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Michèle Albaret-Maatsch (Traducteur)
EAN : 9782221239247
414 pages
Robert Laffont (21/10/2021)
4.09/5   11 notes
Résumé :
Dans Mme Osmond, John Banville, l'auteur de La Mer, lauréat du Booker Prize, imagine une suite au Portrait de femme de Henry James et nous livre, outre un superbe pastiche, un merveilleux roman. Fuyant Rome et un mari dont elle vient de découvrir la trahison, la jeune et vive héritière Isabel Osmond court à Londres au chevet de son cousin bien-aimé, qui gît sur son lit de mort. Elle qui menait une existence morne et silencieuse dans son palais romain renaît pourtant... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Mme Osmond est un roman de l'Irlandais John Banville. Roman parfaitement hors du siècle et le revendiquant, à la fois exercice de style et hommage à Henry James. C'est ainsi que l'a imaginé John Banville, une variation virtuose sur Portrait de femme. Isabel Osmond, joli morceau de gratin londonien, quitte son palais de Rome, décidée à quitter son mari dont lle vient de découvrir la trahison. Je crois que de nos jours on ne s'exprimerait plus ainsi. Un temps déstabilisée elle renaît doucement de ses cendres, les prétendants ne manquant pas.

Qui peut s'intéresser à un roman type fin de siècle, l'avant-dernier, mettant en scène des aristos britanniques, tellement, aux prises avec peines de coeur et parfois finances fragiles? Tout le monde, à mon avis. Tant la finesse de l'auteur, sa précision méticuleuse m'a séduit. de retour à Londres Mrs. Osmond renoue avec ses vieux amis, et loin de l'Italie si à la mode, tente d'assumer sa liberté nouvelle bien qu'elle ne soit pas du genre à se laisser étourdir. Quittant le luxe romain, gouffre aux chimères qui ne lui a guère apporté que déception et mépris, il n'est pas certain pourtant que Londres en son égocentrisme lui apporte une sérénité nouvelle.

John Banville détaille, en cela la référence assumée à Henry James est patente. Rappelons ici qu'Henry James, américain de New York, ne devint citoyen britannique que queques mois avant sa mort en 1916. Banville écrit Mme Osmond comme le peintre qu'il souhaitait devenir en sa jeunesse. Un thé reste un cérémonial par exemple et fumer un cigare peut donner ceci dans la belle prose de l'écrivain irlandais. N'est-ce pas minutieux?

Elle lui remit l'étui, et il se choisit un cigare, qu'il alluma; la flamme de l'allumette brilla d'une pâle clarté irréelle au soleil, et, en la regardant se consumer, Isabel éprouva à nouveau un malaise inexplicable. Osmond l'observa à travers un petit accroc bleu dragée dans la fumée qui se dispersait.

Tout comme dans le modèle, Portrait de femme, Mme Osmond peut être d'une rare violence car c'est avant tout de vengeance qu'il s'agit. On ne dégaine aucune arme dans ce roman. Mais on y ironise, on y persifle, on y meurtrit à merveille. Et je vais vous faire une confidence: je me sens bien parmi ces gens là. Scones, muffins et marmelade ne sont pas pour me déplaire. On a les madeleines qu'on peut. Et Isabel, toute en retenue, est diablement séduisante.
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John Banville ne cache pas son admiration pour Henry James (Literary Review), il situe même la naissance du roman psychologique dans le chapitre 27 du "Portrait de femme", où l'on navigue dans le flux de la conscience d'Isabel Archer. Mieux : le roman de James se termine de façon si abrupte que Banville y voit une invitation du Maître à poursuivre le destin d'Isabel, grande création littéraire, qu'il considère, malgré ses travers et ses erreurs, comme une véritable héroïne (The Irish Times). Arrogance et témérité, l'écrivain irlandais a écrit une suite au portrait !

"The Portrait of a Lady" est un drame joué entre des personnages américains dans un contexte européen (bien que les situations économiques, politiques et sociales ne soient pas évoquées). Isabel Archer, femme vaillante et naïve, découvre que son mari Gilbert Osmond et son ex-maîtresse, Serena Merle, ont agi de concert pour la pousser à ce mariage d'argent. de plus, Pansy, la fille d'Osmond, n'est pas celle d'un premier lit dont l'épouse est morte, mais l'enfant qu'il a eue avec la Merle. le roman de James se termine lorsque Isabel, abattue et désemparée, fuit Osmond et Rome pour veiller le cousin Ralph Touchett qui se meurt en Angleterre – c'est indirectement grâce à ce dernier qu'elle hérita de sa fortune.

