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Yvan Lissorgues (Traducteur)
EAN : 9782213020129
732 pages
Fayard (09/09/1987)
4.53/5   20 notes
Résumé :

Cent ans après sa publication, le roman la Régente (1884-1885) s'est imposé comme l'un des monuments des lettres espagnoles, et il accède peu à peu, grâce aux diverses traductions, au rang des chefs-d’œuvre de la littérature universelle. La Régente est l'histoire du conflit entre certains personnages et le milieu où ils sont condamnés à vivre. Il est la peinture des mœurs et des mental... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Leopoldo Alas, intellectuel à l'éthique libérale, s'est détaché très tôt de la classe bourgeoise dont l'aspiration se limite au profit. de même, par ses origines et sa culture (lecteur impénitent, il assimile toute la production intellectuelle de son époque), il est très distant des idéologies socialistes. Alas choisit un troisième voie : celle de l'émancipation de l'homme par la culture, où le progrès social ne peut se déployer qu'avec le progrès moral. Toute son oeuvre, d'un point de vue spirituel, illustre la position de Alas : allier le pouvoir de la raison avec l'intuition du mystère.
C'est donc l'art qui est le moyen idéal de connaissance selon lui. Toute valeur humaine étant authentiquement valeur d'intériorité, il pourfendra l'hypocrisie, la fausseté et l'imposture. S'il dénonce l'Eglise institutionnelle, c'est au nom de cette spiritualité authentique qu'il aspire de ses voeux. Son roman La Régente s'articule autour de cette position intellectuelle d'Alas.

Pour Leopoldo Alas, la vérité est une quête qui ne peut s'effectuer qu'au plus profond des êtres et des choses. La Régente s'inscrit donc comme une aventure de la conscience, où l'écriture est à la fois spontanée et d'une grande fluidité. Alas donne vie à des personnages, les observe et transforme le tout en territoire mental.

La Régente est une histoire d'adultère dans une ville de province, Vetusta, qu'Alas va exploiter pour superposer deux modes narratifs et donc deux représentations qui s'intriquent : la réalité extérieure et le monde intérieur. le peintre de Vetusta, ville où se déroule l'action, est le narrateur extérieur ironique et le féroce juge des moeurs et des mentalités d'une société de province pétrie de mensonges et d'hypocrisie.
Le narrateur intérieur, quant à lui, servi par une écriture d'un talent inouï quand il s'agit de sonder les âmes des personnages, suit avec quasi affection les mouvements intimes des deux héros : Ana Ozores, mariée, délicate et sentimentale et le chanoine Fermin de Pas, son directeur de conscience. de leurs intérieurs troubles et troublés, Alas révèlera leur ultime profondeur.
Dans cette dissection des âmes enchâssées dans un monde ennuyeux et étouffant, véritable critique du conformisme social bourgeois, où le désir est sous surveillance de la frustration, Alas sous-tend une quête de l'impossible unicité de l'être qui transcenderait l'existence.

Mario Vargas Llosa considérait La Régente comme le meilleur roman espagnol du 19ème siècle. Je me range humblement à son avis.

Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
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J'ai toujours dit que si je ne devais garder qu'un seul livre ce serait celui-ci. A la croisée des écritures De Balzac et Zola, Clarin nous livre là un des chefs-d'œuvre de la littérature réaliste.
"La Régente" est l'histoire d'Ana Ozores mais c'est aussi celle de Vetusta, une ville de province avec ses codes, ses secrets, ses castes, une ville empêtrée dans ses traditions, une ville où, pour tromper l'ennui, on va à la messe, on trompe son conjoint, on dit du mal de son voisin... Une ville qui a perdu depuis longtemps la clé de sa bibliothèque et qui se complaît dans son ignorance arrogante et satisfaite.
Persuadée d'être superieure à ses vils concitoyens, Ana veut se démarquer. Elle se jette dans la religion pour échapper à la bassesse et verse dans un mysticisme sensuel dont voudra profiter Fermín, le Magistral de la cathédrale tombé fou amoureux d'elle. Blessée, déçue, elle fuit l'Eglise et tombe dans les bras d'Álvaro, Don Juan sur le retour qui veut faire d'elle sa dernière et plus belle conquête. Ana, loin d'être l'ange irréprochable qu'elle ambitionnait patauge alors dans la même fange que ces femelles qu'elle exècre. Abandonnée de tous, ne pouvant trouver refuge ni dans la foi ni dans l'amour, Ana finit bafouée, bannie, privée de vie et de mort
Ici pas de place pour la pureté, pour la vérité, tout est sali et noyé dans la boue et la poussière, les bâtiments, les sentiments, les humains.
Une oeuvre qui parle aussi de la condition des femmes au tournant d'une époque, de leurs droits, de leur désirs, de leur 'pouvoir" et de leur devoir.
Un roman magistral où on trouve passion, politique, sociologie, médecine, stratégie, ambitions, faux-semblants. Une centaine de personnages qui sont autant de facettes de cette Espagne fin-de-siècle, pétrie de catholicité hypocrite et de science balbutiante, sise entre archaisme et modernité, entre devoirs sacrés et empire des sens.
Un monument de littérature, tout un monde qui s'étend sur 900 pages d'une écriture envoûtante.
Le livre d'une vie, celle d'Ana et celle de l'auteur qui n'écrivit que 2 romans, le second nettement moins brillant et sans doute, le livre de ma vie.
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Ana Ozeres est la Régente, comprenez l'épouse d'un président de tribunal territorial à la retraite. Tout Vetusta la tient en haute estime, tant pour sa beauté à nulle autre pareille que pour sa grande réputation de vertu. La bonne société et le parti dévot de cette ville un tantinet endormie, malgré son statut de capitale de province (l'Oviedo de Clarin), la courtise sans relâche. Mais la Régente est une âme exaltée et ardente qui aspire à des satisfactions plus hautement spirituelles que les pauvres mondanités de ce milieu étriqué et que son époux, de 20 ans son aîné, figure de mari ridicule, qui consacre son temps en lubies que sont la chasse, ses oiseaux en volière et sa passion pour le théâtre du Siècle d'or est bien incapable de concevoir. L'attrait de sa personne attire la convoitise. Don Alvaro Mesia, Don Juan vétustien sur le retour et Don Fermin de Pas, le Magistral ou chanoine du chapitre, prélat simoniaque et impérieux se livrent une guerre à outrance pour enlever la citadelle réputée imprenable. Ils sont assistés en cela par leur parti respectif dont les membres agissent en sous-main auprès de la Régente, exercant une activité occulte que cette dernière est à mille lieues d'imaginer.

