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EAN : 9782709661898
200 pages
J.-C. Lattès (07/03/2018)
3.6/5   43 notes
Résumé :
« Le 16 novembre 2009, un homme était abattu sur une route de campagne déserte dans la Plaine orientale de la Corse. Je l’avais rencontré une semaine auparavant à l’occasion d’un documentaire sur les filières d’immigration clandestine. Il s’appelait El Hassan M’Sarhati. Il m’avait raconté comment un passeur l’avait acheminé dans l’île, comment il avait travaillé pour des patrons inhumains, comment il se retrouvait à cette époque sans ressource, sans travail, les ma... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui, je viens vous parler d'un livre non fictif sur la Corse intitulé Les Invisibles et signé Antoine Albertini.

-Ah, la Corse ! L'Ile de Beauté ! Ses paysages enchanteurs, ses exquises spécialités, l'un des meilleurs tomes d'Astérix…

-Et son racisme assumé, sa violence dramatique, son taux de chômage alarmant...

-Oh nooon ! Ne casse pas mon rêve, s'il te plaît !

-Je n'ai pas le choix : avec ce qui va suivre, tu risques d'idéaliser un peu moins les lieux.

Or donc, Les Invisibles. On dirait le nom d'une caste vivant bannie de la société. C'est le cas, d'ailleurs : sans papiers, ils n'existent pas. Ils se font discrets pour ne pas s'attirer d'ennuis, travaillent dur au noir et sans droits.

Ils forment une communauté hétéroclite d'ouvriers agricoles venus d'Afrique du Nord. En novembre 2009, l'un d'entre eux est retrouvé mort sur une route isolée de la Plaine orientale. Assassiné. Qui a tué El Hassan Msarhati ? Et pourquoi ?

-Oh, chouette, une enquête policière !

-Oui. Et pas facile. Modère ton enthousiasme, s'il te plaît, ce n'est pas « juste une histoire ». Antoine Albertini présente et décortique des faits authentiques. L'enquête commence… et l'auteur la reconstitue pour nous, lecteurs, de façon intelligible, tout en menant en parallèle ses propres observations sur la Corse et ce que révèle cette affaire.

-Et elle révèle… quoi ?

-Beaucoup de choses. La misère dans laquelle ces ouvriers sont maintenus, l'exploitation impitoyable dont ils font l'objet dès leur départ pour l'Ile de Beauté, les raisons pour lesquelles ils ont quitté leur pays, comment et pourquoi ils constituent des cibles faciles… le livre présente également l'absurdité d'un système qui ne fonctionne pas, qui ne résout pas le problème de l'immigration clandestine, mais qui, au contraire, le complique.

Le tout se déroule sur fond de racisme parfaitement décomplexé de la part de plusieurs locaux.

-Pas vacances, l'ambiance… Il doit être insupportable, ce bouquin !

-Absolument pas. Je soupçonne son auteur de se révolter avec passion contre l'impunité des brutes et l'absurdité des règles. Ce sentiment d'indignation est perceptible à chaque page, dans un texte bellement travaillé.

Certaines pages sont froides et cliniques, notamment celles de l'autopsie (je ne m'attendais pas à ce qu'elle soit détaillée à ce point, d'ailleurs), mais la plupart d'entre elles contiennent une colère froide, une horreur glacée et provoquent une profonde tristesse à te faire passer le goût des clémentines.

J'ai failli écrire « il est journaliste, mais il écrit bien », mais c'était pas gentil pour la profession de journaliste. L'auteur cisèle ses phrases, applique des italiques pour souligner l'horreur ou la bêtise navrante de ses contemporains. Ses mots sont choisis avec soin, ses phrases, bien que longues, ne sont jamais lourdes.

Il ressort de tout cela une atmosphère pesante, profondément noire, pessimiste aussi, et pourtant, je n'ai jamais éprouvé l'envie de poser le bouquin pour passer à autre chose, convaincue par la qualité du style.

