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EAN : 9782842613419
191 pages
Le Serpent à plumes (30/04/2002)
3.74/5   23 notes
Résumé :

En 1931, la Bulgarie du roi Boris II est secouée par des affrontements entre terroristes et contre-terroristes : une guerre civile larvée oppose de manière chronique communistes, révolutionnaires et ligues fascistes des Balkans. Albert Londres, curieux insatiable, se rend à Sofia et se met en devoir de rencontrer le chef de l'Organisation révolutionnaire intérieure macédonienne, association clandestine d'opposants q... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
1931. le royaume de Bulgarie de Boris III est le théâtre de violentes confrontations entre communistes, révolutionnaires et ligues fascistes des Balkans au moment où Albert Londres se rend en mission à Sofia. Les guerres balkaniques de 1911 et 1913 qui conduisent au partage de la Macédoine entre Grèce, Serbie et Bulgarie, laissent notamment une Bulgarie en proie à des terribles conflits internes opposant les deux principales factions de l'Organisation révolutionnaire intérieure macédonienne (ORIM). Cette organisation révolutionnaire fondée sur la tradition des Haïdouks dont les missions premières étaient de lutter contre l'invasion de l'empire Ottoman (Bachi-Bouzouks), s'est substituée au gouvernement. Véritable état dans l'état, l'ORIM a pris le pouvoir : contrôlant tous les secteurs les plus importants du pays, l'ORIM ne rencontre quasiment pas de résistance excepté au sein même de ses rangs (les protoguérovistes contre les nouveaux les partisans d'Ivan Mikaïloff). Sous prétexte de défendre les intérêts bulgares (cf. leur devise : "la liberté ou la mort"), l'ORIM instaure la dictature via les tchétas, bandes armées constituées de Comitadjis. Ceux qui dans le début des années 1930 osent encore se soulever contre le triumvirat formé de Mikaïloff, Karadjoff et Razvigoroff sont systématiquement éliminés : "L'organisation a changé de peau. C'est un antre de terroristes. de la peau de lion à la peau de loup." (p.45). Dans un contexte politique complexe où comme toujours le partage et la délimitation des territoires fait sans exceptions des peuples lésés, il est évident qu'un rapprochement politique entre Bulgarie et Yougoslavie soit impossible. D'après Albert Londres, cette poudrière des Balkans trouverait peut-être une solution comme le proposait Stamboulisky dans la création d'une confédération des pays slaves du sud. Mais les hommes sont-ils suffisamment sages pour se ranger à une telle entente ? Albert Londres ne semble pas le croire. Dans son style inimitable, le célèbre reporter propose avec Les comitadjis, son dernier livre, un témoignage important dont on gagnerait à se souvenir...

Lire aujourd'hui ces reportages ne perd en rien de son intérêt : au contraire, leur valeur peut, dans la mesure du crédit que l'on y porte, intéresser l'histoire politique complexe des pays des Balkans. La Bulgarie n'est évidemment pas représentative de tous les pays des Balkans mais son cas présente les prémices communs à certains événements et évolutions qui devaient plus tard frapper les pays de l'Europe du Sud-Est (ère soviétique, effondrement de l'URSS...). Mais au delà de la dimension politico-historique, ce reportage d'Albert Londres révèle les méchants rouages d'un système d'oppression quasi terroriste. L'organisation, le recrutement, les missions, le financement... On se demande d'ailleurs comment Albert Londres réussit à pénétrer les arcanes de l'ORIM sans s'attirer ses foudres. A cette lecture, on pense inévitablement aux associations mafieuses étudiées par Roberto Saviano dans Gomorra ou Manfredi Giffone dans La Pieuvre. Autre époque, autre pays, mais les pratiques se ressemblent beaucoup. On peut aimer ou non le style un peu sensationnaliste du reporter mais on peut le remercier d'avoir sensibilisé l'opinion publique aux dérives des Comitadjis. Grâce au recul que l'on a aujourd'hui par rapport au début des années 30, on peut appréhender certains tournants de l'histoire des Balkans. Bref, Les comitadjis constituent à mon sens un des meilleurs travaux d'Albert Londres. Ce livre suscite une réflexion rétrospective intéressante sur ce pan de l'histoire bulgare...
Lien : http://embuscades-alcapone.b..
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c'est une lecture fort plaisante : le style incisif, l'inventivité, l'humour d'Albert Londres, font d'un reportage vieux de 80 ans un livre qui n'a pas vieilli malgré les changements historiques. Des chapitres courts, parfois une demi-page, des phrases courtes, un rythme d'enfer. Londres met en scène les Comitadjis - combattants de l'Orim (Organisation révolutionnaire intérieure macédonienne) - dans leur milieu naturel : les quartiers de Sofia, la montagne et les capitales européennes, avec une précision dans les détails, cinématographique.

