Que la reconnaissance me soit permise au Magazine littéraire, dont le compte-rendu est précis et rigoureux, et à Nathalie_MarketMarcel pour ces deux critiques pour un roman roumain. Je resterai quant à moi bien plus subjective et, pour avoir vécu tout cela de l'intérieur, bien plus sceptique. Beaucoup de romans roumains actuels, en tout cas ceux qui sont traduits et distribués en France, sont consacrés à la période communiste. Bien souvent, ils sont extrêmement prolixes (300 pages et touffues comme cela a été relevé), descriptifs, et baignent dans une structure, j'en ai peur, assez relâchée (points de vue qui changent, passage de la première à la troisième personne). Je préfère pour ma part les oeuvres qui transfigurent l'expérience (plutôt que, plus d'une fois, se rapprocher du misérabilisme). En matière cinématographique, il y a quelques années, Pintilié, dont le Magazine littéraire a fort justement rappelé qu'Aldulescu a été le scénariste (j'en profite pour rappeler au passage que presque tous ses films sont accessibles en français), en avait, entre autres, fourni un exemple de travail artistique abouti avec "Le Chêne" ou plus récemment, les jeunes réalisateurs des "Contes de l'âge d'or". Je ne change donc pas d'avis et reste sur mes deux étoiles.
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Vous deux, mes frères n’avez pas pu, vous vous êtes tâtés, jusqu’à ce que ça devienne de plus en plus ardu. Cinq des Cocîrlat vivent à Chicago, un autre à New York. Florin m’a donné l’adresse de l’avant-dernier, Tiberiu, je crois, mais j’ai pas eu le temps de le chercher depuis que je vis New York. Florin et Nelu ont des listes entières d’adresses de types de là-bas et d’ici, avec qui ils correspondent, qu’ils mettent en contact les uns avec les autres, ils ne font que ça toute la sainte journée, et c’est le vieil aveugle, le père de Florin, qui les entretient, tous les deux. Donc après les avoir plaqué, j’ai décroché un boulot sur un chantier, toujours à Los Angeles, c’est pour ça que je vous disais en avoir vu et essuyé de toutes les couleurs, le syndicat des travaux publics y était contrôlé par la mafia, voilà dans quel guêpier je m’étais fourré, contraint de cotiser en donnant le quart de ma paie. Pourtant, j’ai fini par mettre de côté assez d’argent pour rejoindre New York. C’est là-bas que j’habite, depuis plus de deux ans, j’y ai connu des hauts et des bas, et je m’ennuyais de vous… En ce moment, je travaille dans le restaurant d’un Roumain, à la cuisine, pour un salaire correct…
Pour l’instant, c’est pas fameux là où j’habite, chez une Roumaine, une vieille de soixante-dix ans, qui me prend les yeux de la tête pour le loyer. Et encore, c’est moins élevé que ce qu’on me prendrait ailleurs. Elle est toute seule et n’a plus personne au pays. Parfois, elle me dit qu’elle va me léguer sa maison par testament, d’autres fois, qu’elle veut contribuer, quand j’aurai envie de m’en payer une, et qu’elle m’aidera à trouver moins cher. Elle est siphonnée, sénile, un coup elle veut se mettre en quatre pour moi, comme si j’étais son fils, un coup elle chipote sur le dernier cent et plus moyen de s’entendre avec elle…