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Le polar débute en mai 2019, avec la mort du dernier Parrain Corse Cesar Orsini, 74 ans, qualifié de Bonaparte du crime par un journaliste et qui avait étendu son empire aux dimensions du planisphère.
Notre narrateur, ex-flic, devenu détective privé, alcoolique, inconsolable depuis le départ de sa femme 5 ans plus tôt sans explication, vivotant sur de piètres enquêtes tout en ayant du flair et en étant très perspicace, est appelé à l'aide par son ami Fabien, ex militant-nationaliste, l'oncle de celui-ci Baptiste Maestracci, vivant dans un village de montagne en Corse, octogénaire, un peu simplet ayant disparu dans la nature.
Notre enquêteur va faire une découverte pour le moins surprenante. Dans le palazzu, proche de la maison de Baptiste où les chiens policiers ont perdu sa trace, il va tomber sur un cadavre momifié qui pourrait bien être là, d'après le toubib depuis une bonne quinzaine d'années. Il s'agit d'un italien, crâne fracassé, mains liées dans le dos.
Nous voilà donc partis avec lui dans sa vieille Saxo brinquebalante à sillonner la Corse, pour tenter de remonter le temps et trouver les assassins. L'enquête nous conduira même en Italie.
Ce ne sera pas une visite touristique à proprement parler puisque l'auteur va plutôt nous faire découvrir l'envers du décor de ces trente dernières années avec le nationalisme corse et ses militants qui ont défrayé les chroniques, réclamant l'indépendance de l'île, les manipulations politiques des gouvernements qui pouvaient aussi bien les poursuivre que les aider, les jalousies, les trahisons, les compromissions, la corruption, et aussi les liens avec les Brigades Rouges d'Italie qu'Antoine Albertini fait même revivre avec un gang de justicières très remonté et très performant.
Comme vous l'aurez compris, on est loin des images de cartes postales, bien que l'on soit, du moins pour ceux qui aiment la nature et l'isolement, conquis et happés par ces magnifiques paysages sauvages à l'écart des métropoles ainsi que par ces bâtisses en pierres ayant défié le temps. Gros contraste bien mis en évidence avec les villes où la puanteur règne due à une situation qu'on peut qualifier de pourrie, les décharges étant saturées. La puanteur est en quelque sorte le fil rouge de ce livre.
J'ai beaucoup apprécié ce personnage détective, cet anti-héros, à la fois désabusé, déprimé, écorché, qui n'a plus grand chose à perdre, mais qui est néanmoins lucide et réaliste, coriace, parfois cynique et qui résiste et ne manque pas de sensibilité. L'humour et l'autodérision le qualifient aussi très bien.
Action et états d'âme alliés à un suspense maintenu jusqu'au bout permettent de savourer pleinement ce roman noir, parfois glaçant, tout en approfondissant la connaissance de ces combats menés par les corses pour leur identité.
C'est, néanmoins un tableau un peu désenchanté de la Corse que nous peint Antoine Albertini, avec toutefois une petite lueur d'espoir apportée par Fred, en fin d'ouvrage, Fred, copain du narrateur et personnage très touchant.
À noter que quelques mots ou phrases en corse aussitôt traduits crédibilisent encore davantage le récit.
Je remercie Lecteurs.com qui, dans le cadre des Explorateurs m'a permis de découvrir Banditi de Antoine Albertini, aux éditions JC Lattès.
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«  Un cadavre de plus ou de moins: qu'est- ce que ça pouvait bien leur
faire? » .
——«  Et c'est aussi simple que ça ? Tuer et passer à autre chose » ?...
Deux extraits de ce polar noir et sombre à l'humour cynique, que j'ai vraiment apprécié .

Dans un village de montagne , le 6 mai 2019 disparaît , piqué par une abeille le Dernier Parrain Corse , César Orsini dit l'Empereur ..
De sa «  vie autrefois mouvementée » , le lecteur de Corsica - Matin n'apprenait rien , sinon un article truffé d'approximatives formules ...

Dans ce contexte , un ex- flic porté sur la boisson , le désespoir fiché au coeur, en quête de son grand amour perdu, est chargé de retrouver la trace de Baptiste Maestracci, un vieillard disparu de son village de montagne, sur les hauteurs de Bastia..

