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Gojko Lukic (Traducteur)Gabriel Iaculli (Traducteur)
EAN : 9782070749379
128 pages
Gallimard (08/01/2004)
3.94/5   9 notes
Résumé :
Le narrateur de L'homme de neige a une idée fixe : boire du jus d'orange. Venu de l'ex-Yougoslavie, il est invité comme écrivain en résidence dans une université nord-américaine. Mais sa nouvelle vie, confortable et bien réglée, dont il note minutieusement les moindres détails, ne fait tout simplement pas sens pour lui. Ses quelques cours et conférences, ses obligations sociales et ses conversations avec les professeurs et étudiants, tout est envahi par un sentiment... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Grâce à Eliette Abecassis, une dame pour qui j'ai beaucoup d'estime, ayant lu la plupart de ses livres, j'ai découvert l'univers fascinant des juifs séfarades. J'avais déjà appris pas mal sur les juifs ashkénazes, d'Europe centrale et de l'est, mais des séfarades je savais juste que le grand philosophe Baruch de Spinoza appartenait à la communauté juive portugaise d'Amsterdam. Mais c'est en lisant "Sépharade" d'Abecassis que mon intérêt pour ce peuple a été éveillé. Un peuple chassé de l'île ibérique par la reine Isabelle la Catholique (que Dieu ait pitié de l'âme de cette catholique peu exemplaire), en 1492, la même année où un certain Christophe Colomb naviguait tranquillement vers l'Amérique. En hébreu le mot 'Sefarad' désigne d'ailleurs l'Espagne. Beaucoup de juifs ont alors traversé la Méditerranée pour s'installer en Afrique du Nord et de là voyager vers l'est, direction Constantinople, le Balkan et plus loin en Europe. Après Israël évidemment, la France compte le plus de séfarades (entre 300.000 et 400.000), dont Eliette Abecassis, née à Strasbourg.

C'est de descendants séfarades que David Albahari est né à Peć dans le Kosovo en 1948, pour vivre à Belgrade avant son grand départ pour Calgary au Canada, en 1994. de lui j'ai lu, il y a quelques années, son ouvrage "Goetz et Meyer". Ces Goetz et Meyer étaient, lors de la dernière tuerie mondiale, des officiers SS envoyés à la capitale serbe pour y gazer, à bord de leur camion spécialement équipé à cet effet, quelque 5000 vieillards, femmes et enfants séfarades.

'L'homme de neige" est le second ouvrage que j'ai lu de ses 8 romans et 8 recueils de nouvelles qu'il a écrits en serbe. Sur ma pile à lire, il y a "Ténèbres" et son dernier "Sangsues". David Albahari est membre non résident de l'Académie serbe des sciences et des arts . Dans son pays natal, il a reçu le Prix Andrić pour son ouvrage "Description de la mort". Un ouvrage dont le titre me décourage un peu !

Sûrement que ce relativement court roman est largement autobiographique, puisque le protagoniste est un 'etranger' , nommé comme professeur à une université américaine. Seulement cette belle réussite sociale ne le rend pas heureux pour autant. Bien au contraire, il s'ennuie ferme. À ce point même qu'il m'a fait penser à un roman d'Alberto Moravia avec le titre révélateur "L'ennui" de 1960, où l'on assiste également aux difficultés d'un homme en crise dans ses rapports avec la réalité qui l'entoure. En somme, un isolement kafkaïen, jusqu'à ce que notre héros découvre dans le sous-sol de la maison qu'il a louée, une armoire fermée à clef, que bien entendu, il ouvre au bout de quelques réticences. Pour ne pas gêner les futurs lecteurs, je dois arrêter ici ce petit résumé.

Voilà donc 2 auteurs d'origine distincte : l'une, Eliette Abecassis, dont la famille vient du Maroc et qui vit en Alsace et un serbe qui vit au Canada. Deux mondes différents et qui malgré une approche fatalement différente, montre des similitudes dans leur façon d'observer l'individu dans son contexte quotidien : l'héritage séfarade ?

Avant l'indépendance des colonies françaises de l'Afrique du Nord, cette partie du globe comptait presque un demi-million de séfarades. La grande spécialiste des mouvements de ce peuple est bizarrement une jeune dame qui vient de Cracovie en Pologne, Ewa Tartakowski, docteur en sociologie, professeur à l'université de Paris/Nanterre et membre du Centre Weber, qui a écrit un ouvrage remarquable "Juifs et le Maghreb". À partir des livres publiés par des auteurs d'origine judéo-maghrébine, elle analyse les fonctions de la littérature d'exil. Une oeuvre peut-être hautement spécialisée, mais passionnante. Une autre dame qui s'est penchée sur la question est Maïtena Armagnague-Roucher avec son "Une jeunesse turque en France et en Allemagne", un ouvrage que je viens de me commander et duquel j'espère rédiger une critique bientôt.

