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Critique de Cricri08


Et si les femmes se découvraient soudain une faculté inconnue : celle de neutraliser, blesser ou même tuer un adversaire, grâce à de l'électricité qui jaillit du bout de leurs doigts… ? Voici le point de départ de cette dystopie le pouvoir (en anglais Power, ce qui signifie à la fois électricité et pouvoir).
Neil et Naomi vivent dans un monde dominé par les femmes, et un monde dominé par les hommes leur semble quelque chose d'irréel. Un monde dirigé par les hommes serait-il plus sexy que le nôtre ? s'interroge Naomi. C'est l'objet du manuscrit que Neil a rédigé et qu'il envoie à Naomi pour relecture : grâce à des statues, bas-reliefs, tombes, Neil imagine comment les femmes ont gagné du pouvoir, ce qui s'est passé avant l'avènement du monde qu'ils connaissent.
La puissance nouvelle des femmes a tout d'abord fragilisé l'équilibre du monde ancien : des révoltes éclatent partout, notamment dans les pays où les femmes manquent cruellement de droits : en Inde, en Arabie Saoudite. Tunde, un jeune Nigérian, filme ces événements, parfois au péril de sa vie, et diffuse ses vidéos sur Internet ou les vend aux médias. Allie, une jeune Américaine en cavale après avoir assassiné son beau-père crée une nouvelle religion : Dieu est en réalité la Mère, Mère Eve. Roxy, une jeune Anglaise, utilise sa force électrique hors du commun dans les milieux du crime. Margot Cleary, maire d'une ville américaine, s'empare de la question du contrôle du pouvoir électrique pour sa propre carrière politique. Quant à la Moldavie, où l'exploitation sexuelle des femmes a donné une vigueur particulière au mouvement indépendantiste, un nouveau pays contrôlé par les femmes, le Bessapara, est créé. Chaque personnage renvoie à une forme de pouvoir : la politique, la religion, les médias ou encore les trafics illégaux.
Ce roman nous permet de nous interroger sur la violence entre les sexes : que se passerait-il si les femmes avaient le dessus en terme de puissance physique ? Quelles en seraient les conséquences ? N'y aurait-il pas de nombreux hommes traités comme des objets sexuels ? Y aurait-il moins de guerre de religion ou politique si les femmes prenaient les décisions ? Est-ce que les femmes seraient, au fond, moins manipulatrices, moins malhonnêtes, moins impitoyables que leurs homologues masculins ?
J'en doute fort au vu de la galerie de personnages féminins du roman, plus enclins à donner la mort que la vie, qui ont tendance à utiliser leur pouvoir pour imiter les hommes dans leurs bassesses. le roman semble suggérer toutefois que le plus important n'est pas de savoir qui est victime ou bourreau, dominé ou dominant, mais plutôt que faire du pouvoir une fois qu'on l'a.
C'est un roman très « tranché » car j'aurais aimé avoir des personnages plus raisonnables, des femmes normales qui n'ont pas forcément envie de tuer un homme ! Mais je comprends cette démarche qui consiste à forcer le trait pour justement dénoncer l'extrémisme et le féminisme enragé. J'ai bien aimé l'idée de la fiction dans la fiction : cette mise en abyme avec le manuscrit de Neil et la reconstruction historique du monde d'avant mais la lecture a été un peu longue car je n'ai compris la démarche de l'auteure qu'à la toute fin du roman et on ne peut pas dire que les personnage soient particulièrement attachants !
L'occasion toutefois de faire une LC très agréable avec mes co-équipières !
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