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EAN : 9782490494613
Sable polaire (21/08/2019)
3.52/5   29 notes
Résumé :
Violette vit dans un monde idyllique entre ses parents, et ses deux frères. Un jour d’octobre 1982, ce doux quotidien se trouve chamboulé. Son papa, alité depuis quelques jours à cause de maux de tête, est emmené à l’hôpital. Quand Violette comprend que cette vie sans heurts est en train de prendre une sale tournure, une multitude de questions la hante : peut-on mourir d’un mal de crâne ? Combien de temps vont rester tous ces gens à pleurer dans le salon ? Et pourqu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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Avec un incipit tel que :

« C'est pas Dieu possible d'être aussi conne »,

on aurait pu s'attendre à quelque chose de léger, voire humoristique, avec de l'auto-dérision à la Bridget jones. Sauf que la derrière phrase de cette introduction tonitruante met un point final à la perspective d'un roman comique.

Ce n'est pas plombant non plus, car cette histoire de deuil d'enfance, l'héroïne est bien décidée à la revivre pour exorciser ses peurs et remettre en lumière les épisodes manquant qui pèsent comme autant de lests pernicieux sur sa vie d'adulte.

Avec l'histoire familiale, et le drame qui l'a marquée, resurgissent aussi les souvenirs d'amitiés, de musique, de camp scout et de tout ce qui fait le sel de la vie d'une enfant. On revit avec nostalgie les années 80 à travers les tubes, les émissions de télé et les …radio-cassettes, au coeur du problème quelques décennies plus tard.

Les dialogues sont très vivants et toniques , et l'écriture résolument ancrée dans notre époque.
Ce thème récurrent en littérature contemporaine est traité avec une certaine légèreté, montrant bien que la jeune femme est bien décidée à régler ses comptes pour comme elle le dit « devenir une adulte à part entière »


Bon moment de lecture, pas inoubliable, peut-être parce que très court, mais très agréable.
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Perdre son père a dix ans

Le premier roman d'Alexandra Alévêque fait la part belle à l'introspection en nous proposant en parallèle l'histoire de Violette a dix ans, au moment où elle perd son père, et un quart de siècle plus tard.

Ce court roman commence le 7 mars 2009. le jour où Violette, qui approche de la quarantaine, tente de lire la vieille cassette audio qu'elle vient de récupérer. Cette dernière reste bloquée dans son appareil, provoquant sa colère, car tout indique que cet enregistrement est important pour elle.
Après ce chapitre d'ouverture, on retourne en 1982, le 17 octobre très exactement. Violette a dix ans. Elle voit Paul, son père, vomir puis s'aliter. Sa mère lui explique qu'il a une forte migraine et qu'il ne pourra la conduire à l'école où il enseigne et où elle est élève. Au fil des jours les informations sont de plus en plus diffuses. Une migraine peut-elle durer aussi longtemps et faut-il pour la soigner être hospitalisé? Violette reste avec ses questions alors que son père rend son dernier souffle. Mais sa mère ne lui avouera qu'après les obsèques desquelles elle est tenue éloignée.
Un drame qui se double d'une incompréhension. Une trahison qui se double d'un sentiment de culpabilité. Un traumatisme qui ne s'effacera pas de sitôt: «Son enfance n'était plus. A dix ans fraîchement célébrés, elle venait de se faire brutalement débarquer d'un monde qui promettait il y a peu de temps encore son lot d'insouciants instants pour basculer avec fracas dans celui de l'âge adulte, sans tambours ni trompettes, mais avec la violence d'un coup de fouet qui vous lacère les chairs.» La vie n'a alors plus guère de sens. Même Marc et Bertrand, ses grands frères qui avaient quitté la maison pour suivre des études, ne trouveront les mots pour la consoler, malgré leur bienveillante attention
On comprend dès lors cette obsession, un quart de siècle plus tard, à vouloir remettre la main sur l'enregistrement de l'enterrement. Si seulement cette satanée cassette n'était pas aussi récalcitrante!
Alexandra Alévêque a parfaitement construit ce roman, la chassé-croisé entre 1982 et 2009 permet tout à la fois de retrouver l'innocence et le chagrin de l'enfant, la colère froide et le besoin de comprendre de l'adulte. Une confrontation qui trouvera dans les paroles de «J'arrive» de Jacques Brel une parfaite illustration des sentiments qui perdurent, mais aussi le titre du livre :
De chrysanthèmes en chrysanthèmes
La mort potence nos dulcinées
De chrysanthèmes en chrysanthèmes
Les autres fleurs font ce qu'elles peuvent
De chrysanthèmes en chrysanthèmes
Les hommes pleurent, les femmes pleuvent.
Un premier roman délicat et sensible, une nouvelle voix à suivre.