John Banville propose un roman dans la tradition classique, à la façon de Henry James, rien moins qu'un pastiche. Mon sentiment sur James est positif ("Le Tour d'écrou" et "La bête dans la jungle" formidables mais "Washington Square" un peu terne) mais je n'ai pas lu "Portrait de femme" ; par contre "Mme Osmond" m'a entièrement conquis, avec une progression très lente, mais jamais ennuyeuse. Intérêt et empathie sont entretenus avec maestria jusqu'à la fin, au point qu'on laisse l'héroïne à regret à la dernière page. Sur une incertitude, cependant... Une suite ?

Que penser du pastiche ? de Henry James, Banville écrit : ”Quiconque a lu, ou tenté de lire, feu James connaîtra ce sentiment d'être à la fois ébloui et étourdi par le style de prose qu'il a développé au cours des premières décennies du XXe siècle, un style conçu pour saisir, avec une immense, avec un diabolique subtilité, et en phrases d'une complexité labyrinthique, la texture même de la vie consciente.”

Y est-il lui-même parvenu ?

"The Guardian" qualifie "Mrs Osmond" de superbe imitation et apprécie les surprises qu'offre l'ingéniosité de Banville.
"The New Yorker" est moins enthousiaste, rappelant que Henry James recourait aux longues phrases pour aller aux deuxième, troisième, voire quatrième couches de la pensée : "Banville semble confondre cela avec un simple allongement ; le grain de sa pensée et sa prose sont trop grossiers pour rendre sa tentative crédible." Et après des exemples précis : "Banville, en optant pour le pastiche direct, s'est donné le travail le plus difficile de tous et, en conséquence, échoue le plus sévèrement."
"The New York Times", insistant sur les longueurs et le rythme "ruminatif", est aussi critique : "J'ai eu le sentiment étrange de reconnaître ses phrases comme jamesiennes sans avoir l'impression que James les avait écrites, comme si par le fait même de se faire passer pour James, Banville avait réussi à mettre en lumière à quel point James est inimitable."

Je ne suis pas sûr que l'intention de John Banville était de placer la barre si haut, au plan stylistique.

Jugeons-en nous-mêmes et suivons notre lady avec les principaux personnages de l'histoire originale dans ce prolongement banvillien. de la Tamise à Paris, jusqu'à Florence et Rome, la valeureuse Isabel Osmond trimballe-t-elle un règlement de compte ? Une vengeance, une réparation ? Je crois que beaucoup sont impatients de savoir et seront enchanté(e)s.

Lien : https://christianwery.blogsp..
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J'ai encore découvert l'oeuvre d'Henry James à travers le percutant petit roman « le tour d'écrou » qu'il faudrait d'ailleurs que je relise. J'aimerai également lire « Ce que savait Maisie » ou encore « Les bostoniennes ». Mais vous devez vous demander pourquoi je vous parle de cet auteur, alors que la chronique devrait plutôt parler de John Banville. Vous le découvrirez bien assez tôt. En attendant, j'ai bien sûr lu « La mer » de John Banville. Venons au fait.

Mme Osmond vient de fuir son vieux mari après avoir découvert que leur union n'était fondée que sur des mensonges. Furieuse, la voilà à Londres au chevet de son cousin qui agonise. Mais que va-t-elle faire ? Comment se relever d'un tel affront, en étant une femme, dans cette Europe très stricte sur les apparences ?

Le roman s'ouvre sur une jeune femme d'apparence et de caractère assez fragile, voire docile. Mais tout le monde a ses limites, et après une découverte pour le moins déstabilisante et douloureuse, Mme Osmond semble les avoir atteinte. Elle laisse son époux et toute sa vie de femme mariée dans leur palais florentin et part pour Londres. le registre langagier utilisé par John Banville est plus que soutenu, il est châtié, tout comme il devait l'être à l'époque.

Malgré cette apparente fragilité, Mme Osmond ne cesse de surprendre le lecteur par l'aplomb et les décisions qu'elle va prendre, car une femme blessée dans son amour propre peut être aussi dangereuse qu'une tigresse. L'héroïne d'Henry James — car c'est bien elle, le personnage principal du fameux roman « Portrait de femme » —va lentement mais sûrement enclencher les mécanismes de sa vengeance — car s'en est une. Et le dénouement risque d'être beaucoup plus surprenant — et machiavélique — que ce que le lecteur aurait pu attendre d'une personne qui semble si délicate et naïve au départ.
Lien : http://lillyterrature.canalb..
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En laissant traîner mon regard au rayon littérature anglaise de @librairie_moliere , mon oeil a tout de suite été attiré par cette couverture “austenienne”
Le quatrième de couverture m'a séduite et me voici donc embarquée dans la vie d'Isabelle Osmond.
📚L'auteur nous invite à suivre l'évolution de l'héroïne de “Portrait de femme” d'Henri James. Après son mariage avec Guilbert Osmond, Isabel découvre un horrible secret et prend une décision qui va bouleverser sa vie…
♥ le style de l'auteur est vraiment proche de celui d'Henri James, littéraire et imagé. Peu de dialogues, ce qui parfois me perd un peu car trop de descriptions, par moment, plombe l'action… Cependant, ici, je m'en accommode et suis le cheminement de l'héroïne avec intérêt. Pas besoin d'avoir lu le roman de James pour comprendre et suivre l'histoire car tout est délivré au long de l'intrigue.
Un beau roman, à l'ancienne, pour les fans de Jane, Emily, Charlotte, Henri et les autres…
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Défi ABC 2018-2019

