Elle ne se piquait, comme feu Ninon, que d'unir le plaisir à l'amitié ; elle bannissait les grands mots de son vocabulaire ; mais elle était bonne, serviable, dévouée, indulgente, courageuse dans ses opinions, généreuse dans ses triomphes... Tout ce qu'elle déployait de finesse, de persévérance, d'habileté, d'empire sur elle-même pour se satisfaire sans blesser personne et sans porter atteinte à la dignité de sa position, est inimaginable.
George Sand orientera sa vie vers d'autres pensées et d'autres désirs. Alfred de Musset, en ses jours de répit, épanchera ses souvenirs et ses rancoeurs dans les strophes admirables des Nuits et la Confession d'un enfant du siècle. Elle et Lui auront trouvé, daus la mutuelle souffrance, un aliment pour leur génie. Sur les ruines de cet amour va croître et s'épanouir la luxuriante floraison des chefs-d'oeuvre.
Ne t'abandonne au plaisir que quand la nature viendra te le demander impérieusement, mais ne le cherche pas comme un remède à l'ennui et au chagrin. C'est le pire de tous. Ménage cette vie que je t'ai conservée, peut-être, par mes veilles et mes soins. Ne m'appartient-elle pas un peu à cause de cela ? Laisse-moi le croire, laisse-moi être un peu vaine d'avoir consacré quelques fatigues de mon inutile et sotte existence à sauver celle d'un homme tel que toi.
Un comédien,n'est pas un homme ; c'est une femme. Il ne vit que de vanité maladive ; il ne songe qu'à satisfaire sa vanité ; il ne travaille que pour s'enivrer de vanité. La beauté d'une femme lui fait du tort. Le talent d'une femme efface ou conteste le sien. Une femme est son rival, ou plutôt il est la rivale d'une femme ; il a toutes les petitesses, tous les caprices, toutes les exigences, tous les ridicules d'une coquette.
Oui, je t'aime, c'est toi que j'aurais dû toujours aimer. Pourquoi t'ai-je rencontré si tard, quand je ne t'apporte plus qu'une beauté flétrie par les années et un coeur usé par les déceptions ?-Mais non, mon coeur n'est pas usé. Il est sévère, il est méfiant, il est inexorable, mais il est fort, ce passionné. Jamais je n'ai mieux senti sa vigueur et sa jeunesse que la dernière fois que tu m'as couverte de tes caresses.