Lien : https://collectiondelivres.w..
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****

Violette est une petite fille de 10 ans, souriante et enjouée, quand son monde bascule. Son père, aperçu un soir malade aux toilettes, finira par mourir d'une rupture d'anévrisme quelques jours plus tard. Comment continuer à vivre, comment être heureuse, comment grandir après la perte brutale de celui qui la voyait comme sa princesse...

Alexandra Alévêque signe ici avec brillance son premier roman...

De son écriture fine se dégage une infinie tendresse pour ses personnages, et notamment pour Violette, cette petite fille perdue et perdante.
Parce que c'est bien de tout ce qu'on lui a pris dont il est question dans ce roman : un père bien sûr, mais surtout son dernier au revoir, son enterrement, son chagrin et son enfance.
Laisser la place aux mots, aux gestes, aux larmes... Violette n'a pas eu le loisir de choisir, de s'exprimer. En ne cherchant qu'à la protéger, sa mère l'a profondément blessée.

Avec une construction originale et rythmée, Alexandra Alévêque nous souffle avec douceur l'importance des silences qu'on comble, des mystères qu'on éclaire et des derniers mots que tout un chacun a le droit de prononcer.

Un roman rempli de lumière et d'amour malgré le thème lourd et pesant. Un roman à découvrir...

Merci une fois de plus aux 68 premières fois, qui ne cessent d'éclairer ces rentrées littéraires...
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Ce roman, probablement autobiographique, nous raconte la vie d'une femme d'une quarantaine d'années, font le père est décédé lors de ses dix ans.
Jusqu'à ses dix ans, Violette vie heureuse entourée de ses parents et de ses amies. Mes son père tombe gravement malade et décède d'un anévrisme. Comment bien grandir, quand son père disparaît, quand on est aussi jeune ? Comment se construire ?
D'autant qu'au moment, où son père sera enterré, on l'écartera et elle ne pourra lui dire au revoir. Quarante ans plus tard, son travail de deuil ne sera toujours pas effectué.
L'auteure nous fait vivre sa jeunesse et plus tard sa vie de femme avec réalisme. Elle nous transmet son ressenti, sa tristesse et par moment sa joie de vivre. Un livre plein d'émotion, agréable à lire.