Peut-être aussi parce que toute cette indignation révèle un autre sentiment.

-Lequel ?

-L'amour.

-Comment ça, l'amour ? Qu'est-ce que l'amour vient faire là-dedans ?

-Réfléchis un peu. Si tu n'éprouves qu'indifférence, est-ce que tu vas t'amuser à éplucher des dizaines de dossiers, de rapports d'enquête, à chercher des gens pour collecter leurs témoignages, à te rendre sur les lieux pour les décrire fidèlement juste pour écrire un bouquin de deux cents pages ? Non, tu n'y vas pas.

Je crois, mais ce n'est jamais que mon hypothèse de lectrice, que l'auteur éprouve un profond attachement à la fois pour cette terre et pour les humains qui la peuplent (ou au moins pour les droits desdits humains).

Si ce n'était pas le cas, le sort des Invisibles ne le mettrait pas autant en colère. »
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Étrange de commencer un livre en pensant découvrir une fiction et soudain, se dire que non, pas du tout, cette « enquête en Corse » n'est pas un roman policier mais une vraie enquête de terrain menée par un journaliste courageux, rédacteur en chef adjoint de Corse-Matin et correspondant du Monde, qui a voulu que soient connues des pratiques dont on parle peu ou pas assez.
Et pourtant…
Pour sûr que vous ne verrez plus jamais vos clémentines corses du même oeil, je dis ça mais, à mon avis, les fraises espagnoles dont le rouge séduisant explose sur tous les étals actuellement sont les fruits de la même misère.
Tout commence par un meurtre : celui de El Hassan Msarhati, 40 ans, marocain, travailleur immigré clandestin, assassiné en pleine journée d'une balle dans la tête le 16 novembre 2009 sur la route de l'ancienne voie ferrée de San Giuliano, en Corse.
Pendant plusieurs années, Antoine Albertini a mené l'enquête dans le détail pour tenter de comprendre. Mais « reconstituer le parcours d'un Invisible est une tâche difficile » avoue-t-il et pourtant, il s'y colle et l'on comprend ce qui le motive : quinze jours avant d'être sauvagement assassiné, le travailleur immigré avait prévenu le journaliste : « Si je parle, je vais prendre une balle dans la tête » et il avait parlé.
En effet, devant le micro même d'Antoine Albertini, il avait expliqué ce que tout le monde savait déjà. Un système tout simple : pour ramasser les fruits (clémentines, kiwis, raisins) sur la plaine orientale de l'île (à l'est, entre Bastia et Porto-Vecchio), il faut de la main- d'oeuvre. Beaucoup de main-d'oeuvre. Ça tombe bien parce que de l'autre côté de la Méditerranée, ils sont nombreux à vouloir tenter leur chance en France, obtenir des papiers, et travailler pour que ceux restés au pays s'en sortent un peu moins mal.
Pour ça, des passeurs leur proposent, contre une somme exorbitante (entre six et dix mille euros), un contrat de travail temporaire (au bout de quatre mois, ils doivent repartir) et leur font aussi miroiter l'espoir d'obtenir des papiers. Alors, ils deviennent ce que l'on peut appeler des esclaves modernes : ils sont logés dans des caves humides, des hangars en ruine ou des caravanes pourries : « l'habitat des Invisibles peut être classé sur une échelle allant du « médiéval » au « quart-monde » » et ils travaillent des douze heures par jour pour une quarantaine d'euros. S'ils se plaignent, ils virent. Alors, ils se taisent, disent « oui, oui, d'accord », bossent, ne se soignent pas et vieillissent prématurément. On les appelle les Invisibles. Ils n'ont ni identité, ni statut, sont à peine considérés comme des êtres humains. Ils restent entre eux. Tout le monde sait ça sur l'île mais l'économie insulaire a besoin d'eux, que ce soit dans le domaine agricole ou la restauration, donc on ferme les yeux. C'est comme ça. Cela se nomme un trafic d'êtres humains.
Et en plus, payés en liquide, nombreux sont ceux qui se font racketter, parfois par les membres mêmes de leur communauté ! Terrible cercle vicieux… L'exploitation de l'homme par l'homme.. Pas joli joli...
