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Critique de boudicca


Pour la septième année consécutive, une anthologie réunissant les textes d'une dizaine d'auteurs français est parue à l'issue du festival des Imaginales d'Épinal. Après Stéphanie Nicot, Sylvie Miller et Lionel Davoust, c'est au tour de Jean-Claude Dunyach d'assumer la responsabilité de l'ouvrage consacré cette année à deux autres figures emblématiques des littératures de l'imaginaire : les trolls et les licornes. Deux êtres que tout semble opposer (la pureté et la beauté d'un côté, la bêtise et la laideur de l'autre) mais que les dix auteurs présents au sommaire ont entrepris de nous présenter sous un jour parfois bien éloigné de celui que nous connaissons. Comme dans toute anthologie, la qualité varie évidemment d'une nouvelle à l'autre et si la plupart des textes se lisent avec intérêt, peu sont ceux qui parviennent à véritablement se distinguer. On ne pourra toutefois reprocher à aucun d'entre eux de ne pas avoir tenté de faire preuve d'originalité, notamment dans leur représentations des licornes, tour à tour pures et bienveillantes, ou sublimes mais stupides, impénétrables ou cruelles, dangereuses ou pimbêches. Rares sont cependant celles qui occupent le devant de la scène, les auteurs paraissant davantage inspirés par la figure du troll, créature certes moins noble et majestueuse mais sans doute plus complexe et surtout plus touchante (une autre anthologie consacrée au personnage est d'ailleurs elle-aussi parue cette année à l'occasion du festival « Trolls & légendes « ). Un choix que je me garderais bien de réfuter puisque, contrairement aux sirènes, elfes ou dragons dont il était question dans les précédentes anthologies, les licornes sont, en ce qui me concerne, loin d'être des créatures très passionnantes...

Parmi les dix nouvelles que compte l'anthologie, trois m'ont particulièrement enthousiasmées, à commencer par celle de Lionel Davoust, « Bienvenue à Magicland ». L'auteur y met en scène un troll rêvant depuis son enfance de devenir soigneur de licorne mais devant pour cela composer avec l'ignorance et la stupidité de ses congénères. Un texte très touchant plein de remarques très pertinentes sur la solitude et notre société actuelle. Raphaël Albert se distingue lui aussi avec « Le double destin du taquin », nouvelle rédigée sous forme de poème et mettant en scène avec beaucoup d'humour un troll et une licorne en tout point fidèles aux clichés. Pari tout aussi réussi pour Sylvie Miller et Philippe Ward qui rendent avec « Dans la tête de Georg Trollevitch » un bel hommage aux littératures dites « de genre ». Si la nouvelle possède sans aucun doute assez de qualités pour plaire à n'importe quel lecteur, elle ne manquera en tout cas pas de ravir les amateurs de littératures de l'imaginaire qui apprécieront y relever les nombreux clins d'oeil à certains de leurs auteurs fétiches à l'image du Korrigan Javier Doyo, de la Leprechaun Anne Pap-Houri ou encore de Dudu, l'ogre poutouneur. Un mot, pour finir, sur les autres nouvelles de l'anthologie qui, sans parler de coups de coeur, m'ont semblé tout à fait abouties. C'est le cas du « Trolls, licornes et bolognaise » d'Adrien Tomas consacré à une nouvelle enquête de son inspectrice Tia Morcese, ou encore de « La chasse à la licorne » d'Estelle Faye mettant en scène l'arrivée d'un duo un peu étrange dans un bourg médiéval qui paraît lui aussi avoir bien des choses à cacher. Mention spécial, enfin, à Silène Edgar pour son « Troll médecin », une variation particulièrement drôle et bien écrite inspirée de Molière.

Cette septième anthologie des Imaginales nous propose une fois encore un bel assortiment de textes témoignant de la qualité et de la diversité des auteurs de fantasy français. Si le thème de cette année ne m'a personnellement guère emballé, il aura cependant de toute évidence inspiré les dix auteurs de l'ouvrage dont certains nous offrent des textes originaux et particulièrement réussis.
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