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EAN : 9782070197101
272 pages
Gallimard (05/04/2018)
3.83/5   6 notes
Résumé :
Que se passe-t-il quand le charismatique Commandant annonce qu'il est malade? Quand l'homme qui emportait les masses par ses discours-fleuves, le chef incontesté de la première révolution du XXIe siècle, soudain se tait et disparaît de la scène publique?
Construit comme un intelligent jeu de miroirs entre histoire et fiction, ce roman nous offre une réponse inattendue en nous racontant les péripéties d'une poignée de personnages aussi attachants que désorient... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Alberto Barrera Tyska est de retour en librairie. Qui ? l'écrivain vénézuélien, auteur de la maladie, un livre magnifique qui a connu un succès, euh, d'estime à sa sortie en 2010. Son nouveau roman, Les derniers jours du Commandant, évoque aussi une maladie, à savoir le cancer de Hugo Chavez qui pendant de longs mois impacta la vie politique mais aussi quotidienne au Venezuela. Ce roman choral, qui évoque parfois une telenovela, avec un grand nombre de personnages et des rebondissements fréquents, est tout à la fois un tour de force littéraire, sociologique et politique. La figure de Chavez y est très présente, comme en filigrane de toutes les existences vénézuéliennes et face à laquelle il est obligatoire de se positionner : pour ou contre. Et ce culte de la personnalité au temps des dissimulations du traitement administré au "lider" à Cuba se hissa à des hauteurs mystiques invraisemblables ! de charisme à chavisme, il n'y a qu'une lettre qui change et Barrera Tyszka, qui a par ailleurs signé une biographie de Chavez, propose une analyse très fine de l'incroyable pouvoir magnétique exercé par le Commandant sur son peuple. Les derniers jours du Commandant est avant tout le portrait d'un pays miné par la corruption, la pauvreté, la violence mais où les plus pures histoires d'amitié et d'amour peuvent aussi naître, comme entre deux jeunes adolescents qui font connaissance via internet. Malgré sa relative brièveté (à peine 250 pages) et grâce à un style délié et très vivant, Les derniers jours du Commandant mérite d'être lu aussi bien pour ses vertus romanesques que pour les informations données sur les états d'âme d'une nation au moment où son président s'éloigne vers la mort. D'ailleurs, 5 ans plus tard, le pays ne s'en est pas vraiment remis et dérive vers une déliquescence de plus en plus prononcée.
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Pendant que les résultats de la dernière élection présidentielle au Vénézuela font polémique, Hugo Chávez s'en fout puisqu'il repose en paix, mais gageons que, s'il y a un ailleurs, il me manque pas de vitupérer à sa façon contre tous ces gringos qui se mêlent de ce qui ne les regarde pas, alléchés qu'ils sont par l'odeur du pétrole....


Mais revenons en arrière. Juin 2011, à deux reprises le Commandant se fait opérer à Cuba, puis annonce qu'il est tiré d'affaire. La révolution bolivarienne peut continuer entre deux bulletins de santé. Certains s'en réjouissent, d'autres le déplorent. Octobre 2012, Chávez est réélu. le 8 Décembre, il repart à Cuba annonçant que c'est plutôt son cancer qui a gagné la grande élection, sans doute grâce au soutien de l'Empire yankee qui tente, au moyen de technologies novatrices, de décimer les leaders sud-américains les uns après les autres, Cuba, Guatemala, Argentine, Brésil (voir article ICI ). Puis ce fut silence radio, bien que les nouvelles se succèdent via les officiels qui informent, rassurent, rectifient, contestent les rumeurs, mais plus de Chávez à l'écran, plus de discours-fleuves. le grand vide. Enfin, le 18 Février, le "lider" rentre à Caracas mais personne ne le voit, ni lui, ni l'ambulance censée le conduire à l'Hôpital militaire. le 5 Mars son décès est annoncé (mais il serait mort fin décembre).

"Il tenait un registre qui rendait manifeste la façon dont Chávez avait, dès le début, en 2011, mis en marche la sacralisation de sa maladie."


