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Dans “La voleuse de livres” de Markus Zusak, la narratrice était la Mort. Ici, c'est la Musique qui tisse les fils du récit, elle qui - dit-elle - accompagne de sa présence attentive la naissance, la vie et la mort des musiciens, qui confie ou qui reprend le don qu'elle fait d'elle-même à ceux qui en naissant la choisissent et l'appellent. C'est donc la Musique qui nous raconte l'histoire de Frankie Presto tandis que se pressent au bord de sa tombe tous ceux qui l'ont connu. Car Frankie Presto, le guitariste aux doigts d'or qui avait épousé la musique comme on épouse une femme, est mort en plein concert, mystérieusement “envolé” sous les yeux du public ébahi. Elle nous raconte la naissance tragique et merveilleuse de l'enfant musicien, orphelin, abandonné, recueilli, ballotté au gré des aléas de l'histoire de l'Espagne - guerre civile, guerre mondiale, franquisme - les pères de substitution et les rencontres qu'elle place sur son chemin pour favoriser l'éclosion de son don ; elle nous raconte le travail, les doigts qui saignent, la douleur, l'effort et la persévérance… et les notes qui jubilent, les accords qui résonnent, les arpèges qui s'envolent - allegro, presto, sostenuto -, Tarrega et Villa-Lobos, Duke Ellington et Django Reinhardt ; et aussi l'errance, l'exil, l'amour fou, unique et compliqué pour une femme un peu fée, la détresse et l'alcool, la drogue et le silence… avant la renaissance. J'ai vraiment beaucoup aimé ce roman bien écrit, bien rythmé, empli de tendresse, de poésie et d'un peu de magie, où l'on fredonne tout du long des mélodies splendides qu'il m'est arrivé, au fil de ma lecture, de reprendre sur ma guitare pour mieux accompagner le parcours plein d'émotions de ce personnage extrêmement attachant que j'ai quitté avec regret. Un beau voyage musical et un bon moment de lecture… qui n'est d'ailleurs pas réservé aux seuls musiciens. + Lire la suite |