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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
"On oublie et puis un jour il suffit d'un parfum
Pour qu'on retrouve soudain la magie d'un matin
Et l'on oublie l'avenir pour quelques souvenirs.
Et je m'en vais faire un tour du côté de chez Swann" Dave.

Céleste fut l'unique gouvernante et confidente de Marcel Proust:
"A ma chère céleste, à ma fidèle amie de 8 années, mais en réalité si unie à ma pensée que je dirai plus vrai mon amie de toujours ." Dédicace de Marcel Proust.

Elle se voûte, Céleste en pensée, en dégustant sa madeleine.
Odilon, son mari et chauffeur de l'écrivain, l'écoute parler d'un voyage à Cabourg (" Balbec " dans l'oeuvre Marcel Proust)
- Ca ne me semble pas convenable.

Céleste n'a que 22 ans et semble un peu perdue, débarquée du fin fond de sa Lozère à Paris...
- Vas-y , tu n'as rien à craindre, fait son mari.
- Faut peut-être que tu la mettes au jus sur ... fait une copine.

- Pour qui vous me prenez? Bien sûr que je sais de quoi vous parlez! Je suis née dans une ferme, j' vous rappelle. Je sais qu'il y a des animaux, quand ça les démangeait. Ils regardaient pas au détail... Ils faisaient leur vie. Et puis les cans-cans de la basse-cour, hein. Et je regardais ailleurs, c'est tout.

-"Céleste, vous êtes ma Joconde.
-"Merci Céleste, vous êtes jolie aujourd'hui." lui écrit Marcel Proust.

Céleste a brodé des petites abeilles sur un vieux corsage...
Monsieur faisait la même chose avec ses textes. Il rapiéçait, il rapiéçait. Jour après jour, je l'écoutais décortiquer l'âme humaine. Il observait, il épinglait tout le monde! Exactement comme sil l'avait fait avec des insectes.
C'était si juste, si drôle!

-Il n'a pas dû vous épargner, non plus?
-Pardon?
-Ben oui, Céleste la brave petite fourmi. Corvéable à souhait!

"C'étaient son charme, son sourire, sa façon de parler, avec sa petite main contre sa joue. Il donnait le ton comme une chanson. Quand la vie s'est arrêtée pour lui, elle s'est arrêtée aussi pour moi. Mais la chanson est restée."
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J'ai conservé quelques vieux draps de ma grand-mère, ils sont magnifiquement brodés à son monogramme de jeune fille. Leur tissu est affiné par tant de lavages à la main.
Nous vivons désormais dans le fonctionnel, il est bien inutile de songer dans du beau. tout est laid, lourd et vulgaire. Des maisons aux toits et aux volets en pvc noir de croque-mitaines aux tatouages stupides outrageusement exposés.
Qui oserait gourmander qui que ce soit aujourd'hui pour avoir lâché un « zut » !
Céleste vous vous oubliez !

Ce livre est un témoignage d'un autre temps, d'une époque qui agonisait déjà avec Marcel Proust. Aujourd'hui ce même Marcel aurait subi l'expertise d'une ribambelle de psychiatres qui l'auraient sûrement traité aux anxiolytiques pour ses phobies et T.O.C.s tuant à jamais son génie. de même que je lis ici que Céleste souffrait probablement du syndrome de Stockolm !
« Je l'ai subi et savouré » dit-elle, n'est-ce pas clair ?
Rien n'obligeait Céleste à rester avec l'écrivain si ce n'est sa fascination et son affection pour lui qui ont excusé toutes les exigences tatillonnes et cette vie à l'envers durant huit années de peines et de richesses.

Cette mise hors du temps pour mieux le retrouver, cette vie toute entière dévolue à un travail acharné comme le firent à leur façon Adrien et Robert Proust, nous offre un merveilleux témoignage d'une socIété de nantis et de flambeurs parisiens.
Mais le récit de Céleste Albaret, à son tour, nous offre le témoignage, tout aussi précieux, de l'intimité d'un génie qui a eu le bonheur de s'affranchir par sa richesse et son intelligence des contingences de son temps pour mieux le décrire.
Ce récit est miroir derrière le miroir. Céleste est le Michel Krauss de Mac Orlan, celui qui peignait les choses derrière les choses rendant ce témoignage à jamais précieux.
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En 1973, Céleste Albaret a 82 ans. Pour la première fois, elle confie ses souvenirs à Georges Belmont. Elle avait toujours refusé les interviews, l'oeuvre de Proust se suffisant à elle-même pensait-elle. Mais une fois partie, qui d'autre resterait pour contredire tout ce qui a pu être écrit de faux sur cet homme qu'elle a énormément admiré et aimé - en tout bien tout honneur- ? "Mais aujourd'hui, avant de quitter à mon tour ce monde, l'idée qu'il puisse subsister un doute et un mensonge sur tout ce que j'ai vu et qui est la vérité, m'est devenue si intolérable que je voudrais qu'il soit dit, une fois pour toutes que les pages qui vont suivre, notamment, sont l'exacte véracité de ma mémoire, et que j'ai suffisamment réexaminé, contrôlé et revérifié les faits dans mon souvenir pour avoir la certitude de ma fidélité absolue à la réalité de ce qui fut. C'est un testament que j'écris ici, non pas un témoignage."
Rien ne prédestinait cette fille de meunier de Lozère à devenir la personne la plus proche de Marcel Proust pour ses huit dernières années, au moment où il a écrit le plus gros de son Oeuvre. Malgré tout ce qui les séparait, une complicité et une alchimie se sont mises en place, sans qu'aucun ne déroge à la sienne. Peu à peu, Céleste est devenue les jambes de Marcel, qui quittait rarement son lit, puis son ombre. Ce dévouement extraordinaire est difficile à concevoir de nos jours: comment une jeune femme, mariée depuis peu, en vient à vivre la nuit, à dormir peu, pour servir un malade qui ne vivait que de café au lait? Céleste ne l'explique pas. Elle le considérait comme un grand seigneur dont l'humanité l'avait profondément séduite. Même son époux qui était taxi à Paris jusqu'à la mort de l'écrivain a changé de métier lorsqu'elle est survenue: Proust était celui qui l'aidait à supporter ses autres clients. Ce témoignage nous raconte donc un homme avant de nous parler de l'écrivain: ce n'est pas avec du côté de chez Swann que Marcel Proust se faisait aimer des "petites gens".
Bien sûr, j'ai été ravie de voir les personnes qui ont inspiré les personnages-clés de la Recherche du point de vue de Céleste Albaret. Mais j'ai surtout été frappée de constater à quel point la poursuite de son Oeuvre a complètement modelé l'écrivain et les relations qu'il avait avec les autres : le jeune dandy dont on a l'image -et qui fait que Gide a rejeté son manuscrit sans même le lire- était déjà en train d'enquêter sur un monde dont il pressentait la fin. Son père, le professeur Adrien Proust, lui reprochait ses mondanités, ne comprenant pas cette frivolité. Pourtant, le récit de ses huit dernières années montre à quel point "le petit Marcel" était un homme acharné au travail. Jusqu'à en mourir.
Un livre à lire pour tous les amoureux de Proust.
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