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Violette a 10 ans lorsqu'en 1982 Paul, son père, meurt brutalement. Pour protéger la fillette, pour lui éviter le chagrin et peut-être aussi parce que les adultes sont persuadés que les mots font davantage de mal que les faits, (ce qui n'est pas dit n'existe pas) on la tient à l'écart de l'hôpital, d'abord, des obsèques, ensuite. La petite fille devra grandir tout autour de ce trou béant que creuse l'absence irrémédiable sans avoir pu dire au revoir à son papa, ni libérer sa peine et la fragmenter au milieu de celle des autres. Trente ans après, cette souffrance empêchée car non-dite continue de saper son existence. Une vieille cassette audio pourrait ouvrir les vannes du deuil non réalisé... si seulement l'antique ghetto-blaster acceptait d'en débloquer l'écoute. Comme un signe et un symbole, les mots qui, peut-être, pourraient recoudre l'enfant et l'adulte restent absurdement enfermés dans une machine vieille de 30 ans...
Cette situation tragi-comique sert de fil conducteur à la narration et trouve son écho dans une écriture tiraillée entre larmes amputées et sourires toniques. Alexandra Alévêque a trouvé, me semble-t-il, le ton le plus juste, la distance exacte, pour tout dire sans enfoncer le récit dans le pathos. Elle parvient ainsi à donner parole et pensée à l'enfant qui sait sans comprendre, qui comprend sans savoir, parce que rien ne lui est explicitement dit et encore moins expliqué. La douleur de la disparition du père, loin d'être allégée par le silence, continue d'encombrer l'adulte car l'enfant a dû substituer ses propres réponses au travail de langage qui permet de donner ses contours au monde mais que les grandes personnes n'ont pas pris en charge au moment opportun.
La construction narrative alterne deux temporalités : celle de l'enfance et celle de l'âge adulte. Ces va-et-vient temporels mettent en évidence la sorte de stagnation dans laquelle étouffe la narratrice, comme bloquée à ses 10 ans, de la même manière que la cassette reste coincée sur la même période, refusant de délivrer les paroles qui elles-mêmes pourront peut-être délivrer Violette. Tout se passe comme si la petite fille de 10 ans continuait d'occuper entièrement un corps de taille adulte et à faire seule ce qu'elle peut pour assimiler la mort de son père.
De grosses bouffées de tendresse et de compassion jaillissent de ce récit gorgé de vie qui tire l'intime vers l'universel et plaide subtilement pour la vérité due aux enfants. La douleur du cheminement vers l'acceptation est sans cesse mise à distance par une façon de raconter pleine d'humour, qui n'occulte rien mais qui refuse aussi l'étalage ostentatoire des émotions. C'est, pour moi, un roman généreux et intelligent par le regard empathique et juste, sans aucun infantilisme angélique, porté sur l'enfant.
Un roman doltoevskien, en quelque sorte !
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Son enfance n’était plus. A dix ans fraîchement célébrés, elle venait de se faire brutalement débarquer d’un monde qui promettait il y a peu de temps encore son lot d’insouciants instants pour basculer avec fracas dans celui de l’âge adulte, sans tambours ni trompettes, mais avec la violence d’un coup de fouet qui vous lacère les chairs. Quand elle reprit un semblant de conscience, Violette n’était plus une petite fille face à ce grand frère exsangue, son idole aux yeux baignés de larmes. Elle naviguait désormais dans un monde étranger, elle n’avait plus d’âge, plus de repères ni de colonne vertébrale, plus rien qui lui permette de tenir debout. p. 82
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INCIPIT
7 mars 2009
C’est pas Dieu possible d’être aussi conne. J’ai beau frapper la touche Eject de mon index, l’appareil ne veut rien savoir. Je pourrais m’y briser le doigt que cela n’y changerait rien. La cassette est là, sous mes yeux, coincée derrière le clapet en plastique transparent. La fonction lecture ne veut rien entendre non plus. La bande magnétique demeure immobile, agrippée aux bobines crantées comme si elle m’en voulait d’avoir mis près de trente ans à venir la récupérer.
Sur l’étiquette verte derrière la paroi translucide, quelques mots écrits à la main il y a vingt-sept ans.
La scène serait à pleurer si elle n’était pas aussi ridicule. Me voilà à deux heures du matin seule dans ma cuisine, unique point lumineux d’un immeuble parisien endormi. J’allume une cigarette et la fume comme la précédente, sans y prêter la moindre attention. La suivante subira le même sort. Je m’acharne. Je peste. Je jure comme un charretier. À vrai dire, je tente de ne pas fondre en larmes. Il y a encore quelques minutes, je tenais dans ma main cette cassette, vestige des années quatre-vingts. Désormais, elle est enfermée dans feu ce miracle de technologie, un ghetto-blaster Philips reçu pour mon dixième anniversaire.
À presque quarante ans, je pensais m’être suffisamment échauffée pour clore ce soir un lourd chapitre. Visiblement, la technique néerlandaise en a décidé autrement.