Lecture historique :

L'Orim est née en 1893 dans le but de délivrer la Macédoine du joug turc, crée par deux instituteurs de langue bulgare Damian Groueff de Monastir et Péré Tocheff de Prilep. L'insurrection fur déclenchée en 1903. La réaction du Sultan fut terrible, les Bachi-bouzouks se rendirent coupables des pires exactions:

Après la lecture de Kazantzaki, je ne suis pas tellement dépaysée. D'ailleurs c'est Zorba qui m'a fait connaître les Comitadjis et c'est dans guerre entre Grecs et Bulgares que le héros découvre la triste inanité des luttes fratricides au nom de la patrie:

La suite de l'histoire des Balkans est plus confuse. En 1912, Bulgarie, Grèce, Serbie et Monténégro déclarèrent la guerre à la Turquie qui fut battue. La Macédoine fut partagée entre la Grèce, la Serbie et la Bulgarie.

Dans le camp des vaincus de la Première Guerre Mondiale, la Bulgarie perd l'occasion de réclamer la part de Macédoine qu'elle revendique; "Le traité de Neuilly a consacré le droit des Serbes", analyse A Londres. Il s'en suit en Serbie une serbisation des macédoniens, suppression des écoles bulgares, modification des patronymes, interdiction de la langue bulgare....Les comitadjis poursuivent la lutte, l'ennemi n'étant plus le Turc mais la Serbie. "Repoussant les raisons d'Etat; bousculant les sages, piétinant la diplomatie, ce sont eux qui, en pleine paix, franchissaient la frontière yougoslave, portant chez l'ennemi le fer et le feu, incendiant les villages...."

1924, l'Orim se scinde, un nouveau chef apparait et fait régner en Bulgarie une vraie Terreur Blanche. de montagnards haidoucs, les comitadjis se modernisent, deviennent citadins, l'organisation est un véritable gouvernement parallèle au gouvernement bulgare officiel. Coexistent le gouvernement du roi de Bulgarie qui lève ses impôts et gouverne, et l'Orim qui lève aussi ses impôts, réquisitionne des véhicules, a sa justice, fait régner son ordre, assassine les opposants, et qui a même ses représentants à Vienne ou en Italie...et cette situation perdure des années puisque le reportage d'Albert Londres eut lieu en 1932.

J'avais déjà compris en lisant Balkans-Transit de Maspero, que les Balkans étaient un mélange complexe de populations. J'en ai une confirmation historique. de quelle Macédoine se revendiquaient les comitadjis? de Salonique à Sofia, Skopje ou Monastir? Les comitadjis étaient ils bulgares ou macédoniens? On voit donc en germe les conflits de la fin du 20ème siècle.

Analyse du terrorisme

Une autre lecture d'Albert Londres est possible. Sans s'attacher à l'histoire des Balkans, on peut aussi admirer la façon dont le journaliste démonte les rouages d'une organisation "secrète", comment elle recrute, enrôle des miséreux, joue sur la pauvreté, comment elle rançonne, comment elle garde une certaine légitimité auprès de la population malgré son caractère délictueux. Comment elle est gardienne de la moralité. Comment aussi, la faiblesse des institutions étatiques et les complicités extérieures autorisent ce double gouvernement. Je pense aux mafias, aux terroristes actuels....

Roman d'aventure, aussi, la façon dont l'enquêteur se mêle aux terroristes, les attends trois midis de suite à l'hôtel....


Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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Un de mes reportages préférés d'Albert Londres, qui nous embarque cette fois dans les Balkans, entre Bulgarie et Serbie, dans la Macédoine déchirée par l'ORIM, l'Organisation révolutionnaire intérieure macédonienne, désirant voir cette région rattachée à la Bulgarie, qu'elle finit presque par contrôler, et dont elle exécute à tour de bras diplomates et hommes politiques.

On y retrouve le style inimitable du reporter qui retrace les guerres balkaniques et nous livre une vision fouillée et dépouillée de prétentions politiques d'une organisation terroriste et d'un conflit qui sera l'un des terreaux des violents soubresauts qui agiteront les Balkans tout au long du 20ème siècle.

Edifiant et passionnant, d'autant plus que le sujet est passablement méconnu !
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
..."On promène des têtes. A des cous pendent des colliers d'oreilles...."

..."vaincues les bandes déplumées ont gagné les hauteurs, refuge des grands oiseaux. Sur leurs ailes étendues dieu voit le sang qui sèche.