Ce condensé chronologique va nous être distillé tout au long du roman par l'intermédiaire d'une poignée de personnages vivant à Caracas. le docteur Sanabria, cancérologue à la retraite qui se retrouve dépositaire de vidéos compromettantes, et sa femme Beatriz suivent les événements d'un oeil sceptique ; Fredy Lecuna, journaliste au chômage, voit là l'occasion de chasser le scoop qui lui permettra d'écrire un best-seller ; Andreína Mijares, exilée à Miami rentre au pays et tente de récupérer un appartement dont elle est propriétaire ; Aylín Hernández, cubaine et camarade coopérante à Caracas espére bien trouver un mari vénézuélien qui lui permettra de quitter définitivement Cuba ; Madeleine Butler, journaliste européenne qui a suivi la dernière campagne présidentielle ; Maria, une fillette de 9 ans, déscolarisée par une mère obnubilée par la violence de la ville qui vit quasiment cloîtrée dans son appartement. Et la télévision, personnage à part entière, qui fonctionne quasi en continu par ces temps d'incertitude, et dont Chávez a su faire bon usage, se rendant ainsi omniprésent dans les foyers. Son cancer va déclencher un charivari dans l'existence de chacun, et l'absence du Commandant plus encore.


"Tout cela n'est pas une révolution. C'est juste un simulacre, marmonna Sanabria sans quitter des yeux l'écran de la télévision."


Un roman choral animé qui a de quoi séduire par son air de ne pas y toucher, un ton plutôt léger utilisé pour nous décrire un quotidien pas très gai. Déliquescence d'un pays, violence et corruption, que l'on soit pour ou contre Chávez, car il faut être pour ou contre*, on est assez fasciné par l'engouement que le personnage génère. Militaire mégalomane, provocateur, démagogue, logorrhéique, il a su créer un mythe.

Le vide qu'il laisse est à la hauteur de son omniprésence. Et le talent de l'auteur réside bien dans l'analyse du charisme de ce personnage adoré ou haï. Pendant que le Commandant agonise, deux gamins tombent amoureux via Internet, se raccrochant l'un à l'autre afin de se protéger du charivari tourneboulant les adultes, ce qui ne les empêche pas de se poser la même question qu'eux. " Alors, qu'est-ce qu'on va faire ? Où est-ce qu'on va aller ? "


Le marasme actuel est la réponse et la suite logique du roman. Un joli livre, sous forme d'une émouvante balade au coeur de la société vénézuélienne tout au long de laquelle transparaît la tendresse de l'auteur pour son peuple. Un livre qui donne envie de se pencher sur le sujet de façon plus approfondie.


* Il a pu au début développer des programmes sociaux et éducatifs envers les plus pauvres grâce au pétrole, le niveau de vie du pays a été relevé et les inégalités réduites pendant une période ; il a ainsi permis à une frange de la population de retrouver sa fierté. Ses prises de positions anti-impérialistes l'ont également rendu sympathique aux yeux des divers courants de gauche et/ou altermondialistes. Mais il a été aussi l'ami de gens peu recommandables, a confié la sécurité intérieure de son pays aux Cubains, n'a lutté ni contre la corruption ni contre le narco-trafic, bien au contraire, et mené des réformes économiques désastreuses ; et s'il a enrichi surtout les militaires, il s'est mis lui aussi pas mal de pétrodollars dans les poches. Une de ses filles est actuellement la personne la plus riche du Vénézuela, 850 milliards de pétrodollars détournés dont une partie du pactole placé aux Etats-Unis, pendant que la paupérisation affecte 83% de la population (info tirée de l'article de Laurence Debray, qui n'est pas complètement neutre puisque fille d'une mère vénézuélienne et qu''elle prend le contre-pied de son ex-révolutionnaire de papa. Je rigolais en lisant sa bio sur wkpd, arf, faites des mômes ! ). Bref, comme souvent, c'est beau au début la révolution, mais ça vieillit mal et trop vite, comme toujours. Et quand ça fonctionne, on l'étouffe... Impression qu'on s'en sortira jamais, et ça m'attriste, ça m'énerve tout ce gâchis.
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Magnifique. Émouvant. Éprouvant. Désespérant. Désolant. Terriblement intéressant.

C'est le Vénézuela que l'on découvre ici. C'est la pauvreté qui la ruine, la violence qui la mine, la corruption qui la ronge et Chavez qui la domine.