La Régente est considérée aujourd'hui comme une oeuvre majeure de la littérature espagnole, peut-être le plus grand roman du 19ème siècle de ce côté des Pyrénées. C'est une satire brillante du microcosme d'une ville de province à l'époque de la restauration espagnole. La figure de l'héroïne, mystique et passionnée, à la recherche de sublimités qui ne sont décidément pas de ce monde agit un peu comme un repoussoir. C'est bien plutôt l'ironie mordante avec laquelle l'auteur peint les travers et les mesquineries des personnages qui gravitent autour de cette martyre de l'idéalisme qui comblera d'aise le lecteur averti.
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La Régente est une autre Emma Bovary dans la ville de Vetusta, nom ô combien symbolique! Anna, jeune femme énergique et romantique, souffre de l'étroitesse et de la mesquinerie de la vie provinciale; elle traverse une crise de religiosité mystique, manipulée par un prêtre ambitieux qui s'éprendra d'elle. Anna se laisse séduire par un Don Juan de sous-préfecture avant de subir le mépris de ses concitoyens, gens "comme il faut" timorés et hypocrites.
La Régente ou comment une vie peut être détruite par l'ennui et les conventions.
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Voici un chef d'oeuvre espagnol de la littérature naturaliste / réaliste du XIXè."La Régente" fut publié en 1884-1885, avec fracas, et beaucoup de similitudes avec d'autres publications européennes, notamment avec "Madame Bovary" qui fut la première à aborder l'adultère féminin de façon aussi directe en 1857 et aussi "Anna Karenine" en 1877.
Ce roman majeur ne fut traduit en français que en 1980.

Le livre traite de l'adultère commis par Ana Ozores, épouse de l'ex Régent de Vetusta (nom fictif de la ville d'Oviedo), une personnalité de la ville, un homme trop âgé pour Ana qui la traite comme à une fille.
Ana s'ennuie dans cette société si fermée et si hypocrite où tous les gestes sont épiés et commentés, où les classes sociales sont terriblement marquées.
Elle va tomber d'abord dans la bigoterie, puis lorsqu'elle s'apercevra que son confesseur est tombé amoureux d'elle, elle se donnera au Don Juan de Vetusta, le vil Alvaro Mesía qui prétend seulement l'ajouter à son tableau de chasse et la faire tomber de son piédestal de femme "idéale" qu'elle s'est bâtie à Vetusta.
Il y a dans ce livre une galerie de plus de 100 personnages décrits de façon si profonde et parfaite qu'ils nous hantent après avoir fermé ce pavé de plus de 900 pages.
Il y a beaucoup de passions dans ce roman et non seulement adultères.
Le rôle de la femme dans cette société et à cette époque est remarquablement souligné. Il faut rappeler que les femmes à cette époque n'avaient pas les mêmes droits que les hommes avec notamment le refus de l'accès à l'éducation.

Un bijou littéraire.
Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Une nuit, La Régente reconnut dans ce souterrain les catacombes, d’après les descriptions romantiques de Chateaubriand et de Wiseman ; mais au lieu de vierges vêtues de blanches tuniques, elle voyait errer, dans ces galeries humides, étroites et basses, des larves dégoûtantes, décharnées, revêtues de chasubles d’or, de chapes et de manteaux de prêtres qui, au contact, étaient comme des ailes de chauves-souris. Ana courait, courait à perdre haleine sans pouvoir avancer, à la recherche de l’ouverture étroite, préférant y déchirer ses chairs plutôt que de supporter la puanteur et le contact de ces masques repoussants...
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Ana, immobile, avait vu sortir le Magistral (...) "Ce chanoine était amoureux d'elle! " Oui, amoureux comme un homme et non d'un amour mystique, idéal, séraphique comme elle se l'était imaginé. Il était jaloux, mort de jalousie...Le Magistral n'était pas le grand frère spirituel, c'était un homme qui, sous sa soutane, dissimulait passion, amour, jalousie, colère. Elle était aimée d'un chanoine! Ana frissonna comme au contact d'un corps visqueux. (...) Ana se rappelait les paroles de son père: " Le clergé corrompait les consciences, les prêtres étaient comme tout le monde, le célibat ecclésiastique n'était qu'un masque."
Comment s'étonner dès lors, après cette dénonciation des mœurs cléricales, qu'il ait été cloué au pilori par l'église et les conservateurs les plus réactionnaires, à une époque dominée par un catholicisme intransigeant.
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Un roman un peu long à démarrer. Une fois qu'on a réussi à rentrer dedans, il devient passionnant et on enrage presque de ne pas avoir le tome 2 sous la main !
Le récit se révèle au final bien construit et sait ménager le suspens pour le tome 2.
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"De tal palo, tal astilla" ce qui signifie telle mère, telle fille
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