Tels étaient les Comitadjis de l'An III du siècle XX."....
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- L'amour de son prochain, dis-je, vous êtes en train de m'en faire accroire. Pour un rien vous mettez les gens sous terre. Il est vrai, et j'y pense subitement, qu'un adversaire de l'Orim, ou même mieux, un Serbe, ne sont peut-être pas des prochains.
- Vous avez compris.
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La Macédoine compte à peu près deux millions d'âmes. En 1912, ces habitants se partageaient, d'après les origines, en Bulgares, Turcs, Grecs, Albanais, Koutso-Valaques, Tziganes, Juifs et sans doute Serbes. Aujourd'hui (mes amis ne me pendez pas !) la population serbe ne peut être mise en doute, des Serbes étant descendus du nord coloniser ce qu'ils n'appellent plus la Macédoine, mais la Serbie du Sud.
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De quoi s'agit-il ?
Il s'agit de vous montrer à l’œuvre, en plein centre de l'Europe, à quarante-huit heures de chemin de fer du campanile de la gare de Lyon, une organisation révolutionnaire plus forte que l’État dont elle dépend.
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En vous disant tout à l'heure que, sans la Macédoine, il n'y aurait pas de comitadjis, je vous ai donné une opinion. Il en est une autre, celle des Serbes : sans les comitadjis, il n'y aurait plus de Macédoine.
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Videos de Albert Londres (33) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Albert Londres
Par Delphine Minoui, grand reporter, lauréate du Prix Albert Londres 2006 Tout public, à partir de 10 ans
« Lumières pour enfants », c'était le titre donné par Walter Benjamin aux émissions de radio destinées à la jeunesse qu'il assura avant la montée du nazisme. Ce titre, Gilberte Tsaï l'a repris pour les Petites conférences qu'elle programme depuis 2001 dans différents établissements culturels. Elles reposent sur le pari que ni les grandes questions, ni les espaces du savoir, ne sont étrangères au monde des enfants et qu'au contraire elles font partie de leur souci, formant un monde d'interrogations restant trop souvent sans réponses. La règle du jeu en est la suivante : un spécialiste d'une matière ou d'un domaine accepte de s'adresser à un public composé d'enfants mais aussi d'adultes, et de répondre à leurs questions. À chaque fois, il n'est question que d'éclairer, d'éveiller : en prenant les sujets au sérieux et en les traitant de façon vivante, hors des sentiers battus.
Programme de la Petite conférence #2 – « Raconter la guerre, dessiner la paix, 25 ans de reportages au Moyen-Orient » par Delphine Minoui :
Rien ne prédestinait l'enfant timide, née à Paris d'une mère française et d'un père iranien, à devenir reporter de guerre. Quand elle s'envole pour Téhéran, en 1997, c'est avec l'envie d'y raconter le quotidien des jeunes de son âge, épris d'ouverture. Mais l'après 11-septembre 2001 chamboule tout. Elle se retrouve en Afghanistan, puis en Irak, pour suivre l'invasion américaine et ses conséquences sur la région. Depuis, les soubresauts s'enchaînent : révolutions du printemps arabe, attentats de Daech, crise des réfugiés syriens, putsch raté en Turquie, retour des Taliban à Kaboul. Mais Delphine ne perd jamais espoir. Sensible à l'humain au milieu du chaos, elle navigue entre ses articles et ses livres pour faire parler la paix, encore et toujours, en racontant le combat des héros anonymes croisés sur son chemin.
Entre anecdotes et confidences, la conférence donnera à voir les coulisses du reportage, où le journaliste n'est ni un super héros ni un agent du « fake news » au service d'un grand complot, mais un témoin d'exception, porteur de lumière, même au coeur de l'obscurité.
Le terrain est la colonne vertébrale de son écriture. Correspondante au Moyen-Orient pour France Inter et France Info dès 1999 puis pour Le Figaro depuis 2002, Delphine Minoui a consacré la moitié de sa vie à cette partie du monde synonyme de révolutions, coups d'État et conflits.
À lire – « Les petites conférences » sont devenues une collection aux éditions Bayard. Delphine Minoui, L'alphabet du silence, l'Iconoclaste, 2023 Les Passeurs de livres de Daraya, Seuil, 2017 Je vous écris de Téhéran, Seuil, 2015
Conception et programmation : Gilberte Tsaï – Production : l'Équipée.
+ Lire la suite
>Histoire, géographie, sciences auxiliaires de l'histoire>Histoire de l'Europe>Histoire des Pays de l'Est (73)
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