Quant aux pauvres gendarmes, coincés entre le silence des travailleurs immigrés et de leurs patrons et les hauts fonctionnaires qui préfèrent faire l'autruche afin d'éviter de regarder la réalité en face, ils font tout ce qu'ils peuvent pour mener à bien leur enquête jusqu'à ce qu'on leur demande de s'occuper d'une autre affaire. À moins qu'une mutation ne leur tombe dessus...
El Hassan Msarhati voulait-il dénoncer cet insupportable trafic ? Ou bien a-t-il été victime d'un acte raciste perpétré par quelque petite frappe du coin confondant jeux sur console et réalité ?
Une enquête coup de poing intelligemment replacée dans le contexte historique et socio-économique de la Corse : avec une très grande clarté et beaucoup de minutie, Antoine Albertini explique comment, dans les années 50, les pieds-noirs marocains et algériens acquièrent des terres - des lots importants - et pas mal de subventions de la part du gouvernement français au détriment des petits agriculteurs locaux qui se sentent dépossédés. Les profits sont tels qu'ils entraînent de vives jalousies. Peu de temps après, revendications « nationalistes » et graffiti racistes explosent.
Le journaliste rappelle tous les paradoxes de notre société : on refuse des papiers à des travailleurs dont on ne peut se passer d'un point de vue économique, on les maintient dans l'illégalité ce qui entraîne moult trafics, on tente de les ficher si bien qu'ils préfèrent masquer leur identité et enfin, on accepte que, dans les cuisines des restaurants où l'on passe du bon temps, dans les bureaux, très tôt le matin, avant même que nous y mettions les pieds ou dans les plantations d'agrumes sous un soleil de plomb, souffrent des hommes qui se taisent, des hommes qui ne sont rien. D'ailleurs, quand ils disparaissent, comme ils ne « comptent pour personne » comme le dit un gendarme qui a mené l'enquête, eh bien, on passe à autre chose…
Un texte très fort, bien écrit et qui se lit d'une traite, comme un roman policier (finalement, je ne me trompais pas tant que ça!) : évidemment, je vous en recommande vivement la lecture. L'île de Beauté vire au noir. C'est sombre, bien sombre même. Loin, très loin des clichés touristiques ! Comment imaginer en effet qu'à notre époque et sur notre sol existe encore l'esclavage ?
Quand la réalité rattrape la fiction…
« Dans la France de 2018, les belles âmes rivalisent de compassion envers les migrants, ces centaines de milliers d'hommes, de femmes, de nourrissons africains, libyens, syriens, qui fuient la misère ou l'absurde cauchemar islamiste. Pas une semaine sans cette insoutenable indignation moralisatrice qui pousse les professionnels de la commisération à empoigner un micro pour crier leur solidarité.
Les mêmes ignorent-ils que d'autres migrants, africains, marocains, algériens, pakistanais, roumains, préparent leurs plats dans les cuisines de leurs restaurants préférés, nettoient leurs bureaux depuis des années, cueillent les fruits frais vendus chez l'épicier du coin, balayaient déjà leurs rues bien avant qu'ils n'y habitent ? Il suffit pourtant d'ouvrir les yeux pour apercevoir cette misère du quotidien. Il suffit de le vouloir. Les Invisibles sont partout. C'est pour cette raison qu'on ne les voit pas. »
Antoine Albertini nous donne à voir ces gens, ces Invisibles.
En espérant qu'un tel livre puisse faire changer les choses !
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Village de San Giuliano en Haute-Corse, le 16 novembre 2009. Un cadavre est étendu sur le dos, bras en croix et jambes écartées, au milieu d'un chemin de campagne. le visage a été emporté par une munition de gros calibre. Les écouteurs du baladeur numérique de la victime continuent à diffuser une musique orientale à plein volume. le mort est identifié non sans difficulté par les gendarmes. El Hassan Msarhati était un Marocain en situation irrégulière arrivé en Corse pour travailler dans les exploitations agricoles. le drame interpelle le journaliste Antoine Albertini qui avait rencontré la victime quelques jours plus tôt dans le cadre d'un reportage sur les filières d'immigration clandestine.

