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EAN : 9782369816430
162 pages
Rue de Sèvres (13/02/2019)
3.97/5   101 notes
Résumé :
Tyrone Meehan figure mythique de l'IRA et traître à la cause nationaliste irlandaise pendant une vingtaine d'années a été dénoncé par les Anglais.

"Maintenant que tout est découvert, ils vont parler à ma place. L'IRA, les Britanniques, ma famille, mes proches, des journalistes que je n'ai même jamais rencontrés. Certains oseront vous expliquer pourquoi et comment j'en suis venu à trahir. Des livres seront peut-être écrits sur moi, et j'enrage. N'écou... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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4 avril 2007. Attablé au fond du bar, Tyrone Meehan, figure emblématique de l'IRA et aujourd'hui considéré comme un traître, écrit. Pour laisser une trace. Pour raconter l'histoire. Sa vérité et non celle que certains tenteront d'établir et oseront expliquer pourquoi et comment il en est venu à trahir...
De son père, Pat Meehan, soldat de la brigade du Donegal de l'IRA, à son interrogatoire par les Anglais en passant par son engagement, ses amis perdus, ses compagnons de lutte, le conflit catholique/protestant, ses erreurs, sa femme ou encore son fils qui lui tourne le dos, Tyrone ne veut rien oublier...

Après le formidable "Mon traître", Pierre Alary adapte la suite du roman, "Retour à Killybegs". L'on retrouve Tyrone Meehan qui, dénoncé pour trahison, s'en retourne à Killybegs, là où il s'est réfugié. Dense, passionnant, cet album, avec une voix-off qui permet de s'immerger totalement, retrace, grâce aux flashbacks et aux étapes marquantes, le parcours chaotique de ce traître et met en lumière les raisons de ses actes. Riche historiquement et humainement, intense psychologiquement, ce récit se révèle puissant mais aussi teinté de tristesse et de désarroi. Graphiquement, Pierre Alary fait montre d'une maîtrise remarquable : le trait précis et élégant, la monochromie (passant du vert au ocre), la narration au cordeau, l'ambiance tendue.
Une adaptation d'une grande justesse...
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A la fin de Mon traître, le besoin de comprendre les raisons de la trahison de Tyrone Meehan obsède le lecteur.

Dans Retour à Killybegs, Tyrone, le traître, a besoin de crier sa vérité et d'en finir.

La trahison est souvent l'un des actes les plus difficiles à comprendre et par conséquent à pardonner.

Le traître bafoue tous les principes moraux.

Il trompe la confiance de quelqu'un.
Il abandonne ou livre un être cher à l'ennemi.
Il brise la loyauté qui le lie à quelqu'un.

Sorj Chalandon souhaite nous expliquer le contexte de la lutte pour l'indépendance nationaliste irlandaise et le rôle de la résistance.
La résistance a un visage, des motivations, des hommes forts et courageux prêts à mourir pour la cause, prêts à subir les pires ignominies en prison, pourchassés par les anglais mais aussi par les irlandais « de l'autre côté »

Les dessins de Pierre Alary collent parfaitement à l'ambiance. Les planches de camaïeux à prédominance sombres retracent les années de lutte, de dévotion et d'espoir broyés par le temps qui passe, par les défaites, par la fatigue et par le désespoir.

On est rapidement happé par ces planches d'où se dégagent, en plus du talent incontestable du scénariste, dessinateur et coloriste ; un engagement moral à fleur de peau pour donner vie aux personnages et animer la véracité et la magie de l'écriture de Sorj Chalandon avec finesse, rythme et souci du détail.

On comprend mieux l'engrenage fatidique qui a conduit le traître à mourir seul face aux fantômes de son enfance et à ses mensonges, face à une cause trop lourde à porter.
Dans mon traître la phrase : « Personne ne naît tout à fait salaud, petit Français. le salaud, c'est parfois un gars formidable qui renonce » prend ici tout son sens.


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Belle adaptation en BD du magnifique roman éponyme de Sorj Chalandon.

Tyrone est le fils de Pat Meehan et comme son père , il ne supporte pas la scission de l'Irlande et l'interventionnisme des Anglais . Comme son père, il va lutter pour défendre sa terre , ses racines . Mais quand il revient à Killybegs en 2006; c'est après avoir trahi ...

Très belle adaptation, des dessins réussis (c'est tout ce que ma connaissance en BD me permet de dire :)!) et qui traduisent bien les émotions . Des textes succins mais suffisants pour suivre la trame, toutefois un peu compliqué, mais la situation en Irlande l'était tout autant.