Mrs Osmond semble bien naïve, un peu fragile, un peu perdue aux premières pages du roman. Une jeune femme riche, certes, mais un rien maladroite, sans convictions bien solides. Mais après la trahison de son mari, qu'elle vient d'apprendre, mais dont le lecteur ne sait pas toute l'ampleur, elle n'est pas si effondrée qu'on s'y attendrait. Pas du tout... non qu'elle cherche à susciter la jalousie de cet époux resté en Italie alors qu'elle se rendait au chevet d'un cousin mourant en Angleterre. Non pas... sa vengeance sera plus subtile, plus cruelle, plus inattendue, car tout le monde la sous-estime, cette jeune femme.
C'est un régal, un plat à savourer bien froid...
Lu en VO
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Citations et extraits (32) Voir plus Ajouter une citation
Il était vrai qu’elle n’avait jamais vu un être humain adulte manifester en public pareille impuissance, pareil malheur, pareil chagrin infantile et brut, et pourtant elle en vint à se demander, elle dont le moral avait ces derniers temps fléchi sous les coups du sort, pourquoi ce ne pourrait être un événement quotidien, susceptible de survenir à tout moment et n’importe où. Pourquoi ne cédions-nous pas tous à de périodiques accès de lamentations publiques ? C’était que, elle en avait la certitude, sur la balance des émotions, le plateau chargé du poids du chagrin de l’humanité s’abaisserait si violemment qu’il heurterait le comptoir dans un formidable fracas. Elle se dit ensuite qu’elle allait peut-être demander au cab de s’arrêter, puis qu’elle sauterait à terre et repartirait en courant pour se poster à côté de ce pauvre hère et déverser sa propre détresse au vu et au sus de tous ; mais bien entendu elle n’en fit rien.
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L’argent : elle se sentait souillée chaque fois qu’elle pensait à cet argent et aux désastres qu’il avait provoqués dans sa vie. Pour elle, le processus alchimique était allé à rebours, et l’or s’était mué en vil métal. L’argent s’apparentait à un produit des activités fondamentales de la vie physique qu’il convient de ne pas évoquer, et sur lequel il faut absolument faire silence, si l’on doit conserver et préserver les normes indispensables de la bonne société ; il n’empêche qu’il était toujours là, ce quelque chose que nous devons feindre de ne pas prendre en compte, et que nous ne pouvons cependant pas ne pas prendre en compte, ce quelque chose qu’il faut désavouer, hormis dans le réceptacle secret de la personne.
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Elle tenta un petit sourire qu’il ne lui retourna pas, non par froideur ni hostilité, semblait-il, mais comme si un geste réciproque de politesse lui paraissait superflu. Il continua à la regarder quelques instants, avec le plus grand calme et d’une façon qui n’avait absolument rien d’intrusif, en l’étudiant simplement, telle qu’elle était. La connaissait-il, s’étaient-ils rencontrés quelque part, à un moment donné ? Elle avait en un sens l’impression de le connaître, mais elle en était arrivée à un stade de sa vie où toute personne qui se détachait de la foule des passants suffisamment longtemps pour qu’elle ait le temps de la voir et de la fixer lui produisait le même effet.
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C’était un homme rondelet et doucereux aux moustaches cirées, qui était vêtu d’une redingote et arborait un somptueux foulard gris tourterelle piqué d’une épingle en diamant. Il assura la « chère madame » que c’était bien une suite qui avait été réservée : la requête était venue par télégraphe de Gardencourt, le matin même. Isabel reconnut la main de la mère de Ralph – Mme Touchett, quoique pragmatique, aurait été incapable d’imaginer que quiconque pût descendre dans un hôtel et se contenter d’y occuper une pièce et une seule –, mais insista néanmoins pour faire valoir ses propres préférences. Il s’ensuivit une consultation
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Pour Isabel, en revanche, qui jouissait d’une immunité garantie par sa réserve d’or à la banque, il était évident que son devoir consistait justement à aider des êtres comme lui, les malheureux et les déchus de ce monde. Mais il n’y avait pas à transiger avec les règles : elles s’appliquaient partout, chez les petits comme chez les grands, et elle avait conscience qu’il lui était impossible de désobéir à sa servante et d’approcher l’homme en pleurs, quand bien même ce ne serait que pour, gênée, lui glisser une pièce dans la main.
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