parlait le bon Français. Tout le récit est entrecoupé de passages du livre " La légende de la mort chez les Bretons armoricains" d'Anatole le Braz. Et ces extraits se glissent, s'insèrent parfaitement dans le livre expliquant le caractère de la mort en Bretagne et, notamment, le choix du titre.

Roman sur le deuil, la violence, les traumatismes, l'incompréhension, le pardon, "Le crieur de nuit" est un récit très émouvant sur les relations très complexes qui se tissent entre les parents et les enfants. D'aveux lapidaires en longues phrases qui distillent des éléments de la vie adulte de Sophie, le style de l'auteure nous entraine dans les pensées de la narratrice et glisse le lecteur au coeur de cette histoire familiale où l'urgence de raconter est prégnante. Un seul regret : un roman trop court...
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