Cela se lit vite et donne clairement envie de reprendre le texte initial . L'implication de Sorj Chalandon lui même dans les textes, sa connaissance de l'Irlande où il a été reporter de guerre ajoute encore un peu plus de crédit à l'ensemble.
Cette histoire est inspirée de celle de Denis Donaldson,activiste de l'IRA retourné par les britanniques à sa sortie de prison.

A noter que trois romans de Sorj Chalandon ont été adaptés en BD , ce qui me parait être une excellente idée !
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Le retour à Killybegs est celui de Tyrone Meehan, le traître à la cause irlandaise. À la fin de Mon traître, plein de questions restaient en suspend. Pourquoi Tyrone avait-il trahi après avoir été un héros ? Pourquoi les anglais l'avaient-ils dénoncé et donner en pâture à l'IRA ? Tyrone avait-il toujours menti et était-ce un véritable salaud ?

C'est Tyrone lui-même qui va écrire son histoire et nous faire découvrir les drames de sa vie. Il est revenu dans le village de son enfance Killybegs où il a grandi comme toute sa famille. Tyrone est revenu sur la terre de ses pères mais il est revenu seul, sans Sheila, sa femme, sans Jack son fils . Mais a t'il le droit d'avoir encore une femme et un fils ?

Tyrone nous retrace son parcours et apporte son éclairage, sa vérité. On retrouve des moments et des événements décrits dans Mon traître et on comprend mieux certaines réactions de Tyrone. Il raconte sans détour, et donne sa vérité.

Pierre Alary prête ses traits et ses couleurs à cette vérité. On découvre la complexité de cette intrigue mais aussi la complexité de la vie et de l'engagement de Tyrone. C'est un homme d'honneur qui a croisé des hommes d'honneur dans les deux camps. C'est aussi un homme de coeur et il le montrera. Il ne faut pas toujours se fier aux apparences.

Sorj Chalandon et Pierre Alary nous entraînent dans les méandres de la détresse humaine et d l'horreur des combats. Qui a le droit de juger ?Qui eput juger ? Jusqu'où peut-on aller ? Quel sacrifice peut-on faire ?

C'est une très belle histoire, très touchante. Une histoire d'un homme qui sera rattrapé par son destin et qui fera passer la cause nationale avant sa propre vie. C'est aussi une histoire de solitude, la solitude des êtres d'exception. À travers le Retour à Killybegs, nous saurons alors que les proches de Tyrone n'ont pas su.

Grâce à ces deux romans graphiques, j'ai pu parfaire mes connaissances sur l'Irlande et la lutte de l'IRA. J'étais déjà passionné par la verte Erin, je le suis encore plus. Je vais chercher d'autres romans de Sorj Chalandon et d'autres BD de Pierre Alary, car leurs univers m'ont conquis.
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Une figure mythique de l'IRA, Tyrone Meehan se fait dénoncer par les Anglais. Durant 20 ans, il a trahi la cause nationaliste irlandaise. Aujourd'hui, il doit faire face à toutes les conséquences d'une trahison aussi complexe que la vie du traitre, seul, incompris et régulièrement traité comme un paria depuis sa jeunesse. Comment une vie d'intensité passionnée et de désespoir peut mener vers l'obscurité et la honte, c'est l'histoire du roman de Sorj Chalandon adaptée en bande dessinée par Pierre Alary.


Prendre le point de vue du traitre pour raconter une histoire permet de livrer tous les aspects de la trahison, de sa genèse à ses conséquences en passant par les émotions ressenties lorsqu'on commet un tel acte. C'est l'histoire de Tyrone Meehan, un homme souvent perçu comme un paria, et portant le poids d'un passé complexe pesant encore sur une vie de conflits.

Raconter l'histoire du roman de Sorj Chalandon, c'était la mission de Pierre Alary. Après « Mon Traitre », le dessinateur (qui porte toutes les casquettes sur cet album) signe une nouvelle fois une adaptation et l'emmener dans son monde : celui des bulles. En prenant le parti prix de limiter les couleurs et de travailler avec un trait très efficace, il renforce la force de son propos qu'il met avec brio en lumière.

Si Pierre Alary soigne avec application chacune des cases, sa force évocatrice saute aux yeux dès les premières cases en gros plan. Sans basculer dans un photoréalisme, au contraire, le dessinateur sait mettre en valeur les expressions de visages qu'il dépeint avec une maitrise rare. le choix du quasi monochrome par case vient mettre en avant avec sobriété la force de l'intrigue, des propos et des visages.

Dès les premières pages, on se laisse embarquer dans une histoire forte qui met en lumière la réalité de l'île d'Irlande, pris dans un scénario efficace et poétique qui sans jamais basculer dans le pathos évoque une réalité historique forte qui n'a malheureusement rien à envier à un scénario de fiction. L'IRA, les guerres irlandaises successives, la division communautaire de cette société sont autant de puissantes toiles de fond pour l'histoire d'un personnage que la vie n'a pas épargné.