De découvertes spectaculaires en cadavres oubliés : mystérieuse demeure inhabitée ,plages de la côte Sarde, cimetière de Bologne , ruelles de Bastia l'auteur nous plonge dans les dérives de filles de bonne famille vers le terrorisme d'extrême gauche , au coeur de la mouvance nationaliste, brigades rouges , exécutions, activistes italiens, caïds, trafics , femmes faussement naïves , froides , vengeresses , jusqu' aux boutistes , gueules locales , secrets corses, haines et mensonges, intimidations et menaces , fanatiques , commandos ,histoires de flingues et de came , descriptions fameuses, coulisses et ombres menaçantes, héros en quête de vérité, trucage de marchés publics , flics et gendarmes doublés et dépassés , nationalistes au pouvoir, anciens barbouzes prêts à tout pour solder leurs comptes, passé qui ne passe décidément pas, loin ,très loin de la Corse carte postale naïve , gorgée de soleil , que j'ai visitée ....

Un polar passionnant : phrases amples,, construction parfaitement maîtrisée, haletant , aux multiples rebondissements , aux personnages hauts en couleurs .
L'intrigue est riche, prenante, la narration soignée.
Je me suis un peu perdue à cause de la multitude des personnages , l'histoire et la ramification entre eux , mais je ne regrette pas ma lecture.
Il faut sans doute lire le premier roman de l'auteur : Malamorte ., avant .

Dernière Phrase : «  le ciel était clair et tranquille, un temps à me faire éclater le coeur » .
L'auteur est correspondant du Monde en Corse.
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La disparition d'un vieillard dans un village de montagne sur les hauteurs de Bastia ; un ex-flic alcoolo chargé d'enquêter ; un cadavre revenu du passé… Départ assez classique de polar mais rassurez-vous avec Antoine Albertini, ça accélère fissa !

Car si le temps des nuits bleues, des guérillas nationalistes, des tractations avec l'état français, des flics et gendarmes aveugles ou dépassés, des trucages de marchés publics et autres vendettas avec les parrains bolognais est bien révolu, les comptes du passé sont loin d'être soldés et notre privé va rapidement se retrouver piégé dans d'inextricables enjeux croisés. L'époque a changé, mais pas encore pour tout le monde.

Rythmé et porté par un solide fond documentaire sur les trente dernières années de la petite et la grande histoire corse, Banditi est un polar noir efficace et réussi, qui évite les effets de manche pour laisser la part belle aux personnages : privé récurrent à l'impossible deuil amoureux, parrain vieillissant limite attendrissant, femmes fières et vengeresses, gueules locales criantes de réalisme, l'exercice est réussi haut la main !

Mais le véritable héros du livre, c'est la Corse, et Banditi est bien plus qu'un polar : c'est un grand roman d'amour… dans lequel Albertini n'a de cesse que de déclarer sa flamme à son île ! Car s'il y a bien comme un vent bizarre qui souffle sur la Corse, c'est un vent où se mélangent fiertés nostalgiques et velléités de renouveau, un vent qui transporte les effluves nauséabondes d'une grève d'éboueurs aux intentions trop évidentes, un vent qui tente de chasser les espérances si souvent déçues, mais un vent qui persiste à ramener sur l'île l'espoir de lendemains apaisés.
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Une histoire haletante comme une quête de soi et qui réserve des surprises de page en page. Dans ce nouveau roman noir d'Antoine Albertini, on retrouve notre flic, anti-héros par excellence, à Bastia. Depuis Malamorte, il a parcouru du chemin et a quitté les rangs de la police pour se mettre à son compte – privé comme on dit. Ce boulot est pour lui alimentaire, enfin plutôt pour combler sa soif de boisson, repenser à son amour perdu et questionner son âme pour comprendre comment il en est arrivé là.
Un looser, en somme, terriblement attachant, obstiné et qui fait preuve de détermination et de courage lorsqu'une affaire aux mille têtes lui tombe dessus.

Difficile à résumer tant toute l'histoire du début à la fin est imbriquée, tout commence avec la mort accidentelle de César Orsini – dernier parrain corse appelé l'Empereur, puis son ami Baptiste Maestracci, un ancien militant nationaliste s'inquiète de la disparition de son oncle, cette recherche va mener notre ancien flic sur des pistes aux multiples détours, le militantisme féminin, la vengeance, des cadavres passés qui émergent laissant poindre une histoire que nombreux veulent garder secrète.