C'est de sa mort que l'on parle ici. Ce sont les rumeurs qui l'entourent, le secret qui la couve. Chavez est mort? Quand? Où ? Comment? de quoi? le régime en place ne dit mot, ne dit rien. Personne ne sait ce qu'il en est. Chavez n'est plus un homme, il est un Dieu vénéré, pleuré et prié. Chavez, cancéreux, mort, devient un mythe qu'il faut continuellement nourrir pour assurer la survie du régime "abandonné". L'absurde règne en maître.

Ce roman, découvert par hasard, est une pépite qu'il faut absolument lire car il écrit très bien l'absurdité des régimes politiques autoritaires voire totalitaires (je ne saurais designer le régime politique au Venezuela ceci-dit). Ceux-là existent et perdurent en raison de leur capacité à se mouvoir dans l'incohérence, l'irrationnel et l'extravagance. Ils s'accommodent du ridicule, toujours, et n'éprouvent jamais de honte. Ils peuvent dire et faire ce qu'ils veulent sans jamais rougir; ils dominent par la crainte et la peur; ils dominent dans un système politique verrouillé où leur discours absurde ne rencontre jamais d'opposition, de contradiction. C'est connu mais flippant.

Je vous conseille ce roman car il est tout simplement captivant.
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LES DERNIERS JOURS DU COMMANDANT d' ALBERTO BARRERA TYSZKA
Attiré par la couverture, j'avais pensé apprendre quelque chose sur Chavez. En fait absolument rien, c'est l'histoire de 2 frères qui s'affrontent sur fond de la maladie puis de la mort du dictateur. Sans intérêt, les habituelles invectives entre pro et anti. Un livre qui s'oublie facilement.
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critiques presse (1)
LaLibreBelgique
25 avril 2018
Au chevet de Chávez. Avec "Les derniers jours du Commandant", plongée au cœur de la société vénézuélienne.
Lire la critique sur le site : LaLibreBelgique
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Lui non plus n'était pas en pleine forme. Après avoir quitté l'université, il avait commencé à sentir que son humeur devenait de plus en plus instable. Il passait souvent et subitement de l'anxiété à la mélancolie. Et, tout aussi souvent et subitement, il ne sortait de la mélancolie que pour retrouver l'anxiété. Comme ça. Sans raison apparente, il se sentait fragile, sans défense. Il se réveillait parfois avant le lever du jour, effrayé comme si on l'avait surpris en plein milieu d'une tentative d'évasion. Beatriz dormait à son côté, paisiblement. Lorsque cela se produisait, Sanabria se levait et allait dans la cuisine. Il avait pour habitude de s'asseoir sur un tabouret et de prendre une mandarine de la corbeille à fruits. Il écoutait les voitures passer au loin sur l'autoroute. Il restait un moment le regard tourné vers l'obscurité tout en arrachant la peau du fruit. Il sentait comment l'odeur pénétrante de l'agrume repoussait peu à peu l'odeur de la nuit, l'odeur des draps, l'odeur de ce rêve dont il s'était encore une fois échappé. Mordre la chair tendre l'apaisait. Il entamait le fruit, et le jus de la mandarine jaillissant sur sa langue lui faisait retrouver une sorte d'étrange sérénité. Parfois, aussi, il se réveillait avec une inexplicable envie de pleurer. Et cela avait tendance à se répéter, à revenir plus fréquemment. Ils étaient de plus en plus nombreux, les jours où il se réveillait à l'aube avec ce chagrin coincé dans la gorge. Il lui arrivait de rester couché pendant un certain temps, à espérer que la tristesse passe son chemin.
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Les gens l'écoutaient, émus, les larmes aux yeux. Ce qu'il disait était vrai, d'une vérité affective, irrémédiable. Cette relation était le charisme. Ce lien que Chávez avait réinventé. "Tu es Chávez" avait été l'un des slogans pendant la campagne électorale de cette année-là. Il est Chávez, elle est Chávez, les enfants sont Chávez, les mères sont Chávez, nous sommes tous Chávez. "Parce que je ne suis plus Chávez" avait-il crié en poussant sa voix au plus fort, pendant l'un des meetings de clôture de campagne. " Je suis un peuple, bordel ! "
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