À la force de son dessin, Pierre Alary raconte avec brio dans son adaptation du roman de Sorj Chalandon la vie de cette figure de l'IRA brisée par une existence de violence et d'exclusion. Saisi à la fois par la beauté du dessin et par un scénario fort et prenant, « Retour à Killybegs » s'apprécie case par case tout en donnant l'envie de tourner les pages jusqu'à la quatrième de couverture sans s'arrêter.

Porte d'entrée idéale pour découvrir le XXe siècle en Irlande, « Retour à Killybegs » ne se cantonne pas à une simple retranscription d'événements historiques. Au contraire, le contexte historique vient servir un récit fort sur des vies brisées par la violence, la discrimination, la misère, la guerre, et la culpabilité. Une histoire qui ne vous quitte pas une fois le livre fermé, qui s'imprime jusqu'à vous laisser le souvenir du récit d'un homme qui à la défaveur d'une vie gâchée, brisée, va devoir se résoudre aux choix vers une vie d'obscurité, de souffrance, de honte.
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critiques presse (1)
ActuaBD
25 novembre 2019
La bande dessinée peut tout raconter, tout montrer, quand elle fait preuve à la fois de simplicité et de respect de ce dont elle parle. Et avec Pierre Alary, c’est une réussite totale… Ce Retour à Killybegs est un portrait humaniste d’un humain en désespérance presque tranquille.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Mon frère allait signer le pacte. J’ai dit qu’un Meehan ne quittait pas sa terre.
« Ma terre ? Quelle terre ? Qu’est-ce qu’elle a fait pour nous ? Tu peux me le dire ? C’est quoi l’Irlande Républicaine ? Deux cents rues à Belfast, des ghettos lépreux à Derry, à Strabane ? Les irlandais nous pourchassent avec la même haine que les britanniques. Je veux des rires, des visages neufs, des rues sans soldats. Je ne veux plus de ce que nous sommes, petit frère. L’Irlande m’a épuisé. Elle a exigé trop de moi. J’en ai marre de notre drapeau, de nos héros, de nos martyrs. ».
J’ai pleuré de détresse et de rage.
Mon frère est sorti de Crumlin en octobre 1957. Béni par maman, il a emmené Brian et Niall aux Etats-Unis, chez un oncle.
A ma libération, en avril 1960, il était flic à New York, j’ai été promu lieutenant de l’IRA. Je me suis marié avec Sheila Costello. Jack est né un an plus tard, le 14 Août 1961… Notre fils et unique enfant.
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"Savez-vous ce que disent les arbres lorsque la hache entre dans la forêt ?
Regardez ! Le manche est l'un des nôtres !"
Anonyme, Belfast
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Nous étions des gamins. Nous voulions nous battre pour la liberté de notre pays. Préserver sa terrible beauté. Je n’ai plus posé de questions et Danny a gardé les siennes. Poser des questions, c’était déjà déposer les armes. Peu importent nos pactes et nos alliances. Danny et moi allions faire la guerre aux anglais, comme nos pères la faisaient. Nous étions prêts à mourir les uns pour les autres. Mourir vraiment. Et certains d’entre nous allaient tenir promesse.
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Sur le chemin du retour, [mon père] me montrait la lune, sa clarté sur le chemin. C'est la lumière des morts, disait-il.
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En 1921, mon père était volunteer, soldat de la brigade du Donegal de l'IRA.
Il a refusé l'édification de la frontière, la création de l'Irlande du Nord.
Il a voulu chasser l'anglais du pays tout entier.
Après la guerre d'indépendance contre les britanniques, ce fut la guerre civile entre nous.
Ces anciens frères d'armes étaient armés par les anglais, ils ouvraient le feu sur leurs camarades.
Mon père a été interné, sans jugement, par les britanniques, condamné à mort et gracié.
En 1922, il fut arrêté une nouvelle fois.
Frappé, torturé pendant une semaine, les soldats du nouvel état libre d'Irlande voulaient savoir où étaient les insoumis de l'IRA. Où ils cachaient leurs armes... en vain.
Jamais il ne m'a raconté, mais je l'ai su.
En mai 1923, les derniers volunteers de l'IRA ont déposé les armes, et papa a vieilli.
Pat Meehan avait perdu la guerre.
Il a commencé à boire beaucoup, à hurler beaucoup, à se battre.
A battre ses enfants.
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Vidéo de Pierre Alary
Interview de Pierre Alary à l'occasion de la sortie de l'album Gone with the wind, adaptation de Autant en emporte le vent.
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