Antoine Albertini a ce talent rare de nous entraîner dans une mosaïque humaine au travers de paysages insulaires époustouflants, le maquis, le village, l'ambiance pesante de la ville, et les personnalités de personnages authentiques, le tout dans une actualité de crise des déchets, corruption et manipulations gouvernementales.

Une quête de vérité qui a son prix, rien n'est attendu et lorsqu'on débusque des secrets, on ne sait jamais à quoi s'attendre.
Ce livre est magistral, une véritable prouesse et une exploration de l'île de beauté par les coulisses, ce qu'on ne voit pas et pourtant qui sous-tend les relations et n'est parfois qu'à un cheveu d'éclater.
J'ai adoré ce livre, plein de suspens et je n'ai pas pu décrocher tant l'écriture est prenante et qu'on se prend à incarner le rôle de détective pour résoudre cette enquête réjouissante.
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J'ai rencontré Antoine Albertini à l'édition Quai du Polar 2019 à Lyon. Auteur très sympathique 😊, qui m'a donné envie de découvrir ses romans. J'ai commencé avec « Malamorte », que j'avais beaucoup aimé et je dois dire que j'étais impatiente de lire la suite.
L'histoire débute par la mort du dernier parrain corse : César Orsini dit l'Empereur. En tant que lecteur nous voilà mis dans l'ambiance.
Nous retrouvons notre enquêteur sans nom, qui après avoir démissionné du Bureau des Homicides Simples est devenu enquêteur privé (pas de manière tout à fait légal). Il est complètement perdu dans sa vie. Il ne pense qu'à boire, et n'accepte les missions que pour se payer ses bouteilles. C'est pour moi l'anti-héros. Malgré ses défauts, et même si j'ai eu envie de lui botter les fesses, je l'ai apprécié. Il est contacté par un ancien ami nationaliste pour retrouver la trace de son oncle disparu.
Notre enquêteur a l'art et la manière de se retrouver dans des situations complexes avec des morts partout. Eh oui ils ont la gâchette facile en Corse.
L'auteur nous emmène en Corse, mais pas pour faire du tourisme. On voyage beaucoup dans ce roman, à travers les paysages magnifiques de la Corse, l'auteur nous emmène dans les coulisses où la corruption, la manipulation, la loi du silence sont les maîtres, sans oublier la place des femmes dans a société.
Malgré beaucoup d'humour, l'auteur nous dresse un roman noir et sombre.
J'ai retrouvé cet humour et ce style d'écriture qui m'avait beaucoup plu lors du précédent roman, mais je ne suis perdue un peu dans l'histoire avec la multitude des personnages et de leur ramification entre eux. le suspense est là et les rebondissements aussi mais cette multitude personnages m'a rendu ma lecture un peu pénible, et du coup j'ai eu du mal à comprendre l'intrigue. Mais attention cela peut plaire à d'autres lecteurs.
C'est un auteur et un roman que je conseille aux amateurs du genre, car nous sortons des sentiers battus, des situations habituelles tout en ayant les codes des romans policiers.
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Bon, nous ne sortons pas des codes habituels du privé: viré de la police, un grand désespoir au fond du coeur, un penchant très prononcé pour l'alcool, whisky et bière locale...
Cela posé, c'est d'abord l'humour qui m'a frappé, un humour assez cynique, celui que j'adore. La description du bureau de Santucci, tout en fautes de goût, est tordante, par exemple.
J'ai été aussi attiré par son style, très aisé: l'imparfait du subjonctif ne lui fait pas peur, ce qui n'est pas très fréquent par les temps qui courent.
Apprécié aussi ces phrases amples, peut-être pas du Proust, mais la construction en est parfaitement maîtrisée, équilibrée.
Aimé aussi les considérations socio-culturelles qui émaillent le récit.
Par contre, j'ai été horripilé par les longues biographies de multiples personnages, qui ne jouent pas de rôle direct dans l'histoire; perte de temps donc, et ralentissement de l'action ! Dommage.
S'il n'y avait pas eu ces encombrants, j'aurais bien mis les cinq étoiles.