Sur son site, David Albahari note : "La ligne qui sépare le monde réel du monde des rêves est très mince." Et ajoute : "Lorsque j'étais môme, j'avais peur que je ne fusse pas plus qu'une image dans le rêve de quelqu'un et que le soudain réveil de ce rêveur inconnu, signifierait la fin de ma vie." Ou bien l'auteur à vaincu sa peur, ou bien l'inconnu rêve toujours. En tout cas, David Albahari, adulte, n'a rien perdu de sa très riche imagination, qu'il sait traduire de faconn elegante dans une langue poétique.


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un roman qui se lit d'un trait, car il n'y a pas de paragraphe, et décrit avec une puissance rare la lente descente de l'homme dans l'incompréhension. Cet homme, le narrateur, est un exilé, qui se heurte aux hommes de son nouveau pays qui se gargarisent d'avoir tout compris d'une situation qu'ils ne connaissent nullement, et lui imposent leurs jugements et vérités sans jamais écouter la sienne. 113 pages d'un cri silencieux, de l'homme qui à laissé son pays derrière lui, pays qui n'existe plus, pour ne trouver une terre d'accueil, une situation, mais aucune humanité. Ce récit nous rappelle qu'il n'existe aucun exil simple ou facile, même ceux qui peuvent paraître les plus aidés et organisés. Je recommande !
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L'homme de neige présente beaucoup de similitudes avec son auteur puisqu'il s'agit d'un écrivain d'ex-Yougoslavie invité en résidence dans une université nord-américaine. Malgré l'excellent accueil matériel qui lui est réservé, le narrateur reste confronté à une forme d'incompréhension liée à une vision déformée de son pays que véhiculent les universitaires qui l'entourent. Avec une écriture minutieuse, dense et précise, David Albahari s'interroge, de façon presque fataliste, sur le sens de l'histoire, sur la géographie et sur leur enseignement.
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[...]l'écriture est belle, forte, puissante même… Mais ça ne suffit pas à capter mon attention[...]
Lien : http://www.readingintherain...
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Ha!"a lancé le professeur de sciences politiques en me voyant apparaître à la porte de son bureau. Voilà une ponctualité, a-t-il dit, à laquelle on ne s'attendrait pas de la part de gens des pays dont je venais, mais vu que j'étais originaire d'une région frontalière, il estimait que j'avais probablement combiné en moi des qualités différentes, atténuant celles qui étaient typiques et accentuant les inhabituelles. La surprise qu'il me destinait, c'était un livre. Il le poussait vers moi, sur son bureau, tout en le couvrant de sa main. "Pas si vite", a-t-il dit quand j'ai tendu le bras. Il a retiré sa main. Atlas historique de l'Europe centrale et orientale, ai-je lu sur la couverture. "ici, a dit le professeur de sciences politiques en tapant sur le livre de son index plié, est inscrit votre destin, ici est le noyau dont tout procède et où tout conflue."Je n'ai rien dit. "C'est le meilleur livre sur les peuples fantômes qui, même au bout de mille ans et plus, n'arrivent pas à trouver la paix, errent sans cesse à travers des espaces qu'ils ont depuis longtemps transformés en cimetières, en pays des morts, convaincus que seul le monde de l'au-delà est le vrai monde, que l'inconsistance est la vraie plénitude et que les frontières ne sont que des pures inventions.
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Videos de David Albahari (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de David Albahari
Le vendredi 13 juillet 2018, la librairie Charybde (129 rue de Charenton 75012 Paris - www.charybde.fr ) avait la joie de recevoir Emmanuel Ruben pour évoquer les récentes publications de "Le coeur de l'Europe" (éditions La Contre Allée) et de "Terminus Schengen" (éditions le Réalgar), et pour effectuer un parcours au sein de la littérature d'ex-Yougoslavie. Il évoquait Milos Crnjanski, Ivo Andric, Aleksandar Tisma, Danilo Kis, Milorad Pavic et David Albahari, tandis que le librairie Charybde 2 évoquait Faruk Sehic, Miljenko Jergovic et Goran Petrovic.
Ceci est l'enregistrement de la première heure de la rencontre.
+ Lire la suite
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