17 octobre 1982
Violette se réveilla en sursaut au cœur de la nuit. Elle alluma sa lampe de chevet. Les gestes encore endormis, l’enfant ouvrit la porte de sa chambre et traversa le palier qui menait à la salle de bain. Elle était désormais la seule à occuper ce niveau de l’appartement, ses deux aînés ayant quitté le nid quelques semaines plus tôt pour suivre des études supérieures dans la grande ville voisine. En passant devant l’escalier qui reliait le deuxième étage au premier, son regard plongea sur la porte des toilettes en contrebas. Miracle des insomnies collectives, au même instant, Paul surgit de sa chambre et se rua dans la petite pièce. Il portait son pyjama bleu marine en coton. Violette le connaissait bien, ce pyjama, son père le portait souvent.
Paul s’agenouilla. Puis il vomit. Immobile depuis son poste d’observation, Violette le contempla en train d’éructer, la tête penchée au-dessus de la cuvette. La curiosité la poussa à attendre qu’il sorte. Elle désirait lui offrir un sourire de connivence, de ceux que deux humains hagards échangent quand ils se croisent en pleine nuit, puis elle irait à son tour se soulager avant de retrouver son lit.
Paul se redressa lentement. Il tira la chasse d’eau et dut sentir une présence au-dessus de lui. Il leva la tête et regarda sa fille debout en haut de l’escalier en bois, ses longs cheveux châtains en bataille. Violette était vêtue de sa chemise de nuit préférée, celle avec les manches ballon volantées et un trio de petites souris dansant sur le buste. Paul ne dit rien, ne sourit pas plus et retourna d’un pas lourd s’allonger auprès de Jeanne, son épouse.
Violette remballa sa connivence et réfléchit à leur dernier repas. Qu’avait bien pu manger son père qu’il n’ait pas supporté ? Ce lundi soir, on n’avait pas dîné spécialement gras. La famille avait pris l’apéritif chez la sœur de Paul, et pour une fois, le sacro-saint apéro ne s’était pas éternisé. Violette se remémora la soirée. Paul avait réclamé un petit bisou à sa fille assise sur ses genoux, avant de se faire rabrouer sans ménagement. À dix ans, on ne fait plus de câlins à son père sauf quand on a une requête en tête. Violette s’en voulut un peu de l’avoir envoyé dans les cordes quelques heures plus tôt. Le lendemain, elle l’embrasserait plus fort que d’habitude.
Après s’être acquittée de son besoin nocturne, l’enfant retrouva son lit. Dans la pénombre de sa chambre, elle garda les yeux ouverts, guettant le moindre bruit afin de s’assurer que personne ne s’était levé à nouveau. Le silence s’imposant, elle se rendormit. 
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> Elle n'imaginait pas qu'un des adultes partageant sa vie puisse un jour avoir l'idée de lire ce que la jeune fille consignait dans son journal intime.
> un papa, ce n'est pas un cow-boy ou un brigand. Un papa, ça ne meurt pas.
> Elle naviguait désormais désormais dans un monde étranger, elle n'avait plus d'âge, plus de repères ni de colonne vertébrale, plus rien qui lui permette de tenir debout.
> La vie tient à peu de choses parfois. Une station de radio plutôt qu'une autre et c'est le destin d'une génération entière qui fait une embardée.
> A quoi sert de conserver ces vieilleries puisque vivre dans le passé n'a aucun sens ?
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Et si, chez les Delabbé, on avait écouté "Lorsque l'enfant paraît" ? Et si, entre le fromage et le dessert, Françoise Dolto avait évoqué la perte d'un parent, si elle avait conseillé à ses auditeurs de convier les enfants aux obsèques de leur géniteur disparu, au lieu de les protéger en les écartant de ces funestes célébrations ?
Et si quelqu'un avait tourné la molette de l'Optalix ?
La vie tient à peu de choses parfois. Une station de radio plutôt qu'une autre et c'est le destin d'une génération entière qui fait une embardée. (p.112)
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Quand elle entra dans la cour de l’école, aux alentours de huit heures vingt, les collègues de Paul étaient au courant de son absence. Jeanne avait téléphoné. Il ne manquait jamais à l’appel, alors de bonne grâce, ils se partageraient ses élèves jusqu’à son retour. Ils pouvaient bien faire ça pour lui, l’instituteur toujours fidèle au poste, qu’il pleuve, qu’il vente ou qu’il neige. Voyant Violette s’approcher, ils fondirent sur elle pour prendre des nouvelles de l’absent.
— Ça va. Il a vomi cette nuit. Il a mal à la tête mais ça va, leur répondit Violette avec le plus grand sérieux.
Pour la première fois peut-être, Violette ressentit la puissance dont jouit celui qui sait.
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