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Dans ce polar quasi cent pour cent corse (on y fait juste une incursion à Bologne et une autre en Sardaigne), le narrateur incarne l'archétype du "privé" : ancien flic (encore en activité mais placardisé dans "Malamorte"), grand consommateur de Colomba, une des bières de la principale brasserie corse, et accessoirement de whisky, mêlé plus souvent qu'à son tour à des altercations brutales voire expéditives, il est chargé au début du livre d'une banale recherche de personne disparue par un copain, épisodique relation de travail, si l'on peut dire, un "natio" depuis longtemps rangé des voitures. Non seulement notre détective va échouer dans cette mission de routine mais, ayant fortuitement mis la main sur un cadavre vieux de plusieurs décennies, il va se retrouver embringué dans un scénario pour lequel il n'a pas eu le temps d'apprendre son rôle. En réalité c'est au coeur de plusieurs marchandages, tous aussi préjudiciables pour sa santé, qu'il est impliqué du fait de ses accointances récentes avec la police comme de sa familiarité avec les courants souvent contraires de la mouvance nationaliste, au sein de laquelle il découvre pourtant un groupuscule féminin qu'il ne connaissait que de nom.
L'auteur, journaliste (et corse), met à profit sa connaissance de l'histoire contemporaine de l'île pour concocter une histoire polymorphe où le héros (antihéros plutôt) se collette avec des cas de figure illustrant la plupart des maux dont a souffert l'île : corruption et clientélisme, économie souterraine et politique occulte, grand banditisme et violence vengeresse, le tout sur fond d'amoncellements d'ordures ménagères, à Bastia, dont on se dit qu'elles ne font pas que participer à l'ambiance générale.
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Décidément je suis plutôt impressionné par le brio de cet auteur qui a un talent fou pour inscrire ses intrigues dans un contexte corse documenté et impressionnant. L'écriture est particulièrement remarquable, c'est souvent drôle, même si le fond de l'histoire est particulièrement sinistre. On retrouve nombre de clichés du genre ( flic ou plus exactement ici ancien flic alcoolique et particulièrement masochiste ) mais je trouve que c'est fait de manière très brillante. A savoir tout de même, l'intrigue est tout à fait complexe et l'on peut s'y perdre, et certaines scènes sont très violentes, Scorsese n'est pas loin. Il pourrait croiser Audiard dont l'ombre semble parfois planer au-dessus du livre...
Ma note est élevée, malgré cette intrigue un peu trop complexe, car j'ai beaucoup aimé le style d'Antoine Albertini et sa vision de la Corse.
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On retrouve dans ce roman une partie des personnages de " Malamorte " que je n'ai pas lu mais par de courtes allusions bien placées j'ai pu suivre ce récit sans problème . Très bien écrit même si ici et là se trouvent quelques longueurs ou redites font de cet excellent roman policier "classique" à l'ancienne , bien construit , logique dans son déroulé avec quelques retournements de situation très bien amené et des références historiques corrects un très bon moment de lecture.
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La Corse.
Destination de rêve pour ceux de métropole, c'est une image de carte postale.
Qui de plus habilité qu'un privé, ex-flic, alcoolique ascendant dépressif qui ne se remet pas de la disparition de sa femme, pour nous faire découvrir la Corse de l'intérieur ?
Quand ce privé est chargé de retrouver l'oncle de son ami Fabien, ex-militant nationaliste, qui s'est évaporé dans la nature, il ne se doute pas qu'il va devoir remuer le passé alors que les cadavres s'entassent devant lui.
L'auteur nous raconte donc ces années tourmentées au début des 90's. Il nous parle de ces militants qui ont défrayé les chroniques, réclamant l'indépendance de cette île, se battant contre des gouvernements qui tantôt les traquait, tantôt les épaulait. Il nous raconte les attentats, le trafic de drogue, les liens avec les Brigades Rouges italiennes, les trafics d'influence, les manipulations politiques…
On ressent une ambivalence de sentiments dans ce polar. On alterne entre fierté et regrets, colère et tristesse, espoir et désillusions.
Plus que dans le contexte politique, cela se ressent aussi dans le décor que nous peint l'auteur. On passe de superbes paysages, de la nature encore sauvage, aux villas des continentaux, aux hôtels pour touristes, aux villes salies et puantes.
Le personnage principal alterne lui aussi cynisme, humour, confiance et défiance.
Chronique complète sur le site
Lien : http://www.evadez-moi.com/ar..
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