Ce fait divers est le point de départ d'une enquête sur les « invisibles ». Qui sont-ils ? Ce sont principalement des Marocains entrés sur l'Île grâce à un contrat saisonnier mais qui vont rester sur place à son échéance. Ils vivent en marge dans des taudis : caves insalubres, huttes dissimulées dans un bosquet, caravanes délabrées ou chambres froides désaffectées. C'est un sous-prolétariat qui accepte les travaux les plus durs pour un salaire avoisinant 2€ de l'heure. Les services de l'Etat ferment les yeux sur la situation de ces hommes qui n'ont ni papiers, ni contrats car les exploitations agricoles ne tiendraient pas sans le recours à cette main d'oeuvre. Payés en liquide le vendredi, ils sont parfois la proie de racketteurs qui profitent de leur isolement et de leur vulnérabilité.

Si le texte est succinct, Antoine Albertini parvient à relater l'enquête des gendarmes sur l'assassinat de El Hassan Msarhat, à décrire l'organisation des filières de l'immigration clandestine et à mettre en lumière les conditions de vie de ces parias. Son but n'est évidemment pas de fustiger la Corse. le mécanisme est identique sur le continent. Et comme le dit le journaliste : « les Invisibles sont partout. C'est pour ça qu'on ne les voit pas. » Sur les chantiers, dans les exploitations agricoles ou les cuisines des restaurants. Ils vivent en marge de notre confort, corvéables, anonymes et muets.


Je remercie les éditions Points et Babelio pour l'envoi de ce livre dans le cadre d'une Masse critique.
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L'homme est étendu sur le dos, la balle de gros calibre a pénétré par le côté arrière du cou, et a emporté la moitié inférieure du visage, un Arabe qui a été fumé près de l'ancienne voie ferrée. Il s'appelait El Hassan, surnommé "La vache", c'était un menteur, une grande gueule, un mécréant qui aimait un peu trop les femmes, il buvait pas mal et avait toujours de belles sommes d'argent sur lui. Était-il un prospère trafiquant de drogue ?

El Hassan a participé à un documentaire consacré à l'immigration clandestine, vingt-huit secondes pour dénoncer ce qui se passe avec les ouvriers clandestins, un sous-prolétariat agricole, une population invisible et muette. Est-il mort d'avoir trop parlé ?

À travers l'enquête sur ce meurtre, l'auteur dénonce ce quart- monde, à deux cents mètres de la route qui mène les touristes vers les plages du sud de l'île, ces invisibles qui acceptent les plus basses besognes pour un billet de vingt euros. Une enquête minutieuse qui nous raconte l'arrivée des pieds-noirs en Corse qui accaparent les terres, apportant un nouvel essor, une agriculture mécanisée et intensive, profitants de facilités et d'aides auxquelles les Corses n'ont jamais eu droit. Les paysans corses sont étranglés, la mèche est allumée, le nationalisme corse vient de naître. Les arrangements avec la loi, les combines, les menaces la brutalité, le vin importé du continent que l'on met dans des bouteilles tête-de-Maure et que l'on vend par milliers de bouteilles dans les supermarchés norvégiens.

Ces nouveaux colons venus dans leurs bagages avec des milliers de travailleurs marocains, une filière clandestine liant passeurs marocains et agriculteurs corses, ces travailleurs accusés de voler le pain, d'occuper des emplois qu'aucun corse ne veut, injures et vexations, la violence qui gagne du terrain, les rackets, des vagues d'attentats , on les rend responsables du trafic de drogue, la montée du racisme d'une partie de la société corse.

Le travail remarquable d'Antoine Albertini à partir de faits exacts permet de mettre en pleine lumière ces invisibles, esclaves des temps modernes.




Lien : http://notreavis.canalblog.c..
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Une enquête en Corse, une investigation très intéressante mais attention, cela se passe en Corse donc ne vous attendez pas à ce qu'on vous dévoile la vérité dans sa pure splendeur!!
Bien évidemment les affaires de ce genre seront classées sans suite, car malheureusement on ne sait pas toujours qui était la victime et encore moins le meurtrier... le mystère restera entier sur cette île, même si tout le monde enfin tous les locaux savent que depuis des années, les clandestins maghrébins se réfugient sur l'île, sans papiers, sans rien mais en servant d'esclaves aux yeux de certains... Tout le monde le sait mais personne ne dit rien. Hélas, si c'était le seul endroit où les affaires demeurent sans suite, ça se saurait. Les invisibles existent et ne sont pas près d'être reconnus, c'est juste une question de vie ou de survie!
3,5/5
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critiques presse (1)
LeFigaro
11 avril 2018
Dans Les Invisibles, Antoine Albertini nous entraîne dans une sombre plongée au coeur de l'exploitation des travailleurs clandestins.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
L'oppression épouse l'implaccable loi de la gravité sociale pour s'exercer des dominants vers les dominés, classe après classe, couche après couche, strate après strate. C'est pourquoi la première tâche que s'assigne le dominé d'hier consiste le plus souvent à assujettir celui qui lui succède dans l'ordre carnassier des communautés humaines.
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En décembre 1995, un jeune étudiant marocain domicilié en Espagne se rend chez des proches à Ghisonaccia. Il a le malheur de doubler une voiture occupée par deux chasseurs revenus bredouilles d'une battue et reçoit une volée de chevrotines. Laissé pour mort sur le bas-côté de la route, il est secouru par des automobilistes, transporté au centre hospitalier de Bastia où il reste vingt-six jours, davantage que ne le permet son visa. Il y recevra... un avis d'expulsion pour séjour irrégulier.
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L'habitat des Invisibles peut être classé sur une échelle allant du «médiéval» au «quart-monde». Il ne faut donc pas s'étonner si, en plus d'une forme aiguë de fatigue accumulée dans d'épuisantes vies de labeur, ces derniers développent de graves affections pulmonaires, des migraines, des maladies de peau. pour s'en rendre compte, il suffit d'observer leurs mains couturées et leurs doigts crispés par les rhumatismes, d'écouter siffler leur respiration de canalisation percée, de sentir l'âcre odeur de leur sueur et de se pencher sur l'affligeant spectacle de leurs bouchers noires ornées de chicots et de caries, les mâchoires gonflées par les abcès dentaires qui déforment leurs visages. Se soigner ? Comment ? Sacrifier l'argent que l'on a promis d'envoyer au bled ? Se rendre à l'hôpital ? Par quels moyens ? Pour risquer d'être dénoncé ? Et avec quels papiers ?
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Au royaume des Invisibles, tout se monnaie. Le shit et les tuyaux contre un titre de séjour. Les réputations en échange d'une vengeance. Le ressentiment et la haine ont leur prix.
Les mensonges sont les plus chers.
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C’est toujours la même histoire, déclinée sur tous les tons : le Maroc quitté à cause de la misère, souvent par l’entremise d’un passeur qui « a les papiers officiels pour avoir le travail », le débarquement avant la saison des récoltes dans le port de Bastia après un périple à travers Gibraltar, l’Espagne, le sud de la France, les hangars où l’on s’entasse à quinze et les mandats expédiés depuis un bureau de poste, la peur au ventre d’être arrêté par les gendarmes ou les interminables files d’attente le long des grilles de la préfecture de la Haute-Corse, à Bastia, pour obtenir des documents tamponnés qui permettent – absurdité du système – de rester sur le territoire national à condition de ne pas travailler.
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